ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"167"> par la voie civile sera poursuivi extraordinairement; ce qui se pratique lorsque le fait dont il s'agit paroît mériter une instruction plus grave. En convertissant le procès civil en criminel, on ne convertit pas pour cela les enquêtes en informations, mais on fait répéter les témoins par forme d'information. Voyez l'ordonn. de 1670, tit. xx. (A)

Conversion, (Page 4:167)

Conversion, figure de Rhétorique qui consiste à terminer les divers membres d'une période par les mêmes tours, comme dans cet endroit de Cicéron: Doletis tres exercitus P. R. interfectos? Interfecit Antonius. Desideratis clarissimos cives? eos vobis eripuit Antonius. Autoritas hujus ordinis (senatus) afflicta est? afflixit Antonius.

On appelle encore en Rhétorique conversion, l'art de retourner ou de retorquer un argument contre son adversaire, ou de le montrer par des côtés opposés, en changeant le sujet en attribut, & l'attribut en sujet. Il y a aussi des conversions d'argumens d'une figure à une autre, & des propositions générales aux particulieres. Voyez Retorsion, &c. (G)

Conversion, (Page 4:167)

Conversion, (Art milit.) se dit quand on commande aux soldats de présenter les armes à l'ennemi qui les attaque en flanc, lorsqu'ils croyoient être attaqués de front. L'évolution que les soldats font en ce cas s'appelle conversion, ou plûtôt quart de conversion.

On peut faire mouvoir toute une troupe ensemble de telle sorte, qu'elle change de terrein en conservant le même ordre sur lequel elle a éte formée, & la même distance entre ses rangs & ses files. La maniere la plus simple de la faire mouvoir ainsi, est de la faire marcher en avant; mais cette maniere est si simple, qu'elle n'a besoin d'aucune explication.

On peut aussi retourner une troupe toute entiere, & lui faire faire face d'un côté différent de celui où elle le faisoit auparavant, & cela pour la faire marcher ensuite du côté que l'on a jugé à propos, ou bien pour s'opposer à des ennemis qui paroîtroient d'un côté différent de celui où elle faisoit feu d'abord.

Ce dernier objet est bien le même que celui pour lequel on fait faire les à droite & à gauche. Mais par les à droite & à gauche les hommes de la troupe se présentent bien de différens côtés, mais ils ne s'y présentent pas également en force. Après un à droite ou un à gauche, les ennemis de la troupe se présentent bien vers le terrein qui est au flanc de la troupe, mais il n'y a alors de front que les hommes qui composoient d'abord une file.

On a dit qu'elles n'étoient pas dans les bataillons de plus de cinq, & même de quatre hommes; ce n'est donc que cinq ou quatre hommes qui se présentent de ce côté. Si c'est un demi - tour à droite ou à gauche que l'on ait fait, un rang entier se présente bien devant l'ennemi, mais c'est le dernier; le premier rang & les chefs de file sont alors les plus éloignés de l'ennemi. Il en est de même des officiers, qui sont obligés de rompre le bataillon pour passer autravers, afin d'être les plus près des ennemis, ou bien, suivant l'usage, d'en faire le tour. On a donc cherché un moyen de retourner une troupe de maniere qu'elle puisse se présenter à l'ennemi selon toute sa force, c'est - à - dire en lui opposant ses officiers & ses chefs de file, & cette maniere est ce que nous appellons conversion.

La conversion s'exécute par toute la troupe ensemble regardée comme un seul corps: tous les hommes de la troupe ne sont considérés que comme membres de ce corps, & agissant tous dépendamment les uns des autres.

La conversion peut se faire vers la droite ou vers la gauche: si c'est vers la droite qu'elle se fait, alors le chef de file qui est à la droite de la troupe ne change point de place, il tourne doucement sur lui - même pendant que tous les autres hommes de la troupe tournent autour de lui comme autour d'un pivot.

Si c'est vers la gauche que la conversion se fait, le chef de file qui est à la gauche de la troupe ne change point de place, & tous les autres hommes de la troupe tournent autour de lui.

Pour avoir une idée juste de ce mouvement, on n'a qu'à prendre une carte à joüer, ou tel autre rectangle ou plûtôt parallélepipede que l'on voudra, l'arrêter sur une table avec une épingle, ou tel autre pivot que l'on voudra, par un des deux angles qui sont devant la carte, c'est - à - dire du côté vers lequel on la veut faire mouvoir, ensuite faire tourner cette carte sur ce pivot; on aura une représentation exacte de la maniere dont tourne une troupe ou un bataillon sur le terrein: l'épingle représentera le chef de file qui sert de pivot, & la carte représentera la troupe qui tourne.

Si l'on veut mettre sur cette carte des épingles ou de petits crayons, ou quelque chose qui puisse laisser une trace dans le même ordre que sont les hommes dans la troupe, & que l'on fasse tourner la carte sur la table, on verra que les traces que les épingles ou les crayons laisseront sur la table, seront des portions de cercle concentriques; de même sur le terrein chaque homme de la troupe décrit une portion de cercle d'autant plus grande qu'il est plus éloigné du pivot.

La troupe pourroit faire un tour entier, & ce mouvement s'appelleroit alors conversion entiere; mais il ne seroit d'aucune utilité. On suppose ordinairement ce tour divisé en quatre parties égales, & l'on appelle chacune de ses parties quart de conversion.

On peut faire deux quarts de conversion de suite du même côté; ce mouvement est en usage, & il se nomme demi - conversion. On pourroit faire aussi trois quarts de conversion de suite; mais ce mouvement etant à présent peu en usage, il n'a point de nom particulier parmi nous, comme il en avoit parmi les anciens. On n'est pas non plus astreint à faire juste des quarts de tour; celui qui commande l'évolution est le maître de faire arrêter la troupe quand il lui plaît, en disant halte; ainsi elle peut faire telle portion de tour qu'il juge à propos.

Les quarts de conversion changent l'aspect des hommes, de même que les à droite & les à gauche.

Ce que l'on vient de dire peut faire remarquer aisément que les hommes de la troupe qui sont auprès du pivot parcourent beaucoup moins d'espace de terrein, que ceux qui en sont plus éloignés; & comme cette évolution de la troupe n'est achevée que quand tous les hommes ont achevé chacun de parcourir le chemin qu'ils ont à faire, & que d'ailleurs elle doit être faite ensemble & du même mouvement, comme si tous les hommes ne faisoient qu'un corps, il faut que celui qui sert de pivot, & ceux qui sont auprès de lui, se mouvent très - lentement, & que ceux qui en sont plus éloignés marchent plus vîte. Il s'ensuit encore que plus la troupe aura d'étendue ou de front, plus une partie des hommes de la troupe aura de chemin à faire dans le quart de conversion, & plus il faudra de tems pour l'exécuter.

Il est aisé de savoir le chemin que chaque homme de la troupe a à faire dans un quart de conversion; il ne faut pour cela que savoir quelle est sa distance du pivot: cette distance est le rayon du quart de cercle qu'il doit décrire. Or le rayon ou demi - diametre est au quart de cercle, comme 7 est à 11. Ainsi il n'y a qu'à faire une regle de trois, & dire, comme 7 est à 11, ainsi le rayon connu est au quatrieme terme, qui sera la valeur du quart de cercle. [p. 168]

Soit, par exemple, un bataillon de six cents hommes sur quatre rangs; c'est cent cinquante hommes par rang: on sait que chaque homme occupe deux piés dans le rang; c'est donc trois cents piés qu'il y aura de distance du pivot à l'homme qui est à l'extrémité du rang. On dira donc, pour savoir le chemin que fera cet homme dans le mouvement du quart de conversion, comme 7 est à 11, ainsi 300 est au quatrieme terme, qui sera de 470 piés ou environ 78 toises pour le chemin qu'il aura à parcourir. (Q)

CONVERSEAU (Page 4:168)

CONVERSEAU, s. m. (Charpent.) ce sont, dans les moulins, quatre planches posées au - dessus des archures, deux devant, deux derriere: elles n'ont qu'un pouce & demi d'épaisseur. Voyez les dictionn. de Trév. & de Dish.

CONVERSO (Page 4:168)

CONVERSO, s. m. (Marine.) c'est la partie d'enhaut du tillac qui est entre le mât de misene & le grand mât. C'est le lieu où l'on se visite les uns les autres, & où l'on fait la conversation. Ce mot nous vient des Portugais. (Z)

CONVERTIR (Page 4:168)

CONVERTIR, (Marine.) convertir des marchandises, c'est les mettre en oeuvre. Par exemple, c'est convertir le chanvre que d'en faire des cordes. On évitera, autant qu'il se pourra, de donner des marchandises à convertir hors des atteliers des arsenaux, à des maîtres particuliers des villes. (Z)

CONVEXE (Page 4:168)

CONVEXE, adj. (Géom.) se dit de la surface extérieure d'un corps rond, par opposition à la surface intérieure qui est creuse ou concave. Voyez Concave & Convexité.

Ce mot est particulierement en usage dans la Dioptrique & la Catoptrique, où l'on s'en sert par rapport aux miroirs & aux lentilles. Voyez Miroir & Lentille.

Un miroir convexe représente les images plus petites que leurs objets: un miroir concave les représente souvent plus grandes. Un miroir convexe rend divergens les rayons qu'il réfléchit; c'est pourquoi il les disperse, & affoiblit leur effet: un concave au contraire les rend presque toûjours convergens par la réflexion; de sorte qu'ils concourent en un point, & que leur effet est augmenté. Plus le miroir convexe est portion d'une petite sphere, plus il diminue les objets, & plus il écarte les rayons.

Les verres convexes des deux côtés s'appellent lentilles; s'ils sont plans d'un côté & convexes de l'autre, on les appelle verres plans - convexes, ou convexes - plans; s'ils sont concaves d'un côté & convexes de l'autre, on les appelle verres convexo - concaves, ou concavo - convexes, selon que la surface convexe ou concave est la plus courbe (c'est - à - dire qu'elle est une portion d'une plus petite sphere), ou selon que la surface convexe ou concave est tournée vers l'objet.

Toutes les lentilles donnent aux rayons de lumiere dans leur passage une tendance l'un vers l'autre; c'est - à - dire que les rayons sortent de ces lentilles convergens ou moins divergens qu'ils n'étoient, de sorte qu'ils concourent souvent dans un point ou foyer. Voyez Convergent.

Les lentilles ont aussi la propriété de grossir les objets, c'est - à - dire de représenter les images plus grandes que les objets; & elles les grossissent d'autant plus, qu'elles sont des portions de plus petites spheres. Voyez Lentille, Réfraction, &c. (O)

CONVEXITÉ (Page 4:168)

CONVEXITÉ, s. f. (Géom.) se dit de la surface convexe d'un corps. Voyez Convexe & Courbe.

Les mots convexe & concave étant purement relatifs, il est assez difficile de les définir; car ce qui est convexe d'un côté est concave de l'autre. Pour fixer les idées, prenons une courbe, & rapportonsla à un axe placé sur le plan de cette ligne, & appellons sommet de la courbe le point où cet axe la coupe; tirons des différens points de la courbe des tan<cb-> gentes qui aboutissent à l'axe: si ces tangentes, depuis le sommet de la courbe, aboutissent toûjours à des points de l'axe de plus en plus élevés, ou, ce qui revient au même, si les soûtangentes vont en augmentant, la courbe est concave vers son axe, & convexe du côté opposé; sinon elle est convexe vers son axe, & concave de l'autre côté. (O)

CONVICTION (Page 4:168)

* CONVICTION, s. f. (Metaphys.) c'est la connoissance qu'une chose est ou n'est pas fondée sur des preuves évidentes; ainsi il ne peut y avoir de conviction de ce qui n'est pas évidemment démontrable. Il y a cette différence entre la conviction & la persuasion, que ce dont on est convaincu ne peut être faux; au lieu qu'on peut être persuadé d'une chose fausse. Au reste il semble que ces distinctions ne soient applicables qu'aux bons esprits, à ceux qui pesent les raisons, & qui mesurent sur elles le degré de leur certitude. Les autres sont également affectés de tout; leur entendement est sans balance; & ces têtes mal reglées sont beaucoup plus communes qu'on ne croit.

Conviction, (Page 4:168)

Conviction, (Jurisprud.) en style judiciaire, est la preuve d'un fait ou d'un point de Droit controversé.

L'ordonnance de 1670, tit. jv. art. 1. veut que les juges dressent procès verbal de tout ce qui peut servir pour la décharge ou conviction de l'accusé. La conviction doit être pleine & entiere pour le condamner. Voyez Preuve. (A)

CONVIVE (Page 4:168)

CONVIVE, s. m. (Littér.) celui qui est invité, & qui assiste en conséquence à un repas, à un festin avec d'autres personnes.

Dans les repas des Romains il y avoit des convives, des ombres, & des parasites; les derniers étoient appellés ou tolérés par le maître de la maison, & les ombres étoient amenés par les convives, tels qu'étoient chez Nasidiénus un Nomentanus, un Viscus Turinus, un Varius, & les autres, quos Moecenas adduxerat umbras. On leur destinoit le dernier des trois lits, c'est - à - dire celui qui étoit à la gauche du lit - milieu. Voyez Lit.

Les convives se rendoient aux repas à la sortie du bain, avec une robe qui ne servoit qu'à cela, & qu'ils appelloient vestis coenatoria, triclinaria, convivalis: elle étoit pour le plus souvent blanche, surtout dans les jours de quelque solennité; & c'étoit, aussi - bien chez les Romains que chez les Orientaux, une indiscrétion punissable de se présenter dans la salle du festin sans cette robe. Cicéron fait un crime à Vatinius d'y être venu en habit noir, quoique le repas se donnât à l'occasion d'une cérémonie funebre. Capitolin raconte que Maximin le fils, encore jeune, ayant été invité à la table de l'empereur Alexandre Sévere, & n'ayant point d'habit de table, on lui en donna un de la garderobe de l'empereur. Cet habit étoit une espece de draperie qui ne tenoit presqu'à rien, comme il paroît dans les marbres, & qui étoit pourtant différente du pallium des Grecs. Martial reproche à Luseus d'en avoir plus d'une fois remporté chez lui deux au lieu d'une de la maison où il avoit soupé.

Il étoit ordinaire d'ôter les souliers aux hommes conviés à un repas, de leur laver ou parfumer les piés, quand ils venoient prendre leurs places sur les lits qui leur étoient destinés. On avoit raison de ne pas exposer à la boue & à la poudre les étoffes précieuses dont ces lits étoient couverts.

Mais une chose qui paroîtra ici fort bisarre, c'est que long - tems même après le siecle d'Auguste, ce n'étoit point encore la mode que l'on fournît de serviettes aux convives, ils en apportoient de chez eux.

Tout le monde étant rangé suivant l'ordre établi par un maître des cérémonies préposé à l'observation de cet ordre, on apportoit des coupes qu'on pla<pb->

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