ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"676"> dilatant & se répandant dans toutes les régions célestes, sont vraissemblablement, ainsi que M. Newton l'observe, attirées par les planetes, & mêlées avec leurs atmospheres. Il ajoûte que les cometes semblent nécessaires pour l'entretien des liquides qui sont sur les planetes, lesquels s'évaporent continuellement par les végétations & les putréfactions, & se convertissent en terre seche. Car comme tous les végétaux se nourrissent & s'accroissent par les fluides, & qu'ils redeviennent terre pour la plus grande partie par la putréfaction (comme on le peut voir par le limon que les liqueurs putréfiantes déposent continuellement), il s'ensuit que pendant que la terre s'accroît sans cesse, l'eau diminueroit en même proportion, si la perte n'en étoit pas rétablie par d'autres matieres. M. Newton soupçonne que cette partie, la plus subtile & la meilleure de notre air, laquelle est absolument nécessaire pour la vie & l'entretien de tous les êtres, vient principalement des cometes.

D'après ce principe, il y auroit quelque fondement aux opinions populaires des présages des cometes, puisque les queues des cometes se mêlant ainsi avec notre atmosphere, pourroient avoir des influences sensibles sur les corps animaux & végétaux.

Il y a beaucoup de varietés dans la grandeur des cometes. Quelques - unes, indépendamment de leur queue, paroissent surpasser dans certaines circonstances favorables de leur apparition, les étoiles de la 1re & de la 2de grandeur. Enfin, si on consulte les historiens qui en ont parlé, il semble qu'aucune comete n'ait jamais paru aussi grande que celle qui fut observée du tems de Néron: cette comete, selon Seneque, égaloit le Soleil en grosseur. Hevelius en a cependant observé une autre en 1652 presqu'aussi grande que la Lune, mais elle étoit bien inférieure en lumiere à cette planete, étant extraordinairement pâle & comme enveloppée de fumées, qui, loin de lui laisser quelqu'éclat, rendoient son aspect assez triste & peu agréable aux yeux.

M. Fatio remarque que quelques - unes des cometes ayant leurs noeuds proche de l'orbite de la terre, il pourroit arriver que la terre se trouveroit dans la partie de son orbite, qui seroit voisine de ce noeud au tems où la comete viendroit à y passer; & comme le mouvement apparent de la comete seroit alors si prompt, que sa parallaxe seroit très - sensible, & que la proportion de cette parallaxe à celle du soleil seroit donnée, on pourroit avoir en ce cas la parallaxe du soleil déterminée plus exactement que par aucune méthode.

La comete de 1472, par exemple, avoit une parallaxe qui surpassoit plus de vingt fois celle du soleil; & celle de 1613 en auroit eu une beaucoup plus sensible, si elle fût arrivée à son noeud au commencement de Mars. Quoi qu'il en soit, aucune n'a plus menacé la terre de son voisinage que celle de 1680; car M. Halley a trouvé par le calcul, que le 11 Novembre cette comete avoit passé au nord de l'orbite de la terre à environ 60 demi - diametres de la terre, ensorte que si dans ce tems la terre avoit été dans cette partie de son orbite, la parallaxe de la comete auroit égalé celle de la Lune; & il auroit peut - être résulté de ce voisinage un contact ou un choc des deux planetes: suivant M. Whiston il en seroit resulté un déluge. Voyez plus bas.

Mouvement des cometes. Le mouvement propre de chaque comete ne se fait pas, à beaucoup près, dans le même sens, puisqu'il est varié à l'infini, les unes s'avançant d'occident en orient, lorsqu'au contraire les autres se trouvent emportées contre l'ordre des signes, c'est - à - dire, dans un sens opposé à celui des planetes. Bien plus, depuis que l'on observe le cours des cometes avec quelque attention, on s'est apperçu qu'il se dirigeoit tantôt vers le nord, & tantôt vers le midi, & cela avec des inclinaisons si différentes, qu'il n'a pas été possible de les renfermer dans un zodiaque de la même maniere que les planetes; car si elles se trouvent une fois dans ce zodiaque, elles en sortent bien - tôt avec plus ou moins de vîtesse & par différens côtés. Regiomontanus en a observé une qui paroissoit avoir une vîtesse bien extraordinaire, puisqu'elle parcourut en un jour 40 degrés. Enfin, il y a des cometes dont le mouvement est plus rapide au commencement qu'à la fin de leur cours; d'autres au contraire se meuvent très - rapidement au milieu, & très lentement, soit au commencement soit à la fin de leur apparition. Toutes ces variétés dans le mouvement des cometes, sur - tout la diversité de l'inclinaison de leurs orbites, & la direction si variée de leurs mouvemens, prouvent bien qu'elles ne sont point emportées par un fluide en tourbillon, qui devroit les diriger toutes dans le même sens, & à - peu - près dans le même plan: aussi est - ce une des objections des plus fortes contre le système des Cartésiens, & à laquelle ils n'ont jamais répondu.

Si on suppose avec quelques auteurs que les cometes parcourent des lignes exactement paraboliques, elles doivent venir d'une distance infiniment éloignée, en s'approchant continuellement du soleil par la force centripete, & acquérir par ce moyen assez de vîtesse pour remonter l'autre branche de la parabole en s'éloignant du Soleil jusqu'à l'infini, & de cette maniere ne revenir jamais. Mais la fréquence de leur apparition semble mettre hors de doute qu'elles se meuvent comme les planetes dans des orbites elliptiques fort excentriques, & qu'elles reviennent dans des périodes fixes quoique très - longues. Voyez Orbite & Planete.

Les Astronomes sont partagés sur leur retour: Newton, Flamsteed, Halley & tous les astronomes Anglois sont pour le retour de ces astres; Cassini & plusieurs autres astronomes de France l'ont regardé aussi comme très - probable; la Hire s'y oppose avec quelques astronomes, &c. Ceux qui sont pour le retour veulent que les cometes décrivent des orbes fort excentriques: selon eux ce n'est que dans une très - petite partie de leur révolution que nous les pouvons appercevoir; au - delà de cette partie on ne sauroit plus les découvrir, ni à la vûe simple, ni avec les meilleurs télescopes. La question du retour des cometes est du nombre de celles que notre postérité seule pourra résoudre. Cependant l'opinion de Newton est la plus vraissemblable. En voici les preuves.

On ne sauroit regarder comme deux différentes planetes, celles dont les orbites coupent l'écliptique sous le même angle, & dont la vîtesse est la même dans le périhelie; il faut donc aussi que deux cometes vûes dans differens tems, mais qui s'accordent à l'égard de ces trois circonstances, ne puissent être autre chose que la même comete; c'est ce qu'on a observé, suivant quelques auteurs, pour différentes cometes, comme on le verra dans la suite de cet article; cependant il n'est pas nécessaire que l'accord soit si exact pour conclure que deux cometes sont la même. La Lune qui est si irréguliere dans toutes ces circonstances, fait penser à M. Cassini qu'il en pourroit être de même des cometes, & qu'on en a pris pour de différentes plusieurs qui n'étoient que les mêmes.

La grande objection qu'on fait contre le retour des cometes, c'est la rareté de leurs apparitions par rapport au nombre de révolutions qu'on leur suppose.

En 1702 on vit à Rome une comete, ou plûtôt la qu eue d'une comete, que M. Cassini prit pour la même que celle qui fut observée par Aristote, & qui avoit reparu depuis en 1668, ensorte que sa révo<pb-> [p. 677] lution seroit de 34 ans; mais il paroît bien étrange qu'une comete qui a une révolution si courte, & qui revient par conséquent si souvent, se montre cependant si rarement.

Dans le mois d'Avril de la même année 1702, MM. Bianchini & Maraldi observerent une comete, qu'ils regarderent comme la même que celle de 1664, tant par rappoit à son mouvement qu'à sa vîtesse & à sa direction. M. de la Hire voulut que cette comete eût quelque relation à une autre qu'il avoit observée en 1698, & que M. Cassini rapporte à celle de 1652. Dans cette supposition la période de cette comete seroit de 43 mois; & le nombre des révolutions qu'elle auroit eues de l'année 1652 à l'année 1698, seroit de quatorze.

Mais on ne peut supposer que dans un tems où le ciel est observé si soigneusement, un astre fît quatorze révolutions sans qu'on s'en apperçût, & surtout un stre dont les apparitions seroient de plus d'un mois, & souvent dégagées des crépuscules.

C'est pour cette raison que M. Cassini est très - reservé dans l'assertion du retour des cometes; il regarde ces astres comme des planetes, à la vérité, mais sujettes à beaucoup d'irrégularités.

M. de la Hire fait une objection générale contre le systeme entier des cometes, qui sembleroit retrancher ces astres du nombre des planetes; c'est que par la disposition donnée nécessairement à leur cours, elles devroient paroître aussi petites au commencement qu'à la fin, & augmenter jusqu'à ce qu'elles arrivent à leur plus grande proximité de la terre, ou du - moins que s'il ne leur arrive d'être observées que lorsqu'elles sont d'une certaine grandeur, faute d'y avoir fait attention auparavant, il faudroit au - moins qu'on les apperçût souvent avant qu'elles fussent arrivées à leur plus grand éclat; cependant, ajoûte - til, aucune n'a été observée avant d'être arrivée à ce point.

Mais la comete que l'on a vû dans le mois d'Octobre 1723, à une si grande distance qu'elle étoit trop petite & trop obscure pour être apperçûe sans télescope, peut servir à refuter cette objection & à retablir les cometes au rang des planetes.

Le docteur Halley a donné une table des élemens astronomiques de toutes les cometes qui ont été observées avec quelque soin, par le secours de laquelle on pourra toûjours reconnoître si quelque comete qu'on viendra à observer ne pourroit pas être quelques - unes de celles qu'il a calculées, & savoir par conséquent & la période & la position de l'axe de son orbite.

La comete observée en 1532 a plusieurs circonstances qui la dolvent faire croire la même que celle qui a été observée en 1607, par Kepler & par Longomontan, & que celle que le docteur Halley a observée ensuite en 1682. Tous les élemens s'accordent, & rien ne s'oppose à cette opinion que l'inégalité des tems des révolutions: mais suivant le docteur Halley on pourroit expliquer par des causes physiques cette inégalité; & l'on en a un exemple dans Saturne, dont le mouvement est tellement troublé par les autres planetes, & principalement par Jupiter, que sa période varie de plusieurs jours. Pourquoi donc ne supposeroit - on pas de pareilles altérations dans les cometes, qui sont beaucoup plus éloignées que Saturne, & dont la vîtesse, avec la plus petite augmentation, pourroit donner au lieu d'une orbe elliptique une orbe parabolique?

Ce qui confirme le plus cette identité, c'est l'apparition d'une autre comete dans l'été de 1456, qui à la vérité n'a pas été observée avec précision, mais se rencontre tellement avec les trois autres par rapport à la période & aux circonstances de sa route, que Halley ne fait point de difficulté de les regarder toutes comme la même comete, & il s'est avancé jusqu'à prédire le retour de cette comete pour l'année 1758.

La période de cette comete, selon M. Halley, est de 75 ans, & il en a déjà compté quatre revolutions, sa période se faisant en beaucoup moins de tems que celle des cometes. M. Machin croit que celle de 1737 a une période d'environ 180 ans, parce qu'elle lui paroît la même que celle qui a paru en 1556; voyez les Transactions philosophiques, n° 446. M. Halley a remarqué de plus qu'il avoit paru quatre fois de suite une comete dans l'intervalle de 575 ans; savoir, au mois de Septembre, immediatement après la mort de Jules César, ensuite l'an de Jesus - Christ 531 sous le consulat de Lampadius & l'Orestes, puis au mois de Février 1106, & en dernier lieu sur la fin de l'année 1680; ce savant astronome conjecture de - là que la période de la fameuse comete de 1680 pourroit bien être de 575 ans; c'est ce que nos descendans pourront vérifier. Il y a une chose singuliere sur cette période, c'est qu'en remontant de 575 ans en 575 depuis l'année de la mort de Jules César, où on croit que cette comete a paru, on tombe dans l'année du déluge; c'est ce qui a fait penser à Whiston que le déluge universel pourroit bien avoir été occasionné par la rencontre ou l'approche de cette comete, qui se trouva apparemment alors fort près de la terre; & cette opinion qui au fond ne doit être regardée que comme une conjecture assez legere, n'a rien en soi de contraire ni à la saine Philosophie qui nous apprend (quelque systeme que l'on suive) que l'approche d'une telle comete est capable de bouleverier le globe que nous habitons, ni à la foi, qui nous apprend que Dieu se servit du déluge pour punir les crimes des hommes. Car Dieu qui avoit prévû de toute éternité cette punition, avoit pû disposer le mouvement de cette comete de maniere que par son approche elle servît à sa vengeance. Whiston croit cependant que cette queue de comete auroit fait courir à l'arche un grand péril; mais Dieu qui avoit fait construire l'arche veilloit à sa conservation. Voyez le système solaire de Whiston, où les orbites des différentes cometes sont tracées, & où l'on trouve les périodes de plusieurs qui sont connues.

Déterminer le lieu & le cours d'une comete. Observez la distance d'une comete à deux étoiles fixes dont les longitudes & les latitudes sont connues. Par le moyen de ces distances ainsi trouvées, calculez le lieu de la comete par la trigonométrie, en suivant la méthode enseignée à l'article Planete. Répétant ensuite ces observations & ces opérations pendant plusieurs jours consécutifs, le cours de la comete sera déterminé.

Déterminer le cours d'une comete méchaniquement & sans les instrumens ordinaires. L'ingénieuse méthode que nous allons expliquer, est dûe à Longomontan: elle consiste à observer, par le secours d'un fil, la comete dans l'intersection des deux lignes qui passent par deux étoiles: ce qui est fort facile dans la pratique. Supposons, par exemple, que le lieu de la comete soit en A (Pl. Astron. fig. 23.), entre les quatre étoiles B, C, D, E, dans l'intersection de la ligne qui passeroit par B & par D, & de celle qui passeroit par C & par E.

Ayant pris un globe où ces quatre étoiles soient marquées, on tendra un fil qui passe par B & par D, & un autre par D & par E: le point d'intersection sera le lieu de la comete. Répétant cette opération pendant plusieurs jours, on aura sur le globe le cours de la comete, qui se trouvera un grand cercle, par deux points duquel on trouvera aisément l'inclinaison à l'écliptique, & le lieu des noeuds; en observant simplement le lieu où un fil tendu sur ces deux points coupe l'éclipti que. Pour déterminer la parallaxe d'une comete, voyez Parallaxe.

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