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Mais sans disputer sur tant de suppositions, voyons
ce qui s'ensuit de ce système. Les vibrations ou les
sons de la derniere consonnance, qui est la tierce mineure,
sont comme 5 & 6, & la consonnance en est
fort agréable. Que doit - il naturellement résulter de
deux autres sons dont les vibrations seroient entre
elles comme 6 & 7? une consonnance un peu moins
harmonieuse à la vérité, mais encore assez agréable
à cause de la petite différence des raisons; car elles
ne different que d'un 36
Il reste encore à faire attention aux altérations dont la quinte & d'autres consonnances sont susceptibles sans cesser d'être agréables à l'oreille, quoique ces altérations dérangent entierement le concours périodique des vibrations, & que ce concours même devienne plus tardif à mesure que l'altération est moindre. Il reste à considérer que l'accord de l'orgue & du clavecin ne devroit offair à l'oreille qu'une cacophonie d'autant plus effroyable que ces instrumens seroient accordés avec plus de soin, puisqu'excepté l'octave il ne s'y trouve aucune consonnance dans son rapport exact.
Voilà quelques objections qu'il eût peut - être été bon de résoudre avant que d'admettre un système, qui, bien qu'ingénieux, se trouve si manifestement contredit par l'expérience.
Un écrivain judicieux, qui nous a donné nouvellement
des principes d'Acoustique, laissant à part
tous ces concours de vibrations, a rendu raison du
plaisir que les consonnances font à l'oreille par la simplicité
des rapports entre les sons qui les forment.
Selon lui, le plaisir diminue à mesure que les rapports
deviennent plus composés; & quand l'esprit
ne les saisit plus, ce sont de véritables dissonnances.
Mais quoique cette doctrine s'accorde parfaitement
avec le résultat des premieres divisions harmoniques,
quoiqu'elle soit très - bien soutenue & qu'elle
s'étende facilement à d'autres phénomenes qui se remarquent
dans les beaux arts, s'il se trouve qu'elle
ne soit pas en tout d'acord avec l'expérience, s'il
n'y a toûjours une proportion exacte entre les rapports
des sons & le degré de plaisir ou de peine dont
ils nous affectent, je dis que cette hypothese est fort
vraissemblable, mais qu'il ne la faut pas regarder
comme démontrée. Voyez
Nous devons avertir ici que M. Briseux architecte,
a donné depuis peu au public un traité, dans lequel
il se propose de prouver que les proportions
qu'on doit observer dans l'Architecture, sont les mêmes
que celles qui reglent les consonnances dans la
Musique. Nous en parlerons plus au long à l'article
CONSONNE (Page 4:51)
CONSONNE, s. f. terme de Grammaire: on divise les lettres en voyelles & en consonnes. Les voyelles sont ainsi appellées du mot voix, parce qu'elles se font entendre par elles - mêmes: elles forment toutes seulés un son, une voix. Les consonnes, au contraire, ne sont entendues qu'avec l'air qui fait la voix ou voyelle; & c'est de - là que vient le nom de consonne, consonnans, c'est - à - dire, qui sonne avec une autre.
Il n'y a aucun être particulier qui soit voyelle,
ni aucun qui soit consonne; mais on a observé des
différences dans les modifications que l'on donne à
l'air qui sort des poumons, lorsqu'on en fait usage
pour former les sons destinés à être les signes des
pensées. Ce sont ces différentes considérations ou
précisions de notre esprit à l'occasion des modifications
de la voix; ce sont, dis - je, ces précisions qui
nous ont donné lieu de former les mots de voyelle,
de consonne, d'articulation, & autres: ce qui distingue
les différens points de vûe de notre esprit sur le
méchanisme de la parole, & nous donne lieu d'en
discourir avec plus de justesse. Voy.
Mais avant que d'entrer dans le détail des consonnes, & avant que d'examiner ce qui les distingue des voyelles, qu'il me soit permis de m'amuser un moment avec les réflexions suivantes.
La nature nous fait agir sans se mettre en peine de nous instruire; je veux dire que nous venons au monde sans savoir comment: nous prenons la nourriture qu'on nous présente sans la connoître, & sans avoir aucune lumiere sur ce qu'elle doit opérer en nous, ni même sans nous en mettre en peine; nous marchons, nous agissons, nous nous transportons d'un lieu à un autre, nous voyons, nous regardons, nous entendons, nousparlons, sans avoir aucune connoissance des causes physiques, ni des parties internes de nous - mêmes que nous mettons en oeuvre pour ces différentes opérations: de plus, les organes des sens sont les portes & l'occasion de toutes ces connoissances, au point que nous n'en avons aucune qui ne suppose quelque impression sensible antérieure qui nous ait donné lieu de l'acquérir par la réflexion; cependant combien peu de personnes ont quelques lumieres sur le méchanisme des organes des sens? C'est bien dequoi on se met en peine, id populus curat scilicet? Ter. And. act. II. sc. 2.
Après tout a - t - on besoin de ces connossances pour sa propre conservation, & pour se procurer une sorte de bien être qui suffit?
Je conviens que non: mais d'un autre côté si l'on veut agir avec lumiere & connoître les fondemens des Sciences & des Arts qui embellissent la société, & qui lui procurent des avantages si réels & si considérables, on doit acquérir les connoissances physiques qui sont la base de ces Sciences & de ces Arts, & qui donnent lieu de les perfectionner.
C'étoit en conséquence de pareilles observations, que vers la fin du dernier siecle un medecin nommé Amman qui résidoit en Hollande, apprenoit aux muets à parler, à lire, & à écrire. Voyez l'art de parler du P. Lamy, pag. 193. Et parmi nous M. Pereyre, par des recherches & par des pratiques encore plus exactes que celles d'Amman, opere ici [à Paris, quai des Augustins] les mêmes prodiges que ce medecin opéroit en la Hollande.
Mon dessein n'est pas d'entrer ici, comme ces deux philosophes, dans l'examen & dans le détail de la [p. 52]
D'abord il faut observer que l'air qui sort des poumons est la matiere de la voix, c'est - à - dire du chant & de la parole. Lorsque la poitrine s'éleve par l'action de certains muscles, l'air extérieur entre dans les vésicules des poumons, comme il entre dans une pompe dont on éleve le piston.
Ce mouvement par lequel les poumons reçoivent l'air, est ce qu'on appelle inspiration.
Quand la poitrine s'affaisse, l'air sort des poumons; c'est ce qu'on nomme espiration.
Le mot de respiration comprend l'un & l'autre de ces mouvemens; ils en sont les deux especes.
Le peuple croit que le gosier sert de passage à l'air & aux alimens; mais l'Anatomie nous apprend qu'au fond de la bouche commencent deux tuyaux ou conduits différens, entourés d'une tunique commune.
L'un est appellé ésophage,
L'autre conduit, le seul dont la connoissance apapartienne
à notre sujet, est situé à la partie antérieure
du cou; c'est le canal par où l'air extérieur
entre dans les poumons & en sort: on l'appelle trachée - artere; trachée, c'est - à - dire rude, à cause de ses
cartilages;
On confond communément l'un & l'autre de ces conduits sous le nom de gosier, guttur, quoique ce mot ne doive se dire que de l'ésophage; les Grammairiens même donnent le nom de guttarales aux lettres que certains peuples prononcent avec une aspiration forte, & par un mouvement particulier de la trachée - artere.
Les cartilages & les muscles de la partie supérieure
de la trachée - artere forment une espece de tête, ou
une sorte de couronne oblongue qui donne passage
à l'air que nous respirons; c'est ce que le peuple appelle
la pomme ou le morceau d'Adam. Les Anatomistes la nomment larynx,
Il faut observer qu'au - dessus de la glotte il y a
une espece de soûpape, qui dans le tems dupassage
des alimens couvre la glotte; ce qui les empêche
d'entrer dans la trachée - artere, on l'appelle épiglotte;
M. Ferrein, célebre anatomiste, a observé à chaque levre de la glotte une espece de ruban large d'une ligne, tendu horisontalement; l'action de l'air qui passe par la fente ou glotte, excite dans ces rubans des vibrations qui les font sonner comme les cordes d'un instrument de musique: M. Ferrein appelle ces rubans cordes vocales. Les muscles du larynx tendent ou relâchent plus ou moins ces cordes vocales; ce qui fait la différence des tons dans le chant, dans les plaintes, & dans les cris. Voyez le
Les poumons, la trachée - artere, le larynx, la glotte, & ses cordes vocales, sont les premiers organes de la voix, auxquels il faut ajoûter le palais, c'est - - à - dire la partie supérieure & intérieure de la bouche, les dents, les levres, la langue, & même ces deux ouvertures qui sont au fond du palais, & qui répondent aux narines; elles donnent passage à l'air quand la bouche est fermée.
Tout air qui sort de la trachée - artere n'excite pas pour cela du son; il faut pour produire cet effet que l'air soit poussé par une impulsion particuliere, & que dans le tems de son passage il soit rendu sonore par les organes de la parole: ce qui lui arrive par deux causes différentes.
Premierement, l'air étant poussé avec plus ou moins de violence par les poumons, il est rendu sonore par la seule situation où se trouvent les organes de la bouche. Tout air poussé qui se trouve resserré dans un passage dont les parties sont disposées d'une certaine maniere, rend un son; c'est ce qui se passe dans les instruments à vent, tels que l'orgue, la flûte, &c.
En second lieu, l'air qui sort de la trachée - artere est rendu sonore dans son passage par l'action ou mouvement de quelqu'un des organes de la parole; cette action donne à l'air sonore une agitation & un trémoussement momentanée, propre à faire entendre telle ou telle consonne: voilà deux causes qu'il faut bien distinguer; 1°. simple situation d'organes; 2°. action ou mouvement de quelque organe particulier sur l'air qui sort de la trachée - artere.
Je compare la premiere maniere à ces fentes qui rendent sonore le vent qui y passe, & je trouve qu'il en est à - peu - près de la seconde, comme de l'esset que produit l'action d'un corps solide qui en frappe un autre. C'est ainsi que la consonne n'est entendue que par l'action de quelqu'un des organes de la parole sur quelque autre organe, comme de la langue sur le palais ou sur les dents, d'où résulte une modification particuliere de l'air sonore.
Ainsi l'air poussé par les poumons, & qui sort par la trachée - artere, reçoit dans son passage différentes modifications & divers trémoussemens, soit par la situation, soit par l'action des autres organes de la parole de celui qui parle; & ces trémoussemens parvenus jusqu'à l'organe de l'oüie de ceux qui écoutent, leur font entendre les différentes modulations de la voix & les divers sons des mots, qui sont les signes de la pensée qu'on veut exciter dans leur esprit.
Les différentes sortes de parties qui forment l'ensemble de l'organe de la voix, donnent lieu de comparer cet organe selon les différens effets de ces parties, tantôt à un instrument à vent, tel que l'orgue ou la flûte; tantôt à un instrument à corde, tantôt enfin à quelqu'autre corps capable de faire entendre un son, comme une cloche frappée par son battant, ou une enclume sur laquelle on donne des coups de marteau.
Par exemple s'agit - il d'expliquer la voyelle, on
aura recours à une comparaison tirée de quelque
instrument à vent. Supposons un tuyau d'orgue
ouvert, il est certain que tant que ce tuyau demeurera
ouvert, & tant que le soufflet fournira de vent
ou d'air, le tuyau rendra le son, qui est l'effet propre
de l'état & de la situation où se trouvent les
parties par lesquelles l'air passe. Il en est de même
de la flûte; tant que celui qui en joüe y souffle de
l'air, on entend le son propre au trou que les doigts
laissent ouvert: le tuyau d'orgue ni la flûte n'agissent
point, ils ne sont que se préter à l'air poussé, &
demeurent dans l'état où cet air les trouve.
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