ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"13"> cuation, & l'inanition par la replétion; qu'ainsi la Medecine n'est que l'art d'ajoûter ou de retrancher, &c.

Cette nouvelle doctrine d'Hippocrate lui attira bien - tôt des sectateurs, qui ayant embrassé sa méthode furent appellés dogmatiques logiciens, parce qu'ils joignoient, comme leur chef, l'analogie raisonnée à l'expérience.

Celse dans la préface de ses oeuvres, liv. I. rapporte fort au long le raisonnement des medecins de cette secte si sameuse, pour défendre leur méthode contre celle des empiriques, autre secte de medecins opposés aux premiers.

Celle - ci soûtenoit qu'il est inutile de raisonner dans la Medecine, & qu'il faut s'attacher uniquement à l'expérience.

La différence essentielle qu'il y avoit entre ces deux sectes, c'est que les dogmatiques ne se contentoient pas de connoître les maladies par le concours des accidens qui en désignoient l'espece, ils vouloient de plus pénétrer dans les causes de ces accidens, pour en tirer la connoissance des évenemens & des moyens de guérir; au lieu que les empiriques ne s'embarrassoient point l'esprit de cette recherche, & s'occupoient uniquement de celle des remedes par la voie de l'expérience.

Les dogmatiques ne nioient pas qu'elle fût nécessaire, mais ils prétendoient qu'elle n'avoit jamais été faite sans être dirigée par le raisonnement; que les essais que l'on faisoit des remedes, que l'on découvroit par leur moyen, étoient une suite du raisonnement de ceux qui cherchoient à en faire l'application à propos; que dans les maladies inconnues il falloit nécessairement que le raisonnement suppléât à l'expérience qui manque; dans ces cas, que comme la plûpart des maladies viennent du vice des parties internes, il est nécessaire d'en connoître la structure & l'action dans l'état naturel, & d'en tirer des conséquences pour l'état contre - nature.

C'est sur ce fondement qu'ils recommandoient beaucoup l'étude de l'anatomie du corps humain, pour laquelle ils vouloient que l'on ouvrît souvent des cadavres pour en visiter les entrailles, & même des hommes vivans, comme faisoient Herophyle & Erasistrate, qui obtenoient pour cet effet des souverains les criminels condamnés à mort.

M. de Maupertuis a proposé en 1751, dans une lettre sur le progrès des Sciences, un projet bien conforme à la façon de penser des dogmatiques, savoir, de rendre plus utiles les supplices des malfaiteurs en les bornant à des essais de medecine & de chirurgie, qui ne seroient que des opérations & des remedes qu'on éprouveroit sur les coupables; ils y gagneroient la vie, si l'essai n'étoit pas meurtrier: mais il faudroit, selon la juste réflexion du journaliste de Trévoux, à ce sujet, (Août 1752, art. xc.) que l'essai ne fût pas flétrissant pour le chirurgien qui consentiroit à prêter sa main, afin de chercher, comme dit Celse loc. cit. des remedes pour une infinité d'honnêtes gens, en faisant justement souffrir un petit nombre de scélérats. Voyez Empirique, Anatomie, Medecine . Voyez l'histoire de la Medecine de Leclerc, seconde partie, liv. II. l'état de la Medecine ancienne & moderne par Clifton. (d)

DOGMATISER (Page 5:13)

DOGMATISER, v. n. d'un mot grec qui signifie enseigner, terme qui se prend aujourd'hui en mauvaise part & dans un sens odieux pour exprimer l'action d'un homme qui seme des erreurs & des principes pernicieux. Ainsi l'on dit que Calvin & Socin commencerent à dogmatiser en secret, & qu'enhardis par le nombre des personnes séduites, ils répandirent leurs opinions plus ouvertement. Voyez Dogme & Dogmatique. (G)

DOGME (Page 5:13)

DOGME, subst. m. du grec DO\GMA, (Gramm. & Théol.) maxime, sentiment, proposition ou principe établi en matiere de religion ou de philosophie.

Ainsi nous disons les dogmes de la foi. Tel dogme a été condamné par tel concile. L'Eglise ne peut pas faire de nouveaux dogmes; elle décide ceux qui sont révélés. Ce qui est dogme dans une communion paroît erreur ou impiété dans une autre. Ainsi la consubstantialité du verbe & la présence réelle de Jesus - Christ dans l'eucharistie, qui sont des dogmes pour les catholiques, révoltent étrangement, quoique sans raison, les ariens & les sacramentaires.

Les dogmes des Stoïciens étoient pour la plûpart des paradoxes. Les dogmes spéculatifs qui n'obligent les hommes à rien, & ne les gênent en aucune maniere, leur paroissent quelquefois plus essentiels à la religion, que les vertus qu'elle les oblige à pratiquer. Ils se persuadent même souvent qu'il leur est permis de soûtenir & de défendre les dogmes aux dépens des vertus. (G)

DOGRE ou DOGRE - BOS (Page 5:13)

DOGRE ou DOGRE - BOS, s. m. (Marine.) c'est une sorte de petit bâtiment qui navigue vers le Dogre - bene, dans la mer d'Allemagne, c'est - à - dire aux côtes d'Hollande & de Jutlande, & dont on se sert pour la pêche. Les dogres ont une foque de beaupré avec une grande voile, & un hunier au - dessus. Le pont est plat; ils n'ont point de chambre à l'arriere, mais ils en ont une à l'avent: ils sont bas & étroits à l'avent & à l'arriere. (Z)

DOGUE (Page 5:13)

DOGUE, sorte de chien, voyez Chien.

Dogue - d'amure (Page 5:13)

Dogue - d'amure, (Marine.) « Il y en a un de chaque côté du vaisseau; c'est un trou où il y a par - dedans un taquet & une bordure par - dehors. Un de ces trous est à basbord, & l'autre à stribord, dans le plat - bord & à l'avant du grand mât, pour amurer les coüets de la grande voile; la distance comprise entre l'étambrai du grand mât, & l'un ou l'autre des dogues - d'amure, est égale à la longueur du maître - bau. Voyez la Planche I. de la Marine, le dogue - d'amure marqué par la lettre Q.

On place ordinairement les dogues - d'amures aux deux cinquiemes parties de la longueur du vaisseau à prendre de l'avant, & justement au - dessus du second sabord ».

Le dogue - d'amure est une piece de bois ronde, plus ou moins grande, selon la grosseur du navire. Dans un vaisseau de cinquante canons, cette piece a environ huit pouces de large sur sept au moins d'épais; elle est percée de deux trous, le plus grand est de trois pouces & demi de large, & celui qui est au - dessus en doit avoir deux. La bordure qui l'entoure est ornée de sculpture. (Z)

DOGUIN (Page 5:13)

DOGUIN, sorte de chien, voyez Chien.

DOIGT (Page 5:13)

DOIGT, s. m. (Anat.) Les doigts forment les dernieres parties de la main. Ils sont naturellement au nombre de cinq à chaque main, nommés le pouce, l'index, le long doigt ou le doigt du milieu, l'annulaire, l'auriculaire ou le petit doigt. Voyez Pouce, Index, &c.

Le pouce est le plus gros de tous les doigts, après lui c'est le troisieme; le second & le quatrieme sont moins longs & presque égaux, mais le quatrieme est un peu moins long que le second; le cinquieme est le plus petit de tous. Leur rapport, leurs proportions, & leurs beautés perfectionnées par l'art, brillent dans les tableaux de Vandyck; mais leur structure anatomique est représentée dans les planches d'Eustachi & de Vesale: c'est à ces planches que nous renvoyons le lecteur, car nous ne sommes ici qu'anatomistes.

En cette qualité nous remarquons d'abord que les doigts représentent comme autant de pyramides osseuses, composées, longues, menues, convexes d'un côté, legerement caves de l'autre, attachées par leur base au carpe & au métacarpe, d'où elles [p. 14] vont ensuite en diminuant aboutir à une espece de petite tête.

Les os des doigts sont au nombre de quinze, trois à chaque doigt; ces os sont disposés en trois ordres, qui portent le nom de phalanges. Voyez Phalange.

A l'extrémité de la derniere phalange de chaque doigt, il y a une petite tubérosité qui sert à appuyer l'ongle. Voyez Ongle.

Les doigts ainsi composés de plusieurs pieces osseuses, sont rendus plus plians, & plus propres à faire différens mouvemens. Ils sont convexes pardehors, concaves en - dedans, & un peu applatis pour loger plus commodément les tendons des muscles fléchisseurs. Tout le long des côtes de leurs os, il y a une crête à laquelle est attachée une gaîne cartilagineuse qui enveloppe les tendons fléchisseurs. La peau qui couvre les doigts se trouve comme collée aux endroits de la gaîne qui répondent aux articulations de la seconde phalange avec la premiere & avec la troisieme. Ces os étant joints par ginglyme, c'est - à - dire par de petites têtes & de petites cavités qui se reçoivent réciproquement, ils ont le mouvement de flexion & d'extension, & ils sont affermis les uns avec les autres par des ligamens. Leur articulation avec le métacarpe se fait par artrodie; & cette maniere d'articulation les rend capables de se mouvoir en tout sens. Les ligamens de toutes ces articulations étant lâches & capsulaires, facilitent tous leurs mouvemens. Les muscles qui y sont destinés, & qui les exécutent, ont été partagés en communs & en propres.

Les muscles communs sont ceux qui meuvent les quatre derniers doigts; & on a donné le nom de muscles propres à ceux qui font les mouvemens particuliers de certains doigts. Les uns & les autres portent aussi le nom de fléchisseurs ou d'extenseurs, d'abducteurs ou d'adducteurs, selon leurs différentes fonctions. Les muscles communs ont reçu les noms de sublime, profond, d'extenseurs communs, de lombricaux, & d'interosseux. V. Sublime, Profond, &c.

Les muscles propres des doigts appartiennent au pouce, au doigt index, & au doigt auriculaire. Voyez Pouce, Index, &c.

Voilà comme M. Winslow divise les muscles qui servent aux mouvemens des doigts; M. Lieutaud les distingue en muscles extenseurs, muscles fléchisseurs, & muscles latéraux; & cette derniere méthode nous paroît plus simple & plus conforme à la structure de la main. Passons aux vaisseaux & aux nerfs des doigts.

L'artere cubitale jette plusieurs rameaux le long des parties latérales des doigts, & principalement des quatre derniers. L'artere radiale fournit des rameaux au pouce; & se continuant derriere les tendons fléchisseurs des doigts, vient s'anastamoser avec un rameau de la cubitale. La veine céphalique forme des aréoles qui vont au pouce, aux muscles latéraux & interosseux des doigts, & communique avec un petit rejetton de la veine basilique, laquelle à l'égard des doigts suit à peu - près la route de l'artere de ce nom. Le nerf cubital, le nerf radial, & le nerf médian, donnent des rameaux à tous les doigts de la main. Mais quels sont les usages des doigts? ils sont infinis.

Outre l'utilité perpétuelle que nous en retirons dans presque toutes les choses de la vie, outre leur secours essentiel pour faire l'appréhension, ils sont le principal organe du toucher, non pas uniquement parce qu'ils ont à leur extrémité une plus grande quantité de houppes nerveuses, mais encore parce que ce sont des parties toutes mobiles, toutes flexibles, toutes agissantes en même tems, & obéissantes à la volonté, suivant la remarque de l'auteur de l'histoire naturelle de l'homme. Comme le tou<cb-> cher n'est, dit - il, qu'un contact de superficie des corps, les doigts ont l'avantage d'embrasser à la fois avec un sentiment exquis une plus grande partie de la superficie des corps, & de les toucher par tous leurs points. Ils peuvent d'ailleurs s'étendre, se raccourcir, se plier, se séparer, se joindre, & s'ajuster à toutes sortes de surfaces, autre avantage pour rendre cette partie l'organe de ce sentiment exact & précis, qui est nécessaire pour nous donner l'idée de la forme des corps.

Si les mains des hommes avoient un plus grand nombre de doigts, ajoûte le même auteur; si ces doigts avoient un plus grand nombre d'articulations & de mouvemens, il n'est pas douteux que le sentiment du toucher ne fût plus parfait, parce que la main pourroit alors s'appliquer plus immédiatement sur les différentes surfaces des corps; il n'est pas douteux aussi que le sentiment du toucher ne fût infiniment plus délicat par la plus grande quantité de houppes nerveuses, qui seroient affectées en même tems.

Supposons au contraire la main sans doigts, le sentiment du toucher seroit beaucoup plus grossier, & nous n'aurions que des notions très - imparfaites de la forme des corps les plus palpables; il nous faudroit beaucoup plus d'expériences & de tems pour acquérir ces notions. Reconnoissons donc la bonté & la sagesse de la Providence dans ce qu'elle donne & dans ce qu'elle refuse. Quel seroit l'usage d'un toucher plus délicat que le nôtre, si rendus extrêmement sensibles au moyen d'une telle organisation, les douleurs & les agonies s'introduisoient par chaque doigt. Combien détesterions - nous un présent si funeste!

On n'ignore guere que la nature exerce ici ses jeux. Il n'est pas rare de voir venir des enfans au monde avec plus de cinq doigts, soit aux mains, soit aux piés. J'en tire le premier exemple de l'Ecrituresainte. Voici le passage même: « Dans la quatrieme bataille qui se donna en Geph, il s'y trouva un homme fort grand qui avoit six doigts à chaque main & à chaque pié, c'est - à - dire vingt - quatre en tout: il étoit de la lignée d'Etrapha, blasphéma Israel, & fut tué par Jonathas fils de Samaa frere de David ». II. liv. des rois, ch. xxj. vers. 20 & 21.

Pline le naturaliste parle d'une famille où étoient deux soeurs qui avoient six doigts aux mains, & qui pour cette raison furent appellées sexdigites, liv. xj. chap. 43.

Anne de Boulen si fameuse dans l'histoire d'Henri VIII. si séduisante par ses manieres, si pleine de charmes, qu'il sembloit que tous les agrémens du monde se fussent réunis en sa personne, avoit six doigts à la main droite, une dent mal rangée à la machoire supérieure, & sur l'os de la gorge une petite élévation qu'elle cachoit avec beaucoup d'art. Larrey, hist. d'Angl.

En 1687, M. Saviard a vû à l'Hôtel - Dieu un enfant nouveau - né qui avoit dix doigts à chaque main, & autant aux piés, dont les phalanges paroissoient toutes rompues & blessées. Saviard, observ. chirurg.

Voici un cas plus étrange encore. Ruysch, dans le catalogue des choses rares, à la fin de son traité intitulé, observationes anatomicoe & chirurgicoe, a donné la description d'un squelete qui avoit un grand nombre de doigts surnuméraires, & qu'il appelle pour cela sceleton polydactilon; la main droite avoit sept doigts, la main gauche six; & outre cela le pouce étoit double; le pié droit avoit huit doigts, le pié gauche neuf; le métatarse droit six os, & le métatarse gauche sept. La figure & la description du même squelete se trouvent dans le traité de Kerkringius intitulé, spicilegium anatomicum; & M. Ruysch en parle encore dans ses derniers ouvrages intitulés aversaria, decad, 1. n. 8.

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