ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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D (Page 4:609)

D, s. m. (Ecriture.) la quatrieme lettre de notre alphabet. La partie intérieure du D italique se forme de l'O italique entier; & sa partie supérieure ou sa queue des septieme & huitieme parties du même O. Le d coulé & le d rond n'ont pas une autre formation; il faut seulement le rapporter à l'o coulé & à l'o rond. Ces trois sortes de d demandent de la part de la main un mouvement mixte des doigts & du poignet, pour la description de leur portion inférieure; les doigts agissent seuls dans la description de la queue ou de leur partie supérieure.

D (Page 4:609)

D, (Gramm. &c.) Il nous importe peu de savoir d'où nous vient la figure de cette lettre; il doit nous suffire d'en bien connoître la valeur & l'usage. Cependant nous pouvons remarquer en passant que les Grammairiens observent que le D majeur des Latins, & par conséquent le nôtre, vient du *D delta des Grecs arrondi de deux côtés, & que notre d mineur vient aussi de D delta mineur. Le nom que les maîtres habiles donnent aujourd'hui à cette lettre, selon la remarque de la grammaire générale de P. R. ce nom, dis - je, est de plûtôt que dé, ce qui facilite la syllabifation aux enfans. Voyez la grammaire raisonnée de P. R. chap. vj. Cette pratique a été adoptée par tous les bons maîtres modernes.

Le d est souvent une lettre euphonique: par exemple, on dit prosum, profui, &c. sans interposer aucune lettre entre pro & sum; mais quand ce verbe commence par une voyelle on ajoûte le d après pro. Ainsi on dit, pro - d - es, pro - d - ero, pro - d - esse: c'est le méchanisme des organes de la parole qui fait ajoûter ces lettres euphoniques, sans quoi il y auroit un bâillement ou hiatus, à cause de la rencontre de la voyelle qui finit le mot avec celle qui commence le mot suivant. De - là vient que l'on trouve dans les auteurs mederga, qu'on devroit écrire me - d - ergà, c'est - à - dire erga me. C'est ce qui fait croire à Muret que dans ce vers d'Horace,

Omnem crede diem tibi diluxisse supremum. I. epist. jv. vers. 13. Horace avoit écrit, tibid iluxisse, d'où on a fait dans la suite diluxisse.

Le d & le t se forment dans la bouche par un mouvement à - peu - près semblable de la langue vers les dents: le d est la foible du t, & le t la forte du d; ce qui fait que ces lettres se trouvent souvent l'une pour l'autre, & que lorsqu'un mot finit par un d, si le suivant commence par une voyelle, le d se change en t, parce qu'on appuie pour le joindre au mot suivant; ainsi on prononce gran - t - homme, le froi - t - est rude, ren - t - il, de fon - t - en comble, quoiqu'on écrive grand homme, le froid est rude, rend - il, de fond en comble.

Mais si le mot qui suit le d est féminin, alors le d étant suivi du mouvement foible qui forme l'e muet, & qui est le signe du genre féminin, il arrive que le d est prononcé dans le tems même que l'e muet va se perdre dans la voyelle qui le suit; ainsi on dit, grand'ardeur, gran - d'ame, &c.

C'est en conséquence du rapport qu'il y a entre le d & le t, que l'on trouve souvent dans les anciens & dans les inscriptions, quit pour quid, at pour ad, set pour sed, haut pour haud, adque pour atque, &c.

Nos peres prononçoient advis, advocat, addition, &c. ainsi ils écrivoient avec raison advis, advocat, addition, &c. Nous prononçons aujourd'hui avis, avocat, adition; nous aurions donc tort d'écrire ces mots avec un d. Quand la raison de la loi cesse, disent les jurisconsultes, la loi cesse aussi: cessante ratione legis, cessat lex.

D numéral. Le D en chiffre romain signifie cinq cents. Pour entendre cette destination du D, il faut observer que le M étant la premiere lettre du mot mille, les Romains ont pris d'abord cette lettre pour signifier par abréviation le nombre de mille. Or ils avoient une espece de M qu'ils faisoient ainsi CIO, en joignant la pointe inférieure de chaque C à la tête de l'I. En Hollande communément les Imprimeurs marquent mille ainsi CIO, & cinq cents par IO, qui est la moitié de CIO. Nos Imprimeurs ont trouvé plus commode de prendre tout d'un coup un D qui est le C rapproché de l'I. Mais quelle que puisse être l'origine de cette pratique, qu'importe, dit un auteur, pourvû que votre calcul soit exact & juste? non multum resert, modo recte & juste numeres. Martinius.

D abréviation. Le D mis seul, quand on parle de seigneurs Espagnols ou de certains religieux, signifie don ou dom.

Le dictionnaire de Trévoux observe que ces deux lettres N. D. signifient Notre - Dame.

On trouve souvent à la tête des inscriptions & des épîtres dédicatoires ces trois lettres D. V. C. elles signifient dicat, vovet, consecrat.

Le D sur nos pieces de monnoie est la marque de la ville de Lyon. (F)

D (Page 4:609)

D, (Antiquaire.) Hist. anc. Dans les inscriptions & les médailles antiques signifie divus; joint à la lettre M, comme D M, il exprime diis manibus, mais seulement dans les épitaphes romaines: en d'autres occasions, c'est deo magno ou diis magnis; & joint à N, il signifie dominus noster, nom que les Romains donnerent à leurs empereurs, & sur - tout aux derniers.

Cette lettre a encore beaucoup d'autres sens dans les inscriptions latines. Alde Manuce en rapporte une cinquantaine, quand elle est seule, autant quand elle doublée, & plus de trente quand elle est triplée sans parler de beaucoup d'autres qu'elle reçoit, lorsque dans les anciens monumens elle est accompagnée de quelques autres lettres. Voyez l'ouvrage de ce savant littérateur italien; ouvrage nécessaire à ceux qui veulent étudier avec fruit l'Histoire & les Antiquités. Son titre est, de veterum notarum explanatione quoe in antiquis monumentis occurrunt, Aldi Manutii Pauli F. commentarius: in - 8° Venetiis, 1566; il est ordinairement accompagné du traité du même auteur, orthographioe ratio in - 8°. Venetiis, 1566. (a)

D (Page 4:609)

D, (Musique.) D - la - ré, D - sol - ré, ou simplement D. Caractere ou terme de Musique qui indique la note que nous appellons ré. Voyez Gamme. (S)

D, (Page 4:609)

D, (Comm.) cette lettre est employée dans les journaux ou registres des marchands banquiers & teneurs de livres, pour abréger certains termes qu'il faudroit répéter trop souvent. Ainsi d° se met pour dito ou dit; den. pour denier ou gros. Souvent on ne met plus qu'un grand D ou un petit pour denier tournois & dit. Dal. ou Dre pour daldre, duc. ou Dd pour ducat. V. Abréviation. Dict. du Com. & Chamb. (G)

DABACH (Page 4:609)

DABACH, (Hist. nat.) animal d'Afrique qu'on dit être semblable à un loup, avec cette différence qu'il a des pattes qui ressemblent aux mains & aux piés des hommes. Il est si carnacier, qu'il déterre même les cadavres. Voilà tout ce qu'on sait de cet animal.

DABOUIS (Page 4:609)

DABOUIS, s. m. (Comm.) toile de coton de l'espece des taffetas; on nous l'apporte des Indes orientales, V. les dictionn. du Comm. de Trév. & de Dish. [p. 610]

DABUL (Page 4:610)

DABUL, (Géog. mod.) grande ville d'Asie au royaume de Visapour, sur la côte de Malabar. Lat. 18. long. 91.

DACA (Page 4:610)

DACA, (Géog. mod.) ville d'Asie dans les Indes au royaume de Bengale, sur le Gange. Long. 106. 45. lat. 24.

DACES (Page 4:610)

* DACES, s. m. pl. (Géog. anc.) peuples qui habitoient les bords du Danube & les environs de la forêt Hercinienne, d'où ils se retirerent sur les côtes de la Norwege. Quelques auteurs les font originaires de Grece, les confondent avec les Getes, & les regardent par conséquent comme Scythes. Trajan fut surnommé le Dacique, de la victoire qu'il remporta sur Décebale le dernier de leurs rois, la septieme année de son tribunat; & l'on prétend que la colonne Trajane lui fut élevée en mémoire de cette expédition. La Dacie qui comprenoit alors la partie de la haute Hongrie, qui est à l'orient de la Teisse, la Transylvanie, la Valaquie & la Moldavie, devint une province Romaine. La colonie de Daces que Aurélien établit entre les deux Maesies, s'appella Dacie Aurélienne. Cette Dacie se divisa en Alpestre & en Cis - instrienne; & celle - ci en Ripense ou Pannodacie, & en Méditerranée ou Gépide.

DACHSTEIN (Page 4:610)

DACHSTEIN, (Géog. mod.) petite ville de la basse Alsace. Long. 25. 20. lat. 48. 35.

DACTYLE (Page 4:610)

DACTYLE, s. m. (Littérature.) sorte de pié dans la poésie greque & latine, composé d'une syllabe longue suivie de deux breves, comme dans ce mot crmn, &c. Ce mot vient, dit on, de DA/XULOS2, digitus; parce que les doigts sont divisés en trois jointures ou phalanges, dont la premiere est plus longue que les deux autres: étymologie puérile.

On ajoûte que ce pié est une invention de Bacchus, qui avant Apollon rendoit des oracles à Delphes en vers de cette mesure. Les Grecs l'appellent OLITIXO/S2. Diom. 3. page 474.

Le dactyle & le spondée sont les deux principaux piés de la poésie ancienne, comme étant la mesure du vers héroïque, dont se sont servis Homere, Virgile, &c. Ces deux piés ont des tems égaux, mais ils ne marchent pas avec la même vîtesse. Le pas du spondée est égal, ferme & soûtenu; on peut le comparer au trot du cheval: mais le dactyle imite davantage le mouvement rapide du galop. Voyez Quantité, Mesure, &c. (G)

Les vers françois les plus nombreux sont ceux où le rithme du dactyle est le plus fréquemment employé. Les poëtes qui composent dans le genre épique où il importe sur - tout de donner aux vers la cadence la plus rapide, doivent avoir l'attention d'y faire entrer le dactyle le plus souvent qu'il est possible. Les anciens nous ont donné l'exemple, puisque dans le vers asclépiade qui répond à notre vers de douze syllabes, ils se sont fait une regle invariable d'employer trois fois le dactyle; savoir dans le second pié, avant l'émistiche, & dans les deux piés qui terminent le vers. Voyez l'ode d'Horace, Mecenas atavis, &c. Addition de M. Marmontel.

Dactyle étoit encore chez les Grecs une sorte de danse que dansoient sur - tout les athletes, comme l'observe Hezichius. Voyez Danse.

Dactyle est aussi le fruit du palmier; on l'appelle plus communément datte. Voyez Datte. (G)

Dactyles (Page 4:610)

Dactyles, (Hist. & Mythol.) nom des premiers prêtres de la déesse Cybele. Tout ce que l'on dit des dactyles est assez incertain. On les croit originaires de Phrygie province de l'Asie mineure aujourd'hui la Natolie. On prétend que depuis ils vinrent habiter l'île de Crete, & que là on s'en servit pour cacher à Saturne les cris du jeune Jupiter encore enfant; parce que ce prétendu dieu avoit promis aux Tirans dans le partage qu'il fit avec eux, de n'élever aucun enfant mâle, pour leur laisser en entier l'hé<cb-> ritage dont il avoit dépouillé son pere Ourane. Les dactyles pour empêcher que les cris de Jupiter ne vinssent jusqu'à Saturne, inventerent une sorte de danse accompagnée d'un bruit harmonieux d'instrumens d'airain, sur lesquels ils frappoient avec mesure; & cette mesure a retenu le nom de dactyles, & s'est conservée dans la poésie greque & latine. Leurs descendans s'appellerent curetes & corybantes. On les prit pour les prêtres de Cybele; ils se mettoient comme en fureur par une sorte d'enthousiasme, & par l'agitation qu'ils se donnoient dans leur danse. On leur attribue l'invention du fer, c'est - à - dire la maniere de le tirer des entrailles de la terre, de le fondre, & de le forger. Les uns établirent leurs atteliers sur le mont Ida de Phrygie, d'autres sur le mont Ida de l'île de Crete. Mais le fer avoit été trouvé par Tubalcain le sixieme descendant de Caïn, longtems avant qu'il fût question des curetes. Il se peut faire néanmoins que sur les connoissances qui s'étoient conservées de la fabrique de ce métal, les dactyles en ayent fait l'épreuve en Phrygie & en Crete, où ils pûrent trouver des terres qui leur en suggererent le dessein. (a)

DACTYLIOMANCE ou DACTYLIOMANCIE (Page 4:610)

DACTYLIOMANCE ou DACTYLIOMANCIE, s. f. (Divinat.) sorte de divination qui se fait par le moyen d'un anneau. Voyez Divination, Anneau. Ce mot est composé du Grec, & vient de DA/XTULOS2, doigt, & de MANTEI/A, divination.

La dactyliomancie consistoit essentiellement à tenir un anneau suspendu par un fil délié au - dessus d'une table ronde, sur le bord de laquelle on posoit différentes marques où étoient figurées les vingt - quatre lettres de l'alphabet; on faisoit sauter l'anneau qui venoit enfin s'arrêter sur quelqu'une des lettres; & ces lettres assemblées formoient la réponse qu'on demandoit.

Cette opération étoit précédée & accompagnée de plusieurs cérémonies superstitieuses. L'anneau étoit consacré auparavant avec bien des mysteres; celui qui le tenoit n'étoit vêtu que de toile depuis la tête jusqu'aux piés; il avoit la tête rasée tout autour, & tenoit en main de la verveine. Avant de procéder à rien, on commençoit par appaiser les dieux en récitant des formules de prieres faites exprès. Ammien Marcellin nous a laissé un ample détail de ces superstitions dans le xxjx. liv. son histoire. Chambers.

On rapporte à la dactyliomancie tout ce que les anciens disent du fameux anneau de Gygés qui le rendoit invisible, & de ceux dont parle Clément Alexandrin dans ses stromates, par le moyen desquels un tyran des Phocéens étoit averti des conjonctures favorables à ses desseins, mais qui ne lui découvrirent cependant pas une conspiration de ses sujets qui l'assassinerent. Delrio, disquisit. magicar. lib. jv. cap. ij. quoest. 6. sect. 4. page 547. (G)

DACTYLIQUE (Page 4:610)

DACTYLIQUE, adj. (Littérature.) se dit de ce qui a rapport aux dactyles.

C'étoit dans l'ancienne musique l'espece de rithme, d'où la mesure se partageoit en deux tems égaux. Voyez Rithme. Il y avoit des flûtes dactyliques, aussi - bien que des flûtes spondaïques. Les flûtes dactyliques avoient des intervalles inégaux, comme le pié appellé dactyle avoit des parties inégales.

Les vers dactyliques sont entre les vers hexametres, ceux qui finissent par un dactyle au lieu d'un spondée, comme les vers spondaïques sont ceux qui ont au 5e pié un spondée au lieu d'un dactyle.

Ainsi ce vers de Virgile, AEneid. l. vj. 33. est un vers dactylique:

Bis patrioe cecidere manus, quin protinus omnia, Perlegerent oculis.
Voyez Vers & Spondaïque; voyez aussi le dictionn. de Tréy. & Chambers. (G)

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