ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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quer en dessous & sans le froisser en dessus. Il n'y a
que la seconde partie de ce probleme qui soit résolue
par l'entacage, car il faut trop de tems pour entaquer & desantaquer. C'est par cette raison principalement
qu'on ne s'en sert point dans les ouvrages où
la fassure, c'est - à - dire la plus grande quantité d'étoffe
que l'ouvrier puisse fabriquer sans tourner l'ensuple
& sans enrouler, est très - petite; c'est le cas des velours
ciselés & des petits velours. La tire fatigueroit
trop la chaîne, si la fassure étoit longue dans les velours
ciselés; d'ailleurs comme ce genre d'étoffe est
très - fourni, les piquûres des aiguilles n'y font pas
grand dommage. Dans les petits velours la chaine
est trop fine, pour que la fassure puisse être longue.
Il faut donc dans ces deux sortes de velours, tourner
fréquemment, & par conséquent s'en tenir aux
aiguilles, quoiqu'elles doivent rendre le travail des
petits velours fort délicat. L'entacage n'a donc chassé
les pointes que de l'ensuple des velours unis, dont
l'ouvrier ne fabriquant qu'environ deux fassures par
jour, ne desantaque qu'une fois ou deux. Reste donc
un beau problème à proposer aux Méchaniciens, &
surtout à l'habile Académicien M. de Vaucanson, à
qui ces objets sont si connus, & qui s'est déja immortalisé
par tant de machines délicates. Ce problème
consiste à trouver une machine appliquable à
tout genre d'étoffe en général, qui ne la pique point
en dessous, qui ne la froisse point en dessus, & qui
soit telle encore que l'ouvrie> puisse changer souvent
de fassure sans perdre beaucoup de tems. Ceux
qui chercheront cette machine, trouveront plus de
difficulté à la trouver qu'elle n'en présente d'abord.
Aiguilles
(Page 1:208)
Aiguilles à Brodeur. Les Brodeurs ont trois sortes
d'aiguilles au moins; les aiguilles à passer, les
aiguilles à soie, & les aiguilles à frisure, L'aiguille
à passer l'or & l'argent differe de l'aiguille à coudre
en ce qu'elle a le trou oblong, au lieu que celle à
Tailleur ou à coudre l'a quarré. Comme il faut effiler
l'or pour enfiler cette aiguille, & que quand l'or
est effile il ne reste plus qu une soie plate, il etoit nécessaire
que l'aiguille à passer eût l'oeil oblong. L'aiguille à soie est plus menue que l'aiguille à passer, &
son oeil est aussi très - oblong. L'aiguille à frisure s'enfilant
d'une soie extremement fine, est encore plus
petite que l'aiguille à soie, & a l'oeil encore plus oblong: son oeil estune petite fente imperceptible. L'aiguille à enlever s'enfile de ficelle ou de fil, & a le
cul rond comme celle du Tailleur. Outre les noms
que nous venons de donner à ces aiguilles, celle à
enlever s'appelle encore aiguille à lisiere; & celle à
frisure, aiguille à bouillon.
Les aiguilles à faire le point sont comme les aiguilles
à passer, mais extrèmement menues.
Les aiguilles à tapisserie sont grosses, fortes, & ont
l'oeil extrèmement large & long, sur - tout quand
elles sont à tapisserie en laine.
Aiguilles
(Page 1:208)
Aiguilles de métier à bas ou de Bonnetier. Ces aiguilles
sont plates par un bout, aiguës & recourbées
par l'autre. La partie recourbée & aigue trouve,
quand on la presse, une petite chasse pratiquée dans
le corps de l'aiguille où elle peut se cacher. Voyez
Planches d'Aiguillier - Bonnetier, fig. 7. 1. ost la queue
de l'aiguille, 2. sa tête, 3. son bec, 4. 5. sa chasse.
Voici la maniere dont on fabrique cette aiguille. On
a du fil d'acier fort élastique & fort doux: comme le
fil d'acier nous vient des trifileries en paquets roulés,
il s'agit d'abord de le redresser: pour cet effet,
on le fait passer à plusieurs reprises entre des clous
d'épingles plantés perpendiculairement & à la distance
convenable sur une planche où on les voit par rangées.
La fig. 1. Plan. de l'Aiguiller - Bonnetier est l'engin.
La planche est percée de deux trous, 1. 2. à ses
extrémités, pour pouvoir être fixée par des vis, 34.
34. 34. sont les clous d'épingles fichés sur la planche.
56. est le fil d'acier passé entre ces clous d'épingles.
Quand le fil d'acier est redressé, on le coupe
par morceaux de la longueur que doit avoir l'aiguille.
On prend chacun de ces morceaux & on les
aiguise en pointe avec une lime rude; ce qui s'appelle
ébaucher. On n'a que faire de dire que cette
pointe formera le bec de l'aiguille. On prend l'aiguille
ébauchée; on a une espece de gaufrier chaud;
on insere dans ce gaufrier le bec de l'aiguille: cette
manoeuvre, qu'on appelle donner le recuit, détrempe
l'aiguille & la rend moins cassante. Quand elle est
recuite, elle se perce à l'étau. L'étau dont on se sert
pour percer l'aiguille est une machine très - ingénieuse: sa queue A, en forme de pyramide, fig. 3. s'enfonce
comme celle d'un tas d'Orfevre dans un billot
de bois: son corps B a un rebord a, a, a, qui empêche
l'étau d'enfoncer dans le billot. Ses deux mâchoires
laissent entr'elles une ouverture quarrée F,
dans laquelle on place une piece quarrée G. On doit
remarquer à cette piece quarrée G, qui s'appelle
bille, une rainure 1. 2. assez profonde. C'est dans
cette rainure qu'est reçûe l'aiguille dont on veut faire
la chasse ou qu'on veut percer. Imaginez la bille G
placée dans le quarré F, sa rainure tournée versl'ouverture
n. Tournez la vis E; l'extrémité de cette vis
appuiera sur la bille, la pressera latéralement, & l'empêchera
de sortir par le côté qu'elle est entrée. La
bille ne pourra pas non plus sortir par le côté du
quarré F opposé à son entrée, parce qu'on l'a fait un
peu plus étroit; en sorte que cette bille G entre en
façon de coin dans ce quarré F. On a pratiqué l'ouverture
n à la mâchoire courbe de l'étau, perpendiculairement
au - dessus de la rainure 1. 2. de la bille
G, & par conséquent de l'aiguille qu'il faut y supposer
placée. Tournez la piece c, afin que l'aiguille
qui s'insere dans la rainure par le côté opposé de la
bille, ne s'y insere que d'une certaine quantité déterminée,
& que toutes les aiguilles soient percées à
la même distance du bec. Assemblez maintenant avec
le corps de l'étau la piece H, au moyen des trois vis
1. 2. 3. qui fixent cette piece sur les deux mâchoires.
Vous voyez dans le plan supérieur de cette piece H
une ouverture m; que cette ouverture corresponde
encore perpendiculairement à l'ouverture n & à la
rainure 1. 2. de la bille G: cela supposé il est évident
qu'un poinçon > l, qui passeroit juste par l'ouverture
m, par l'ouverture n, rencontreroit la rainure 1. 2.
de la bille G, & par conséquent l'aiguille qui y est
logée. Soit l'extrémité tranchante de ce poinçon, correspondante
à la rainure & au milieu de l'aiguille;
frappez un coup de marteau sur la tête k de ce
poinçon, il est évident que son extrémité 4. tranchante,
ouvrira ou plûtôt s'imprimera dans l'aiguille.
C'est cette empreinte qu'on appelle chasse; & l'aiguille
au sortir de cet instrument ou étau, est dite aiguille
percée, quoique dans le vrai elle ne soit que
creusée, & non ouverte d'outre en outre.
Cet étau est très - bon: mais il y en a un plus simple
de l'invention du sieur Barat, le premier faiseur
de métier à bas qu'il y ait à Paris, & qu'il y aura
peut - être jamais. Voyez Planche 8. du métier à bas,
fig. 1. ABCD est un étau fixé sur un établi: E est
l'extrémité du poinçon. 1. 2. 3. 4. 5. 6. fig. 2. est sa
partie inférieure. K, fig. 3. est la bille à laquelle on
voit plusieurs rainures, afin qu'elle puisse servir à
percer plusieurs sortes d'aiguilles. Fig. 4. L, est une
plaque qui s'ajuste par le moyen des vis m n, dans
l'endroit de la partie inférieure de l'étau chifré 5. 6.
4. 7. Imaginez donc la partie inferieure 1. 2. 3. 4.
fig. 2. couverte de sa supérieure, comme on voit en
A B C D, fig. 1. Imaginez la bille K, fig. 3. placée
dans le quarré 8. 3. 6. 4. Imaginez la plaque L, figure 4 fixée en 5. & 7. fig. 2. par les vis m n. Ima<pb->
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ginez la grande vis à écrou à oreille, fig. 5 passée
dans l'ouverture S de la plaque, fig. 4 & dans le trou
6. du dessous de l'étau fig. 2 l'écrou de la grande vis
fig. 5 se trouvera appliqué sur le milieu de la plaque
qui fixera la bille dans le quarré 8. 3. 6. 4. fig. 2
l'aiguille à percer fig. 6. s'inserera en G fig. 1. dans
la rainure de la bille, & ne pourra s'avancer dans
cette rainure qu'autant que le lui permettra l'extrémité
de la grande vis qui est percée d'un petit trou
dans lequel l'extrémité de l'aiguille est reçûe. Le
poinçon fig. 7. entrant exactement par l'ouverture
1. 2. recontrera avec son tranchant l'aiguille; & s'il
est frappé il y formera une chasse.
On n'a qu'à choisir de ces deux machines celle
qu'on voudra; elles percent les aiguilles également
bien: mais la derniere est la plus simple. Quand l'aiguille
est percée, on l'adoucit à la lime, & on l'applatit
un peu à l'endroit de la chasse: quand elle est
adoucie on la polit. Pour la polir, on l'enferme avec
un grand nombre d'autres dans un morceau de treillis,
& l'on procede comme pour polir l'aiguille à
coudre ou à Tailleur. Voyez Aiguille à coudre ou à
Tailleur. On la savonne de même; on la seche: pour
la sécher, on en prend un grand nombre qu'on met
avec du son & de la mie de pain dans le moulin. Le
moulin est une boite ronde & cylindrique, traversée
par un arbre, qui est la seule piece de cette machine
qui mérite d'être considérée. Voyez fig. 8. le moulin,
& fig. 6. son arbre. Cet arbre est traversé de bâtons
qui servent à sasser & vanner les aiguilles, pendant
que le corps du moulin tourne sur lui - même. On plie
les aiguilles au sortir du moulin: on a pour cet erfet
un outil appellé plioir, qu'on voit fig. 5. c'est une
plaque de fer pliée en double, de maniere que les
côtes AB, CD, soient bien paralleles. On insere
dans le pli la pointe d'une aiguille IKL on tourne
le plioir qu'on tient par la partie EFGH, qui lui
sert de manche: on tient l'aiguille ferme; par ce
moyen sa pointe se plie en K; & il est évident qu'une
autre aiguille se pliera de la même quantité. On fait
le bec ou le crochet, en saisissant avec une tenaille
l'extrémité de l'aiguille, & en la contouruant comme
on voit figure 7. de maniere que l'extrémité aigue
puisse se cacher dans la chasse. Après que le bec est
fait, on palme: palmer, c'est applati dans le plan
du corps du bec sur un tas l'extrémité de l'aiguille
qui doit être prite dans le plomb à aiguille. Voyez
Plomb à aiguille. Enfin on les jauge, & c'est la
derniere façon. On voit fig. 4. la jauge. C'est une
plaque mince d'acier ou de ter, percée de trous
ronds, & sendué par les bords de fentes de différentes
largeurs, mais qui vont toutes jusqu'au trou. On
place la tête d'une aiguille dans un de ces trous, &
on la fait ensuite fortir par une des fentes: il est évident que si l'aiguille a plus de diametre que la fente,
elle ne passera pas. On présente successivement la
même aiguille à différentes sentes, en allant de la
plus étroite à la plus large, & la fente par laquelle
elle sort marque son numero ou sa grosseur.
Ces numeros commencent à 22. & continuent jusqu'à 26. inclusivement: ils reprennent à 28. il n'y a
point d'aiguilles du 29. il y en a du 30. du 40. point
des numeros intermédiaires: il y en a quelquefois du
25. mais rarement. Voyez à l'article Bas au métier la
taison de ces numeros & de leurs sauts. Il est ordonné
par le Reglement du 30. Mars 1700. que pour les
ouvrages de soie chaque plomb portera trois aiguilles;
& que pour les ouvrages de laine, de fil, de
coton, de poil de castor, chaque plomb en portera
deux: quant à l'usage de ces aiguilles, Voyez aussi
l'article Bas au Métier & les planches.
Aiguilles
(Page 1:209)
Aiguilles à Perruquier; ce sont des aiguilles
très - fortes, aiguës par un bout, percées par l'autre,
& beaucoup plus longues que les aiguilles or<cb->
dinaires. Les Perruquiers s'en servent pour monter
les perruques.
Les Aiguilles
(Page 1:209)
Les Aiguilles passe - grosses ou passe - très - grosses,
n'ont rien de particuirer que ce nom qu'on leur a
donné parce qu'elles ne sont point comprises dans les
numeros qui désignent les différentes grosseurs des
autres aiguilles.
Les Aiguilles
(Page 1:209)
Les Aiguilles à ficelle sont encore plus grosses
que les précédentes; elles portent trois pouces de
long: leur nom indique leur usage.
On donne aussi le nom d'aiguille à cette partie du
fléau d'une balance, qui s'eleve perpendiculairement
sur son milieu, & qui par son inclinaison de
l'un ou de l'autre côté de la fourchette, indique
l'inégalité de pesanteur des choses mises sur les plateaux,
ou qui par son repos & son parallélisme aux
branches de la fourchette, indique équilibre ou égalité de poids entre les choses pesées. La romaine a
deux aiguilles qui ont la même fonction; l'une en
dessus de la broche qui porte la garde forte, & l'autre
au - dessus de celle qui porte la garde foible.
Aiguilles
(Page 1:209)
Aiguilles de l'éperon. C'est la partie de l'éperon
d'un vaisseau, qui est comprise entre la gorgere &
les portes - vergues, c'est - à - dire la partie qui fait une
grande saillie en mer. Voyez Fleche, & la fig.
marine, Planche IV. n°. 184. & Planche V. fig. 2.
Les aiguilles sont deux pieces de bois qu'on proportionne
au relevement qu'ont les préceintes, pour
les y joindre bien juste, & leur donner en même
tems une belle rondeur, afin que l'éperon ne baisse
pas, & ne paroisse pas comme se détacher du bâtiment,
ce qui est extrèmement laid. On place la frise
entre les deux aiguilles. L'aiguille inférieure d'un
vaisseau de 134 piés de long de l'étrave à l'étambord,
doit avoir 22 piés de long, 17 pouces de large,
& 14 pouces d'épaisseur à son arriere, c'est - à - dire au bout qui joint l'avant du vaisseau. Sa courbure
doit être de plus de 20 pouces pour donner
plus de grace. A 5 piés de son arriere l'aiguille doit
avoir 12 pouces de large; à 9 piés, elle doit avoir
11 pouces; & à 2 piés de son extrèmité, au bout de
devant, elle n'a que 5 pouces, c'est - à - dire en son
dessus. L'aiguille supérieure est moins forte que l'inferieure,
elle doit avoir un pié de large à son arriere,
& 5 pouces en avant; son épaisseur doit être de 12
pouces à son arriere, & 9 en devart. (Z)
Aiguilles
(Page 1:209)
Aiguilles de tré ou de trévier. Ce sont les aiguilles
dont on se sert pour coudre les voiles. Il y en a
de trois sortes; aiguilles de couture: aiguilles à oeillets, c'est pour faire des boucles de certaines cordes
qu'on appelle bagues, & les appliquer sur des trous
qu'on appelle oeillets, où l'on passe des garcettes;
aiguilles de ralingue doubles & simples, c'est - à - dire
pour coudre & appliquer ces cordes qu'on emploie
pour servir d'ourlet aux voiles. (Z)
Aiguilles
(Page 1:209)
Aiguilles. Ce sont, dans les Manufactures en
soie, des filets de plomb de 10 à 11 pouces de longueur,
du poids de deux onces, attachés aux mailles
de corps pour tenir les cordes de sample & de
rame tendues, & la soie de la chaîne baissée. Il y a
des aiguilles de demi - once, plus ou moins, dans les
métiers à la petite tire. Quand au nombre qu'il en
faut pour chaque métier, Voyez l'article Vei ours
cïselé, auquei nous avons rapporté la plûpart des autres
étoffes. Voyez Planche VI. soierie, n°. 14. les
aiguilles.
Aiguilles
(Page 1:209)
* Aiguilles, (Hist. anc.) acus diseriminales &
crinales. Les premieres ou les diseriminales servoient
aux femmes mariées à séparer en deux leurs cheveux
sur le devant, & cette raie pratiquée entre
leurs cheveux ainsi séparés, les distinguoit des
filles. En effet presque toutes les têtes antiques de
femmes qu'on trouve dans le P. Montfaucon, ont les
cheveux séparés: les autres les ont frisés sur le de<pb->
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