ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"707"> s'exécute, pour celles de cuivre jaune, en les faisant boüillir dans de l'eau, de la gravelle, & de l'alun, & les y remuant à plusieurs reprises. Pour les pieces de rouge, on les frotte d'une saumure quelconque, on les chauffe sur le feu, & on les jette dans l'eau.

Découvrir (Page 4:707)

Découvrir, v. act. (Metteur en oeuvre.) c'est enlever avec le poinçon propre à cet effet, les parties superflues de la sertissure qui couvrent la pierre au - dessus de son feuilleti, & qui lui ôteroient de son étendue: le poinçon dont on se sert pour cela, est nommé fer à découvrir, & n'est autre chose qu'un morceau d'acier quarré non trempé, armé d'un bouchon de liege par le milieu, afin que l'ouvrier puisse s'en servir commodément, & limé en pointe aux deux extrémités, l'une en s'arrondissant, & l'autre quarrément; c'est de l'extrémité ronde qu'on se sert le plus fréquemment; la quarrée n'est que pour enlever les parties qui résistent à l'action du côté rond; car cette opération se fait en appuyant avec force, avec le poinçon, sur la sertissure par un mouvement de bas en - haut; d'où il arrive que l'extrémité de la sertissure du côté de la pierre à force d'être comprimée s'amincit & vient enfin à se couper sur le feuilleti de la pierre, qui est un angle, & à s'en détacher.

Découvrir (Page 4:707)

Découvrir, en terme de Rafineur, c'est lever les esquires de dessus les formes, pour les retourner & les rafraîchir, ou les changer. Voyez Rafraichir.

DECRASSER (Page 4:707)

DECRASSER. Décrasser un cuir, terme de Corroyeur; c'est une façon que ces ouvriers donnent aux cuirs, lorsqu'ils en ôtent, tant du côté de chair que du côté de fleur, ce qu'il peut y avoir de trop de suif, d'huile, & autres matieres qu'on a employées pour les préparer. Cette opération se fait avec une pontelle de bois ou de liége, selon la qualité de la peau ou de l'ouvrage. Voyez Corroyeur.

Décrasser (Page 4:707)

Décrasser, v. act. (Orfévrerie.) ce terme a deux acceptions: il signifie 1°. l'action d'épurer les matieres lorsqu'elles sont en fusion, & d'enlever de dessus le bain toutes les matieres terreuses qui pourroient faire corps, & rendre les lingots poreux. Du savon jetté dans l'argent immédiatement avant que de le verser dans la lingotiere, acheve de le nettoyer; il rend même le lingot brillant.

Pour l'or, l'adoucissement au borax est le plus sûr moyen de rendre le lingot sain.

Il signifie 2°. l'action de bien nettoyer, décrasser les ouvrages destinés à être soudés aux endroits que doit couvrir la soudure, & où la crasse pourroit empêcher la fusion, ou du moins la rendre imparfaite; & l'attention à ne pas ménager les lotions sur les bijoux d'or qu'on est obligé de mettre en couleur, à cause du mat; dans ce cas les saletés occasionnent des taches, & obligent souvent de recommencer l'opération.

DECREDITÉ (Page 4:707)

DECREDITÉ, qui n'a plus de crédit. Un négociant décrédité est un homme qui ne trouve pas à emprunter la moindre somme. Une boutique décréditée est une boutique où l'on ne voit plus de chalands. Une étoffe décréditée est celle qui n'est plus de mode. Dictionn. du Comm. & de Trév. (G)

DECREDITER (Page 4:707)

DECREDITER, ôter le crédit à quelqu'un, lui faire perdre sa réputation; cette expression a lieu dans le Commerce: par exemple, les envieux de ce négociant le décréditent par - tout par leurs calomnies.

Décréditer (Page 4:707)

Décréditer (se), perdre soi - même son crédit ou par sa mauvaise conduite ou par des accidens qui dérangent les affaires. Diction. du Comm. & de Trév. Voyez Credit. (G)

DECREPITATION (Page 4:707)

DECREPITATION, s. f. (Chimie.) on entend par ce mot l'espece d'explosion successive ou par coups secs & souvent repétés, de certains sels exposés au feu. Jusqu'ici on ne connoît communément que deux sels qui ayent cette propriété; savoir le sel marin & le tartre vitriolé.

Dans la décrépitation ces sels perdent l'eau de leur crystallisation, & la symmétrie de leurs crystaux se dérange totalement.

L'opération par laquelle on fait décrépiter un sel, s'appelle aussi décrépitation dans les laboratoires; & le sel privé de l'eau de sa crystallisation, & réduit en poudre ou en petits éclats, s'appelle sel décrepité.

Cette opération n'est usitée que pour le sel marin; en voici le manuel: « Faites rougir entre les charbons ardens un pot qui ne soit point verni; jettez dedans environ une once de sel marin, puis le couvrez; il pétillera & se réduira en poudre: quand le bruit sera cessé, vous mettrez encore autant de sel dans le pot, & vous continuerez de même jusqu'à ce que vous en ayez assez. Lorsqu'il ne pétillera plus, vous le retirerez du feu; & étant encore chaud, vous le mettrez dans une bouteille que vous boucherez bien, afin d'empêcher que l'air ne l'humecte ». Lemery, cours de chimie.

Le but de la décrépitation du sel marin est de lui faire perdre l'eau de sa cry stallisation, mais sur - tout de lui ôter cette propriété même de décrépiter, qui deviendroit incommode dans la plûpart des opérations chimiques où ce sel est employé. Voyez Sel marin. (b)

DECREPITUDE (Page 4:707)

DECREPITUDE, s. f. (Medecine.) suite du décroissement de l'âge, qui se fait par degrés; terme de la vieillesse, est l'état de desséchement de tout le corps, effet inévitable de la vie saine même, en conséquence de laquelle tous les vaisseaux acquierent un tel degré de solidité, de rigidité, qu'ils font une résistance presqu'invincible aux fluides qui sont poussés dans leurs cavités, ensorte qu'ils se contractent, & se resserrent pour la plûpart au point, que tout le corps devient aride, sans suc; presque toute la graisse se consume, ce qui faisoit auparavant une grande partie du volume du corps; d'où il résulte que l'on voit sur le dos de la main & au poignet des vieillards, les tendons saillans & recouverts de la seule peau rude, écailleuse: les cartilages intervertébraux se raccornissent, s'amincissent jusqu'à devenir presque nuls, & laisser les corps des vertebres se toucher entr'eux, ce qui diminue considérablement la hauteur du corps, fait courber en - avant l'épine du dos, rend les vieillards comme bossus, en fait des squeletes vivans par un vrai marasme dont la cause est naturelle, & dont la vie dure, laborieuse, & trop exercée peut hâter les progrès, qui se terminent par la mort; effet naturel de la constitution du corps, dont les parties ayant perdu la flexibilité requise pour entretenir le mouvement qui fait la vie, cessent d'agir, & restent dans l'état de repos: d'où l'on peut conclure que les promesses de ceux qui se flattent d'avoir des moyens de prolonger la vie presque jusqu'à l'immortalité, ne sont que jactance & dupperie. Voyez Marasme. (d)

DECRET (Page 4:707)

DECRET, s. m. (Jurisprud. canoniq.) on appelle ainsi plusieurs compilations d'anciens canons; tels sont le decret de Bouchard de Wormes, ceux d'Yves de Chartres, & de Gratien: nous allons donner une idée de chacune de ces collections.

Bouchard évêque de Wormes, s'est rendu célebre, non - seulement par le zele avec lequel il remplissoit tous les devoirs de l'épiscopat, mais encore par le recueil de canons qu'il composa vers l'an 1008, & qu'il nous a laissé. Plusieurs savans avec lesquels il étoit lié, l'aiderent dans ce travail. Les anciens exemplaires de cet ouvrage ne portent aucun titre; néanmoins divers passages de Sigebert, chronicon. circa annum 1008, & de scriptor. eccles. donnent lieu de croire qu'il eut celui de magnum decretorum volumen, comme faisant un volume plus considérable que la collection de Réginon & autres précédentes. Mais par la suite on se contenta de l'appeller decret, [p. 708] & c'est ce qui est pareillement arrivé aux compilations d'Yves de Chartres & de Gratien, quoique dans l'origine ces auteurs leur eussent donné d'autres titres.

A la tête de la collection de Bouchard, on trouve une énumération des principales sources où il a puisé. Ces sources sont le recueil des canons, vulgairement appellé le corps des canons, les canons des apôtres, les conciles d'outremer, par lesquels il entend ceux qui ont été tenus en Grece, en Afrique, & en Italie, les conciles d'Allemagne, des Gaules, & d'Espagne, les constitutions des souverains pontifes, les évangiles, & les écrits des apôtres, l'ancien testament, les écrits de S. Gregoire, de S. Jérome, de S. Augustin, de S. Ambroise, de S. Benoît, de S. Basile, de S. Isidore, le pénitentiel romain, ceux de Théodore archevêque de Cantorbery, & de Bede prêtre, dit le vénérable. Bouchard divise son ouvrage en 20 livres. Il traite d'abord de l'autorité du pape, de l'ordination des évêques, de leurs devoirs, & de de la maniere de les juger. Il passe ensuite aux autres ordres du clergé, aux églises, à leurs biens temporels, & aux sacremens. Dans le sixieme livre & les suivans, il traite des crimes & des pénitences qu'on doit imposer pour leur expiation. Il entre à cet égard dans le plus grand détail: il explique la maniere d'imposer & d'observer la pénitence, & les moyens de la racheter, lorsqu'on se trouve dans l'impossibilité de l'accomplir. Tout ceci compose la plus grande partie du decret de Bouchard, & conduit jusqu'au dixseptieme livre. Dans le dix - huitieme, il est parlé de la visite, de la pénitence, & de la réconciliation des malades. Le dix - neuvieme, surnommé le correcteur, traite des mortifications corporelles, & des remedes pour l'ame que le prêtre doit prescrire à chacun, soit clerc, soit laïc, pauvre ou riche, sain ou malade; en un mot aux personnes de tout âge, & de l'un ou de l'autre sexe. Enfin dans le vingtieme, qu'on appelle le livre des spéculations, il est question de la providence, de la prédestination, de l'avenement de l'antechrist, de ses oeuvres, de la résurrection, du jour du jugement, des peines de l'enfer, & de la béatitude éternelle.

Cette collection de Bouchard est extrèmement défectueuse. Premierement, l'auteur n'a pas consulté les originaux des pieces dont il l'a composée, mais il s'est fié aux compilations antérieures; de - là vient qu'ayant fait usage, sur - tout de celle de Reginon, connue sous le titre de disciplinis ecclesiasticis & religione christianâ, d'où il a tiré, suivant la remarque de M. Baluze, 670 articles, il en a copié toutes les fautes. Il lui est même arrivé d'en ajoûter qui lui sont propres, parce qu'il n'a pas entendu son original, & c'est ce que nous allons rendre sensible. Le recueil de Reginon est partagé en deux livres; chacun d'eux commence par divers chefs d'information, auxquels l'évêque doit avoir égard dans l'examen qu'il fait de la conduite des clercs & des laïcs de son diocèse. Ces différens chefs sont appuyés sur l'autorité des canons que Reginon a soin de rapporter. S'il se fonde sur plusieurs canons, après en avoir cité un, il ajoûte souvent dans l'article qui suit ces paroles unde suprà, pour marquer qu'il s'agit en cet endroit du même chef d'information dont il étoit question à l'article précédent. Mais Bouchard s'est imaginé que par ces paroles, unde suprà, Reginon vouloit indiquer la source d'où l'article étoit tiré, & qu'ainsi elle étoit la même pour lors que celle du précédent. Cela est cause que les inscriptions de ces articles sont souvent fausses: par exemple, Reginon, lib. II. cap. ccclxiij. cite un canon du concile d'Ancyre, & dans l'article suivant il cite un autre canon avec l'inscription unde suprà. Bouchard rapportant ce dernier canon, lib. X. cap. j. l'attribue, dans l'idée dont nous venons de parler, au concile d'Ancyre. C'est par une semblable erreur qu'au liv. II. chap. ij. & iij. où il rapporte les articles 407 & 408 du liv. II. de Reginon, il les attribue au concile de Roüen, parce qu'ils suivent immédiatement l'article 406 tiré de ce concile, & qu'ils sont accompagnés de la note unde suprà. En second lieu, on peut reprocher à Bouchard son affectation à ne point citer les lois civiles, surtout les capitulaires de nos rois, & en cela il n'a pas pris Reginon pour modele. Ainsi ce qu'il emprunte réellement des capitulaires, il l'attribue aux conciles mêmes dont les capitulaires ont transcrit les canons, ou aux fausses decrétales qu'ils ont adoptées en plusieurs endroits. Bouchard va même jusqu'à citer à faux, plutôt que de paroître donner quelque autorité aux lois des princes. Nous nous contenterons d'indiquer ici au lecteur le chapitre xxxvij. du liv. VII. où il rapporte un passage tiré de l'article 105 du premier livre des capitulaires, comme étant d'un concile de Tolede, sans dire néanmoins de quel concile de Tolede, quoique suivant la remarque des correcteurs romains au decret de Gratien sur le canon 34 de la cause 27, question 2, le passage ne se trouve dans aucun de ces conciles. Si on consulte M. Baluze dans ses notes sur Reginon, §. 22, & dans celles sur les capitulaires, on trouvera beaucoup d'autres exemples de cette espece. Il n'y a qu'une seule occasion où Bouchard cite les capitulaires de Charlemagne, savoir au liv. II. chap. cclxxxj. & même il ne le fait que comme ayant été confirmés par les évêques assemblés à Aix - la - Chapelle. On ne peut rendre d'autre raison de cette conduite, sinon que dans la décadence de la race de Charlemagne, l'empire des François étant divisé en partie orientale & occidentale, & l'Allemagne s'étant soustraite à la domination de nos rois Carlovingiens, un Allemand rougissoit de paroître respecter les decrets des rois & des prélats de France. Enfin cette collection est parsemée de fausses decrétales; mais en ceci Bouchard n'a fait que suivre le torrent de son siecle, pendant lequel l'autorité de ces decrétales s'établissoit de plus en plus.

L'importance & la multiplicité de ces imperfections n'ont point empêché Sigebert, ch. cxlj. de scriptor. eccles. de prodiguer à cet ouvrage les éloges les plus outrés, comme si en effet Bouchard n'eût jamais employé que des monumens authentiques, & qu'il eût apporté à cet égard la plus scrupuleuse exactitude. Mais telle étoit l'ignorance de ces tems - là, qu'on recevoit sans aucun examen tout ce qui étoit recueilli par des auteurs de quelque réputation. Il n'est donc pas étonnant si ceux qui ont fait après lui de nouveaux recueils de canons, ont négligé de remonter aux véritables sources, & ont par cette raison conservé les mêmes erreurs dans leurs compilations. Passons maintenant au decret d'Yves de Chartres.

Yves de Chartres, né au diocèse de Beauvais d'une famille illustre, entra dans sa jeunesse dans l'abbaye du Bec, & y fit de tels progrès dans l'étude de la Théologie sous le célebre Lanfranc, qu'il fut bientôt en état de l'enseigner. Guy évêque de Beauvais, ayant rassemblé des chanoines dans un monastere qu'il avoit fait bâtir en l'honneur de S. Quentin, il mit Yves à leur tête: cet abbé renouvella avec zele les pratiques austeres de la vie canoniale, qui étoit tombée dans le relâchement. Dans la suite Urbain II. après avoir déposé Geoffroi évêque de Chartres, nomma. Yves à sa place, & le sacra évêque: plusieurs prélats, surtout l'archevêque de Sens, s'opposerent d'abord à cette entreprise du pape, & chasserent Yves de son siége; mais il y fut rétabli. Dans le tems qu'il gouvernoit l'église de saint Quentin à Beauvais, & qu'il y enseignoit la théologie, il composa, vers l'an 1110, son grand recueil des canons

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