ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"444"> en admettant une fois une matiere infiniment diffuse, qui remplisse toutes les parties de l'espace, le mouvement devient alors impossible. Je pourrois faire valoir ici toutes les raisons qu'on allegue contre les Cartésiens, qui bannissent absolument le vuide de l'univers, & qui tâchent de concilier le mouvement avec le plein; mais ce n'est pas là de quoi il est question. Les Cartésiens eux - mêmes seront les premiers à m'accorder que si la matiere existe nécessairement, le mouvement ne sauroit y être introduit de quelque maniere que ce soit: car d'où pourroit naître en elle le mouvement? ou il seroit inhérent à sa nature, ou il lui seroit imprimé par quelque cause distinguée d'elle; or on ne peut dire ni l'un ni l'autre. Que le mouvement lui soit naturel, ou qu'elle l'ait reçû de Dieu, peu importe; ce qu'il y a de certain, c'est que ce mouvement une fois introduit dans la matiere, influera sur les parties qui la composent, les transportera d'un lieu à un autre lieu, les placera diversement les unes par rapport aux autres, en un mot en formera diverses combinaisons: or si la matiere est infinie & qu'elle existe nécessairement, tous ces déplacemens & toutes ces combinaisons, effets naturels du mouvement, deviendront impossibles: la raison en est que chaque partie de matiere existera nécessairement dans la partie de l'espace qu'elle occupe. Ce n'est pas le hasard qui l'aura placée là plûtôt qu'ailleurs, ni dans le voisinage de telles parties plûtôt que dans le voisinage d'autres: la même raison qui fait qu'elle existe nécessairement, fait aussi qu'elle existe dans un endroit plûtôt qu'ailleurs. C'est ici qu'a lieu la raison suffisante de M. Leibnitz. Donc si la matiere existe nécessairement, le mouvement devient impossible.

La création de rien est donc conforme à la raison; elle éleve la puissance de Dieu au plus haut degré, & elle arrache jusqu'aux racines de l'athéisme. Cet Article est en grande partie de M. Formey.

CRECELLE, CRESSERELLE, CERCERELLE (Page 4:444)

CRECELLE, CRESSERELLE, CERCERELLE ou QUERCERELLE, tinnunculus, (Hist. nat. Ornitholog.) cenchris. Cet oiseau pese neuf onces; il a treize pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue; l'envergure est de deux pieds quatre pouces; le bec est court, crochu, pointu; la partie supérieure est blanche, & la pointe noirâtre: il y a une membrane jaune autour des narines, & deux appendices à l'endroit où le bec se recourbe, qui frottent contre la partie inférieure: la langue est fourchue: les paupieres sont jaunâtres: l'ouverture de la bouche est grande, & le palais de couleur bleue.

La tête est grande, le sommet large, applati, de couleur cendrée, & parsemé de petites lignes noires longitudinales; le dos, les épaules & les petites plumes des ailes sont rousses, & marquées de taches noires à la pointe; le croupion est de couleur cendrée, & les tuyaux des plumes sont noirs; la poitrine & le ventre ont une couleur rousse - pâle, avec des taches noires qui suivent la longueur des plumes: il y a ordinairement deux taches sur chacune; l'une des taches vers la pointe, l'autre dans le milieu, & une ligne noire qui s'étend de l'une des taches à l'autre. On ne voit point de taches noires sur les plumes du menton & du bas - ventre, qui sont d'une couleur rousse plus foncée. Les cuisses ont la même couleur que le bas - ventre, mais on y voit quelques petites taches noires. Il y a environ vingt - quatre grandes plumes dans les ailes; les premieres sont brunes, & tachées de blanc sur les barbes extérieures; les taches sont disposées de façon qu'elles représentent une sorte de scie: la couleur des six ou sept dernieres plumes est rousse; les barbes intérieures de ces plumes sont entrecoupées de bandes brunes transversales; toute la face inférieure de l'aile est blanche, & parsemée de taches brunes.

La queue est composée de douze plumes qui ont sept pouces de longueur; les plumes extérieures sont les plus courtes, & les autres sont toûjours de plus en plus longues jusqu'à celles du milieu. La pointe de ces plumes est de couleur blanchâtre tirant sur le roux, & plus bas il y a une large bande noire & transversale: le reste de la queue est de couleur cendrée, avec des taches noires: les ailes sont trèslongues, & s'étendent presque jusqu'à l'extrémité de la queue: les pattes sont d'un beau jaune, & les ongles noirs.

Le mâle differe de la femelle en ce qu'il est plus petit, & que les plumes de la tête & du dos sont de couleur cendrée: la femelle n'est pas plus grosse qu'un pigeon.

On apprivoise facilement la crecelle, & on la dresse pour la chasse, comme les autres oiseaux de proie; elle ne prend pas seulement les petits oiseaux, mais encore les perdreaux; elle niche dans des creux de chêne & d'autres arbres; elle ne fait pas son nid sur les branches, comme les corneilles, mais dans des trous, comme le chouca; elle ne pond jamais plus de quatre oeufs, qui sont blancs, parsemés de taches rougeâtres. Willughby. Voyez Oiseau. (I)

CRECHE (Page 4:444)

CRECHE, s. f. (Hist. ecclés.) mangeoire des animaux. S. Luc raconte que la sainte Vierge & S. Joseph n'ayant pû trouver place dans l'hôtellerie publique, furent obligés de se retirer dans l'étable où la sainte Vierge mit au monde Jesus - Christ, & l'ayant emmailloté, le coucha dans une creche. Les anciens peres qui parlent du lieu de la naissance du Sauveur, marquent toûjours qu'il naquit dans une caverne creusée dans le roc. S. Justin & Eusebe disent que ce lieu n'est pas dans la ville de Bethléem, mais à la campagne près de la ville. Ils en devoient être mieux informés que d'autres, puisque S. Justin étoit du pays, & qu'Eusebe y avoit sa demeure. Saint Jérome met cette caverne à l'extrémité de la ville de Bethléem, vers le midi.

La sainte Vierge fut obligée de mettre l'enfant Jesus nouveau - né dans la creche de l'étable où elle étoit, parce qu'elle n'avoit point de berceau ni d'autre lieu où le placer. La creche étoit apparemment ménagée dans le rocher, & il pouvoit y avoir au - dedans de la creche de pierre une auge de bois où l'enfant Jesus fut couché. La creche que l'on conserve à Rome est de bois. Un auteur latin cité dans Baronius sous le nom de S. Chrysostome, dit que la creche où Jesus - Christ fut mis étoit de terre, & qu'on l'avoit ôtée pour metttre en sa place une creche d'argent.

Les Peintres ont accoûtumé de représenter auprès de la creche du Sauveur un boeuf & un âne. On cite pour ce sentiment le passage d'Isaïe: le boeuf a reconnu son maître, & l'âne la creche de son seigneur; & ces autres d'Abacuc, vous serez connu au milieu de deux animaux; & plusieurs peres disent que Jesus - Christ dans la creche a été reconnu par le boeuf & par l'âne. L'auteur du poëme sous le nom de Lactance, est exprès pour ce sentiment, aussi - bien que l'auteur du livre des promesses cité sous le nom de S. Prosper. Mais nonobstant ces autorités, plusieurs critiques doutent que le boeuf & l'âne ayent été dans l'étable de Bethléem, ni l'Evangile ni les anciens peres ne l'ayant point remarqué, & les passages d'Isaïe & d'Abacuc, que l'on cite pour le prouver, ne le marquant pas distinctement. Calmet, diction. de la bible. (G)

Creche, (Page 4:444)

Creche, (Hydr.) espece d'éperon bordé d'une file de pieux, & rempli de maçonnerie devant & derriere les avant - becs de la pile d'un pont. C'est encore une file de pieux en maniere de bâtardeau rempli de maçonnerie, pour empêcher que l'eau ne dégravoye un pilotis. (K) [p. 445]

Creche, (Page 4:445)

Creche, voyez Mangeoire.

CRÉDENCE (Page 4:445)

CRÉDENCE, sub. f. en Architecture, est dans un bâtiment le lieu où l'on renferme ce qui dépend de la table & du buffet, & qu'on appelle office. C'est aussi le buffet, Voyez Buffet.

Crédence d'autel, est une petite table à côté du grand autel, qui sert à mettre ce qui dépend du service de l'autel. (P)

CRÉDIBILITÉ (Page 4:445)

CRÉDIBILITÉ, s. f. (Métaphys. & Morale.) qualité par laquelle une chose est rendue croyable ou digne d'être crue. Voyez Probabilité & Foi.

On dit d'une chose qu'elle est croyable, lorsqu'elle n'est ni évidente par elle - même, ni de nature à pouvoir être déduite & inférée certainement de sa cause ou de son effet, & que cependant il y a des preuves qui en établissent la vérité. Les choses qui paroissent immédiatement vraies, comme la blancheur de la neige, ou que le tout est plus grand que sa partie, ne sont pas appellées croyables, mais évidentes. Dans l'école on met au rang des choses croyables, celles auxquelles nous ne donnons notre consentement qu'en vertu du témoignage ou de l'autorité; par exemple, que J. C. s'est incarné, a été crucifié, &c. Voyez Croyance.

On trouve dans les transactions philosophiques le calcul mathématique de la crédibilité du témoignage des hommes. Voyez Témoignage, Probabilité & Certitude.

CRÉDIT (Page 4:445)

CRÉDIT, s. m. (Morale & Comm.) Le crédit étant en général la faculté de faire usage de la puissance d'autrui, on peut le définir plus particulierement en fait de commerce & de finance, la faculté d'emprunter sur l'opinion conçûe de l'assûrance du payement.

Cette définition renferme l'effet & la cause immédiate du crédit.

Son effet est évidemment de multiplier les ressources d débiteur par l'usage des richesses d'autrui.

La cause immédiate du crédit est l'opinion conçûe par le prêteur de l'assûrance du payement.

Cette opinion a pour motifs des sûretés réelies ou personnelles, ou bien l'union des unes & des autres.

Les sûretés réelles sont les capitaux en terres, en meubles, en argent, & les revenus.

Les sûretés personnelles sont le degré d'utilité qu'on peut retirer de la faculté d'emprunter; l'habileté, la prudence, l'oeconomie, l'exactitude de l'emprunteur.

Ces causes, quoiqu'ordinaires, ne sont cependant ni constantes, ni d'un effet certain; parce que dans toutes les choses où les hommes ne se sont pas dépouillés de leur liberté naturelle, ils n'obéissent souvent qu'à leurs passions. Ainsi il arrive que les sûretés réelles & personnelles ne font pas toûjours sur l'esprit des hommes une impression proportionnée à leur étendue; on les méconnoît où elles sont, on les suppose où elles n'existerent jamais.

Par une conséquence nécessaire de ce que nous venons de dire, tout crédit a ses bornes naturelles; il en a d'étrangeres qu'il n'est pas possible de déterminer.

Quoique les sûretés personnelles soient moins évidentes que les sûretés réelles, souvent elles n'en méritent pas moins de confiance: car en général elles tendent continuellement à procurer des sûretés réelles à celui qui les possede.

De cette considération il résulte, que si l'un & l'autre crédit excede sa proportion connue, le danger est moindre respectivement au crédit personnel.

L'objet du crédit réel ne peut disparoître, il est vrai; c'est un grand avantage, & l'unique motif de préférence sur l'autre qui peut cesser d'exister pendant quelque tems sans qu'on le sache.

Cette différence emporte avec elle trois sortes de risques de la part du crédit personnel: l'un est attaché à la nature des moyens qu'a l'industrie d'employer les richesses d'autrui; le second regarde la prudence de l'emprunteur; le troisieme, sa bonne foi.

Le premier risque s'évanoüit si le second est nul: il est constant que l'industrie ne s'exerce que pour acquérir des sûretés réelles; que tout homme prudent gagne dans la masse générale de ses entreprises; car un homme prudent ne cherche de grands profits, que lorsqu'il est en état de soûtenir de grandes pertes.

Le troisieme risque est le plus frappant, & le moindre cependant, si les lois sont exécutées. Le crime est facile sans doute; mais le crédit est si favorable à l'industrie, que son premier soin est de le conserver.

Après la religion, le plus sûr garand que les hommes puissent avoir dans leurs engagemens respectifs, c'est l'intérêt. La rigueur des lois contient le petit nombre d'hommes perdus, qui voudroient sacrifier des espérances légitimes à un bénéfice présent, mais infâme.

Des différences qui se trouvent entre le crédit réel & le crédit personnel, on peut conclure qu'il est dans l'ordre:

1°. Que les sûretés réelles procurent un crédit plus facile & moins coûteux, mais borné le plus ordinairement à la proportion rigide de ces sûretés.

2°. Que les sûretés personnelles ne fassent pas un effet aussi prompt; pouvant disparoître à l'insçû des prêteurs, ce risque doit être compensé par des conditions plus fortes: mais lorsque l'impression de ces sûretés est répandue dans les esprits, elles donnent un crédit infiniment plus étendu.

Si ces deux fortes de sûretés peuvent chacune en particulier former les motifs d'un crédit, il est évident que leur union dans un même sujet sera la base la plus solide du crédit.

Enfin moins ces sûretés se trouveront engagées, plus dans le cas d'un besoin l'opinion conçûe de l'assûrance du payement sera grande.

Tout citoyen qui joüit de la faculté d'emprunter fondée sur cette opinion, a un crédit qu'on peut appeller crédit particulier.

Le résultat de la masse de tous ces crédits particuliers, sera nommé le crédit général: l'application de la faculté dont nous venons de parler, à des compagnies exclusives bien entendues & à l'état, sera comprise sous le mot de crédit public.

Il est à propos d'examiner le crédit sous ses divers aspects, d'après les principes que nous avons posés, afin d'en tirer de nouvelles conséquences. Je supplie le lecteur d'en bien conserver l'ordre dans sa mémoire, parce qu'il est nécessaire pour l'intelligence de la matiere.

Crédit général. Commençons par le crédit général. On peut emprunter de deux manieres: ou bien le capital prêté est aliéné en faveur du débiteur avec certaines formalités; ou bien le capital n'est point aliéné, & le débiteur ne fournit d'autre titre de son emprunt qu'une simple reconnoissance.

Cette derniere maniére de contracter une dette appellée chirographaire, est la plus usitée parmi ceux qui font profession de commerce ou de finance.

La nature & la commodité de ces sortes d'obligations, ont introduit l'usage de se les transporter mutuellement par un ordre, & de les faire circuler dans la société. Elles y sont une promesse authentique d'opérer la présence de l'argent dans un lieu & dans un tems convenus: ces promesses réparent son absence dans le commerce, & d'une maniere si effective, qu'elles mettent les denrées en mouvement à des distances infinies.

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