ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"983"> toutes les dispositions de la matiere sont - elles si changées qu'ils ne naissent jamais que d'une maniere différente? S'ils naissent & par cette voie de rencontre fortuite, & par celle de génération, pourquoi toutes les autres especes d'animaux n'ont - elles pas tetenu cette double maniere de naître? Pourquoi celle qui étoit la plus naturelle, la seule conforme à la premiere origine des animaux, s'est - elle perdue dans presque toutes les especes?

Une autre réflexion qui fortifie la premiere, c'est qu'il n'cût pas suffi que la terre n'eût produit les animaux, que quand elle étoit dans une certaine disposition où elle n'est plus. Elle eût dû aussi ne les produire que dans un état où il eussent pû se nourrir de ce qu'elle leur offroit; elle eût dû, par exemple, ne produire le premier homme qu'à l'âge d'un an ou deux, où il eût pû satisfaire, quoiqu'avec peine, à ses besoins, & se secourir lui - même. Dans la foiblesse où nous voyons un enfant nouveau né, en vain on le mettroit au milieu de la prairie la mieux couverte d'herbes, anprès des meilleures eaux du monde, il est indubitable qu'il ne vivroit pas longtems. Mais comment les loix du mouvement produiroient - elles d'abord un enfant à l'âge d'un an ou de deux? Comment le produiroient - elles même dans l'état où il est présentement, lorsqu'il vient au monde? Nous voyons qu'ellés n'amenent rien que par degrés, & qu'il n'y a point d'ouvrages de la nature qui, depuis les commencemens les plus foibles & les plus éloignés, ne soient conduits lentement par une infinité de changemens tous nécestaires jusqu'à leur derniere perfection. Il eût fallu que l'homme qui eût dû être formé par le concours aveugle de quelques parties de la matiere, eût commencé par cet atome, où la vie ne se remarque qu'au mouvement presqu'insensible d'un point; & je ne crois pas qu'il y ait d'imagination assez fausse pour concevoir d'où cet atome vivant, jetté au hasard sur la terre, aura pû tirer du sang ou du chyle tout formé, la seule nourriture qui lui convienne, ni comment il aura pû croître, exposé à toutes les injures de l'air. Il y a là une difficulté qui deviendra toujours plus grande, plus elle seta approfondie, & plus ce sera un habile physicien qui l'approfondira. La rencontre fortuite des atomes n'a donc pû produire les animaux; il a fallu que ces ouvrages soient partis de la main d'un être intelligent, c'est - à - dire de Dieu même: les cieux & les astres sont des obiets plus éclatans pour les yeux; mais ils n'ont peut - être pas pour la raison, des marques plus sûres de l'action de leur auteur. Les plus grands ouvrages ne sont pas toûjours ceux qui parlent le plus de leur ouvrier. Que je voie une montagne applanie, je ne sais si cela s'est fait par l'ordre d'un prince ou par un tremblement de terre; mais je serai assûré que c'est par l'ordre d'un prince, si je vois sur une petite colonne une inseription de deux lignes. Il me paroît que ce sont les animaux qui portent, pour ainsi dire, I'inscription la plus nette, & qui nous apprennent le mieux qu'il y a un Dieu auteur de l'univers. Cette démonstration, dont on peut vanter avec raison la force & la solidité, est de M. de Fontenelle, commenous l'avons déja dit. Cet article est tiré des papiers de M. Formey.

Dieu est mon droit (Page 4:983)

Dieu est mon droit, (Hist. mod.) c'est le mot ou la devise des armes d'Angleterre, que prit d'abord Richard premier ou Coeur de - lion, qui vivoit à la fin du xije siecle, ce qu'il fit pour marquer qu'il ne tenoit son royaume d'aucun mortel à titre de vassal.

Edoiiard III. au xjve siecle le prit ensuite quand il commença à faire valoir ses prétentions sur la couronne de France; & les rois ses successeurs l'ont continué sans interruption jusqu'au tems du roi Guil<cb-> laume III. prince d'Orange, qui fit usage de ce mot, je maintiendrai, quoiqu'il ordonnât qu'on se servît toûjours du premier sur le grand sceau. La reine Anne en usa de même, quoiqu'elle eût pris pour sa devise particuliere ces deux mots latins, semper eadem, toûjours la même, à l'exemple de la reine Elizabeth. Voyez Devise. (G)

Dieux (Page 4:983)

Dieux, s. m. pl. (Mythol). se dit des faux dieux des Gentils, qui tous étoient des créatures auxquelles on rendoit les honneurs dûs à la divinité. Voyez Déesse, Idole, &c.

Il faut remarquer que parmi les Grecs & les Latins, les peuples par le nom de Dieu, n'entendoient point un être. très - parfait, dont l'éternité est un attribut essentiel. Ils appelloient dieux, tous les êtres qu'ils regardoient comme supérieurs à la nature humaine, ou qui pouvoient leur être de quelque utilité, ou même de la colere desquels ils avoient à craindre; car les anciens, commelesmodernes, ont presque toûjours été conduits par l'intérêt propre, c'est - à - dire l'espérance du bien & la crainte du mal. Les hommes mêmes, selon eux, pouvoient devenir des dieux après leur mort, parce que leur ame pouvoit acquérir un degré d'excellence qu'ils n'avoient point eu pendant leur vie; voyez Apothéose & Consécration. Mais qu'on ne croye pas que les sages comme Socrate, Platon, Cicéron, & les autres, parlassent toûjours selon les idées du peuple: ils étoient cependant quelquefois obligés de s'y conformer, pour n'être pas accusés d'athéisme. C'étoit le prétendu crime que l'on imputoit à ceux qui ne croyoient qu'un Dieu.

Les Poëtes, suivant la remarque du P. le Bossu, étoient théologiens, & ces deux fonctions, quoique séparées aujourd'hui, étoient pour lors réunies dans la même personne. Voyez Poésie.

Ils personnifierent les attributs divins, parce que la solblesse de l'esprit humain ne sauroit concevoir ni expliquer tant de puissance & tant d'action dans une substance aussi simple & aussi indivisible qu'est celle de Dieu.

C'est ainsi qu'ils ont représenté la toute - puissance de Dieu sous la personne & le nom de Jupiter; sa sagesse sous celui de Minerve; sa justice sous celui de Junon. Voyez Épopée, Fable, &c.

Les premiers faux - dieux qu'on ait adoré sont les astres, le ciel, le soleil, la lune, à cause de la chaleur & de la lumicre que les hommes en reçoivent. Voyez Idolairie, Astronomie, Étoile, Soleil , &c. ensuite la terre, qui fournit les fruits qui servent à la nourriture des hommes & des animaux: le feu aussi - bien que l'eau devinrent aussi l'objet du culte des hommes à cause des avantages qu'on en reçoit. Voyez Eau & Feu.

Dans la suite ces dieux se sont multipliés à l'infini par le caprice de leurs adorateurs, & il n'y a presqu'aucune chose qui n'ait été déifiée, sans en excepter celles qui sont inutiles ou nuisibles.

Pour autoriser le crime & justifier la débauche, on se fit des dieux criminels & débauchés; des dieux injustes & violens; des dieux avares & voleurs; des dieux yvrognes, des dieux impudiques, des dieux cruels & sanguinaires.

Les principaux dieux que les Romains appelloient dii majorum gentiam, & Cicéron dieux celestes, Varron dieux choisis, Ovide nobiles deos, d'autres consentes deos, étoient Jupiter, Junon, Vesta, Minerve, Céres, Diane, Vénus, Mars, Mercure, Neptune, Vulcain, Apollon.

Jupiter étoit le dieu du ciel, Neptune le dieu de la mer, Mars le dieu de la guerre, Apollon celui de I'Éloquence, de la Poésie, & de la Medecine; Mercure celui des voleurs, Bacchus celui du vin, Cupidon celui de l'amour, &c. [p. 984]

On mettoit aussi au rang des demi - dieux, qu'on appelloit encore semi - dii, dii minorum gentium, indigetes, les héros & les hommes qu'on avoit déifiés. Les grands dieux possédoient le ciel comme une chose qui leur appartenoit de droit, & ceux - ci comme une récompense de la maniere extraordinaire dont ils avoient vécu sur la terre. Voyez Héros, & Apothéose.

Il seroit trop long de nommer ici tous les dieux du Paganisme: on en peut trouver le détail dans le dictionnaire de Trévoux, qui en rapporte la plus grande partie comme extraite du livre d'Isaac Vossius, intitulé, de origine & progressu idololatrioe. Il n'y a point d'excès où les hommes ne se soient portés à cet égard: non contens d'avoir divinisé la vertu, ils avoient fait le meme honneur au vice. Tout étoit dieu, dit Bossuet, excepté Dieu même.

On reconnoissoit pour dieux la santé, la fiévre, la peur, l'amour, la douleur, l'indignation, la pudeur, l'impudence, la fureur, la joie, l'opinion, la renommée, la prudence, la science, l'art, la fidélité, la félicité, la calomnie, la liberté, la monnoie, la guerre, la paix, la victoire, le triomphe, &c.

Mais ce qui deshonore l'humanité, est de voir un dieu Sterculus, parce que le premier il avoit enseigné à fumer les champs: la pâleur & la crainte, pallor & pavor, mis au rang des dieux, comme il y a eu les déesses Caca, Cloaima, & Muta; & Lactance, en son liv. I. a eu raison de faire honte aux payens de ces ridicules divinités.

Enfin, la nature & le monde tout entier a passé pour un dieu. Voyez Nature.

Dieu (Page 4:984)

Dieu (l'ile), ou l'isle d'Yeu, (Géog. mod.) cette petite île est sur la côte de Poitou.

Dieu - le - fit (Page 4:984)

Dieu - le - fit, (Géog. mod.) deux petites villes de la généralité de Grenoble, dans le Dauphiné, en France.


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.