ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"599"> nius, de Demonax, de Démetrius, d'OEnomaüs, de Crescence, de Pérégrin, & de Salluste, sont toutefois parvenus jusqu'à nous; mais ils n'y sont pas tous parvenus sans reproche & sans tache.

Nous ne savons rien de Carnéade le Cynique. Nous ne savons que peu de chose de Musonius. Julien a loüé la patience de ce dernier. Il fut l'ami d'Appollonius de Thyane, & de Démétrius; il osa affronter le monstre à figure d'homme & à tête couronnée, & lui reprocher ses crimes. Néron le fit jetter dans les fers & conduire aux travaux publics de l'isthme, où il acheva sa vie à creuser la terre & à faire des ironies. La vie & les actions de Démétrius ne nous sont guere mieux connues que celles des deux philosophes précédens; on voit seulement que le sort de Musonius ne rendit pas Démétrius plus réservé. Il vécut sous quatre empereurs, devant lesquels il conserva toute l'aigreur cynique, & qu'il fit quelquefois pâlir sur le throne. Il assista aux derniers momens du vertueux Thrasea. Il mourut sur la paille, craint des méchans, respecté des bons, & admiré de Séneque. OEnomaüs fut l'ennemi déclaré des prêtres & des faux cyniques. Il se chargea de la fonction de dévoiler la fausseté des oracles, & de démasquer l'hypocrisie des prétendus philosophes de son tems; fonction dangereuse: mais Démétrius pensoit apparemment qu'il peut y avoir du mérite, mais qu'il n'y a aucune générosité, à faire le bien sans danger. Demonax vécut sous Hadrien, & put servir de modele à tous les philosophes; il pratiqua la vertu sans ostentation, & reprit le vice sans aigreur; il fut écouté, respecté, & chéri pendant sa vie, & préconisé par Lucien même, après sa mort. On peut regarder Crescence comme le contraste de Demonax, & le pendant de Pérégrin. Je ne sais comment on a placé au rang des philosophes un homme souillé de crimes & couvert d'opprobres, rampant devant les grands, insolent avec ses égaux, craignant la douleur jusqu'à la pusillanimité, courant après la richesse, & n'ayant du véritable Cynique que le manteau qu'il deshonoroit. Tel fut Crescence. Pérégrin commença par ëtre adultere, pédéraste, & parricide, & finit par devenir cynique, chrétien, apostat, & fou. La plus oüable action de sa vie, c'est de s'être brûlé tout vif: qu'on juge par - là des autres. Salluste, le dernier des Cyniques, étudra l'éloquence dans Athenes, & professa la philosophie dans Alexandrie. Il s'occupa particulierement à tourner le vice en ridicule, à décrier les faux cyniques, & à combattre les hypotheses de la philosophie Platonicienne.

Concluons de cet abregé historique, qu'aucune secte de philosophes n'eut, s'il m'est permis de m'exprimer ainsi, une physionomie plus décidée que le Cynisme. On se faisoit académicien, * éclectique, cyrénaïque, pyrrhonien, sceptique; mais il falloit naître cynique. Les faux cyniques furent une populace de brigands travestis en philosophes; & les cyniques anciens, de très - honnêtes gens qui ne mériterent qu'un reproche qu'on n'encourt pas communément: c'est d'avoir été des Enthousiastes de vertu. Mettez un bâton à la main de certains cénobites du mont Athos, qui ont déjà l'ignorance, l'indécence, la pauvreté, la barbe, l'habit grossier, la besace, & la sandale d'Antisthene; supposez - leur ensuite de l'élévation dans l'ame, une passion violente pour la vertu, & une haine vigoureuse pour le vice, & vous en fetez une secte de Cyniques. Voyez Bruck. Stanl. & l'hist. de la Philos.

Cynique, (Page 4:599)

Cynique, (spasme) en Medecine, est une sorte de convulsion dans laquelle le malade imite les gestes, le grondement & les hurlemens d'un chien.

Freind, dans les trans. philos. décrit un spasme extraordinaire de cette sorte dont furent attaqués deux familles à Blactothorn, dans la province d'Oxford.

La nouveauté de cet évenement attira quantité de curieux à ce village, & entr'autres Willis, qui de bien loin entendit un bruit terrible d'aboyemens & de hurlemens. Dès qu'il fut entré dans la maison, il fut aussi - tôt salué par cinq filles qui crioient à qui mieux mieux, faisant en même tems de violens mouvemens de tête. Il ne paroissoit à leur visage d'autres marques de convulsion que des distorsions & des oscillations cyniques de la bouche; leur pouls étoit parfaitement bien reglé; les cris qu'elles faisoient ressembloient plûtôt à des hurlemens qu'à des abboyemens de chiens, si ce n'est qu'ils étoient fréquens & entrecoupés de profonds soupirs.

Ce spasme les avoit toutes prises de même; la plus jeune des cinq n'avoit que six ans, & la plus âgée n'en avoit que quinze. Dans les intervalles du spasme elles avoient leur raison & leur connoissance toute entiere; mais l'intervalle ne duroit pas longtems sans que quelqu'une d'elles se remît à heurler, jusqu'à ce que toutes à la fin tomboient en défaillance, se jettoient comme des épileptiques sur un lit qu'on avoit placé exprès au milieu de la chambre.

Elles s'y tenoient d'abord tranquilles & dans une posture décente; mais un nouvel accès survenant, elles se mettoient à se battre & à se heurter l'une l'autre. Les deux plus jeunes revinrent à elles tandis que Willis y étoit encore, & elles laisserent leurs trois autres soeurs sur le lit: mais elles ne furent pas long - tems sans que le spasme les reprît.

Au mois de Juillet de l'année 1700, Freind lui - même vit une autre famille dans le même village où un garçon & trois filles avoient été attaqués de ce même spasme, sans qu'il y eût eu auparavant aucune cause précédente. Une des filles l'avoit été d'abord seule, à ce que rapporta la mere; & le frere & les deux soeurs furent si frappés, qu'ils en furent eux - mêmes attaqués.

Lorsque Freind arriva ils étoient tous quatre devant leur porte à s'amuser, de fort bonne humeur, & ne songeant à rien moins qu'à leur état: mais à la longue la plus âgée des trois filles, qui avoit environ quatorze ans, tomba dans l'acces. Le seul symptome qui en marqua l'approche fut le gonflement de son estomac, qui montant par degrés jusqu'à la gorge, communiqua la convulsion aux muscles du larynx & à la tête. Ce symptome est dans ces sortes de gens une marque certaine de l'approche du paroxysme; & s'ils le vouloient arrêter, l'enflure n'en auroit que plus d'intensité, & l'accès plus de durée.

Le bruit qu'ils faisoient étoit perpétuel & desagréable: ce n'étoit pourtant pas précisément des abboyemens ni des heurlemens de chien, comme on dit que font les personnes attaquées de ce spasme; mais plûtôt une espece de chant consistant en trois notes ou tons qu'ils répétoient chacun deux fois, & qui étoit terminé par de profonds soupirs accompagnés de gestes & de branlemens de tête extraordinaires.

Freind ne trouve rien que de naturel à cette maladie, laquelle, selon lui, naît de la cause commune de toutes les convulsions, savoir de ce que les esprits animaux fluent d'une maniere irréguliere dans les nerfs, & causent aux muscles différentes contractions, selon les circonstances de l'indisposition. Voyez Spasme. Chambers.

CYNOCÉPHALE (Page 4:599)

CYNOCÉPHALE, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) cynocephalus; c'est le nom que l'on a donné aux singes qui ont une queue & le museau allongé comme les chiens. Rai, synop. animal. quadrup. Voyez Singe. (I)

Cynocéphale, (Page 4:599)

* Cynocéphale, (Mythol.) animal fabuleux à tête de chien, révéré par les Egyptiens. On préend [p. 600] que c'étoit Anubis on Mercure. On ajoûte sur son compte beaucoup de sottises, comme d'avoir donné lieu aux prêtres Egyptiens de partager le jour en douze heures, parce qu'il pissoit douze fois par jour à des intervalles égaux. Pline & quelques anciens disent qu'il y evoit dans les montagnes de l'Inde & de l'Ethiopie des hommes à tête de chien qui abboyoient & modoient; mauvais conte de voyageurs. Voyez l'article précédent.

CYNOGLOSSE (Page 4:600)

CYNOGLOSSE, (Mat. med. Pharmac.) La racine de cynoglosse qui est la partie de cette plante la plus usitée, est un remede très - anciennement connu des Medecins: elle est tempérante & narcotique; c'est de cet ingrédient que tire son nom une ancienne composition pharmaceutique très en usage encore à présent, & connue sous le nom de pilules de cynoglosse.

On garde aussi dans quelques boutiques un fyrop simple préparé avec le suc exprimé de la plante entiere; on épaissit aussi ce suc déféqué, on en prépare un extrait.

Ce syrop & cet extrait sont des narcotiques doux, mais qui ne sont presque d'aucun usage depuis que les Medecins ont appris à manier l'opium & les autres préparations tirées du pavot. Voyez Narcotique.

La cynoglosse n'est pas d'un usage ordinaire dans les prescriptions magistrales.

Pilules de cynoglosse selon la pharmacopée de Paris. racines de cynoglosse mondées & séchées, semence de jusquiame blanche, laudanum, de chaque demi - once; myrrhe choisie, six gros; encens mâle, cinq gros; saffran, castoréum, de chaque un gros & demi: faites du tout une masse de pilules que vous incorporerez selon l'art avec le syrop de suc de cynoglosse. La dose de ces pilules est depuis quatre grains jusqu'à dix. (b)

Cynoglosse (Page 4:600)

Cynoglosse, (Botanique.) Voyez Langue de chien.

CYNOGLOSSOIDES (Page 4:600)

CYNOGLOSSOIDES, (Botan.) plante exotique borraginée, à fleur complete, monopétale, réguliere, & androgyne, contenant l'embryon du fruit. Cette plante ne mérite aucun intérêt, quoique M. Danty d'Isnard en ait donné dans les Mém. de l'acad. des Scienc. ann. 1718, la figure, avec une description prolixe où aucune minutie n'est omise. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

CYNOMORION (Page 4:600)

CYNOMORION, (Hist. nat. bot.) genre de plante parasite qui croît sur les racines d'autres plantes de même que l'amblatum, la clandestine, l'hypopitys, l'orobanche, &c. Elle est d'abord couverte d'écailles, ensuite les écailles s'écartent & laissent sortir de l'espace qui est entre elles de petites feuilles & des fleurs monopétales irrégulieres ressemblantes au soc d'une charrue ou à un coin, concaves d'un côté & convexes de l'autre. Ces fleurs portent une grosse étamine dont le sommet est à double cavité: elles sont stériles, & n'ont point de calice. L'embryon tient de près à ces fleurs; il a une trompe, & il est enveloppé dans les fleurs de la plante comme dans un calice. Il devient dans la suite une semence arrondie. Michéli, nov. plant. gen. Voyez Plante. (I)

CYNOSARGE (Page 4:600)

* CYNOSARGE, adj. (Myth.) nom d'Hercule, ainsi appellé d'un autel qu'un citoyen d'Athenes lui éleva dans l'endroit où s'arrêta un chien blanc qui emportoit une victime qu'il étoit sur le point d'immoler. Dydimius, c'étoit le nom de l'Athénien, entendit une voix qui lui crioit d'en - haut: Eleve un autel où le chien blanc s'arrêtera. On raconte encore ce fait autrement. Voyez Cynique.

CYNOPHANTIS (Page 4:600)

* CYNOPHANTIS, (Myth.) fête fâcheuse pour les chiens de la ville d'Argos, où on en tuoit autant qu'on en rencontroit. Elle se célébroit dans les jours caniculaires.

CYNOSURE (Page 4:600)

CYNOSURE, s. f. terme d'Astronomle; c'est un nom que les Grecs ont donné à la petite ourse. Voy. Ourse.

Ce mot signifie queue de chien; il est formé de RA, queue, & XUW/N, XUNO/S2, chien.

C'est la constellation la plus voisine de notre pole, & elle est composée de sept étoiles, dont quatre sont disposées en rectangle comme les quatre roues d'un chariot, & les trois autres en long qui représentent un timon; ce qui fait que l'on appelle ces étoiles le chariot. Voyez Chariot, Ourse, &c.

C'est de leur nom qu'on a appellé le pole septentrional, à septem trionibus. Voyez Pole, Nord. Harris & Chambers. (O)

CYNTHIUS & CYNTHIA (Page 4:600)

* CYNTHIUS & CYNTHIA, adj. m. & fém. surnoms d'Apollon & de Diane, ainsi appellés du mont Cynthie situé au milieu de l'île de Délos où ils avoient pris naissance.

CYPERELLA (Page 4:600)

CYPERELLA, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur sans pétale composée de deux étamines qui sortent d'un calice d'une seule piece en forme d'écaille. Le pistil qui se trouve entre les deux étamines, devient dans la suite une semence plate & triangulaire, dont la base est environnée de filamens qui ressemblent à des barbes d'épis. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que les calices des fleurs sont rassemblés & forment une sorte de tête, & que ces têtes sont disposées en ombelles ou en épis. Michéli, nov. gener. plant. Voyez Plante. (I)

CYPERUS (Page 4:600)

CYPERUS, (Hist. nat. bot.) genre de planteà fleur sans pétale, composée ordinairement de trois étamines, & qui sort d'un calice d'une seule piece en forme d'écaille. Le pistil qui s'éleve entre les étamines devient une semence qui est le plus souvent triangulaire. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que les tiges ont trois arrêtes régulieres, & que les calices des fleurs sont arrangés en épis à deux rangs. Ces épis forment des têtes peu garnies dans quelques especes, & bien fournies dans d'autres. Michéli., nov. plant. gen. Voyez Plante. (I)

CYPHI (Page 4:600)

CYPHI, (Mat. med.) mot arabe qui signifie une espece de parfum fortifiant. Voyez Parfum.

Mithridate donna ce nom à des trochisques dont les prêtres d'Egypte parfumoient anciennement leurs dieux pour en obtenir ce qu'ils leur demandoient. Il les fit aussi entrer dans la composition du mithridate, parce qu'ils sont réputés excellens contre le venin, contre la peste, contre les maladies froides, contre les fluxions, &c.

Ils sont composés de raisins secs, de terebenthine, de myrrhe, de schénante, de canelle, de jonc odorant, de bdellium, de spicanard, de cassia lignea, d'aspalath, & de safran, &c. auxquels on ajoûte un peu de miel & de vin pour en former une masse. Dictionn. de Trév. de Medecine, & de Chambers.

Ces trochisques ne sont absolument employés aujourd'hui que dans la préparation du mithridate, dont ils sont même un ingrédient très - inutile; car la plûpart des drogues qui entrent dans leur composition, entrent d'ailleurs aussi dans le mithridate. (b)

CYPHONISME (Page 4:600)

* CYPHONISME, s. m. (Hist. anc.) Le cyphonisms est un ancien tourment auquel les premiers martyrs ont été fréquemment exposés. Il consistoit à être frotté de miel & exposé au soleil à la piquûre des mouches & des guêpes. Cela se faisoit de trois manieres; ou l'on attachoit simplement le patient à un poteau, ou on le suspendoit en l'air dans un panier, ou on l'étendoit à terre les mains liées derriere le dos.

Ce mot vient du grec; on le fait dériver de XU/FWN, qui signifie le poteau ou épieu auquel on attachoit le patient, ou le carcan qu'on lui mettoit au cou, ou un instrument dont on se servoit pour le tourmenter. Le Scholiaste d'Aristophane dit que c'étoit une

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