ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"1015"> qui porte le même titre, & qu'on trouve dans le recueil de ses opuscules, imprimé à Lausanne en trois vol. in - 4°. 1744. Cette matiere se trouve aussi fort approfondie dans l'Optique du même auteur. M. Guisnée a donné, dans les mém. de l'acad. de 1704, la solution d'un problème général, qui renferme presque toute la Dioptrique; & le P. Mallebranche a inséré ce problème à la fin de sa Recherche de la vérité. Nous parlerons plus bas d'un ouvrage de M. Smith sur cette matiere.

Une des principales difficultés de la Dioptrique est de déterminer le lieu de l'image d'un objet qui est vû par réfraction. Les auteurs d'Optique ne sont point d'accord là - dessus. Pour expliquer bien nettement en quoi ils different, imaginons un objet O (fig. 65. d'Opt. n. 2.) plongé dans une eau tranquille, dont la surface soit F G, & que l'oeil A voit par le rayon rompu O H A. Il est question de déterminer en quel endroit cet objet O doit paroître. Il est. certain d'abord qu'il doit paroître dans le prolongement du rayon A H, puisque l'oeil est affecté de la même maniere, que si l'objet étoit dans le prolongement de ce rayon; mais en quel endroit de ce prolongement rapportera - t - on l'objet? C'est surquoi les auteurs de Dioptrique sont partagés. Les uns prétendent que l'objet O doit paroître dans l'endroit où le rayon rompu H A coupe la perpendiculaire, menée de l'objet O sur la surface F G, c'est - à - dire en L. La raison principale que ces auteurs en apportent, est que tout objet vû par un rayon refléchi est toûjours rapporté à l'endroit où le rayon refléchi coupe la perpendiculaire menée de l'objet sur la surface refléchissante, & qu'il en doit être de même des rayons rompus. Mais, 1°. le principe d'où partent ces auteurs sur le lieu de l'image vûe par des rayons refléchis, est sujet à beaucoup de difficultés, comme on le verra à l'article Miroir; 2°. quand même ce principe seroit vrai & général, on ne seroit pas en droit de l'appliquer sans aucune espece de preuve, pour déterminer le lieu de l'image vû par des rayons rompus.

D'autres auteurs prétendent que le heu de l'image de l'objet O doit être au point K, qui est le point de concours des deux rayons rompusinfiniment proches, I A, H A. Voici la raison qu'ils en apportent. Il est certain que l'objet O envoye à l'oeil A un certain nombre de rayons, parce que la prunelle a une certaine largeur. Si donc on suppose que I A & H A soient deux de ces rayons, il est facile de voir que ces rayons entrent dans l'oeil, de la même maniere que s'ils venoient directement du point K: or tous les autres rayons qui entrent dans l'oeil concourent à - peu - près au même point K, parce que la prunelle a peu de largeur, & qu'ainsi le nombre des rayons qui y entrent n'est pas fort grand: ainsi l'objet doit paroître au point K. Il faut avoüer que ce raisonnement paroît beaucoup plus plausible que celui des partisans de la hypothese: aussi l'opinion dont il s'agit ici, est celle des plus célebres auteurs d'Optique, entre autres de Barrow & de Newton. Le premier de ces auteurs dit même avoir fait une expérience facile, par le moyen de laquelle il s'est assûré de la fausseté de l'opinion ancienne sur le lieu de l'image. Il attacha au bout d'un fil N O (fig. 65. d'Op. n. 3.) un plomb O, & descendit ce fil dans une eau stagnante, dont la surface étoit F G; ensorte que la partie NV étoit vûe par réflexion au - dedans de l'eau, & la partie O V par réfraction, l'oeil étant placé en A: l'image de la partie N V, vûe par réflexion, étoit en ligne droite avec N V, comme elle le devoit être en effet; & l'image de la partie O V paroissoit s'éloigner de la perpendiculaire, & former une courbe V R M. Or si les points du fil O V devoient paroître dans la perpendiculaire O V, comme le préten<cb-> dent ceux qui soûtiennent la premiere opinion, l'image de la partie O V auroit dû paroître droite, & non pas courbe; & de plus elle auroit dû se confondre avec celle de N V.

Cependant Barrow avoue lui - même à la fin de son Optique, qu'il y a des cas où l'expérience est contraire à son principe sur le lieu de l'image: ce sont les cas où les rayons rompus, au lieu d'entrer divergens dans l'oeil, y entrent convergens; car alors le point de réunion des rayons est derriere l'oeil, & on devroit voir l'objet derriere soi, ce qui est absurde. Voyez ce que nous dirons sur ce sujet à l'article Miroir. Voyez aussi Apparent.

M. Smith, dans son Optique imprimée à Cambridge en 1738, & qu'on peut regarder comme l'ouvrage le plus complet que nous ayons jusqu'à présent sur cette matiere, attaque le sentiment de Barrow, & s'en écarte. Selon cet auteur, la grandeur apparente d'un objet vû par un verre ou un miroir, est d'abord proportionnelle à l'angle visuel; ensuite, pour avoir le lieu apparent, il dit que l'objet paroît à la même distance à laquelle il paroîtroit à la vûe simple, s'il étoit vû de la grandeur dont il paroît au moyen du verre. Ainsi je suppose un objet d'un pouce de grandeur vû par un verre; si l'angle visuel est augmenté du double, l'objet paroîtra double: cela posé, placez l'objet d'un pouce entre les deux rayons rompus qui forment l'angle visuel, de maniere qu'il soit rasé par ces rayons; & vous aurez le lieu où paroîtra l'objet. M. Smith prétend avoir confirmé son opinion par des expériences. Voyez son ouvrage, art. 104. & suiv. 139. & suiv. & les remarques à la fin de l'ouvrage, pag. 30. & suiv. Il prétend aussi expliquer par son principe l'opinion de Barrow. Mais le principe de M. Smith est - il lui - même sans difficulté? Est - il bien vrai en premier lieu que la grandeur apparente de l'objet dépende uniquement de l'angle visuel? Voyez Apparent. Cela n'est pas vrai dans l'Optique simple: pourquoi cela seroit - il vrai généralement dans la Dioptrique? Est - il blen vrai en second lieu que la distance apparente soit d'autant plus petite, que la grandeur apparente est plus grande? Je doute que l'expérience soit bien conforme à cette idée. Un objet vû avec une forte loupe, & fort grossi par conséquent, devroit suivant cette regle paroître plus près que le même objet à la vûe simple. Cependant cet objet n'est éloigné que de quelques lignes de l'oeil, & son image paroît à une distance beaucoup plus grande. Voyez Image, Vision, & les articles cités ci - dessus.

Voyez aussi les regles de la Dioptriq. expliquées plus au long dans les articles Réfraction, Lentille, &c. & l'application qu'on en fait dans la construction des télescopes, des microscopes, & d'autres instrumens de Dioptrique, aux articles Télescope, Microscope, &c. (O)

Dioptrique (Page 4:1015)

Dioptrique adj. se dit en général de tout ce qui a rapport à la Dioptrique. Il est opposé à catoptrique, aussi pris adjectivement. Ainsi on dit télescope dioptrique, d'un télescope entierement par réfraction, c'est - à - dire composé de verres, pour l'opposer au telescope catoptrique ou catadioptrique, qui est un telescope par réflexion, composé de verres & de miroirs. Voyez Télescope. (O)

DIOSCOREA (Page 4:1015)

DIOSCOREA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Dioscoride. La fleur des plantes de ce genre est monopétale, en forme de cloche, ouverte & découpée. Il s'éleve du calice un pistil qui traverse le bas de la fleur, & devient dans la suite un fruit à trois angles, & divisé en trois loges qui renferment des semences plates, arrondies & bordées d'un feuillet membraneux. Plumier, nova plant. Americ. gener. Voyez Plante. (I) [p. 1016]

DIOSCURES (Page 4:1016)

DIOSCURES, s. m. pl. (Myth.) surnom de Castor & de Pollux, qui signifie qu'ils étoient fils de Jupiter. Il vient du grec DIO/S2, Jupiter, & KOYROI=, enfant de Jupiter, qui selon la fable se déguisa en cygne pour séduire Leda leur mere. Ces deux héros furent du nombre des Argonautes, & rapporterent de la Colchide dans la Laconie la statue de Mars appellée Theritas. On croit qu'ils survécurent à l'enlevement de leur soeur Helene par Paris, & qu'ils ne furent déifiés que plus de trente ans après la prise de Troie. Ils avoient un temple à Athenes, & on les regardoit principalement comme des divinités chargées du soin d'appaiser les tempêtes, & par cette raison on leur donna aussi le surnom de dieux sauveurs. On prétendoit que les feux qui paroissent ordinairement sur la fin des tempêtes, étoient une marque de la présence & de la protection des Dioscures: idée superstitieuse que le Christianisme n'a pas entierement détruite, puisque les matelots regardent encore aujourd'hui ce météore comme quelque chose de divin, & lui rendent une espece de culte. Les uns le nomment saint Nicolas & saint Elme, d'autres corpo santo. En conséquence de cette idée, les sculpteurs & les monétaires ont désigné les Dioscures dans les bas - reliefs & dans les médailles, par une étoile placée au - dessus de leur bonnet. Il y a eu chez les anciens plusieurs autres Dioscures que les fils de Leda & de Jupiter. (G)

DIOXIE (Page 4:1016)

DIOXIE, s. f. DIOCEI\A, en Musique, est, au rapport de Nicomaque, un nom que les anciens donnoient quelquefois à la consonnance de la quinte, qu'ils appelloient communément diapente. Voy. Diapente. (S)

DIPHRYGES (Page 4:1016)

DIPHRYGES, (Métallurg.) nom que les anciens ont donné à une espece de crasse qui s'attache aux parois des fourneaux, dans lesquels on a fait fondre le cuivre jaune ou laiton. Elle contient une petite portion de zinc. Voyez Cadmie. ( - )

DIPHTHONGUE (Page 4:1016)

DIPHTHONGUE, s. f. terme de Grammaire; ce mot par lui - même est adjectif de syllabe; mais dans l'usage, on le prend substantivement. a est une syllabe monophthongue, MONO/FQOGGOS2, c'est - à - dire une syllabe énoncée par un son unique ou simple; au lieu que la syllade au, prononcée à la latine a - ou, & comme on la prononce encore en Italie, &c. & même dans nos provinces méridionales; au, dis - je, ou plûtôt a - ou, c'est une diphthongue, c'est - à - dire une syllabe qui fait entendre le son de deux voyelles par une même émission de voix, modifiée par le concours des mouvemens simultanées des organes de la parole. R R. DI/S2, bis, & FQOGGOS2, sonus.

L'essence de la diphthongue consiste donc en deux points.

1°. Qu'il n'y ait pas, du moins sensiblement, deux mouvemens successifs dans les organes de la parole.

2°. Que l'oreille sente distinctement les deux voyelles par la même émission de voix: Dieu, j'entens l'i & la voyelle eu, & ces deux sons se trouvent réunis en une seule syllabe, & énoncés en un seul tems. Cette réunion, qui est l'effet d'une seule émission de voix, fait la diphthongue. C'est l'oreille qui est juge de la diphthongue; on a beau écrire deux, ou trois, ou quatre voyelles de suite, si l'oreille n'entend qu'un son, il n'y a point de diphthongue: ainsi au, ai, oient, &c. prononcés à la françoise ô, è, ê, ne sont point diphthongues. Le premier est prononcé comme un o long, au - mône, au - ne: les partisans même de l'ancienne orthographe l'écrivent par o en plusieurs mots, malgré l'étymologie or, de aurum, o - reille, de auris: & à l'égard de ai, oit, aient, on les prononce comme un è, qui le plus souvent est ouvert, palais comme succès, ils av - oien - t, ils avê, &c.

Cette différence entre l'orthographe & la prononciation, a donné lieu à nos Grammairiens de diviser les diphthongues en vraies ou propres, & en fausses ou impropres. Ils appellent aussi les premieres, diphthongues de l'oreille, & les autres, diphthongues aux yeux: ainsi l'oe & l'oe, qui ne se prononcent plus aujourd'hui que comme un e, ne sont diphthongues qu'aux yeux; c'est improprement qu'on les appelle diphthongues.

Nos voyelles sont a, é, è, é, i, o, u, eu, e muet, ou. Nous avons encore nos voyelles nasales, an, en, in, on, un: c'est la combinaison ou l'union de deux de ces voyelles en une seule syllabe, en un seul tems, qui fait la diphthongue.

Les Grecs nomment prépositive la premiere voyelle de la diphthongue, & postpositive la seconde: ce n'est que sur celle - ci que l'on peut faire une tenue, comme nous l'avons remarqué au mot Consonne.

Il seroit à souhaiter que nos Grammairiens fussent d'accord entre eux sur le nombre de nos diphthongues; mais nous n'en sommes pas encore à ce pointlà. Nous avons une grammaire qui commence la liste des diphthongues par eo, dont elle donne pour exemple Géographie, Théologie: cependant il me semble que ces mots sont de cinq syllabes, Gé - o - gra - phi e, Thé - o - lo - gi - e. Nos Grammairiens & nos dictionnaires me paroissent avoir manqué de justesse & d'exactitude au sujet des diphthongues. Mais sans me croire plus infaillible, voici celles que j'ai remarquées, en suivant l'ordre des voyelles; les unes se trouvent en plusieurs mots, & les autres seulement en quelques-uns.

Ai, tel qu'on l'entend dans l'interjection de douleur ou d'exclamation ai, ai, ai, & quand l'a entre en composition dans la même syllabe avec le moüillé fort, comme dans m - ail, b - ail, de l'- ail, ati - r - ail, évan - t - ail, por - t - ail, &c. ou qu'il est suivi du moüillé foible, la ville de Bl - aye en Guienne, les îles Luc - ayes en Amérique.

Cette diphthongue ai est fort en usage dans nos provinces d'au - delà de la Loire. Tous les mots qu'on écrit en françois par ai, comme faire, nécessaire, jamais, plaire, palais, &c. y sont prononcés par a - i diphthongue: on entend l'a & l'i. Telle étoit la prononciation de nos peres, & c'est ainsi qu'on prononce cette diphthongue en grec, MO=USAI, TIMAI\; telle est aussi la prononciation des Italiens, des Espagnois, &c. Ce qui fait bien voir avec combien peu de raison quelques personnes s'obstinent à vouloir introduire cette diphthongue oculaire à la place de la diphthongue oculaire oi dans les mots François, croire, &c. comme si ai étoit plus propre que oi à représenter le son de l'e. Si vous avez à réformer oi dans les mots où il se prononce è, mettez è: autrement, c'est réformer un abus par un plus grand, & c'est pécher contre l'analogie. Si l'on écrit François, j'avois, c'est que nos peres prononçoient François, j'avois; mais on n'a jamais prononcé Français en faisant entendre l'a & l'i. En un mot, si l'on vouloit une réforme, il falloit plûtôt la tirer de procès, succès, très, auprès, dès, & c. que de se regler sur palais, & sur un petit nombre de mots pareils qu'on écrit par ai, par la raison de l'étymologie palatium, & par ce que telle étoit la prononciation de nos peres; prononciation qui se conserve encore, non - seulement dans les autres langues vulgaires, mais même dans quelquesunes de nos provinces.

Il n'y a pas long - tems que l'on écrivoit nai, natus, il est nai; mais enfin la prononciation a soûmis l'orthographe en ce mot, & l'on écrit .

Quand les Grecs changeoient ai en H dans la prononciation, ils écrivoient HA=IRW, attollo, HRON, attollebam.

Observons en passant que les Grecs ont fait usage de cette diphthongue ai, au commencement, au milieu, & à la fin de plusieurs mots, tant dans les noms

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