ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"821"> portant aux dieux les offrandes & les prieres des hommes, & annonçant aux hommes la volonté des dieux. Il n'en admettoit que de bons & de bien - faisans. Mais ses disciples, dans la suite, embarrassés de rendre raison de l'origine du mal, en adopterent d'autres, ennemis des hommes. Chambers. (G)

Cette nouvelle opinion n'étoit pas moins révoltante pour la raison, que la nécessité du mal dans l'ordre des choses. Car en supposant, comme on y étoit obligé, un être supérieur dont ces esprits étoient dépendans, comment cet être leur auroit - il laissé la liberté de nuire à des créatures qu'il destinoit au bonheur? c'étoit un abysme pour l'intelligence humaine, & dans lequel la religion seule a pû porter le flambeau. Article de M. Marmontel.

Il n'y a rien de plus commun dans la théologie payenne, que ces bons & ces mauvais génies. Cette opinion superstitieuse passa chez les Israëlites par le commerce qu'ils eurent avec les Chaldéens; mais par les démons ils n'entendoient point le diable ou un esprit malin. Ce mot n'a été employé dans ce dernier sens que par les évangélistes & par quelques Juifs modernes.

Un auteur anglois nommé Gale, s'est efforcé de prouver que l'origine & l'établissement des démons étoit une invention d'après l'idée du Messie. Les Phéniciens les appelloient baalim. Ils reconnoissoient un être suprème, qu'ils nommoient Baal & Moloch; mais outre cela ils admettoient sous le nom de baalim quantité de divinités inférieures, dont il est si souvent fait mention dans l'ancien Testament. Le premier démon des Egyptiens fut Mercure ou Theut. L'auteur que nous venons de citer trouve beaucoup de ressemblance entre différentes fonctions attribuées aux démons, & celles du Messie. Chambers. (G)

Démon de Socrate (Page 4:821)

Démon de Socrate, (Hist. anc. & hist. de la Philosophie.) Ce philosophe disoit avoir un génie familier, dont les avertissemens ne le portoient jamais à aucune entreprise, mais le détournoient seulement d'agir lorsqu'une action lui auroit été préjudiciable. Cicéron rapporte dans son livre de la divination, qu'après la défaite de l'armée atnénienne, commandée par le préteur Lachez, Socrate fuyant avec ce général, & étant arrivé dans un lieu où aboutissoient plusieurs chemins différens, il ne voulut jamais suivre la même route que les autres, alléguant pour taison que son démon l'en détournoit. Socrate en effet se sauva, tandis que tous les autres furent tués ou pris par la cavalerie ennemie. Ce trait, & quelques autres semblables, persuaderent aux contemporains de Socrate, qu'il avoit effectivement un démon ou un génie familier. Les écrivains, tant anciens que modernes, ont beaucoup recherché ce que ce pouvoit être que ce démon, & plusieurs ont été jusqu'à mettre en question si c'étoit un bon ou mauvais ange. Les plus sensés se sont réduits à dire que ce n'étoit autre chose que la justesse & la force du jugement de Socrate, qui par les regles de la prudence & par le secours d'une longue expérience soûtenue de sérieuses réflexions, faisoit prévoir à ce philosophe quelle seroit l'issue des affaires sur lesquelles il étoit consulté, ou sur lesquelles il déliberoit pour lui - même. Le fait rapporté par Cicéron, & qui parut alors merveilleux, tient bien moins du prodige que du sens froid que Socrate conserva dans sa fuite; la connoissance d'ailleurs qu'il avoit du pays put le déterminer à préférer ce chemin, qui le préserva des ennemis, à la cavalerie desquels il étoit peut - être impraticable. Mais on conjecture que Socrate ne fut peut - être pas fâché de persuader à ses concitoyens, que quelque divinité s'intéressoit à son sort, & par le commerce particulier qu'elle entretenoit avec lui, le tiroit du niveau des autres hommes. (G)

DÉMONA, VAL DE DÉMONE (Page 4:821)

DÉMONA, VAL DE DÉMONE, (Géog. mod.) vallée de la Sicile; elle a quarante lieues de long, sur vingt - cinq de large. Messine en est la ville la plus importante.

Démona (Page 4:821)

Démona ou Demont, fort d'Italie, au marquisat de Saluces, dans le Piémont; il est situé sur la Stur. Long. 25. 1. lat. 44. 18.

DÉMONIAQUE (Page 4:821)

DÉMONIAQUE, s. m. (Théolog.) se dit d'une personne possédée d'un esprit ou démon. Voyez Possession.

Dans l'église romaine il y a des prieres & des formules particulieres pour exorciser les démoniaques. Voyez Exorcisme. (G)

DÉmoniaques (Page 4:821)

DÉmoniaques, s. m. pl. (Hist. ecelés.) on a aussi donné ce nom à un parti d'Anabaptistes qui se sont distingués des autres en soûtenant que les démons seroient sauvés à la fin du monde. Voyez Anabaptistes.

DÉMONOGRAPHE (Page 4:821)

DÉMONOGRAPHE, s. m. (Divinat.) écrivain qui traite des démons ou génies mal - faisans, de la magie ou sorcellerie, & des magiciens ou sorciers. Parmi les plus célebres démonographes on compte Agrippa, Flud, Bodin, W yer, Delrio, & c. Ce mot est formé du grec *DAI/MWN, génie, & de GRA/FW, j'écris. (G)

DÉMONOMANIE (Page 4:821)

DÉMONOMANIE, s. f. (Médecine.) c'est une espece de maladie spirituelle, qui est une variété de la mélancholie: le délire dont sont affectés les démoniaques, consiste à se croire possédés ou obsédés du démon; d'autres s'imaginent avoir assisté & pouvoir assister aux assemblées chimériques des malins esprits, au sabbat; d'autres se persuadent d'être ensorcelés: on peut joindre à tous ceux - là les fanatiques & les faux prophetes, qui croyent agir ou parler par l'inspiration d'un bon génie, être en relation immédiate avec Dieu, converser avec le S. Esprit, avoir le don des miracles, &c. Voyez Démon, Possedé, Sorcier, Magicien, Fanatique, Prophete, Miracle, Medecine magique . Voyez la recherche de la vérité de Malbranche; les lettres de Bayle; Delrio, disquisit. magic, &c.

On peut mettre au nombre des mélancholies démoniaques, celle de certaines folles dont parle Willis, & dont les exemples ne sont pas bien rares, qui ayant l'esprit frappé des vérités de la religion, & de la crainte de l'enfer, desesperent du salut étèrnel, & en conséquence se précipitent, se noyent. Voyez les observations de Schenkius, & la vie de Moliere.

L'illustre Baldus tomba dans une mélancholie fanatique, pour avoir été mordu par son chat, selon le rapport de M. de Sauvages, dans ses classes de maladies.

Le même auteur dit, d'après M. Antoine de Jussieu & Boerhaave, que le stramonium fructu oblongo spinoso flore violaceo, &c. fournit une huile, qui, appliquée aux tempes, cause les visions des sorciers; la semence prise à demi - dragme rend fou.

Hurnius fait mention d'une démonomanie phrénétique. (d)

DÉMONSTRABLE (Page 4:821)

DÉMONSTRABLE, adj. (Métaph.) ce terme n'est pas fort en usage; il signifie qui peut être démontré. Voyez Démonstration.

DÉMONSTRATEUR (Page 4:821)

DÉMONSTRATEUR, s. m. (Médecine & Chirurgie.) On donne particulierement ce nom à celui qui donne des leçons d'Anatomie sur le cadavre, dans un amphitéatre public ou particulier.

DÉMONSTRATIF (Page 4:821)

DÉMONSTRATIF, en Grammaire, se dit des pronoms qui servent à indiquer, marquer, ou faire connoítre une chose, comme ille, iste, hic, celui - ci, ce, cette, ce jeune homme, cette ville. Voyez Pronom. (G)

Démonstratif (Page 4:821)

Démonstratif, adj. (Belles - Lettres.) nom que l'on donne à un des trois genres de la Rhétorique, [p. 822]

Le genre démonstratif est celui qui se propose la loüange ou le blâme. Telle est la fin qu'on se propose dans les panégyriques, les oraisons funebres, les discours académiques, les invectives, &c.

On tire les loüanges de la patrie, des parens, de l'éducation, des qualités du coeur & de l'esprit, des biens extérieurs, du bon usage que l'on a fait du crédit, des richesses, des emplois, des charges. Au contraire la bassesse de l'extraction, la mauvaise éducation, les défauts de l'esprit & les vices du coeur, l'abus du crédit, de l'autorité, des richesses, &c. fournissent matiere à l'invective. Les catilinaires de Ciceron & les philippiques sont de ce dernier genre, mais non pas uniquement; car à d'autres égards, elles rentrent dans le genre délibératif & dans le judiciaire. (G)

Parmi les sources de la loüange & de l'invective dont on vient de faire l'énumération, il en est où la justice & la raison nous défendent de puiser: on peut en loüant un homme recommandable rappeller la gloire & les vertus de ses ayeux; mais il est ridicule d'en tirer pour lui un éloge. L'on peut & l'on doit démasquer l'artifice & la scélératesse des méchans, lorsqu'on est chargé par état de défendre contre eux la foiblesse & l'innocence; mais c'est eux - mêmes, non leurs ancêtres que l'on est en droit d'attaquer, & il est absurde & barbare de reprocher aux enfans les malheurs, les vices, ou les crimes des peres. Le reproche d'une naissance obscure ne prouve que la bassesse de celui qui le fait. L'éloge tiré des richesses, ou le blâme fondé sur la pauvreté, sont également faux & lâches. Les noms, le crédit, les dignités exigent le mérite & ne le donnent pas. En un mot, pour loüer ou blâmer justement quelqu'un, il faut le prendre en lui - même, & le dépouiller de tout ce qui n'est pas lui. Article de M. Marmontel.

Le genre démonstratif comporte toutes les richesses & toute la magnificence de l'art oratoire. Ciceron dit à cet égard que l'orateur, loin de cacher l'art, peut en faire parade, & en étaler toute la pompe; mais il ajoute en même tems qu'on doit user de réserve & de retenue; que les ornemens qui sont comme les fleurs & les brillans de la raison, ne doivent pas se montrer par - tout, mais seulement de distance en distance. Je veux, dit - il, que l'orater place des jours & des lumieres dans son tableau; mais j'exige aussi qu'il y mette des ombres & des enfoncemens, afin que les couleurs vives en fortent avec plus d'éclat. Habeat igitur illa in dicendo admiratio ac summa laus, umbram aliquam ac recessum, quo magis, id quod erit illuminatum, extare atque eminere videatur. Orat. n°. 38. (G)

Démonstratif (Page 4:822)

Démonstratif, (Jurisprud.) est ce qui sert à désigner une chose. Bartole, sur la loi demonstratio, au digeste de conditionibus & demonstrationibus, définit la démonstration, quoedam ex instantibus vel proeteritis accidentibus notitia, &c.

On dit un assignat démonstratif, un legs démonstratif, une disposition démonstrative.

Ce qui est simplement démonstratif, est fort différent de ce qui est limitatif; par exemple, un assignat est démonstratif, lorsqu'en constituant une rente à prix d'argent, on dit à prendre sur un tel héritage, cela n'empêche pas le créancier de se pourvoir sur les autres biens du débiteur; au lieu que si un homme legue une rente à prendre sur un tel fonds, cet assignat est limitatif.

Les principes en fait de démonstration & de clauses démonstratives, sont qu'une fausse démonstration ne vitie pas la disposition lorsque l'objet de celle - ci est d'ailleurs certain; par exemple, si le testateur dit, je legue ma maison de Paris que j'ai achetée, le legs de la maison est valable, quoique la maison n'ait pas été achetée: il en est de même si l'erreur est dans les qualités que l'on donne à l'héritier, au légataire ou autre personne, la disposition est toûjours valable, pourvû qu'il paroisse constant de quelle personne on a entendu parler. Voyez au ff. 28. tit. v. liv. XLVIII. & liv. XXXII. tit. j. liv. XXXV. §. 2. & liv. VI. ff. de rei vindicatione; Ricard, des dispositions démonstratives; Le Prêtre, 4. cent. chap. ij. Voyez aussi Assignat & Legs. (A)

DÉMONSTRATION, TEMOIGNAGE (Page 4:822)

DÉMONSTRATION, TEMOIGNAGE d'amitié, syn. (Gramm. & Morale.) Ces deux mots sont synonymes, avec cette différence d'un usage bisarre, que le premier dit moins que le second. Le P. Bouhours en a fait autrefois la remarque, & le tems n'a point encore changé l'application impropre de ces deux termes. En effet, les démonstrations en matiere d'amitié tombent plus sur l'extérieur, l'air du visage, les caresses; elles designent seulement des manieres, des paroles flateuses, un accueil obligeant. Les témoignages, au contraire, vont plus à l'intérieur, au solide, à des services essentiels, & semblent appartenir au coeur. Ainsi un faux ami fait des démonstrations d'amitié; un véritable ami en donne des témoignages. Ce sont des démonstrations d'amitié d'embrasser les personnes avec qui l'on vit, de les accueillir obligeamment, de les flater, de les caresser. Ce sont des témoignages d'amitié de les servir, de prendre leurs intérêts, & de les secourir dans leurs besoins. Rien de plus commun à la cour que des démonstrations d'amitié; rien de plus rare que des témoignages. En un mot, les démonstrations d'amitié ne sont que de vaines montres d'attachement, d'affection; les témoignages en sont des gages; mais l'union des coeurs constitue seule la parfaite amitié. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

DÉMONSTRATION (Page 4:822)

DÉMONSTRATION, s. f. (Philos.) est un raisonnement qui contient la preuve claire & invincible de la vérité d'une proposition. Voyez Vérité, Proposition, &c.

Une démonstration est un argument convainquant, par lequel on prouve que les deux premieres propositions d'un syllogisme sont certaines; d'où résulte nécessairement la certitude de la conclusion qu'on veut en tirer. Voyez Syllogisme.

Une démonstration est ordinairement composée de trois parties: l'explication, la préparation, & la conclusion.

Dans l'explication, on expose & on fait connoître les choses qui sont données ou accordées, & dont on se servira pour arriver à la démonstration.

Dans la préparation, on fait quelques remarques ou opérations préliminaires, nécessaires à la démonstration. Voyez Préparation.

Enfin dans la conclusion on établit par des argumens invincibles, la vérité de la proposition qu'on s'est proposé de prouver. Voyez Conclusion.

La méthode de démontrer des Mathématiciens, est la même que celle des Logiciens, pour tirer des conclusions des principes. En effet, les démonstrations des Mathématiques ne sont autre chose que des suites d'enthymèmes, ou de syllogismes dont on omet les prémisses, soit en les sous - entendant, soit en les rappellant par des citations. Pour qu'une démonstration soit parfaite, il faut que les prémisses de chaque syllogisme soient prouvées par de nouveaux syllogismes, jusqu'à ce qu'enfin on arrive en remontant à un syllogisme dont les prémisses soient ou des définitions, ou des axiomes. Voyez Définition & Axiome.

En effet, on pourroit prouver qu'on ne sauroit faire une bonne démonstration, à moins qu'on ne suive exactement les regles des syllogifines. Cla<pb->

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