ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"753"> il auroit lui - même éteint les flammes. Il signa du fond de son palais de Versailles, la destruction de tout un pays, parce qu'il ne voyoit dans cet ordre que son pouvoir, & le malheureux droit de la guerre; mais de plus près il n'en eût vû que les horreurs. Les nations qui jusques - là n'avoient blâmé que son ambition, en l'admirant, blâmerent alors sa politique ». Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Si on en croit M. de Folard, les entreprises qui consistent uniquement à ravager & à faire le dégât bien avant dans une frontiere, ne sont guere utiles, & elles font plus de bruit qu'elles ne sont avantageuses; parce que si l'on n'a pas d'autre objet que celui de détruire le pays, on se prive des contributions.

« Si l'on faisoit, dit Montecuculi, le ravage au tems de la récolte, on ôteroit à l'ennemi une partie de subsistance; mais comme on ne peut le faire alors, parce que l'ennemi tient la campagne, & qu'il l'empêche, on le fait dans l'hiver quand il est entierement inutile.» Il est certain que le ravage d'un pays, lorsqu'il n'est pas fort étendu, ne change rien ou peu de chose à la nature de la guerre. L'ennemi se pourvoit d'une plus grande quantité de provisions, & le mal ne tourne, comme le dit l'auteur qu'on vient de citer, qu'à l'oppression des pauvres paysans, ou des propriétaires des biens qu'on a détruits. Si l'on remporte ensuite quelque avantage sur l'ennemi, on ne peut suivre sa victoire: on souffre les mêmes inconvéniens qu'on a voulu faire souffrir à son ennemi: ainsi, « loin que ces dégâts nous soient avantageux, dit encore Montecuculi, ils nous sont au contraire très - préjudiciables, & nous faisons justement ce que l'ennemi devroit faire s'il n'étoit pas en état de tenir la campagne ».

Un général prudent & judicieux ne doit donc pas faire le dégât d'un pays sans de grandes raisons; c'est - à - dire lorsque ce dégât est absolument nécessaire pour sauver ou conserver les provinces frontieres; mais lorsque le dégât ne peut produire que du mal, & l'intérêt de quelques particuliers chargés de cette triste fonction; le bien des habitans, celui même de l'armée qu'on commande s'opposent à cette destruction. On dit le bien de l'armée même, parce que le pays qu'on pille fournit des provisions pour seivir de ressource dans le besoin. (O)

DÉGAUCHIR (Page 4:753)

DÉGAUCHIR, (Coupe des pierre.) c'est former une surface plane; ce qui se fait par le moyen de deux regles, A B, C D, fig. 9, que l'on applique sur la pierre, & que l'on regarde d'un point O, tel que les lignes ou rayons visuels O C, O B, touchent la regle A B; alors les deux regles sont dans un même plan, & la pierre étant taillée selon leur direction se trouve dégauchie. (D)

DÉGEL (Page 4:753)

DÉGEL, s. m. (Phys.) fonte de glace, qui par la chaleur de l'air reprend son premier état de fluide. Voyez Glace.

Nous allons donner en substance les principaux phénomenes du dégel d'après l'ouvrage de M. de Mairan, qui a pour titre: Dissertation sur la glace, Paris 1749. Nous supprimerons les explications physiques, tant parce qu'elles sont purement conjecturales, que parce qu'elles doivent être lûes dans l'ouvrage même.

La glace mise sur une assiete d'argent moins froide qu'elle, fond plus vite que sur la paume de la main, parce que la glace s'applique plus exactement à la surface polie du métal. La glace fond plus vite sur le cuivre que sur les autres métaux, & sur un fer à repasser, que sur un fer ordinaire; & il est bon d'ajoûter que le cuivre, & sur - tout le cuivre jaune, est celui de tous les métaux que la chaleur dilate le plus.

La glace se fond beaucoup plus lentement qu'elle ne s'est formée; elle commence à se fondre par la surface: mais au lieu que l'eau se gele du centre à la circonférence, elle se dégele de la circonférence au centre.

Dans tout ce que nous venons de dire, nous entendons en général par dégel la fonte de la glace; mais dans l'usage ordinaire ce mot signifie l'adoucissement du tems, qui fait fondre dans un pays les glaces & les neiges. Les causes générales du dégel sont le retour du soleil vers nous, la précipitation des corpuseules nitreux & salins de l'air, les vents de sud chauds, ou tempérés, & humides, & surtout le relâchement des parties extérieures du terrein par une sortie plus abondante des vapeurs terrestres. Mezeray rapporte qu'en 1608, il se forma dans le dégel, par le mouvement des glaçons, une masse de glace sur la Saône à Lyon devant l'église de l'Observance. Le froid paroît augmenter au commencement du dégel, quoiqu'il diminue réellement; c'est que l'air est alors plus humide & plus pénétrant. Voyez Chaleur, Cave, Thermometre & Degré.

Les murailles & les autres corps solides & épais ayant été refroidis par la gelée, & se réchauffant plus lentement, il arrive que pendant le dégel les particules humides de l'air qui s'y attachent, forment encore une espece de gelée ou de neige: ces mêmes particules se condensant ainsi dans les sillons très - fins & presque imperceptibles que le sable des vitriers fait sur les panneaux de vitre, y forment des courbes plus ou moins régulieres & remarquables. Voyez Dissertation sur la glace, page 319, & suivantes. (O)

DEGENERER (Page 4:753)

DEGENERER, (Jardinage.) se dit d'un oignon inférieur en beauté à la mere qui l'a produit; une graine qui dégénere. (K)

DEGLUTITION (Page 4:753)

DEGLUTITION, s. f. (Medec. Physiol.) signifie une des actions principales de l'oeconomie animale, qui consiste dans l'exercice d'une des fonctions naturelles, par laquelle les alimens mâchés ou rendus presque fluides par quelqu'autre moyen que ce soit, & ceux qui sont naturellement liquides, sont portés de la bouche dans l'oesophage, sont avalés & portés dans l'estomac. Voy. Mastication, OEsophage.

Les alimens, après avoir été suffisamment hachés par les dents incisives, percés & déchirés par les canines, & broyés par les molaires; après avoir été assez humectés, pénétrés, ramollis par les différens sucs salivaires (voyez Salive), sont convertis en une espece de pâte, laquelle se trouvant éparse dans les différentes parties de la bouche, en - dedans & en - dehors des gencives, est ensuite ramassée par le concours de l'action des muscles, des levres & des joues, & par celle de la langue, qui est susceptible de se mouvoir, de se plier & de se replier, de s'allonger & de se raccourcir en tous sens, au moyen des différens plans de fibres musculeuses dont elle est composée. Voyez Langue.

Cette pâte étant réunie en une seule masse sur le dos de la langue, celle - ci s'élargit, de maniere qu'elle est contigue aux deux côtés des mâchoires; elle éleve sa pointe vers le palais, elle se rend concave par sa partie moyenne, ensorte qu'elle tient renfermée de tous côtés la matiere alimentaire entr'elle & la voûte de la bouche: elle est relevée aux deux côtés de sa base par la contraction des muscles styloglosses, & sa base elle - même est en même tems abaissée par le raccourcissement des sternohyoidiens & des homohyoidiens, ce qui forme comme un canal incliné vers le fond de la bouche. La langue dans cette situation n'agissant que par sa pointe, [p. 754] qu'elle éleve & applique toûjours plus fortement vers le palais, presse la pâte molle des alimens, la détermine vers la racine de la langue, & la pousse sous l'arcade du voile du palais à l'entrée du gosier, par une voie rendue lisse & glissante par la mucosité dont elle est enduite, aussi - bien que toutes les surfaces des autres parties qui servent à la déglutition. Voy. Mucosité, Gosier, Crypte . Elle est portée contre l'épiglotte, toûjours élevée dans sa situation naturelle par son propre ressort, & quelques ligamens qui l'attachent à la racine de la langue.

La pâte alimentaire, qui prend une forme arrondie dans le canal mentionné, presse l'épiglotte & l'abaisse sur le larynx, dont elle ferme l'entrée & sert de pont, par - dessus lequel le bol alimentaire passe pour parvenir au fond du gosier. Dans l'instant que cela se fait, différens muscles, & sur - tout les digastriques, dont la mâchoire inférieure, qui est élevée & fixée, favorise la contraction, & les stylohyoïdiens, par leur action combinée, élevent l'os hyoïde, & par conséquent la racine de la langue qui y est attachée; elle est portée contre le voile du palais, qui est tenu élevé par l'action des staphilins ou de l'azygos de Morgagni, des cératostaphilins & des ptérigo - staphilins. Ce qui se trouve entre deux, est pressé & porté en arriere, la langue roidie contre la voûte de la bouche empêchant le retour vers le devant: le voile étant élevé, ferme le passage vers les arriere - narines. En même tems le génio - hyoïdien se contracte, & tire yers le menton l'os hyoïde; le génioglosse tire aussi en - avant la langue, & par conséquent le larynx est aussi tiré en - avant, puisqu'il est attaché très étroitement à l'os hyoïde. La mâchoire insérieure est encore portée antérieurement, ensorte que par cette méchanique la cavité du fond de la bouche s'augmente considérablement.

Ainsi la base de la langue par son élévation étant comme renversée en arriere, détermine aisément la pâte alimentaire vers cette cavité, avec le concours de la pression du voile du palais, qui s'applique fortement sur elle & la pousse vers le pharynx, qui est presque perpendiculairement posé au - dessous; parce que l'os hyoïde, le larynx & la langue étant tirés en - avant & en - haut, entraînent la portion antérieure du pharynx, & l'écartent de la postérieure, qui est reténue en arriere par les céphalopharyngiens, tandis que les portions latérales sont tirées, ecartées & élevées par les stylopharyngiens, par les staphylopharyngiens & les salpingopharyngiens; de façon que le pharynx est ouvert en tout sens: sa partie antérieure se trouvant donc presque sous le voile du palais par sa dilatation, celui - ci est tiré en en - bas par les palato - pharyngiens, & sur - tout par les thyréo - palatins & les cérato - staphilins. Ces muscles & les glosso - palatins abaissent le voile vers le larynx & la racine de la langue, ce qui acheve de déterminer le bol alimentaire vers le pharynx, & lui ferme entierement toute issue vers la cavité de la bouche; ainsi l'épiglotte continuant à rester abaissée tant qu'il y a des alimens dans le gosier, la fente de la glotte étant d'ailleurs fermée par les muscles arithénoïdiens, arithénoépiglotidiens & tiro - arithénoïdiens, les arriere - narines étant fermees par le voile du palais, qui est assez élevé pour empêcher la communication avec ces cavités, sans être exactement appliqué à leurs ouvertures, la trompe d'Eustachi étant aussi bouchée par le relâchement des ptérigosalpingoïdiens, qui servent à en dilater la partie molle, & par la contraction des pétro - salpingostaphilins qui l'affaissent, il ne reste de voie libre vers laquelle les alimens puissent se porter, que l'ouverture du pharynx; ils y sont poussés par le concours de toutes les puissances mentionnées: en même tems le muscle oesophagien, qui est le même que les laringo<cb-> pharyngiens, selon quelques anatomistes, se relâche pour donner plus de fond à l'entonnoir, c'est - à - dire à la partie supérieure de l'oesophage, qui en est la plus dilatée. Le bol alimentaire reçû dans le pharynx, est poussé ultérieurement jusques dans l'oesophage, par le concours de plusieurs autres puissances. Tous les muscles qui tenoient le larynx relevé & porté en - avant, venant à se relâcher tout - à - coup, il est tiré en - bas & en - arriere par la contraction des sterno - tyroïdiens, des homohyoïdiens, & des sterno - hyoïdiens. Les hio - pharyngiens, les tiro - pharyngiens & les crico - pharyngiens, concourent aussi à cet effet; ainsi tout ce qui est encore contenu dans le pharynx, est poussé en - avant dans l'entonnoir: la partie supérieure étant vuidée, se laisse comprimer & ne permet point de retour, sur - tout avec le secours du muscle oesophagien, qui vient à se contracter comme un sphincter, & resserre entierement le canal.

Cependant les fibres musculeuses orbiculaires de l'oesophage, étant relâchées au - dessous du bol alimentaire, celles qui sont au dessus & autour se contractent, le pressent, & le forcent à se porter où il y a le moins de résistance, c'est - à - dire vers la partie de l'oesophage qui n'est pas encore resserrée. Celle - ci se contracte à son tour, & fait toûjours plus avancer les alimens vers l'estomac, & ainsi successivement dans toute la longueur de l'oesophage, jusqu'à ce qu'ils soient parvenus dans la cavité de ce viscere. Il faut observer que la déglutition ne peut cependant pas lui fournir sans interruption des alimens, quoiqu'on ne discontinue pas d'avaler, parce que la partie de l'oesophage qui s'unit au ventricule, passe un peu au - dessus de sa fin à - travers le diaphragme, qui en resserre le diametre dans le tems de sa contraction; ainsi le passage n'est libre que quand il est relâché dans le court intervalle de tems entre l'inspiration & l'expiration. Voyez en son lieu chacune des parties, soit muscles ou autres, mentionnées dans cet article, pour en avoir la description anatomique.

Ce qui vient d'être dit ci - dessus de la déglutition, est l'exposition du méchanisme par lequel on avale les alimens solides. Il y a quelque différence dans la déglutition des fluides. Pour avaler ceux - ci, lorsqu'on veut le faire d'un trait, on inspire l'air qui est dans la bouche; on y forme pour ainsi dire un vuide, pour que le liquide passe sans résistance jusqu'au gosier; c'est ce que font la plûpart des animaux qui boivent ayant la tête plus basse que la poitrine; ils pompent la matiere de leur boisson. Si on boit par simple effusion du liquide dans la bouche, lorsqu'elle est faite en suffisante quantité pour une gorgée, les muscles des joues & des levres se contractent fortement contre les gencives; & la bouche étant fermée, la langue disposée en canal, sa pointe élevée contre la voûte du palais, la glotte se ferme exactement, & le liquide, qui n'est pas susceptible d'agir en masse contre l'épiglotte pour l'abaisser, & qui élude la pression de la langue pour cet effet, coule le long de deux especes de rigoles pratiquées à la base de l'épiglotte, & la contournent pour parvenir au pharynx. Le voile du palais reste abaissé, & la luette qui descend vers la racine de l'épiglotte, d'autant plus que le larynx est élevé par ses muscles à cette fin, sert beaucoup à détourner le liquide à droite & à gauche, & à l'empêcher de remonter pardevant & par - dessus l'épiglotte. Les deux échancrures du voile du palais; qui sont à côté de la luette, semblent indiquer plus particulierement l'usage qui vient d'être assigné à cette derniere partie.

Le voile du palais n'est vraissemblablement élevé dans la déglutition des liquides, que dans le cas de ceux qui boivent ayant la tête perpendiculairement

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