ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"749"> prétend pas expliquer par la définition la nature de la chose: ainsi les Mathématiciens sont plus reservés que bien des philosophes, qui croyent donner des définitions de chose, entendant par ce mot l'explication de la nature de la chose, comme si la nature des choses nous étoit connue, comme si même les mots de nature & d'essence présentoient des idées bien nettes. Voyez ci - dessus dans quel sens les définitions mathématiques peuvent être prises pour des définitions de chose. Ce qu'il y a de singulier, c'est que les définitions des philosophes dont nous parlons, & celles du géometre, sont souvent les mêmes, quoique leurs prétentions soient si différentes. Le géometre dit: un triangle rectiligne est une figure renfermée par trois lignes droites; le philosophe diroit la même chose: mais le premier explique seulement ce qu'il entend par triangle; le second croit en expliquer la nature, quoiqu'il n'ait peut - être une idée bien nette, ni de l'espace, ni de l'angle, ni de la ligne, &c.

Les définitions des Mathématiciens regardées comme définitions de nom, sont absolument arbitraires, c'est - à - dire qu'on peut donner aux objets des mathématiques tel nom, & aux mots tel sens qu'on veut. Cependant il faut autant qu'il est possible se conformer à l'usage de la langue & des savans; il seroit ridicule, par exemple, de définir le triangle une figure ronde, quoiqu'on pût faire à la rigueur des élémens de Géométrie exacts (mais ridicules) en appellant triangle ce qu'on appelle ordinairement cercle. Voyez Dictionnaire. (O)

Definition (Page 4:749)

Definition, en Rhétorique, c'est un lieu commun; & par définition, les rhéteurs entendent une explication courte & claire de quelque chose.

Les définitions de l'orateur different beaucoup dans la méthode de celles du dialecticien & du philosophe. Ces derniers expliquent strictement & séchement chaque chose par son genre & sa différence: ainsi ils définissent l'homme un animal raisonnable. L'orateur se donne plus de liberté, & définit d'une maniere plus étendue & plus ornée. Il dira, par exemple: l'homme est un des plus beau ouvrages du Créateur, qui l'a formé à son image, lui a donné la raison, & l'a destiné à l'immortalité: mais cette définition, à parler exactement, tient plûtôt de la nature d'une description que d'une définition proprement dite.

Il y a différentes sortes de définitions oratoires. La premiere se fait par l'énumération des parties d'une chose; comme lorsqu'on dit, que l'éloquence est un art qui consiste dans l'invention, la disposition, l'élocution, & la prononciation. La seconde définit une chose par ses effets: ainsi l'on peut dire que la guerre est un monstre cruel qui traine sur ses pas l'injustice, la violence, & la fureur; qui se repait du sang des malheureux, se plaît dans les larmes & dans le carnage; & compte parmi ses plaisirs, la desolation des campagnes, l'incendie des villes, le ravage des provinces, &c. La troisieme espece est comme un amas de diverses notions pour en donner une plus magnique de la chose dont on parle, & c'est ce que les rhéteurs nomment definitiones conglobatoe: ainsi Cicéron définit le sénat romain, templum sanctitatis, caput urbis, ara sociorum, portus omnium gentium. La quatrieme consiste dans la négation & l'affirmation, c'est à - dire à désigner d'abord ce qu'une chose n'est pas, pour faire ensuite mieux concevoir ce qu'elle est. Cicéron, par exemple, voulant définir la consulat, dit que cette dignité n'est point caractérisée par les haches, les faisceaux, les licteurs, la robe prétexte, ni tout l'appareil extérieur qui l'accompagne, mais par l'activité, la sagesse, la vigilance, l'amour de la patrie; & il en conclud que Pison qui n'a aucune de ces qualités, n'est point véritablement consul, quoiqu'il en porte le nom & qu'il en occu<cb-> pe la place. La cinquieme définit une chose par ce qui l'accompagne; ainsi l'on a dit de l'Alchimie, que c'est un art insensé, dont la fourberie est le commencement, qui a pour milieu le travail, & pour fin l'indigence. Enfin la sixieme définit par des similitudes & des métaphores: on dit, par exemple, que la mort est une chûte dans les ténebres, & qu'elle n'est pour certaines gens qu'un sommeil paisible.

On peut rapporter à cette derniere classe des définitions métaphoriques, cinq définitions de l'homme assez singulieres pour trouver place ici. Les Poëtes feignent que les Sciences s'assemblerent un jour par l'ordre de Minerve pour définir l'homme. La Logique le définit, un court enthymeme, dont la naissance est l'antécédent, & la mort le conséquent: l'Astronomie, une lune changeante, qui ne reste jamais dans le même état: la Géométrie, une figure sphérique, qui commence au même point où elle finit: enfin la Rhétorique le définit, un discours dont l'exorde est la naissance, dont la narration est le trouble, dont la peroraison est la mort, & dont lesfigures sont la tristesse, les larmes, ou une joie pire que la tristesse. Peut - être par cette fiction ont - ils voulu nous donner à entendre que chaque art, chaque science, a ses termes propres & consacrés pour définir ses objets. (G)

A l'égard des définitions philosophiques, elles sont d'autant plus essentielles dans les choses mêmes les plus familieres, que les hommes ne sont jamais en contradiction que pour n'avoir pas défini, ou pour avoir mal défini. L'erreur n'est guere que dans les termes. Ce que j'assûre d'un objet, je l'assûre de l'idée que j'y attache: ce que vous niez de ce même objet, vous le niez de l'idée que vous y appliquez. Nous ne sommes donc opposés de sentimens qu'en apparence, puisque nous parlons de deux choses distinctes sous un même nom. Quand vous lirez clairement dans mon idée, quand je lirai clairement dans la vôtre, vous affirmerez ce que j'affirme, je nierai ce que vous niez; & cette communication d'idées ne s'opere qu'au moyen des définitions. Voyez Idée, Vérité, Evidence, Erreur , &c. Article de M. Marmontel.

DÉFINITOIRE (Page 4:749)

DÉFINITOIRE, (Jurispr.) est l'assemblée des définiteurs, où se reglent les affaires d'un ordre religieux, ou d'une province du même ordre. Voyez cidevant Définiteur. (A)

DEFLAND (Page 4:749)

DEFLAND, (Géog. mod.) contrée méridionale de la Hollande; elle est située entre le Rhinland, le Icsselland, la Meuse, & la mer: & elle a pour capitale Delft.

DÉFLEURIR (Page 4:749)

DÉFLEURIR, v. act. (Jard.) on dit qu'une plante est défleurie, quand elle a perdu sa fleur. On le dit encore d'une prune ou d'une pêche, qui en la maniant auroit perdu son velouté. (K)

DÉFLEXION (Page 4:749)

DÉFLEXION, s. f. (Phys.) est l'action par laquelle un corps se détourne de son chemin, en vertu d'une cause étrangere & accidentelle; ou, si l'on aime mieux, déflexion se dit du détour même. Ce mot vient du latin deflectere, detourner.

Déflexion des raiyons de lumiere, est cette propriété des raiyons, que M. Newton a nommée inflexion, & d'autres diffraction. Voyez ces mots. Elle consiste en ce que les raiyons de lumiere qui rasent un corps opaque ne continuent pas leur chemin en ligne droite, mais se détournent en se pliant, & se plient d'autant plus qu'ils sont plus proches du corps. Il paroît que le P. Grimaldi Jésuite, est le premier qui ait remarqué cette propriété. Mais M. Newton l'a examinée beaucoup plus à fond, comme on le peut voir dans son optique. (O)

DÉFLORATION (Page 4:749)

DÉFLORATION, s. f. (Hist. mod.) action par laquelle on enleve de force la virginité à une fille. Voyez Virginité. La mort ou le mariage sont l'alternative ordonnée par les juges, pour réparer le [p. 750] crime de défloration. Plusieurs anatomistes faisoient de l'hymen la véritable preuve de la virginité; persuadés que quand on ne le trouve point, il faut que la fille ait été déflorée. Voyez Hymen.

Les anciens avoient tant de respect pour les vierges, qu'on ne les faisoit point mourir sans leur avoir auparavant ôté leur virginité. Tacite l'assûre de la fille encore jeune de Sejan, que le bourreau viola dans la prison avant que de la faire mourir. On attribue aux habitans de la côte de Malabar la bisarre coûtume de payer des étrangers pour venir déflorer leurs femmes, c'est - à - dire en prendre la premiere fleur.

Chez les Ecossois, c'étoit un droit de seigneur de déflorer la nouvelle mariée; droit qui leur fut, diton, accordé par leur roi Evenus, qu'on ne trouve pas néanmoins dans la liste que nous en avons. On prétend que ce droit leur fut ôté par Malenne, qui permit qu'on s'en rachetât pour un certain prix qu'on appelloit morcheta, ou un certain nombre de vaches par allusion au mot de marck, qui dans les langues du Nord signifie un cheval. Buchanan dit aussi qu'on s'en rachetoit pour un demi - marc d'argent.

Cette coûtume a eu lieu dans la Flandre, dans la Frise, & en quelques lieux d'Allemagne, si l'on en croit différens auteurs.

Par la coûtume d'Anjou & du Maine, une fille après vingt - cinq ans se peut faire déflorer, sans pouvoir être exhérédée par son pere.

Ducange cite un arrêt du 19 Mars 1409, obtenu par les habitans d'Abbeville contre l'évêque d'Amiens, qui faisoit racheter pour une certaine somme d'argent la défense qu'il avoit faite de consommer le mariage les trois premieres nuits des noces: ce qui étoit fondé sur le quatrieme concile de Carthage, qui l'avoit ordonné pour la révérence de la bénédiction matrimoniale. Chambers. (G)

DÉFONCER (Page 4:750)

DÉFONCER, (Artificier.) ce mot signifie l'effet de l'action du feu sur la composition d'un artifice, lorsque n'étant pas suffisamment retenue par un étranglement, ou du carton bien replié, elle est chassée hors du cartouche avant que d'être consumée. Dict. de Trév.

Défoncer un cuir (Page 4:750)

Défoncer un cuir, terme de Corroyeur, qui signifie le fouler aux piés après qu'on l'a mouillé. Voy. Corroyer.

Défoncer (Page 4:750)

Défoncer, (Jard.) c'est creuser un jardin de deux ou trois piés de bas, & y mettre un lit de fumier & de nouvelle terre par - dessus: ce qui se pratique en ouvrant des tranchées. V. Effondrer. (K)

DÉFOUETTER (Page 4:750)

DÉFOUETTER, (Reliure.) quand les livres sont foüettés (voyez Fouetter), on les fait sécher; & quand ils sont secs, on les défait de dedans les ais, & on replote les ficelles sur les ais: cette manoeuvre s'appelle défoüetter.

DÉFOURNER (Page 4:750)

DÉFOURNER, v. act. en général tirer d'un four.

Défourner (Page 4:750)

Défourner, (Verrerie.) c'est tirer les ouvrages du four, lorsqu'ils sont assez cuits ou assez froids.

DÉFRICHER (Page 4:750)

DÉFRICHER, v. act. (Jard.) défricher une terre, c'est en ôter les mauvaises herbes par des labours, lorsqu'elle a été long - tems abandonnée. (K)

DEFTARDAR ou DEFTERDAR (Page 4:750)

DEFTARDAR ou DEFTERDAR, s. m. (Hist. mod.) surintendant des finances ou grand - thrésorier de l'empire Ottoman. Ce nom est composé du mot defter, qui signifie dans langue turque cahier, mémoire, &c. & qui selon la conjecture très - vraissemblable du très - savant Mesgnien Meninski, est originairement un nom grec que les Turcs ont pris des peuples qu'ils ont conquis; car DIFQE/RA signifie une peau ou parchemi sur lequel on écrivoit anciennement. Le second mot dont deftardar est composé est dar, nom turc & perfan, qui signifie qui prend, qui tient; de sorte que defterdar signifie celui qui tient le livre de la recette & de la dépense du grand seigneur.

Meninski l'appelle supremus thesaurarius, grandthrésorier, proeses cameroe, comme qui diroit président de l'échiquier ou surintendant des finances. Castel le fait gardien & contrôleur des finances de l'empire.

Le defterdar, ou comme Vigenere l'appelle dephterderi, est celui qui tient les rôles & les états de la milice & des finances, qui reçoit tous les revenus du grand - seigneur, qui paye les troupes, & qui fournit toute la dépense nécessaire pour les affaires publiques; & par - là cette charge est différente de celle du chasnadar, qui est seulement thrésorier du serrail, au lieu que le defterdar l'est de l'état. Voyez Chasnadar.

Il y a, suivant Ricant, un defterdar dans chaque beglerbeglio ou gouvernement. Vigenere assure qu'il n'y en a que deux; l'un pour l'Europe & l'autre pour l'Asie. Le premier réside à Constantinople, & a sous lui deux commis généraux ou intendans; l'un pour la Hongrie, Valachie, Transylvanie, Croatie, Bulgarie, Servie, Bosnie, &c. l'autre pour la Grece, la Morée, & les îles de l'archipel.

Chacun d'eux a autant d'agens qu'il y a de sangiackats dans sa province; & chacun de ceux - ci, autant de commis subalternes qu'il y a de sabassifs dans leur sangiackat, pour tenir un registre de simariots dans leur district. Le defterdar d'Asie a sous lui deux députés ou intendans généraux, l'un pour la Natolie & l'autre pour la Syrie, l'Arabie, & l'Egypte, qui ont pareillement plusieurs commis ou clercs comme ceux d'Europe. Chambers.

Autrefois le defterdar n'étoit point du nombre des grands de la porte, & ne prenoit que le titre d'effendi, c'est - à - dire révérend. Mais depuis que quelques defterdars se sont distingués par leur habileté dans le maniement des finances, & se sont rendus nécessaires à l'état & au grand - seigneur, on a illustré cet officier de la qualité de pacha. Il a séance au divan, & en tient un particulier dans son serrail pour ce qui concerne les finances. Cette place est ordinairement remplie par une créature du grand - visir. Sa charge est des plus considérables de l'état. Cutre le détail de toutes les finances, il a encore soin des armées, des siéges, & des travaux. Ses ordres sont par - tout exécutés comme ceux du sultan même; & il'est ordinairement en bonne intelligence avec le grand - visir, qui procure souvent cette charge à un de ses amis. La suite de ses officiers & domestiques n'est guere moins grande que celle du grand - visir. (G) (a)

DEFUNER les mats (Page 4:750)

DEFUNER les mats, (Marine.) c'est les dégarnir de l'étai, & de toutes les autres manoeuvres & cordages. Quand dans un gros tems on veut mettre bas le mât de hune ou le perroquet, il faut les défuner. (Z)

DEGAGEMENT (Page 4:750)

DEGAGEMENT, s. m. en Architecture, s'entend de tout petit passage ou corridor pratiqué derriere un appartement, par lequel on peut s'echapper sans passer par les grandes pieces. (P)

DEGAGEMENT forcé (Page 4:750)

DEGAGEMENT forcé, (Escrime.) est celui que l'ennemi nous contraint de faire, parce qu'il se force de détourner notre épée de la ligne, voyez Ligne. Il peut la détourner de deux façons, & ainsi le dégagement forcé est de deux sortes: le premier, lorsque l'ennemi place le fort de son épée sur le foible de la vôtre, & le presse de sorte qu'il en est le maître: le second, lorsque l'ennemi veut frapper votre épée de la sienne pour vous la faire tomber, ou seulement pour la détourner.

Pour exécuter le premier dégagement forcé, il faut dans l'instant que l'ennemi force votre épée, dégager comme il est enseigné au dégagement volontaire; voyez Degagement volontaire; en observant que votre lame ne quitte pas la sienne, & en parant de quarte si vous avez dégagé de tierce en quarte, & en parant de tierce si vous avez dégagé de quarte en tierce.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.