ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"969"> principaux qui y sont en usage: il faut, pour voir la liaison & l'analogie des différens objets, & l'usage des différens termes, former dans sa tête & à part le plan d'un traité de cette Science bien lié & bien suivi: il faut ensuite observer quelles seroient dans ce traité les parties & propositions prineipales, & remarquer non seulement leur dépendance avec ce qui précede & ce qui suit, mais encore l'usage de ces propositions dans d'autres Sciences, ou l'usage qu'on a fait des autres Sciences pour trouver ces propositions. Ce plan bien exécuté, le dictionnaire ne sera plus difficile. On prendra ces propositions ou parties principales; on en fera des articles étendus & distingués; on marquera avec soin par des renvois la liaison de ces articles avec ceux qui en dépendent ou dont ils dépendent, soit dans la Science même dont il s'agit, soit dans d'autres Sciences; on fera pour les simples termes d'Art particuliers à la Science, des articles abregés avec un renvoi à l'article principal, sans craindre même de tomber dans des redites, lorsque ces redites seront peu considérables, & qu'elles pourront épargner au lecteur la peine d'avoir recours à plusieurs articles sans nécessité; & le dictionnaire encyclopédique fera achevé. Il ne s'agit pas de savoir si ce plan a été observé exactement dans notre ouvrage; nous croyons qu'il l'a été dans plusieurs parties, & dans les plus importantes; mais quoi qu'il en soit, il suffit d'avoir montré qu'il est tres - possible de l'exécuter. Il est vrai que dans un ouvrage de cette espece on ne verra pas la liaison des matieres aussi clairement & aussi immédiatement que dans un ouvrage suivi. Mais il est evident qu'on y suppléera par des renvois, qui serviront principalement à montrer l'ordre encyclopédique, & non pas seulement comme dans les autres dictionnaires à expliquer un mot par un autre. D'ailleurs on n'a jamais prétendu, encore une fois, ou étudier ou enseigner de suite quelque Science que ce puisse être dans un dictionnaire. Ces sortes d'ouvrages sont faits pour être consulcés sur quelque objet particulier: on y trouve plus commodément qu'ailleurs ce qu'on cherche, comme nous l'avons déjà dit, & c'est - là leur principale utilité. Un dictionnaire encyclopédique joint à cet avantage celui de montrer la liaison scientifique de l'article qu'on lit, avec d'autres articles qu'on est le maitre, si l'on veut, d'aller chercher. D'ailleurs si la liaison particuliere des objets d'une science ne se voit pas aussi - bien dans un dictionnaire encyclopédique que dans un ouvrage suivi, du moins la liaison de ces objets avec les objets d'une autre seience, se verra mieux dans ce dictionnaire que dans un traité particulier, qui borné à l'objet de la science dont il traite, ne fait pour l'ordinaire aucune mention du rapport qu'elle peut avoir aux autres sciences. Voy. le Prospectus & le Discours prélirunaire déjà cités.

Du style des dictionnaires en général. Nous ne dirons qu'un mot sur cet article; le style d'un dictionnaire doit être simple comme celui de la conversation, mais précis & correct. Il doit aussi être varié suivant les matieres que l'on traite, comme le ton de la conversation varie lui - même suivant les matieres dont on parle.

Il nous resteroit pour finir cet article à parler des différens dictionnaires; mais la plûpart sont assez connus, & la liste seroit trop longue si on vouloit n'en omèttre aucun. C'est au lecteur à juger sur les principes que nous avons établis, du degré de mérite que peuvent avoir ces ouvrages. Il en est d'ailleurs quelques - uns, & même des plus connus & des plus en usage, dont nous ne pourrions parler sans en dire peut - être beaucoup de mal; & notre travail, comme nous l'avons dit ailleurs, ne consiste point à décrier celui de personne. A l'égard de l'Encyclopédie, tout ce que nous nous permettrons de dire, c'est que nous ne négligerons rien pour lui donner le degré de perfection dont nous sommes capables, toûjours persuadés néanmoins que nous y laisserons beaucoup à faire. Dans cette vûe nous recevrons avec reconnoissance tout ce qu'on voudra bien nous adresser sur ce dictionnaire, remarques, additions, corrections, critiques, injures même, quand elles renfermeront des avis utiles: omnia probate, quod bonum est tenete. L'empire des Sciences & des Lettres, s'il est permis de se servir de cette comparaison, ressemble à ces lieux publics où s'assembleut tous les jours un certain nombre de gens oisis, les uns pour joüer, les autres pour regarder ceux qui joüent: le silence par les lois dujeu est ordonné aux spectateurs, à moins qu'on ne leur demande expressément leur avis; & plusieurs gens de lettres, trop amoureux de leurs productions, voudroient qu'il en fut ainsi dans l'empire littéraire: pour nous, quand nous serions assez puissans pour détourner la critique, nous ne serions pas assez ennemis de notre ouvrage pour user de ce droit. Voilà nos dispositions: nous n'avons souhaité de guerre avec personne; nous n'avons rien fait pour l'attirer; nous ne l'avons point commencée, ce sont là des faits constans; nous avons consenti à la paix, dès qu'on nous a paru le desirer, & nous souhaitons qu'elle soit durable. Si nous avons répondu à quelques critiques, nous avons erû le devoir à l'importance de l'ouvrage, à nos collégues, à la nature des reproches qui nous regardoient personnellement, & sur lesquels trop d'indifférence nous eût rendus coupables. Nous eussions gardé le silence si la critique n'eût attaqué que nous, & n'eût été que littéraire. Occupés desormais uniquement de notre travail, nous suivrons par rapport aux critiques (quels qu'ils puissent être), l'exemple d'un grand nonarque de nos jours, qui n'a jamais voulu répondre ni souffrir qu'on répondît à une satyre absurde & seandaleuse publiée il y a quelques mois contre lui: c'est à moi, dit - il, à mépriser ce qui est faux dans cette satyre, & à me corriger s'il y a du vrai. Parole bien digne d'être conservée à la postérité, comme le plus grand éloge de ce monarque, & le plus beau modele que puissent se proposer des gens de lettres. (O)

Dictionnaire, Vocabulaire, Glossaire (Page 4:969)

Dictionnaire, Vocabulaire, Glossaire, synonymes. (Gramm.) Après tout ce que nous avons dit dans l'article précédent, il sera aisé de sentir quelle est la différente acception de ces mots. Ils signifient en général tout ouvrage où un grand nombre de mots sont rangés suivant un certain ordre, pour les retrouver plus facilement lorsqu'on en a besoin. Mais il y a cette difference, 1°. que vocabulaire & glossaire ne s'appliquent guere qu'à de purs dictionnaires de mots, au lieu que dictionnaire en général comprend non - seulement les dictionnaires de langues, mais encore les dictionnaires historiques, & ceux de sciences & d'arts: 2°. que dans un vocabulaire les mots peuvent n'être pas distribués par ordre alphabétique, & peuvent même n'être pas expliqués. Par exemple, si on vouloit faire un ouvrage qui contînt tous les termes d'une science ou d'un art, rapportés à différens titres généraux, dans un ordre différent de l'ordre alphabétique, & dans la vûe de faire seulement l'énumération de ces termes sans les expliquer, ce seroit un vocabulaire. C'en seroit même encore un, à proprement parler, si l'ouvrage étoit par ordre alphabétique, & avec explication des termes, pourvû que l'explication fût très courte, presque toûjours en un seul mot, & non raisonnée: 3°. à l'égard du mot de glossaire, il ne s'applique guere qu'aux dictionnaires de mots peu connus, barbares, ou surannés. Tel est le glossaire du savant M. Ducange, ad scriptores media & infimoe la - [p. 970] tinitatis, & le glossaire du même auteur pour la langue greque. (O)

DICTUM (Page 4:970)

DICTUM, s. m. (Jurisprud.) est le dispositifdes jugemens; il a été ainsi appellé, parce qu'anciennement, lorsque les jugemens se rendoient en latin, le dispositif étoit ordinairement conçu en ces termes: dictum fuit per arrestum curioe, &c.

Le mardi 17 Décembre 1555, fut donné arrêt en présence du lieutenant civil Aubry, & de plusieurs conseillers du Châtelet de Paris, par lequel défenses furent faites aux juges présidiaux du Châtelet après que le dictum aura été arrêté & signé du rapporteur & de celui qui aura présidé, & qu'il aura été délivré au greffe de le retirer, & de juger derechef le même procès sur les mêmes actes.

L'article 12, du réglement de la Fleche, porte que tous les officiers assistans au jugement des proces, seront tenus de signer les dictums des sentences qui seront rendues; le réglement de Richelieu, art. 14, porte la même chose.

L'ordonnance de 1667, tit. xj. art. 15, veut que trois jours après que le procès aura été jugé, le rapporteur mette au greffe le dictum.

Voyez la dissert. II sur Joinville, p. 143; le Glossaire de M. de Lauriere, & la bibliotheque de Bouchel, au mot Dictum. (A)

DICTYMNIES ou DICTYNNIES (Page 4:970)

* DICTYMNIES ou DICTYNNIES, (Mythol.) fêtes célébrées à Lacèdemone & en Crete, à l'honneur de Diane Dictymne ou Dictynne, ou d'une nymphe qu'on prit pour elle, & qui s'étant précipitée dans la mer, pour échapper à la passion de Minos, fut reçue dans un filet de pêcheur; ce qui la fit nommer Dictynne, & lui fit attribuer l'invention des filets dont on se sert à la pêche.

DIDACTIQUE (Page 4:970)

DIDACTIQUE, adj. terme d'école, qui signifie la maniere de parler ou d'écrire, dont on fait usage pour enseigner ou pour expliquer la nature des choses. Ce mot est formé du grec DIDA/SXW, j'enseigne, j'instruis.

Il y a un grand nombre d'expressions uniquement consacrées au genre didactique. Les anciens & les modernes nous ont donné beaucoup d'ouvrages didactiques, non seulement en prose, mais encore en vers.

Du nombre de ces derniers sont le poëme de Lucrece de rerum natura; les géorgiques de Virgile; l'art poétique d'Horace imité par Boileau; l'essai sur la critique, & l'essai sur l'homme de Pope, &c. On peutranger dans cette classe les poëmes moraux, comme les discours de M. de Voltaire qui sont si philosophiques, les satyres de Boileau qui souvent le sont fi peu, &c. M. Racine de l'académie des belles Lettres, fils du grand Racine, dans des réflexions sur la poésie données au public depuis la mort de son pere, examine cette question: si les ouvrages didactiques en vers méritent le nom de poëme que plusieurs auteurs leur contestent; il décide pour l'affirmative, & soûtient son sentiment par des raisons dont nous donnerons le précis. Les poëtes ne sont vraiment estimables qu'autant qu'ils sont utiles, & l'on ne peut pas contester cette derniere qualité aux poëtes didactiques. Parmi les anciens, Hesiode, Lucrece, Virgile, ont été regardés comme poëtes, & le dernier sur - tout, pour ses georgiques, indépendamment de son Énéide & de ses églogues. On n'a pas refusé le même titre au P. Rapin, pour son poëme sur les jardins, ni à M. Despreaux pour son art poétique. Mais, dit - on, les plus excellens ouvrages en ce genre ne peuvent passer pour de vrais poëmes, ou parce que le style en est trop uniforme, ou parce qu'ils sont dénués de fictions quifont l'essence de la poésie. A cela M. Racine répond, 1°. que l'uniformité peut être ou dans les choses ou dans le style; que la premiere peut se rencontrer dans les poëmes dont les sujets sont trop bornés, mais non dans ceux qui présentent successivement des objets variés, tels que les georgiques & la poétique de Despreaux, dans lesquels l'uniformité de style n'est pas moins évitée, comme cela est en effet: 2°. qu'il faut distinguer deux sortes de fictions, les unes de récit & les autres de style. Par fictions de récit, il entend les merveilles opérées par des personnages qui n'ont de réalité que dans l'imagination des poëtes; & par fictions de style, ces images & ces figures hardies, par lesquelles le poëte anime tout ce qu'il décrit. Que le poëme didactique & même toute autre poësie, peut subsister sans les fictions de la premiere espece, que Virgile, s'il les y avoit cru nécessaires, pouvoit dans ses géorgiques introduire Cerès, les Faunes, Bacchus, les Dryades; que Boileau pouvoit de même faire parler les Muses & Apollon, & que l'un ni l'autre n'ayant usé de la liberté qu'ils avoient à cet égard, c'est une preuve que le poëme didactique n'a pas besoin de ce premier genre de fiction pour être caractérisé poëme. Que quant aux fictions de style elles lui sont essentielles, & que les deux grands auteurs sur lesquels il s'appuie, en ont répandu une infinité dans leurs ouvrages. D'où il conclud que les poëmes didactiques n'en méritent pas moins le nom de poëme, & leurs auteurs celui de poëtes. (G)

Il y a une façon plus naturelle de décider cette question: c'est de nier absolument que la fiction soit essentielle à la poésie. La poésie est l'art de peindre à l'esprit. Ou la poésie peint les objets sensibles, ou elle peint l'ame elle - même, ou elle peint les idées abstraites qu'elle revêt de forme & de couleur. Ce dernier cas est le seul où la poésie soit obligée de feindre; dans les deux autres, elle ne fait qu'imiter. Ce principe incontestable une fois établi, tout discours en vers qui peint mérite le nom de poëme, & le poëme didactique n'est qu'un tissu de tableaux d'après nature, lorsqu'il remplit sa destination. La froideur est le vice radical de ce genre; il n'est surtout rien de plus insoutenable qu'un sujet sublime en lui - même didactiquement traité par un versificateur foible & lâche qui glace tout ce qu'il touche, qui met de l'esprit où il faut du génie, & qui raisonne au lieu de sentir. Add. de M. Marmontel.

Les Anglois ont plusieurs poëmes didactiques en leur langue, maisils ne leur ont jamais donné que le titre modeste d'essai; tels sont l'essai sur la critique & l'essai sur l'homme, par M. Pope, l'essai sur la maniere de traduire en vers par le comte de Roscommon, & l'essai sur la poésie, par le comte de Bukingham. (G)

DIDEAUX (Page 4:970)

* DIDEAUX, s. m. pl. (terme de riviere.) ce sont de grands filets qui traversent la riviere pour arrêter tout ce qui passe; on les tend principalement aux ponts & moulins, ils sont souvent suspendus par des potences & des poulies qu'on remonte, & qu'on lâche dans certaines occasions.

DIDIER (Page 4:970)

DIDIER (S.) (Geog. mod.) petite ville du Velai; en France il y en a une aussi de même nom, dans le Lyonnois.

DIDORON (Page 4:970)

* DIDORON, s. m. (Histoire ancienne.) mesure de longueur; chez les Grecs elle étoit de dix - huit pouces.

DIDRAGME (Page 4:970)

* DIDRAGME s. m. (Hist. anc.) monnoie greque, ou la double drachme; les Latins l'appelloient aussi sicilique. Elle valoit donc un demi - sicle. Elle fut aussi connue parmi les Juifs sous le nom de siclus rabbinorum. C'étoit le tribu annuel qu'ils payoient par tête. Voyez Dragme.

DIDYMI (Page 4:970)

DIDYMI, DIDU/MOI, (Astron.) c'est la même chose que gemelli ou les gemeaux. Voyez Gemeaux. On nese sert plus en astronomie que de ce dernier terme. (O)

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