ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"1033"> les expressions métaphoriques doivent être liées entr'elles de la même maniere qu'elles le seroient dans le sens propre. On a reproché à Malherbe d'avoir dit,

Prends ta foudre, Louis, & va comme un lion.

Il falloit dire, comme Jupiter: il y a disconvenance entre foudre & lion.

Dans les premieres éditions du Cid, Chimene disoit,

Malgré des feux si beaux qui rompent ma colere.
Feux & rompent ne vont point ensemble; c'est une disconvenance, comme l'académie l'a remarqué. Ecorce se dit fort bien dans un sens métaphorique, pour les dehors, l'apparence des choses; ainsi l'on dit que les ignorans s'arrêtent à l'écorce, qu'ils s'amusent a l'écorce. Ces verbes conviennent fort bien avec écorce pris au propre; mais on ne diroit pas au propre, fondre l'écorce: fondre se dit de la glace ou du métal. J'avoue que fondre l'écorce m'a paru une expression trop hardie dans une ode de Rousseau:

Et les jeunes zéphirs par leurs chaudes haleines Ont FONDU l'ÉCORCE des eaux. l. III. ode 6.

Il y a un grand nombre d'exemples de disconvenances de mots dans nos meilleurs écrivains, parce que dans la chaleur de la composition on est plus occupé des pensées, qu'on ne l'est des mots qui servent à énoncer les pensées.

On doit encore éviter les disconvenances dans le styie, comme lorsque traitant un sujet grave, on se sert de termes bas, ou qui ne conviennent qu'au style simple. Il y a aussi des disconvenances dans les pensées, dans les gestes, & c.

Singula quoeque locum teneant sortita decenter. Ut ridentibus arrident, ita flentibus adsunt Humani vultus. Si vis me flere, dolendum est Primum ipse tibi, & c. Horat. de Arte poët. (F)

Disconvenance (Page 4:1033)

Disconvenance, correlatif de convenance. Voy. l'article Convenance.

DISCORDANT (Page 4:1033)

DISCORDANT, adj on appelle ainsi en Musique, tout instrument qui n'est pas bien d'accord, toute voix qui chante faux, tout son qui n'est pas avec un autre dans le rapport qu'ils doivent avoir. (S)

DISCORDE (Page 4:1033)

DISCORDE, s. f. (Mythol.) les Peintres & les Sculpteurs la représentent ordinairement coëffée de serpens au lieu de cheveux, tenant une torche ardente d'une main, une couleuvre ou un poignard de l'autre, le teint livide, le regard farouche, la bouche écumante, les mains ensanglantées, avec un habit en desordre & déchiré. Tous nos poëtes modernes, anglois, françois, italiens, ont suivi ce tableau dans leurs peintures, mais sans avoir encore égalé la beauté du portrait qu'en fait Pétrone dans son poëme de la guerre civile de César & de Pompée, vers 272 & suiv. tout le monde le connoît:

Intremuêre tuboe, ac scisso discordia crine Extulit ad superos stygium caput.... & c.

Et quand Homere dans la description de cette déesse (Iliade, liv. IV. vers 445) la dépeint comme ayant

La tête dans les cieux, & les piés sur la terre,

Cette grandeur qu'il lui donne, est moins la mesure de la discorde, que de l'élévation de l'esprit d'Homere, comme la description de la renommée, AEnoeïd. jv. l'est pour Virgile. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

DISCOURS (Page 4:1033)

DISCOURS, (Belles - Lett.) en général se prend pour tout ce qui part de la faculté de la parole, & est dérivé du verbe dicere, dire, parler; il est genre par rapport à discours oratoire, harangue, oraison.

Discours, dans un sens plus strict, signifie un as - semblage de phrases & de raisonnemens réunis & disposés suivant les regles de l'art, préparé pour des occasions publiques & brillantes: c'est ce qu'on nomme discours oratoire; dénomination générique qui convient encore à plusieurs especes, comme au plaidoyer, au panégyrique, à l'oraison funebre, à la harangue, au discours académique, & à ce qu'on nomme proprement oraison, oratio, telles qu'on en prononce dans les colleges. (G)

Le plaidoyer est ou doit être l'application du droit au fait, & la preuve de l'un par l'autre: le sermon, une exhortation à quelque vertu, ou le développement de quelque vérité chrétienne; le discours académique, la discussion d'un trait de morale ou de littérature; la harangue, un hommage rendu au mérite en dignité; le panégyrique, le tableau de la vie d'un homme recommandable par ses actions & par ses moeurs. Chez les Egyptiens les oraisons funebres faisoient trembler les vivans, par la justice sévere qu'elles rendoient aux morts: à la vérité les prêtres égyptiens loüoient en présence des dieux un roi vivant, des vertus qu'il n'avoit pas; mais il étoit jugé après sa mort en présence des hommes, sur les vices qu'il avoit eus. Il seroit à souhaiter que ce dernier usage se fût répandu & perpétué chez toutes les nations de la terre: le même orateur loüeroit un roi d'avoir eu les vertus guerrieres, & lui reprocheroit de les avoir fait servir au malheur de l'humanité; il loüeroit un ministre d'avoir été un grand politique, & lui reprocheroit d'avoir été un mauvais citoyen, & c. Voyez Éloge. M. Marmontel.

Les parties du discours, selon les anciens, étoient l'exorde, la proposition ou la narration, la confirmation ou preuve, & la peroraison. Nos plaidoyers ont encore retenu cette forme; un court exorde y précede le récit des faits ou l'énoncé de la question de droit; suivent les preuves ou moyens, & enfin les conclusions.

La méthode des scholastiques a introduit dans l'éloquence une autre sorte de division qui consiste à distribuer un sujet en deux ou trois propositions générales, qu'on prouve séparément en subdivisant les moyens ou preuves qu'on apporte pour l'éclaircissement de chacune de ces propositions: de - là on dit qu'un discours est composé de deux ou trois points. (G)

La premiere de ces deux méthodes est la plus générale, attendu qu'il y a peu de sujets où l'on n'ait besoin d'exposer, de prouver & de conclure; la seconde est reservée aux sujets compliqués: elle est inutile dans les sujets simples, & dont toute l'etendue peut être embrassée d'un coup d'oeil. Une division superflue est une affectation puérile. Voyez Division. M. Marmontel.

Le discours, dit M. l'abbé Girard dans ses synonymes françois, s'adresse directement à l'esprit; il se propose d'expliquer & d'instruire: ainsi un académicien prononce un discours, pour développer ou pour soûtenir un système; sa beauté est d'être clair, juste & élégant. Voyez Diction, & c.

Accordons à cet auteur que ses notions sont exactes, mais en les restreignant aux discours académiques, qui ayant pour but l'instruction, sont plûtôt des écrits polémiques & des dissertations, que des discours oratoires. Il ne fait dans sa définition nulle mention du coeur, ni des passions & des mouvemens que l'orateur doit y exciter. Un plaidoyer, un sermon, une oraison funebre, sont des discours, & ils doivent être touchans, selon l'idée qu'on a toûjours eue de la véritable éloquence. On peut même dire que les discours de pur ornement, tels que ceux qui se prononcent à la reception des académiciens, ou les éloges académiques, n'excluent pas toute passion; qu'ils se proposent d'en exciter de douces, telles [p. 1034] que l'estime & l'admiration pour les sujets que les académies admettent parmi leurs membres; le regret pour ceux qu'elles ont perdus; l'admiration & la reconnoissance de leurs travaux & de leurs vertus. Voyez Éloquence, Oraison, Rhétorique . (G)

Discours (Page 4:1034)

Discours, (Belles - Lettres.) c'est le titre qu'Horace donnoit à ses satyres.

Les critiques sont partagés sur la raison qu'a eu le poëte d'employer ce nom qui semble plus convenir à la prose qu'à la poésie. L'opinion du pere le Bossu paroît la mieux fondée. Il pense que la simple observation des piés & de la mesure du vers, en un mot, tout ce qui concerne purement les regles de la prosodie, telle qu'on la trouve dans Térence, Plaute, & dans les satyres d'Horace, ne suffit pas pour constituer ce qu'on appelle poésie, pour déterminer un ouvrage à être vraiment poétique, & comme tel distingué de la prose, à moins qu'il n'ait quelque ton ou caractere plus particulier de poésie qui tienne un peu de la fable ou du sublime.

C'est pourquoi Horace appelle ses satyres sermones, comme nous dirions discours en vers, & moins éloignés de la prose, quasi sermoni propiora, que les poëmes proprement dits. En effet, qu'on compare ce poëte avec lui - même, quelle différence quand il prend l'essor & s'abandonne à l'enthousiasme dans ses odes! aussi les appelle - t - on poëmes, carmina. La même raison a déterminé bien des personnes à ne mettre Regnier, & Despreaux pour ses satyres, quau nombre des versificateurs; parce que, disent - ils, on ne trouve dans ces pieces nulle étincelle de ce beau feu, de ce génie qui caractérise les véritables poëtes. Voyez Poeme & Versification. (G)

DISCREDIT (Page 4:1034)

DISCREDIT, s. m. (Comm.) perte ou diminution du crédit que quelque chose avoit auparavant; ce mot ne s'est guere introduit dans le commerce que depuis 1719, que divers arrêts du conseil l'ont employé pour exprimer la perte qu'on faisoit sur les actions de la compagnie des Indes, les billets de banque, & le peu de cours qu'ils avoient dans le public. On dit en ce sens le discrédit des actions, pour signifier qu'elles sont tombées ou baissées. Discrédit est opposé a crédit. Voyez Crédit. Dictionn. du Comm. (G)

DISCRET (Page 4:1034)

DISCRET, s. m. (Hist. ecclés.) épithete en usage dans plusieurs maisons religieuses, tant d'hommes que de femmes, telles que celles des Augustins, Capucins, Recolets, & c. On dit un pere discret, une mere discrete. Une mere discrete est une ancienne qui sert de conseil & d'assistante à la supérieure. Un pere discret est un député d'un couvent au chapitre provincial; les prérogatives & la durée des peres discrets varient suivant les maisons.

Discrete (Page 4:1034)

Discrete, adj. (Géom. & Phys.) la proposition discrete ou disjointe est celle où le rapport de deux nombres ou quantités est le même que celui de deux autres quantités, quoiqu'il n'y ait pas le même rapport entre les quatre nombres. Voyez Raison & Proportion.

Ainsi, supposant la proportion des nombres 6, 8 :: 3, 4. le rapport des deux premiers 6, 8, est le même que le rapport des deux derniers 3, 4; par conséquent ces nombres sont proportionels; mais ils ne le sont que d'une maniere discrete ou disjointe; car 6 n'est pas à 8, comme 8 est à 3; c'est - à - dire que la proportion est interrompue entre 8 & 3, & n'est pas continuée pendant tout son cours, comme dans les proportions suivantes, où les termes sont continuement proportionels, 3, 6 :: 6, 12 :: 12, 24, ou 3, 6, 12, 24, & c.

La quantité discrete est celle dont les parties ne sont point continues ou jointes ensemble. Voyez Quantité. Tel est un nombre, dont les parties étant des unités distinctes, ne peuvent former un seul continu: car selon quelques - uns, il n'y a point dans le continu de parties actuellement déterminées avant la division: elles sont infinies en puissance; c'est pourquoi l'on a coûtume de dire que la quantité continue est divisible à l'infini. V. Continu, Quantité, & Divisibilité. (E)

DISCRÉTION (Page 4:1034)

* DISCRÉTION, s. f. (Morale.) le substantif discrétion me paroît avoir une toute autre acception que l'adjectif discret. Discret ne se dit que de l'art de conserver au - dedans de soi - même, les choses dont il est à - propos de se taire: discrétion ne s'entend guere que de la tempérance dans le discours & dans les actions: la vûe de l'esprit ne se porte plus sur l'idée de secret. Il semble que la discrétion marque la qualité des actions de l'homme prudent & modéré. La modération & la prudence sont dans l'ame; la discrétion est dans les actions.

DISCRÉTOIRE (Page 4:1034)

DISCRÉTOIRE, s. m. (Hist. ecclés.) lieu dans un couvent de religieuses où s'assemblent les meres discretes. Ainsi que discrétion s'entend des personnes mêmes qui forment l'assemblée.

DISCUSSEUR (Page 4:1034)

* DISCUSSEUR, s. m. (Hist. anc.) officier impérial qui recevoit les comptes des collecteurs des tributs. Il jugeoit toutes les petites contestations relatives à cet objet; dans les autres, on en appelloit au gouverneur de la province.

DISCUSSIFS (Page 4:1034)

DISCUSSIFS, adj. pl. terme de Chirurgie, concernant la matiere médicale externe. Ce sont des médicamens qui ont la vertu de raréfier les humeurs arrêtées dans une partie, & de les dissiper. La transpiration est ordinairement la voie par laquelle ces humeurs s'évacuent par l'opération des discussifs. On les employe pour atténuer des humeurs lentes & visqueuses; & ils se prennent ordinairement dans la classe des incisifs: telles sont les fumigations de vinaigre jetté sur une brique rougie au feu, dont on use dans les tumeurs indolentes, produites par l'accumulation des sucs glaireux. Si la matiere est plus épaisse, le remede sera rendu plus puissant en faisant dissoudre de la gomme ammoniaque dans ce vinaigre, & en appliquant ensuite des cataplasmes faits avec les plantes carminatives qui fournissent aussi la matiere des remedes discussifs.

Dans les tumeurs flatueuses qui viennent de l'engagement d'une pituite épaisse, sur - tout aux environs des articulations, il faut atténuer & discuter l'humeur. Ambroise Paré recommande dans ce cas les fleurs de camomille, de melilot, de roses rouges, l'absinthe, & l'hissope cuits dans la lessive; on ajoûte un peu de véronique à cette décoction pour en fomenter la partie, ou le liniment avec l'huile de camomille, d'anet, & de rue; l'huile de laurier, la cire blanche, & un peu d'eau - de - vie.

Les discussifs sont aussi fort utiles dans certaines maladies des yeux, dans les taches & opacités légeres de la cornée transparente: on se sert alors des eaux distillées de fenouil, de grande chélidoine, d'euphraise, de fumeterre, de rue, d'eau de miel, & c. La décoction des sommités de camomille, de mélilot, de romarin, de fenouil, dont on reçoit la vapeur, produit de très - bons effets. Cette classe de discussifs a été appellée des discussifs - ophthalmiques. Les douches d'eaux minérales agissent ordinairement comme discussiss. Voyez Douche. (Y)

DISCUSSION (Page 4:1034)

DISCUSSION, s. f. en général signifie l'examen de littérature, de science, d'affaire, & c. ou l'explication de quelque point de critique.

Ce mot exprime l'action d'épurer une matiere de toutes celles qui lui peuvent être êtrangeres pour la présenter nette & dégagée de toutes les difficultés qui l'embrouilloient. Nous disons, par exemple, que tout ce qui regarde la musique & la danse des anciens a été bien discuté dans les savantes disserta<pb->

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