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L'autorité des conciles nationaux est considérable dans l'Eglise; comme ils en font une partie, ils approchent beaucoup des conciles oecuméniques, & c'est pour cela qu'on leur a donné quelquefois ce nom. Cette autorité est plus grande dans le royaume où ils ont été célebrés, que chez les autres nations de la Chrétienté. En effet, une nation n'ayant aucun empire sur une autre nation également libre & indépendante, elle ne peut l'astreindre par les lois & les regles qu'elle établit. Néanmoins les conciles nationaux de France ont été en grande vénération chez les peuples étrangers, & leur ont souvent servi de modeles: c'est le fruit de la sagesse de l'église Gallicane, & de l'attachement inviolable qu'elle a témoigné dans tous les tems pour l'ancienne discipline.
Les conciles provinciaux sont ceux qui sont convoqués par le métropolitain ou l'archevêque, & dans lesquels il rassemble tous les évêques & autres clercs de sa province. La lettre du clergé de Rome à S. Cyprien, & qui est la vingt - sixieme parmi celles de ce pere, nous apprend que les prêtres, les diacres, & autres clercs, assistoient & opinoient anciennement à ces conciles. Consultis, dit la lettre, episcopis, presbyteris, diaconis, confessoribus, & ipsis stantibus laicis. On agite & on décide dans ces conciles les questions qui s'élevent sur la foi; on y fait des statuts concernant la discipline, l'administration des biens ecclésiastiques, la réformation des abus, & la perfection des moeurs. Ils doivent être convoqués par les métropolitains, canon xx. du concile d'Antioche, ensorte qu'il n'est pas permis aux évêques de la province de célébrer un concile sans le consentement de l'archevêque. Mais d'un autre côté, si celui - ci ne le
Lorsque le métropolitain veut convoquer un concile provincial, il avertit chacun de ses suffragans de s'y trouver, & cela par des lettres qu'on appelloit autrefois tractoires ou tractatoires, du même nom que les ordonnances qu'on délivroit à ceux qui voyageoient par ordre du prince, & en vertu desquelles on leur fournissoit libéralement les voitures, les chevaux, & la commodité de ce que les Romains appelloient la course publique. Depuis on a donné à ces lettres du métropolitain le nom de lettres évocatoires, encycliques ou circulaires.
Les évêques de la province convoqués par le métropolitain sont obligés de se trouver au concile, canon xl. du concile de Laodicée; & ce concile en donne une raison qui mérite d'être remarquée, savoir que les évêques qui négligent de le faire paroissent s'accuser eux - mêmes, c'est - à - dire avoir été détournés d'aller au concile par les remords de leur conscience, qui leur font craindre qu'on n'y découvre les fautes qu'ils ont commises, & qu'on ne leur inflige la peine qui leur est dûe. Le canon vj. du concile de Chalcédoine prescrit la même chose; & il ajoûte que ceux qui ne s'y trouveront pas subiront l'admonition de la charité fraternelle. Les conciles d'Afrique ont été plus séveres, comme il paroît par le canon xxj. du quatrieme concile de Carthage, & le canon x. du cinquieme. Suivant ces canons, ceux qui n'auront point eu d'obstacle légitime, ou qui n'en auront point fait mention dans la lettre circulaire, ou enfin qui n'en auront point rendu compte au primat, sont menacés de l'excommunication épiscopale. Nous l'appellons épiscopale, parce qu'il ne s'agit point ici d'une véritable excommunication qui retranche le coupable de la communion des fideles & du corps de l'Eglise, ou le prive de la participation des sacremens; mais d'une sorte d'excommunication qui étoit en usage alors entre les évêques; de façon que celui qui l'avoit encourue ne communioit avec aucun évêque, si ce n'étoit dans l'étendue son diocese; lett. 209. de S. Augustin, n. 8. & pour me servir des termes du canon x. du cinquieme concile de Carthage, il devoit se contenter de la communion de son église. Nous avons un exemple de cette espece d'excommunication dans la lettre 40 (nouv. édit. 60°.) de saint Léon, adressée à Anatole de Constantinople. Ce pape ordonne dans cette lettre que les évêques qui auront eu part au faux concile l'Ephese, se restraignent à la communion de leur église. Nous en trouvons un autre exemple dans le canon lxxxvij. du code des canons de l'église d'Afrique, dans l'affaire de Quodvultdeus: Placuit, dit le canon, omnibus episcopis ut nullus ei communicet, donec causa ejus terminum sumat.
L'église Gallicane a tenu une conduite aussi rigoureuse à l'égard des évêques qui manquoient de venir au concile de leur province, canon xvij. du concile d'Arles, l'an 452. Cette sévérité s'est étendue à ceux qui abandonnoient le concile avant qu'il fût terminé, canon xxxv. du concile d'Agde, l'an 506. Ce qui a pareillement été statué dans le premier canon du deuxieme & troisieme concile de Tours. L'Espagne a embrassé la même discipline dans ses conciles, & on y a décidé que l'évêque qui étant averti par son métropolitain négligeroit de venir au concile, seroit privé jusqu'à la tenue du concile suivant de la communion de tous les évêques, canon vj. du concile de Tarragone, l'an 516. Les causes qui peuvent dispenser un évêque mandé au concile de s'y trouver, sont exprimées dans ces différens conciles: tel<pb-> [p. 819]
Les conciles provinciaux, suivant le canon v. du concile de Nicée, se tenoient deux fois tous les ans, une fois au printems, une fois à l'automne. Le premier devoit se tenir avant le carême, afin, dit le concile, que toute animosité étant effacée, on présente a Dieu une offrande pure. Ce canon a été longtems en vigueur; & il n'étoit pas difficile de l'observer, parce que le nombre des évêques étoit grand sous chaque métropolitain, ensorte qu'ils pouvoient venir tour - à - tour, leurs confreres résidans pendant ce tems - là, & prenans soin de l'église des absens. Les conciles furent négligés dans la suite: les évêques les moins zélés craignoient la fatigue & la dépense de ces fréquens voyages; & vers le viij. fiecle on se réduisit à les obliger de tenir au moins un concile par an; c'est l'ordonnance du concile de Trulle, qui fut confirmée par le septieme & le huitieme concile oecuménique. En Occident les conciles provinciaux furent rares sous la seconde race de nos rois, tant à cause des assemblées d'état qui se tenoient deux fois par an, & où tous les évêques étoient obligés de se trouver, qu'à cause des guerres civiles, des incursions des Normands qui infesterent le royaume depuis Charles - le - Chauve, & de la division des petits seigneurs qui fut un nouvel obstacle. Ainsi dans le onzieme & douzieme siecle on ne tint presque pas de ces conciles. Néanmoins Innocent III. au concile de Latran renouvella la regle des conciles annuels, mais elle fut mal observée. Dans le siecle suivant un concile de Valence en Espagne les ordonna seulement tous les deux ans, jusqu'à ce qu'enfin le concile de Bàle réduisit à trois ans l'obligation de les tenir; ce que le concile de Trente a confirmé sous les peines portées par les canons. En France l'édit de Melun, celui de 1610, & une déclaration de 1646, ont ordonné l'exécution du decret du concile de Trente. Des lois aussi sages ont été sans aucun fruit & n'ont pû faire revivre la coûtume de célébrer, sinon tous les trois ans, du moins fréquemment, des conciles provinciaux. De nos jours il ne s'en est point tenu d'autre que celui d'Embrun en 1728, où un des prélats les plus distingués parmi les appellans de la constituion Unigenitus, fut condamné, suspendu des fonctions d'évêque & de prêtre, & réduit à la communion laïque.
Les conciles diocésains, qu'on appelle proprement synodes, suivant l'usage moderne, sont ceux qui sont célébrés par chaque évêque, & composés des abbés, des prêtres, diacres, & autres clercs de son diocese. Le canon vj. du seizieme concile de Tolede nous apprend la raison pour laquelle on tient ces sortes de conciles; c'est afin, dit - il, que l'évêque notifie à son clergé & à ses oüailles tout ce qui s'est passé & tout ce qui a été décidé au concile provincial; & l'évêque qui manque à ce devoir est privé de la communion pendant deux mois. Mais quoique les conciles provinciaux ne soient plus en usage, néanmoins on tient encore les synodes, & on doit les célébrer tous les ans dans chaque diocese; c'est là principalement que les prélats veillent à réformer ou à prévenir les abus.
Nous n'en dirons pas davantage sur les conciles
particuliers. Au reste nous croyons n'avoir rien
avancé dans tout cet article des conciles (telle a été
du moins notre intention), qui ne soit conforme à
l'esprit de la Religion, aux maximes du royaume,
& qu'on ne puisse concilier avec le vrai respect dû
au saint siége. Cet article est de M.
CONCILIABULE (Page 3:819)
CONCILIABULE, (Jurisp.) diminutif de concile.
Voyez
Conciliabule, (Page 3:819)
CONCLAMATION (Page 3:819)
* CONCLAMATION, s. f. (Hist. anc.) On appelloit ainsi le signal qu'on donnoit aux soldats Romains pour plier bagage & décamper, d'où l'on fit l'expression conclamare vasa: conclamari ad arma étoit au contraire le signal de se tenir prêts à donner; les soldats répondoient par des cris à cette conclamation. Conclamen a encore une autre acception dans les anciens auteurs Latins: lorsque quelqu'un étoit mort, on l'appelloit trois fois par son nom; & pour signifier qu'il n'avoit point répondu parce qu'il étoit décédé, on disoit, conclamatum est.
C'est dans ce sens, pris au figuré, que quelques auteurs ont dit, de republicâ Romanâ conclamatum est; pour dire, la république Romaine n'est plus.
CONCLAVE (Page 3:819)
CONCLAVE, s. m. (Hist. mod. ecclés.) assemblée
de tous les cardinaux qui sont à Rome pour faire
l'élection du pape. Voyez
Le conclave n'a commencé qu'en 1270. Clément IV. étant mort à Viterbe en 1268, les difficultés qui survinrent à l'occasion de l'élection de son successeur, déterminerent les cardinaux à se séparer, & à abandonner Viterbe. Les habitans de cette ville ayant eu connoissance de cette résolution, fermerent les portes de la ville par le conseil de S. Ronaventure, enfermerent les cardinaux dans le palais, & leur firent savoir qu'ils n'en sortiroient point que l'élection ne fût faite. C'est de - là qu'est venu la coûtume de renfermer les cardinaux dans un seul palais pour l'élection d'un pape.
Le conclave est aussi le lieu où se fait l'élection du pape. C'est une partie du palais du vatican que l'on choisit, selon la diversité des saisons. Il est composé de salles, de chambres, & de corridors qui se rencontrent en cet endroit, & les salles & les chambres sont partagées en plusieurs petites cellules pour les cardinaux; telle salle contiendra six chambres, & autant pour les conclavistes, & on en laisse quelques - unes de libres pour y faire du feu, de sorte que les chambres des cardinaux n'ont point de cheminée: elles sont toutes meublées fort modestement, d'une même serge verte ou violette: les armes sont sur la porte des chambres, qui sont presque toutes obscures à cause que toutes les fenêtres sont murées, à la reserve du panneau d'en - haut. Il y a plusieurs officiers, comme medecins, & chaque cardinal a deux conclavistes, ou trois s'il est malade & qu'il le demande. Ils font serment de ne point révéler les secrets du conclave. On les reconnoît le lendemain de la clôture. Il y a d'autres serviteurs avec une casaque violette pour les usages communs. Les conclavistes ont tous une robe de chambre conforme. Il y a un guichet à la porte du conclave que l'on ouvre pour donner audience. Il y a cinq maîtres de cérémonies qui joüissent de ce bienfait; chaque cardinal leur donne tous les jours deux pistoles, outre quelque plat de régal. Relat. du conclave d'Alexandre VII.
Dans l'interregne, le sacré collége prétend qu'il
lui est dû plus de respect qu'à la personne même du
pape, parce qu'étant composé de toutes les nations
Chrétiennes, il représente toute la hiérarchie de l'Eglise. C'est pour cette raison que les ambassadeurs
allant à l'audience du collége mettent un genou en
terre, & ne se levent qu'après que le cardinal doyen
leur a fait signe.
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