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DICHOTOME (Page 4:955)
DICHOTOME, adj. (Astr.) on dit que la Lune
est dichotome, lorsque l'on voit précisément la moitié
de sa face éclairée. Voyez
DICHOTOMIE, BISSECTION (Page 4:955)
DICHOTOMIE, BISSECTION, s. f. (Astron.)
c'est un terme usité par les Astronomes, pour exprimer
la phase ou apparence de la Lune dans laquelle
elle est coupée en deux, de sorte qu'on ne voit que
la moitié de son disque ou de son cercle. Voy.
Le tems de la dichotomie de la Lune est d'un grand usage pour déterminer la distance du Soleil à la terre; & la maniere dont on s'en sert pour cette recherche, est expliquée dans l'introductio ad veram astronomiam de Keill, ch. xxüj. Cette méthode a été inventée par Aristarque de Samos, qui l'a substituée à une autre fort peu exacte, par laquelle Ptolomée mesuroit la distance du Soleil à la terre. Mais il est fort difficile de fixer le moment précis où la Lune est coupée en deux parties égales, c'est - à - dire quand elle est dans sa véritable dichotomie. La Lune paroît coupée en deux parties égales, quand elle est proche des quadratures: elle le paroît aussi sensiblement dans les quadratures même, & encore quelque tems après, ainsi que Riccioli le reconnoît dans son Almageste; de sorte qu'elle paroît dichotomisée au moins pendant un petit espace de tems: dans ce tems, chaque moment peut être pris pour le véritable point de la dichotomie, aussi - bien que tout autre moment. Or une très - petite erreur dans le moment de la dichotomie, en produit une fort grande dans la distance du Soleil. M. le Monnier fait voir qu'en ne se trompant que de quatre secondes, ce qu'il est presque impossible d'éviter, on peut trouver dans un cas que la distance du Soleil est de 13758 demi - diametres terrestres; & dans un autre, qu'elle est seulement de 6876 demi - diametres. Ainsi le moment où arrive la véritable dichotomie est incertain; mais supposant qu'elle arrive avant la quadrature, Riccioli prend pour la vraie dichotomie le milieu du tems écoulé entre la quadrature & le tems où la dichotomie de la Lune commence à être douteuse.
Il eût bien mieux fait, dit M. le Monnier, de prendre le milieu entre les deux instans auxquels les phases de la Lune étoient douteuses, c'est - à - dire le milieu entre l'instant auquel la Lune a cessé d'être en croissant ou concave, & l'instant auquel elle a commencé à paroître bossue ou convexe, puisque ce dernier tems doit arriver un peu après la quadrature: de cette maniere il auroit conclu la distance du Soleil à la terre beaucoup plus grande qu'il ne la déduit de son calcul. Inst. astron. page 452. & suiv.
En général, si on pouvoit mesurer exactement quelque phase de la Lune autre que la dichotomie, on s'en serviroit avantageusement pour mesurer la distance de la terre au Soleil. Mais on s'appercevra toûjours qu'il est impossible de ne se pas tromper dans cette mesure, au moins de quelques secondes; d'où l'on voit que par cette méthode on ne peut guere se flatter de connoître la distance du Soleil. Il faut avoüer néanmoins que par de semblables observations, on s'est enfin asfûré que la distance du Soleil à la terre surpassoit beaucoup 7000 demi - diametres terrestres; & tout ce qu'on peut en effet tirer de cette méthode, c'est de déterminer les limites entre lesquelles est comprise la distance de la terre au Soleil. Mais ces limites seront fort grandes.
La dichotomie est proprement ce qu'on appelle, dans le langage vulgaire, le commencement du premier ou du dernier quartier. (O)
DICORDE (Page 4:955)
* DICORDE, s. m. (Hist. anc.) instrument de musique des anciens, ainsi appellé, parce qu'il n'avoit que deux cordes; sa forme est celle d'un quarré long, qui va toûjours un peu en diminuant.
DICROTE (Page 4:955)
* DICROTE, s. m. (Hist. anc.) Cicéron s'est servi de ce mot en deux endroits, où les savans prétendent qu'il signifie un grand vaisseau à deux rangs de rames élevés l'un au - dessus de l'autre.
Dicrote (Page 4:955)
DICTAMNE DE CRETE (Page 4:955)
DICTAMNE DE CRETE, s. m. (Bot.) plante à tête écailleuse, du milieu de laquelle s'éleve une fleur en gueule, & des fleurons avec plusieurs anneaux qui forment un long épi pendant.
Il est vraissemblable que notre dictamne, ou comme plusieurs l'écrivent, dictamne de Crete, est le même que celui des anciens. En esset d'habiles critiques ont heureusement rétabli un passage de Dioscoride, défiguré par quelques copistes, au moyen dequoi cet auteur ne dit pas que le dictamne ne porte point de fleurs ni de grains, mais il dit que ni sa fleur ni son fruit ne sont bons à rien. Pline qui compare le dictamne au pouliot, ajoûte qu'on ne se sert que de ses feuilles. Théophraste est du même avis. Damocrate, dans Galien, parle aussi des fleurs du dictamne. Enfin c'étoit un fait si commun, & si peu revoqué en doute, que Virgile lui - même a décrit la tige & la fleur du dictamne de Crete.
Hic Venus indigno nati concussa dolore, Dictamnam genitrix Cretoeâ carpit ab Idâ, Puberibus caulem folüs, & flore comantem Purpureo: AEneid. lib. XII. v. 412.
Prouvons par la description botanique de cette plante, que celle du poëte est très - exacte.
Le dictamne de Crete qui vient naturellement en Grece, & particulierement en Candie dans les fentes des rochers, pousse des racines brunes & fibreuses, des tiges dures, & couvertes d'un duvet blanc, hautes de neuf pouces, & branchues. Les feuilles naissent deux à deux aux noeuds des tiges; elles sont arrondies, longues d'un pouce, couvertes d'un duvet épais, blanchâtre: leur odeur est agréable, leur saveur est très - âcre & brûlante. Les fleurs naissent au sommet des branches, dans de petites têtes feuillées en forme d'épi, & comme écailleuses, de couleur purpurine en - dehors. Ces fleurs sont d'une seule piece en gueule, d'une belle couleur de pourpre, portées sur un calice en cornet cannelé, dans lequel sont renfermées quatre graines arrondies, très - menues.
Le dictamne quoique originaire des pays chauds, peut néanmoins endurer le froid de nos hyvers, pour. vû qu'on le plante dans un terrein sec & sablonneux. On le multiplie de boutures, qu'on met à l'abri du froid, & qu'on arrose jusqu'à ce que les rejettons ayent pris racine, après quoi on les plante dans des pots. Il fleurit au milieu de l'été, mais ses graines n'acquierent guere leur maturité que dans un climat chaud, comme en Provence, en Languedoc, & en Italie.
Nous connoissons encore une seconde espece de dictamne appellée par les Botanistes, dictamnus montis Sipyli, origani folüs. Flor. Bat. Origanum montis Sipyli, H. L. 463. Cette seconde espece a été trouvée sur le mont Sipyle dans l'Asie mineure, près du Méandre, par le chevalier Georges Whecler dans ses voyages, & par lui envoyé à Oxford. C'est une très - jolie plante qui porte de grands épis de fleurs d'une beauté durable; ce qui fait qu'elle mérite une [p. 956]
Quelques étymologistes ont dérivé assez naturellement
le nom de dictamne, de dictea, montagne de
Crete dont Virgile parle si souvent; ou, si l'on aime
mieux, de dictamo, ancienne ville de l'île de Crete,
territoire qui n'est plus aujourd'hui qu'une petite
bourgade de la Canée dans l'île de Candie. Le lecteur
curieux d'érudition sur cette matiere, en trouvera
dans l'ouvrage d'un Allemand nommé Geyer, dont
voicile titre: Geyeri (Joh. Daniel) Thargelus Apollini sacer. Francf. 1687. 4°. Article de M. le Chevalier
Dictamne de Crete (Page 4:956)
Les Medecins les prescrivent soit en poudre depuis une dragme jusqu'à trois, soit en infusion depuis deux dragmes jusqu'à six, pour plusieurs maladies, sur - tout pour hâter l'accouchement, pour chasser l'arriere - faix, & pour exciter les regles. On les employe beaucoup dans plusieurs compositions officinales, en particulier dans la thériaque d'Andromaque, le mithridate de Damocrate, la confection hyacinthe, le diascordium, & autres.
Il étoit bien difficile qu'une plante si célebre parmi les anciens, manquât d'avoir des sectateurs zélés parmi les modernes, & qu'ils oubliassent de l'incorporer dans leurs prétendus antidotes. D'abord une fable de tems in mémorial qui disoit que les chevres de Crete en mangeant de cette herbe, faisoient tomber les fleches dont elles étoient blessées, établit son pouvoir dans la guérison des plaies. Virgile n'a pas manqué de saisir ce conte pour en orner sa description du dictamne.
Mais d'autres auteurs accréditerent davantage les vertus vulnéraires des feuilles du dictamne, en les vantant dans des ouvrages plus sérieux, comme ont fait par exemple, Dioscoride, Cicéron, Pline, & Tertullien même. Il est vrai que quelques - uns d'eux plus critiques & plus sages que les autres, en ont parlé simplement comme d'une histoire qu'on racontoit; cependant leur discours montre toûjours que le dictamne passoit généralement pour un excellent remede contre les traits empoisonnés, les blessures, & la morsure des bêtes venimeuses.
Enfin Galien ayant écrit qu'Hippocrate mettoit le dictamne au rang des puissans remedes pour chasser l'arriere - faix, a trouvé par - tout chez les modernes une entiere confiance sous une autorité si respectable. Quelques expériences apparentes & fautives,
Dictamne blanc (Page 4:956)
DICTATEUR (Page 4:956)
DICTATEUR, s. m. (Hist. rom.) magistrat romain créé tantôt par un des consuls ou par le général d'armée, suivant Plutarque; tantôt par le sénat ou par le peuple, dans des tems difficiles, pour commander souverainement, & pour pourvoir à ce que la république ne souffrît aucun dommage.
Les Romains ayant chassé leurs rois, se virent obligés de créer un dictateur dans les périls extrèmes de la république, comme, par exemple, lorsqu'elle étoit agitée par de dangereuses séditions, ou lorsqu'elle étoit attaquée par des ennemis redoutables. Dès que le dictateur étoit nommé, il se trouvoit revêtu de la suprème puissance; il avoit droit de vie & de mort, à Rome comme dans les armées, sur les généraux & sur tous les citoyens, de quelque rang qu'ils fussent: l'autorité & les fonctions des autres magistrats, à l'exception de celle des tribuns du peuple, cessoient, ou lui étoient subordonnées: il nommoit le général de la cavalerie qui étoit à ses ordres, qui lui servoit de lieutenant, &, si l'on peut parler ainsi, de capitaine des gardes: vingt - quatre licteurs portoient les faisceaux & les haches devant lui, & douze seulement les portoient devant le consul: il pouvoit lever des troupes, faire la paix ou la guerre selon qu'il le jugeoit à - propos, sans être obligé de rendre compte de sa conduite, & de prendre l'avis du sénat & du peuple: en un mot il joüissoit d'un pouvoir plus grand que ne l'avoient jamais eu les anciens rois de Rome; mais comme il pouvoit abuser de ce vaste pouvoir si suspect à des républicains, on prenoit toûjours la précaution de ne le lui déférer tout au plus que pour six mois.
Le premier du rang des patriciens qui parvint à
cet emploi suprème, fut Titius Largius, l'an de Rome 259. Clélius premier consul le nomma, comme
en dédommagement de l'autorité qu'il perdoit par la
création de cette éminente dignité. Le premier dictateur pris de l'ordre des plébéiens, fut Cn. Martius
Rutilius, l'an de Rome 399. Quelques citoyens eurent
deux fois cette suprème magistrature. Camille
fut le seul qu'on nomma cinq fois dictateur; mais Ca<pb->
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