ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"506"> tain, qui consiste à concilier le rapport des pleins avec les vuides d'un mur de face. Or comme la largeur des croisées dépend de leur hauteur, & que l'une & l'autre sont assujetties à la grandeur & à la convenance du bâtiment, ne doit - il pas s'ensuivre que les murs ou trumeaux (voyez Trumeau) qui les séparent, doivent avoir de l'analogie avec leur baie? de sorte que si les croisées doivent être plus ou moins élégantes, selon l'expression du bâtiment (Voyez Expression), ainsi qu'il en va être parlé, les trumeaux doivent aussi se ressentir de cette même expression; d'où il faut conclure que les trumeaux d'une façade considérée de proportion toscane, doivent être plus larges que ceux distribués dans une façade dans laquelle on a voulu faire présider la légereté attribuée à l'ordre corinthien. Les trumeaux de l'ordonnance toscane seront donc au moins égaux au vuide; les corinthiens & composites, au moins égaux à la moitié: & les trumeaux des autres ordonnances entre ces deux extrèmes, à l'exception des encoignures des avant - cours & des pavillons du bâtiment, qu'il faut toûjours, autant qu'il est possible, tenir de la moitié plus larges, afin de donner aux parties anguleuses une solidité réelle & apparente, mais toûjours proportionnée à la décoration rustique, solide, moyenne ou délicate qui présidera dans les dehors.

La proportion des croisées consiste à leur donner une largeur relative à leur hauteur, selon la solidité ou l'élégance de la décoration du bâtiment. Plusieurs croient qu'il suffit de leur donner de hauteur le double de la largeur. Il seroit vicieux sans doute de leur en donner moins; mais il faut savoir que cette regle générale ne peut être propre à toutes les ordonnances; & que ces parties si essentielles à un édifice, doivent avoir dans leurs dimensions des proportions plus ou moins élégantes, qui répondent à la diversité des ordres que l'on peut employer ensemble ou séparément dans les bâtimens: ensorte que la hauteur d'une croisée d'ordonnance toscane, puisse être réduite au plus à deux fois la largeur; celle dorique à deux fois un quart; celle ionique à deux fois un quart; & celles corinthienne & composite, à deux fois & demie; & diminuer ces différentes hauteurs à raison de la simplicité qu'on aura crû devoir affecter dans ces diverses ordonnances, c'est - à - dire selon qu'on aura fait parade de colonnes ou de pilastres dans sa décoration, que ces pilastres ou colonnes y seront traités avec une plus ou moins grande richesse; ou enfin selon qu'on les en aura soustraits tout - à - fait, pour n'en retenir dans sa décoration que l'expression, le caractere & la proportion.

La forme des croisées est encore une chose sur laquelle il est indispensable de réfléchir dans la décoration des bátimens; & quoique nous n'en reconnoissions que de trois especes, les droites, les pleinceintres, & les bombées (les surbaissées étant absolument à rejetter), il n'en est pas moins vrai qu'il n'y a que les bombées & les droites, nommées à plates - bandes, dont il faut faire usage; autrement, lorsqu'on les fait à plein - ceintre, elles imitent la forme des portes; & c'est une licence condamnable en Architecture, de donner à ces ouvertures une forme commune, lorsque ces deux genres d'ouvertures doivent s'annoncer différemment, malgré l'exemple de plusieurs édifices de réputation, où l'on voit des fenêtres à plates - bandes ou bombées: preuve incontestable du peu de réflexion qu'on a eue d'assigner à chaque partie du bâtiment des formes qui désignent d'une maniere stable & constante leurs divers usages. De cette imitation résulte le desordre de la décoration, qu'on remarque dans les façades. Celui - ci imite ce qu'il a vû faire à celui - là. La plûpart n'ont aucun principe. On fait un dessein, il plaît au vul<cb-> gaire: enfin on passe à l'exécution, sans s'apperce voir que, plus ignorant encore que ceux qui ont précedé, on laisse à la postérité les témoignages honteux de son incapacité; sans réfléchir qu'aujourd'hui le mérite principal de l'Architecture ne consiste pour ainsi dire que dans l'arrangement & l'application raisonnée des préceptes des anciens, & dans la maniere ingénieuse de les ajuster aux usages de ce tems, selon les loix de la convenance & les principes du goût.

Par la richesse des croisées on entend les crossettes, & les chambranles (voyez Chambranle) qui les entourent; les arriere - corps qui les accompagnent, les corniches, les frontons, les consoles, les claveaux ou agrafes qui les couronnent. Mais l'assemblage de tous ces membres divers, dont on mesuse le plus souvent, devroit être réprimé, & n'être employé absolument que relativement à l'importance du bâtiment; car il faut savoir en général qu'un chambranle d'un beau profil, qu'une agrafe d'une forme & d'un galbe intéressant, une table, un arriere - corps, devroient faire tous les frais de leur décoration; rien n'étant plus abusif que de prétendre qu'une croisée ne peut être belle qu'autant qu'elle est surchargée de membres d'Architecture & d'ornemens souvent aussi peu vraissemblables que contraires aux regles de la convenance. Voyez Agrafe, Claveau, Fronton, Crossette , &c.

Il est des croisées qu'on nomme attiques, parce qu'elles tiennent de la proportion de cet ordre raccourci (voyez Attique). Il en est aussi qu'on nomme mezanines, de l'italien mezanini, parce qu'elles ont moins de hauteur que de largeur, ainsi qu'il se remarque aux façades du palais des Tuileries.

Il est encore des croisées appellées atticurgues par Vitruve, parce qu'elles sont moins larges dans leur sommet que dans leur base; genre d'ouverture qu'ont employé fréquemment les anciens dans leurs portes & croisées, parce qu'ils prétendoient qu'elles étoient plus solides que colles dont les piédroits sont paralleles. Néanmoins cette prétendue raison de solidité n'a pas lieu en France, les obliquités dans l'Architecture réguliere étant reconnues comme une licence défectueuse. On donne encore différens noms aux croisées, selon leurs diverses applications dans les bâtimens. Par exemple, on appelle croisée à balcon, celle qui descend jusqu'au niveau du plancher; croisées à banquettes, lorsqu'elles ont un appui de pierre de quatorce pouces, & le reste en fer; enfin croisée en tour ronde, en tour creuse, biaise, &c. selon la forme du plan qui les reçoit. (P)

Croisée d'Ogives (Page 4:506)

Croisée d'Ogives, sont les arcs ou nervûres qui prennent naissance des branches d'ogives, & qui se croisent diagonalement dans les voùtes gothiques. (P)

Croisée (Page 4:506)

Croisée ou Crosse d'une Ancre, (Marine.) est sa partie courbe qui s'enfonce dans la mer. Voyez Ancre.

Croisées d'eau (Page 4:506)

Croisées d'eau, voyez Ber ceaux d'eau.

Croisée (Page 4:506)

* Croisée, (Couverturier.) espece de petite croix de bois qui porte les bosses de chardon propres à lainer les couvertures. Voyez Couverture.

Croisée (Page 4:506)

Croisée, en terme d'Epinglier; c'est une croix de fer dans chaque bras de laquelle passe un fil de laiton qu'on recroise sur les plaques, pour les scier ensemble dans le blanchissage. Voyez Plaquer & Blanchir, & la Pl. de l'Epinglier, fig. 14.

Croisée (Page 4:506)

Croisée, terme dont se servent les Horlogers. Ce mot parmi eux n'a pas une signification trop déterminée; tantôt ils entendent par croisées, les espaces vuides compris entre les barrettes d'une roue, son bord & son centre, comme l'espace 5 c de la roue de champ, fig. 26. tantôt ils entendent par ce mot, la figure de ces espaces vuides, lorsque les barret<pb-> [p. 507] tes, au lieu d'être terminées par des lignes droites, le sont par des lignes courbes, telles que celles des roues de la pendule à ressort. Pl. III. de l'Horlog. (T)

Croisée (Page 4:507)

Croisée, (Menuiserie.) est ce qui ferme les baies des fenêtres des appartemens, & ce qui porte les vîtres. Voyez la Pl. IV. de Menuiserie, fig. 1.

Devant de croisée, dessous d'appui, soubassement de croisée, est la partie de lambris qui remplit depuis la croisée jusques sur le parquet ou quarreau.

Croisee (Page 4:507)

Croisee, en terme d'Orfevre en grosserie; ce sont les trois branches d'une croix assemblée, aux extrémités desquelles on met des fleurons, fleurs - de - lys ou autres ornemens, pour les terminer avec grace.

CROISEMENT (Page 4:507)

* CROISEMENT, s. f. (Soierie.) c'est l'action d'unir & tordre les uns sur les autres les brins qui forment le fil de soie, ce qui s'exécute au moulin. Il n'y a point de croisement à la soie plate.

CROISER (Page 4:507)

CROISER, (Jurispr.) en matiere de taxe de dépens, signifie marquer d'une croix sur la déclaration de dépens, les articles dont on se plaint. Lorsqu'il y a appel de la taxe, l'intimé fait mettre au greffe la déclaration de dépens, avec les pieces justificatives; & en conséquence il somme l'appellant de croiser les articles dont il se plaint, & ce dans trois jours, suivant l'ordonnance: faute par le procureur de l'appellant de croiser dans ce délai, on peut se pourvoir pour faire déclarer l'appellant non - recevable en son appel. Après que le procureur de l'appellant a croise, l'intimé peut se faire délivrer exécutoire des articles non croisés dont il n'y a pas d'appel.

Si l'appel est sous deux croix ou chefs d'appels seulement, il faut se pourvoir à l'audience; mais s'il y a plus de deux croix, il faut prendre au greffe l'appointement de conclusion, pour instruire l'appel comme procès par écrit.

L'ordonnance veut que l'appellant soit condamné en autant d'amendes qu'il y aura de croix & chefs d'appels sur lesquels il sera condamné, à moins qu'il ne soit appellant des articles croisés par un moyen général.

L'appellant réunit souvent sous deux chefs d'appel sept ou huit articles de la déclaration dont il se plaint, soit pour éviter l'appointement, soit pour éviter la multiplicité des amendes, au cas qu'il succombe.

Si la taxe est infirmée, on ordonne que les articles croisés seront réformés; savoir, l'article tel, sous la premiere croix, taxé à . . . sera réduit à . . . & ainsi des autres Voyez l'ordonn. de 1667. titre des dépens, art. 28. 29. 30. & 31. & ci - après Dépens. (A)

Croiser (Page 4:507)

Croiser, (Mar.) c'est faire différentes routes & courses dans quelques parages ou parties de la mer dans lesquels on va & revient pour observer tout ce qui s'y passe, ou pour y rencontrer des vaisseaux ennemis, ou pour en assurer la navigation contre les corsaires. (Z)

Croiser les traits (Page 4:507)

Croiser les traits, (Charp.) c'est, l'orsqu'on trace quelqu'ouvrage, faire passer les traits les uns sur les autres, sans répandre de confusion sur le dessein.

Croiser (Page 4:507)

Croiser, (Jardinage.) se dit des branches d'un arbre en espalier qui passent les unes sur les autres, ce qui est quelquefois nécessaire pour remplir un vuide dans le mur: ce n'est plus alors un défaut. (K)

Croiser (Page 4:507)

Croiser la gaule par derriere, (Maréchall.) voyez Gaule. (V).

Croiser les lacs (Page 4:507)

* Croiser les lacs, (Manuf. en soie.) Lorsqu'un fond d'or est en quatre dorures, & qu'on le veut mettre en deux, on tire le premier & le troisieme lacs, le second & le quatrieme; ce qui s'appelle les croiser.

CROISERIE (Page 4:507)

CROISERIE, s. f. (Vann.) ouvrages de croiserie; ce sont des ouvrages à jour que les Vanniers appellent de ce nom, parce qu'ils sont faits de brins d'osier croisés les uns sur les autres de différentes manieres.

CROISÉS (Page 4:507)

CROISÉS, adj. pris subst. (Hist. mod.) c'est ainsi qu'on appelle dans l'histoire, depuis le onzieme jusqu'à la fin du treizieme siecle, les gentilshommes & les soldats qui s'unissoient pour faire le voyage de la Terre - sainte, ou pour y combattre contre les infideles. On les nommoit ainsi d'une croix d'étoffe qu'ils portoient cousue sur l'épaule.

Ce mot signifie la même chose dans les anciennes coûtumes d'Angleterre. Il désigne aussi les chevaliers de S. Jean de Jérusalem, qui portoient cette croix sur l'estomac, & protégeoient les pélerins. On entend encore par ce terme tous les nobles qui sous les regnes d'Henri II, de Richard premier, de Henri III, & d'Edouard premier, se croiserent, cruce signati, c'est - à - dire se consacrerent aux guerres entreprises pour le recouvrement de la Terre - sainte. V. Croisade. (G)

CROISETTE (Page 4:507)

CROISETTE, subst. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante qui ne differe du caille - lait & du grateron, que par le nombre de ses feuilles, qui naissent quatre à quatre à chaque noeud des tiges. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Caille - lait, Grateron, Plante . (I)

Croisette (Page 4:507)

Croisette, (Mat. med.) cette plante passe pour vulnéraire, astringente, dessicative: on la recommande sur - tout dans les cas où le scrotum est gonflé par la descente de l'intestin.

La déction prise dans du vin est bonne dans les descentes. Cette plante est très - rarement, ou plutôt n'est jamais prescrite par les medecins. (b)

Croisette (Page 4:507)

Croisette, (Marine.) quelques marins donnent ce nom à la clé ou cheville qui sert à joindre & entretenir le bâton du pavillon avec le mât qui est au - dessous. (Z)

Croisette (Page 4:507)

Croisette, terme de Blason, petite croix. Il y a des écus semés de croisettes. Les faces & autres pieces honorables sont quelquefois chargées ou accompagnées de croisettes. Menetr. & Trév. (V)

CROISIC (Page 4:507)

CROISIC, (le) Géog. mod. petite ville maritime de France, dans la province de Bretagne, avec un port.

CROISIERS (Page 4:507)

CROISIERS, s. m. pl. (Hist. eccl.) nom d'une congrégation de chanoines réguliers. Voyez Chanoine.

Il y a trois ordres qui ont porté ou portent encore ce nom. L'un est d'Italie, l'autre a pris son origine dans les Pays - Bas, & le troisieme en Boheme.

Ils prétendent venir de S. Clet, & ajoûtent que S. Quiriace Juif, qui montra à S. Helene le lieu de la vraie croix, & qui se convertit ensuite, les réforma. Ce qu'il y a de certain, c'est que cet ordre étoit établi en Italie avant qu'Alexandre III. montât sur la chaire de S. Pierre, puisque ce pontife fuyant la persécution de l'empereur Fréderic Barberousse, trouva un asyle dans le monastere des croisiers, qu'il prit ensuite sous sa protection en 1169, lui donnant la regle de S. Augustin.

Pie V. l'approuva de nouveau; mais la discipline réguliere s'y étant extrèmement affoiblie, Alexandre VII. les supprima tout - à - fait en 1656.

Mathieu Paris dit que des croisiers ou religieux porte - croix, portant des bâtons au bout desquels il y avoit une croix, vinrent en Angleterre en 1244, se présenter au synode que tenoit l'évêque de Rochester, pour être reçus.

Dodswarth & Dugdale parlent de deux monasteres de cet ordre en Angleterre, l'un à Londres, l'autre au bourg de Ryegate; celui - ci fondé en 1245, & l'autre en 1298. Quelques - uns en comptent un troisieme à Oxford, où ils furent reçus en 1349. M.

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