ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"658"> purge assez doucement, sans violence, sans douleur, & en même - tems très - copieusement; la résine de coloquinte an contraire purge très - peu, excite de très grandes douleurs dans le ventre; aussi est - elle absolument exclue de l'usage médicinal.

La dose de la coloquinte en substance, ou plûtôt celle des trochisques alhandal ou de la poudre que nous avons recommandée à leur place, est de 4 ou 5 grains jusqu'à 12 ou 15. Un ou deux grains de ces trochisques réduits en poudre fine, donnés avec un absorbent terreux pendant dix ou douze matins consécutifs, est un remede éprouvé contre l'asthme.

On donne la coloquinte en décoction pour un lavement, à la dose d'un gros ou de deux, dans l'apoplexie & les autres affections soporeuses.

La pulpe de coloquinte entre dans la confection Hamech, les pilules de Rudius, l'extrait panchimagogue de Crollius, l'onguent d'Arthanita. Les trochisques alhandal entrent dans les pilules foetides, cochées & de sagapenum. Outre cela il y a un électuaire qui porte le nom de la coloquinte, & qui est connu dans les boutiques sous le nom de hiera diacolocynthidos, dont voici la composition: stæchas arabique, marrube blanc, chamædris, agaric, coloquinte, de chacun dix gros; opopanax, sagapenum, semence de persil, aristoloche ronde, poivre blanc, de chacun cinq gros; canelle, spicanard, myrrhe, polium, safran, de chacun quatre gros; miel écumé, trois livres: faites du tout un électuaire selon l'art.

Cet électuaire est un puissant hydragogue qu'on peut donner dans les cas où ces remedes sont indiqués, depuis deux gros jusqu'à une once par la bouche, & depuis 1/2 once jusqu'à une once & 1/2 en lavement. (b)

COLORATION (Page 3:658)

COLORATION, s. f. COLORER, (Pharmacie.) On colore, en Pharmacie, différentes préparations, soit pour leur donner de l'élegance, soit pour les déguiser ou cacher leur composition; c'est dans la premiere vûe qu'on colore plusieurs ratafiats, & sur - tout ceux qu'on ne sauroit avoir parfaitement limpides (voyez Ratafiat); plusieurs remedes extérieurs, comme huiles, onguens, & sur - tout ceux qui sont destinés à l'embellissement du corps, comme la pommade pour les levres qu'on colore avec l'orcanette, la poudre dentrisique qu'on colore avec la cochenille ou le carmin.

Le peu de cinnabre qui entre dans la poudre tempérante de Stahl, & dans quelques autres poudres rougies par ce minéral, ne paroît pas avoir été employé dans leur composition dans la vûe d'en augmenter la vertu, mais plûtôt dans celle de masquer les ingrédiens.

C'est apparemment parce que quelques medecins ou le public ont imaginé que l'huile ou l'onguent rosat devoit avoir la couleur des roses avec lesquelles on les prépare, & qu'il a été facile de les contenter à cet égard, que les Apoticaires se sont mis dans l'usage de colorer avec l'orcanette ces préparations, dans lesquelles il ne passe presque rien de la partie colorante des roses.

La coloration des matieres seches, comme des poudres, se fait par un simple mêlange; mais celle des préparations liquides ou molles se fait par la dissolution de différentes parties colorantes: c'est ainsi que la partie colorante de l'orcanette soluble dans toutes les substances huileuses passe dans l'onguent ou dans l'huile rosat dont nous venons de parler; que la fécule ou partie colorante verte des plantes colore certains emplâtres & onguens, tels que l'emplâtre de ciguë, l'onguent martiatum, &c.

La coloration se fait aussi quelquefois par cette action des acides & des alkalis, par laquelle ils exaltent certaines couleurs végétales, ou les changent même entierement; c'est ainsi qu'on exalte la cou<cb-> leur de la conserve de roses rouges par quelques gouttes d'acide vitriolique, celle de l'infusion de rhubarbe par l'addition d'une très - petite quantité d'alkali fixe; qu'on pourroit donner un julep rouge préparé avec le syrop de violettes rougi par deux ou trois gouttes d'acide, &c. (b)

COLORBASIENS (Page 3:658)

COLORBASIENS. Voyez Colarbasiens.

COLORÉ (Page 3:658)

COLORÉ, adj. (Jurisprud.) se dit d'un titre qui paroissoit valable, & qui néanmoins par l'évenement ne l'est pas; comme quand un particulier a acquis de celui qu'il croyoit être propriétaire, il n'a qu'un titre coloré: mais ce titre joint à une possession de dix ans entre présens & vingt ans entre absens, suffit pour prescrire. Voyez Prescription & Titre. (A)

COLORER (Page 3:658)

COLORER, terme de Marqueterie & de Menuiserie de placage, c'est donner de la couleur aux pierres & aux bois qu'on employe dans ces sortes d'ouvrages, suivant les teintes dont l'ouvrier a besoin, ou pour ses clairs ou pour ses ombres. Voyez Marqueterie & Pieces de rapport. Voyez aussi Vernis. Dictionn. de Trév.

COLORIS (Page 3:658)

COLORIS, s. m. (Peinture.) Le terme coloris est distingué du mot de couleur: la couleur est ce qui rend les objets sensibles à la vûe, & le coloris est l'art d'imiter les couleurs des objets naturels relativement à leur position. Par relativement à leur position, j'entens la façon dont ils sont frappés par la lumiere, ce qu'ils paroissent perdre ou acquérir de leurs couleurs locales, par l'effet que produit sur eux l'action de l'air qui les entoure, & la réflexion des corps qui les environnent, & enfin l'éloignement dans lequel ils sont de l'oeil; car l'air qui est entre nous & les objets nous les fait paroître de couleur moins entiere, à proportion qu'ils sont éloignés de nous. Les lumieres & les ombres sont beaucoup moins sensibles dans les objets éloignés que dans ceux qui sont proches.

La partie du coloris qui comprend aussi celle du clair - obscur, est une des plus essentielles de la Peinture, & d'autant plus recommandable, qu'on ne peut que la perfectionner par l'étude mais non l'acquérir. Inutilement un tableau réuniroit - il toutes les autres parties de la Peinture, s'il est médiocrement colorié il ne produira jamais qu'un médiocre effet; & quand bien les autres parties seroient foibles, la séduction sera toûjours infaillible si le coloris y est au souverain degré. Voyez de Piles & le Dict. de Peint.

Quoique le terme de colorié s'étende sur tous les objets, on l'employe plus généralement sur les carnations, par la raison qu'étant plus sensibles que toutes les autres parties, on distingue plus aisément les teintes, les demi - teintes, le travail de la peau, la fonte du pinceau, enfin tout ce qu'exige cette grande partie de l'art Le coloris étoit connu & pratiqué avant Homere; voyez sa description du bouclier d'Achille: on y voyoit, dit - il, un laboureur; le coutre de la charrue fendoit la terre, & à mesure qu'il avançoit, la terre de jaune qu'elle étoit sembloit devenir noire; & ailleurs il peint une vigne d'or, dont les raisins annonçoient leur maturite par une teinte de noir, & des lions qui s'abreuvent du sang noirâtre d'un taureau. (R)

Coloris, (Page 3:658)

Coloris, (Jardinage.) il se dit des fruits qui mûrissent & qui prennent de la couleur, tels que les pêches, les prunes, les poires, & les abricots: même pour le leur faire prendre, souvent on dégarnit les feuilles autour du fruit, qu'alors le soleil frappe plus vivement & dore mieux. Il y a des curieux qui avec un pinceau trempé dans l'eau, le mouillent plusieurs fois dans la plus grande ardeur du soleil. (K)

COLORITE (Page 3:658)

*COLORITE, s. m. (Hist. ecclés.) congrégation d'Augustins, ainsi appellée de Colorito petite montagne voisine du village de Morano, au diocese de Cas<pb-> [p. 659] sano, dans la Calabre citérieure: ce fut dans une cabane proche d'une église dédiée à la Vierge sur le Colorito, que se retira en 1530 Bernard de Rogliano, & qu'il commença l'institution de la congrégation des olorites.

COLORNO (Page 3:659)

COLORNO, (Géog. mod.) petite ville d'Italie, dans le duché de Parme près du Pô. Long. 27. 50. lat. 44. 54.

COLOSSE (Page 3:659)

COLOSSE, terme d'Architecture, du Grec KOLOO, composé de KOLO, grand, & , il, c'est - à - dire grand à la vûe. On entend sous ce nom un bâtiment d'une grandeur considérable, tels qu'étoient les pyramides en Egypte, les amphitéatres en Grece & en Italie. Colosse, se dit aussi d'une figure dont la proportion est fort au - dessus de la naturelle, telle qu'étoit celle du soleil à Rhodes & les statues des empereurs Néron & Commode, dont il reste encore quelques fragmens dans la cour du capitole à Rome. On dit aussi qu'une colonne est colossale, lorsqu'elle surpasse deux ou trois piés de diametre. Voyez Colonne. (P)

Colosse de Rhodes, (Page 3:659)

Colosse de Rhodes, (Hist. anc.) statue d'airain d'une grandeur prodigieuse, située à l'entrée du port de Rhodes, & qui passoit pour une des sept merveilles du monde.

En voici l'histoire tirée principalement de M. Prideaux, Part. II. liv. II.

Cette statue étoit dédiée au soleil; elle avoit 70 coudées, ou 105 piés de haut, & le reste à proportion; peu de gens pouvoient embrasser son pouce; les navires passoient à pleines voiles entre ses jambes.

Démetrius, après avoir assiégé vivement la ville de Rhodes pendant un an sans pouvoir la prendre, las d'un si long siége, fit la paix avec les Rhodiens, & en s'en retournant il leur donna en présent toutes les machines de guerre qu'il avoit envoyées à ce siége. Ils les vendirent dans la suite pour trois cents talens (un million 200 mille livres ou environ,) dont ils se servirent, avec l'argent qu'on y ajoûta, pour faire ce colosse. Ce fut l'ouvrage de Charès de Lindo, disciple du fameux Lysippe, qui y employa douze ans. Mais soixante - six ans après l'execution de son entreprise, le colosse fut abattu par un grand tremblement de terre qui se fit sentir en Crient, & qui causa des desolations prodigieuses, sur - tout dans la Carie & dans l'île de Rhodes. On commença à travailler à ce fameux colosse l'an 300 avant Jesus - Christ; il fut achevé l'an 288, & renversé l'an 222.

Les Rhodiens, pour réparer le dommage que cet accident leur avoit causé, quêterent chez tous les princes & les états Grecs de nom ou d'origine, & exagérerent tellement leurs pertes, que la collectequi se fit pour eux, sur - tout chez les rois d'Egypte, de Macédoine, de Syrie, du Pont, & de Bithynie, alla pour le moins à cinq fois autant que la véritable somme à laquelle ces pertes se montoient.

En effet, l'émulation qui regna entre les princes pour soulager cette ville desolée, est sans exemple dans l'histoire: Ptolemée roi d'Egypte fournit seul trois cents talens, que nous n'évaluerons ici que trois cents cinquante mille écus, un million de mesures de froment, des matériaux pour bâtir vingt galeres tant à cinq rames qu'à trois rames, une quantité infinie de bois pour d'autres bâtimens, & en particulier pour rétablir le colosse trois mille talens, c'est - à - dire neuf millions suivant M. Rollin, & plus de dix millions suivant le docteur Bernard. Outre les rois, toutes les villes signalerent leurs libéralités: les particuliers voulurent aussi entrer en part de cette gloire; & l'on cite une dame appellée Chryseïs, véritablement digne de son nom, qui fournit seule cent mille mesures de froment. Que les princes d'à - présent, dit Polybe, & nous pouvons dire deux mille ans après lui, que les princes de nos jours comprennent combien ils sont éloignés de ceux dont on vient de parler. En assez peu d'années Rhodes fut rétablie dans un état plus magnifique qu'elle n'avoit jamais été, à l'exception du colosse; car les Rhodiens au lieu d'employer une partie de cet argent, comme c'étoit la principale intention de ceux qui l'avoient donné, à relever le colosse, prétendirent fort sagement que l'oracle de Delphes le leur avoit défendu, & garderent toutes ces sommes, dont ils s'enrichirent.

Le colosse demeura abattu comme il étoit. sans qu'on y touchât pendant 894 ans, au bout desquels, l'an de Jesus - Christ 672, Moawias, le sixieme calife ou empereur des Sarrasins, ayant pris Rhodes, le vendit à un marchand Juif qui en eut la charge de neuf cents chameaux; c'est - à - dire qu'en comptant huit quintaux pour une charge, l'airain de cette statue, après le déchet de tant d'années par la rouille, &c. & ce qui vraissemblablement en avoit été volé, se montoit encore à sept cents vingt mille livres, ou à sept mille deux cents quintaux.

Ces faits, presquetous rapportés par M. Prideaux, sont appuyés des témoignages d'Eusebe, chron. d'Orose, lib. IV. cap. xiij. de Polybe, lib. V. de Pline, lib. XXXIV. cap. vij. de Strabon, lib. XIV. de Zonare, annal. sub regno Constant. imper. Heraclii nepot. de Cedrenus, annal. & de Scaliger, animadv. in Euseb. chron. n. 1794.

Le colosse de Rhodes n'est pas le seul dont il soit fait mention dans les antiquités. Il y avoit à Memphis en Egypte plusieurs statues colossales de Sésostris & de sa famille; à Apollonie dans le Pont, une statue d'Apollon de trente coudées, que Lucullus sit transporter à Rome; dans cette ville, sept colosses, deux d'Apollon, deux de Jupiter, un de Néron, un de Domitien, un du Soleil. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

COLOSTRE (Page 3:659)

COLOSTRE, colostrum, (Physiologie.) premier lait qui se trouve dans le sein des femmes après leur délivrance. Voyez Lait.

COLOSTRUM (Page 3:659)

COLOSTRUM, (Pharmacie.) quelques auteurs ont donné ce nom à une espece d'émulsion préparée avec la térébenthine & le jaune d'oeuf. Blancard. Voyez Emulsion.

COLOSWAR ou ALAUSENBOURG (Page 3:659)

COLOSWAR ou ALAUSENBOURG, (Géogmod.) ville considérable de la Transylvanie, sur le petit Samos. Long. 40. 20. lat. 46. 53.

COLOURI (Page 3:659)

COLOURI, (Géog. mod.) île de la Grece dans le golfe d'Angia. Long. 41. 40. lat. 38.

COLPORTAGE (Page 3:659)

COLPORTAGE, s. m. (Comm.) emploi ou fonction de celui qui est colporteur. Voyez Colporteur.

COLPORTER (Page 3:659)

COLPORTER, porter des marchandises dans les rues, ou de maison en maison; il signifie aussi porter, pendues à son cou dans une manne, de petites & menues merceries, comme couteaux, peignes, ciseaux, &c.

Colporter, (Page 3:659)

Colporter, en termes de Librairie, c'est porter des livres dans les maisons pour les y vendre; c'est aussi vendre dans les rues des feuilles volantes ou papiers publics, comme arrêts, sentences, gazettes, loterie, &c. Voyez Colporteurs.

COLPORTEURS (Page 3:659)

COLPORTEURS, s. m. c'étoit anciennement des gens de mauvaise foi qui rodoient de ville en ville, vendant & achetant de la vaisselle de cuivre, d'étain, & autres semblables marchandises, qu'on ne doit vendre qu'en plein marché. C'est en ce sens que ce mot est employé dans des reglemens de la vingt - cinquieme année d'Henri VIII. chap. vj. & par d'autres de la trente - troisieme année du regne du même prince, chap. jv. C'est ce qu'on appelle en France porte - balles, coureurs, mercelots, ou brocanteurs.

Nous nommons aujourd'hui colporteurs, des gens

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.