ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"410"> pellée communautè des Couteliers. Les statuts de cette communauté sont de 1505. Ils ont quatre jurés qui se sucedent deux à deux tous les ans. Les maîtres ne peuvent faire qu'un apprentif à la fois. Celui qui vent se faire recevoir doit faire chef - d'oeuvre; il n'y a que le fils de maître qui en soit exempt. Chaque maître a sa marque. Les veuves peuvent tenir boutique, mais ne peuvent faire d'apprentifs; elles continuent seulement ceux que leurs maris ont commencé.

Les principaux outils du coutelier, sont une enclume à bigorne d'un côté & à talon de l'autre, sa forme est du reste peu importante; il suffit qu'elle soit bien proportionnée & bien dure. Une forge semblable à celle des Serruriers, des Taillandiers, des Cloutiers, & autres Forgerons; des tenailles & des marteaux de toutes sortes; des meules hautes & basses; des polissoires pareillement de différentes grandeurs; des brunissoirs, des forêts, des arçons, des limes, des pierres à aiguiser, à repasser, & à affiler, des grands étaux, & des étaux à main, &c.

Voyez à l'article Rasoir, une des pieces de Coutellerie les plus difficiles à bien faire, le détail de presque tout le travail que le coutelier ne fait qu'appliquer diversement à d'autres ouvrages. Voici comment il s'y prend pour faire un couteau à guaine. Il a une barre d'acier, il y pratique une entaille fur le quarré de l'enclume; il forme la scie du couteau de la portion d'acier comprise au - dessus de l'entaille; il conserve de l'autre part autant de matiere qu'il en faut pour la lame: dans cet état cela s'appelle une enlevure de couteau; il forge la lame; il acheve la scie: quand on vouloit des coquilles, on avoit des mandrins & des enclumettes à l'aide desquelles les coquilles se faisoient: on dresse le couteau à la lame; on le trempe, on l'émout, & on le polit; les meules & les polissoires doivent être très - hautes pour cet ouvrage dont la lame est très - plate; elles ne doivent être ni trop ni trop mal rondes. On peut rapporter presque tous les ouvrages du coutelier à cette espece de couteau; au rasoir, voyez Rasoir, & au ciseau, voyez Ciseau.

COUTELIERE (Page 4:410)

COUTELIERE, s. f. (Guainier.) étui de bois couvert de cuir, où l'on met les couteaux de table. Ce sont les maîtres Guainiers qui font ces étuis, & de qui les maîtres Couteliers les achetent. Ils font aussi partie du négoce des Quincailliers, qui vendent de la coutellerie foraine.

Les couteaux, cuillieres, & fourchettes que l'on met dans les étuis, dont l'intérieur est tapisse de velours ou de quelqu'autre étoffe de laine, comme, par exemple, la ratine, sont séparés les uns des autres par de petites cloisons vêtues & couvertes des mêmes étoffes.

COUTELINE (Page 4:410)

COUTELINE, s. f. toile de coton, de 14 aunes de long sur trois quarts à cinq six de large. Elle vient sur - tout de Surate; elle est blanche ou bleue. Voyez les dictionn. du Comm. & de Trév.

COUTELLERIE (Page 4:410)

COUTELLERIE, s. f. (Art méch. & Comm.) ce terme a deux acceptions; il se prend premierement pour l'art du Coutelier, en second lieu pour ses ouvrages. Il entend très - bien la coutellerie. Il a un grand magasin de coutellerie.

COUTER (Page 4:410)

COUTER, v. act. (Comm.) terme relatif à la valeur des choses. Combien cela vous coûte - t - il? peu de chose. Du verbe coûter on a fait l'adjectif coûteux, qui marque toûjours une valeur considérable quand il est employé seul.

COUTIER (Page 4:410)

COUTIER, s. m. (Manuf. de toile.) ouvrier tissutier qui travaille le coutil.

COUTIL (Page 4:410)

COUTIL, s. m. grosse toile toute de fil qu'on employe communément en lit, pour matelats de plume, traversins, oreillers, tentes. Les pieces sont depuis 120 jusqu'à 130 aulnes de long, & depuis deux tiers jusqu'à trois quarts de large. Les coutils de Bruxelles sont très - estimés.

COUTILLE (Page 4:410)

COUTILLE, s. f. (Hist. mod.) espece d'épée plus longue qu'à l'ordinaire, menue, à trois pans, & tranchante depuis la garde jusqu'à la pointe. Elle étoit en usage parmi nos soldats sous Charles VII. ceux qui s'en servoient étoient appellés des coutillers.

COUTOIRS ou CLOVISSE (Page 4:410)

COUTOIRS ou CLOVISSE, (Pêche.) sorte de coquillage: on en fait la pêche avec une espece de houe semblable à celle dont on se sert pour travailler les vignes, les mahis, & le millet. Ce sont ordinairement les femmes qui les pêchent. Il s'en fait pendant le carême une extrème consommation: on en porte à Bordeaux une grande quantité, outre ce qui s'en renverse dans les campagnes voisines de la baie: on les met dans des sacs ou dans des barrils, qui vont quelquefois jusqu'à Toulouse & en Languedoc, ces sortes de coquillages pouvant se conserver en hyver plus de quinze jours à trois semaines.

COUTON (Page 4:410)

COUTON, s. m. (Hist. nat. bot. exotiq.) arbre du Canada assez semblable à notre noyer, & rendant par les incisions qu'on y fait, un suc vineux qui l'a fait appeller arbor vinifera, couton, juglandi similis.

COUTRAS (Page 4:410)

COUTRAS, (Géog.) petite ville de France dans le Périgord, sur la Dordogne. Long. 17. 32. latit. 46. 4.

COUTRE (Page 4:410)

COUTRE, voyez Coutrerie.

Coutre (Page 4:410)

Coutre, s. m. (OEconom. rustiq.) morceau de fer tranchant fixé à un des côtés de la charrue ordinaire, & dont l'usage est d'ouvrir & verser la terre. Voyez Charrue.

COUTRERIE (Page 4:410)

COUTRERIE, s. f. (Hist. ecclés.) fonction subalterne qui consiste à sonner les cloches, avoir soin du luminaire, entretenir les lampes, & garder les clés de l'église. Celui qui en étoit chargé s'appelloit le coutre.

COUTUMAT (Page 4:410)

COUTUMAT, s. m. (Comm.) quelques - uns prononcent contumat. Il se dit en Guienne, particulierement à Bayonne, des lieux où se paye le droit de coûtume. Voyez Coûtume.

Le coutumat de Bayonne a dix - huit bureaux. (G)

COUTUME, HABITUDE (Page 4:410)

* COUTUME, HABITUDE, s. f. (Gramm. syn.) termes relatifs à des états auxquels notre ame ne parvient qu'avec le tems. La coûtume concerne l'objet, elle le rend familier; l'habitude a rapport à l'action, elle la rend facile. Un ouvrage auquel on est accoûtumé coûte moins de peine; ce qui est tourné en habitude se fait quelquefois involontairement. On s'accoûtume aux visages les plus desagréables, par l'habitude de les voir. La coûtume, ou plûtôt l'accoûtumance, naît de l'uniformité, & l'habitude, de la répétition.

Coûtume (Page 4:410)

Coûtume, Usage, (Gramm. synon.) ces mots désignent en général l'habitude de faire une chose: on dit les usages d'un corps, & la coûtume d'un pays. On dit encore, avoir coûtume de faire une chose, & être dans l'usage de la faire; telle personne a de l'usage du monde, tel mot n'est pas du bel usage. (O)

Coûtume (Page 4:410)

Coûtume, (Mor.) disposition habituelle de l'ame ou du corps. Les hommes s'entretiennent volontiers de la force de la coûtume, des effets de la nature ou de l'opinion; peu en parlent exactement. Les dispositions fondamentales & originelles de chaque être, forment ce qu'on appelle sa nature. Une longue habitude peut modifier ces dispositions primitives; & telle est quelquefois sa force, qu'elle leur en substitue de nouvelles, plus constantes, quoiqu'absolument opposées; de sorte qu'elle agit ensuite comme cause premiere, & fait le fondement d'un nouvel être: d'où est venue cette conclusion très - littérale, que la coûtume est une seconde nature; & cette autre pensée plus hardie de Pascal, que ce que nous prenons pour la nature n'est souvent qu'une premie<pb-> [p. 411] re coûtume: deux maximes très - véritables. Toutefois, avant qu'il y eût aucune coûtume, notre ame existoit, & avoit ses inclinations qui fondoient sa nature; & ceux qui réduisent tout à l'opinion & à l'habitude, ne comprennent pas ce qu'ils disent. Toute coûtume suppose antérieurement une nature, route erreur une vérité: il est vrai qu'il est difficile de distinguer les principes de cette premiere nature de ceux de l'éducation; ces principes sont en si grand nombre, & si compiqués, que l'esprit se perd à les suivre; & il n'est pas moins difficile de démêler ce que l'éducation a épuré ou gâté dans le naturel. On peut remarquer seulement que ce qui nous reste de notre premiere nature est plus véhément & plus fort, que ce qu'on acquiert par étude, par coûtume, & par réflexion, parce que l'effet de l'art est d'affoiblir, lors même qu'il polit & qu'il corrige; de sorte que nos qualités acquises sont en même tems plus parfaites & plus défectueuses que nos qualités naturelles: & cette foiblesse de l'art ne procede pas seulement de la résistance trop forte que fait la nature, mais aussi de la propre imperfection de ses principes, ou insuffisans, ou mêlés d'erreurs. Sur quoi cependant je remarque, qu'à l'égard des lettres l'art est supérieur au génie de beaucoup d'artistes, qui ne pouvant atteindre la hauteur des regles, & les mettre toutes en oeuvre, ni rester dans leur caractere qu'ils trouvent trop bas, ni arriver au beau naturel, demeurent dans un milieu insupportable, qui est l'enflure & l'affectation, & ne suivent ni l'art ni la nature. La longue habitude leur rend propre le caractere forcé; & à mesure qu'ils s'éloignent davantage de leur naturel, ils croyent élever la nature: don incomparable, qui n'appartient qu'à ceux que la nature même inspire avec le plus de force. Mais telle est l'erreur qui les flatte; & malheureusement rien n'est plus ordinaire que de voir les hommes se former, par étude & par coûtume, un instinct particulier, & s'éloigner ainsi, autant qu'ils peuvent, des lois générales & originelles de leur être; comme si la nature n'avoit pas mis entre eux assez de différence, sans y en ajoûter par l'opinion. De - là vient que leurs jugemens se rencontrent si rarement: les uns disent cela est dans la nature ou ho's de la nature, & les autres tout au contraire. Parmi ces variétés inexplicables de la nature ou de l'opinion, je crois que la coûtume dominante peut servir de guide à ceux qui se mêlent d'écrire, parce qu'elle vient de la nature dominante des esprits, ou qu'elle la plie à ses regles; de sorte qu'il est dangereux de s'en écarter, lors même qu'elle nous paroît manifestement vicieuse. Il n'appartient qu'aux hommes extraordinaires de ramener les autres au vrai, & de les assujettir à leur génie particulier: mais ceux qui concluroient de - là que tout est opinion, & qu'il n'y a ni nature ni coûtume plus parfaite l'une que l'autre par son propre fond, seroient les plus inconséquens de tous les hommes. Article de M. Formey.

« C'est, dit Montagne, une violente & traîtresse maîtresse d'école, que la coûtume. Elle établit en nous peu - à - peu, à la dérobée, le pié de son autorité; mais par ce doux & humble commencement l'ayant rassis & planté avec l'aide du tems, elle nous découvre tantôt un furieux & tyrannique usage, contre lequel nous n'avons plus la liberté de hausser seulement les yeux.... Mais on découvre bien mieux ses effets aux étranges impressions qu'elle fait en nos ames, où elle ne trouve pas tant de résistance. Que ne peut - elle en nos jugemens & en nos créances?... J'estime qu'il ne tombe en l'imagination humaine aucune fantaisie si forcenée, qui ne rencontre l'exemple de quelque usage public, & par conséquent que notre raison n'étaye & ne fonde.... Les peuples nour<cb-> ris à se commander eux - mêmes, estiment toute autre forme de police monstrueuse. Ceux qui sont duits à la monarchie en font de même. C'est par l'entremise de la coûtume que chacun est content du lieu où nature l'a planté ».

Coûtume (Page 4:411)

Coûtume, (Jurisprud) en latin consuetudo, est un droit non écrit dans son origine, & introduit seulement par l'usage, du consentement tacite de ceux qui s'y sont soûmis volontairement; lequel usage après avoir été ainsi observé pendant un long espace de tems, acquiert force de loi.

La coûtume est donc une sorte de loi; cependant elle differe de la loi proprement dite, en ce que celle - ci est ordinairement émanée de l'autorité publique, & rédigée par écrit dans le tems qu'on la publie; au lieu que la plûpart des coûtumes n'ont été formées que par le consentement des peuples & par l'usage, & n'ont été rédigées par écrit que long - tems après.

Il y a beaucoup de rapport entre usage & coutume, c'est pourquoi on dit souvent les us & coûtumes d'un pays. Cependant par le terme d'usage on entend ordinairement ce qui n'a pas encore été rédigé par écrit; & par coûtume, un ulage qui étoit d'abord non écrit, mais qui l'a été dans la suite.

En quelques occasions on distingue aussi les us des coûtumes; ces us sont pris alors pour les maximes générales, & les coûtumes en ce sens sont opposées aux us, & signifient les droits des particuliers de chaque lieu, & principalement les redevances dûes aux seigneurs.

On dit aussi quelquefois les fors & coûtumes, & en ce cas le terme de coûtume signifie usage, & est opposé à celui de sors, qui signifie les privi eges des communautés & ce qui regarde le droit public.

Les coûtumes sont aussi différentes des franchises & priviléges: en effet, les franchises sont des exemptions de certaines servitudes personnelles, & les priviléges sont des droits attribués à des personnes franches, outre ceux qu'elles avoient de droit commun; tels sont le droit de commune & de banlieue, l'usage d'une sorêt, l'attribution des causes à une certaine jurisdiction.

L'origine des coûtumes en général est fort ancienne; tous les peuples, avant d'avoir des lois écrites, ont eu des usages & coûtumes qui leur tenoient lieu de lois.

Les nations les mieux policées, outre leurs lois écrites, avoient des coûtumes qui formoient une autre espece de droit non écrit: ces coûtumes étoient même en plusieurs lieux qualifiées de lois; c'est pourquoi on distinguoit deux sortes de lois chez les Grecs & chez les Romains, savoir les lois écrites, & les lois non écrites: les Grecs étoient partagés à ce sujet; car à Lacédémone il n'y avoit pour loi que des coûtumes non écrites; à Athenes au contraire on avoit soin de rédiger les lois par écrit. C'est ce que Justinien explique dans le titre second de ses institutes, où il dit que le droit non écrit est celui que l'usage a autorisé; nam diuturni mores consensu utentium comprobati legem imicantur.

Les coûtumes de France qui sont opposées aux lois proprement dices, c'est - à - dire au droit Romain, & aux ordonnances, édits & déclarations de nos rois, étoient dans leur origine des usages non écrits, qui par succession de tems ont été rédigés par écrit.

Elles ont été formées en partie des usages des anciens Gaulois, en partie du droit Romain, des usages des Germains dont les Francs sont issus, des anciennes lois des Francs; & autres qui ont été recueillies dans le code des lois antiques, savoir la loi des Visigoths, celle des Bourguignons, la loi salique & celle des Ripuariens, celles des Allemands, Bava<pb->

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