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Le soin & l'inspection des cloaques appartinrent, jusqu'au tems d'Auguste, aux édiles, qui nommoient à cet effet des officiers, sous le titre de curatores cloacarum.
Voilà quel étoit l'esprit dont les Romains étoient
animés: en lisant leur histoire, nous les voyons d'autres
hommes que nous; car ils ignoroient ce que
nous connoissons trop, l'indifférence pour la patrie.
M. de Voltaire suppose que dans les premiers tems
de la république, un citoyen dont la passion dominante
étoit le desir de rendre son pays florissant,
remit au consul Appius un mémoire dans lequel il
représentoit les avantages qu'on retireroit de réparer
les grands chemins & le capitole, de former des
marchés & des places publiques, de bâtir de nouveaux
cloaques pour emporter les ordures de la ville,
source de maladies qui faisoient périr plusieurs citoyens: le consul Appius touché de la lecture de ce
mémoire, & pénétré des vérités qu'il contenoit,
immortalisa son nom quelque tems après par la voie
Appienne: flaminius fit la voie Flaminienne; un autre
embellit le capitole; un autre établit des marchés
publics; & d'autres construisirent les aquéducs
& les égoûts. L'écrit du citoyen obscur, dit à ce
sujet l'illustre écrivain déjà cité, fut une semence
qui germa bien - tôt dans l'esprit de ces grands
hommes, capables de l'exécution des plus grandes
choses. Cet article est de M. le Chevalier
CLOCHE (Page 3:539)
* CLOCHE, s. f. (Hist. anc. mod. Arts mechan. & Fond.) c'est un vase de métal qu'on met au nombre des instrumens de percussion, & dont le son est devenu parmi les hommes un signe public ou privé qui les appelle.
On fait venir le mot Francois cloche de cloca, vieux mot Gaulois pris au même sens dans les capitulaires de Charlemagne.
L'origine des cloches est ancienne: Kircher l'attribue aux Egyptiens, qui faisoient, dit - il, un grand bruit de cloches pendant la célébration des fêtes d'Osiris. Chez les Hébreux le grand - prêtre avoit un grand nombre de clochettes d'or au bas de sa tunique. Chez les Athéniens les prêtres de Proserpine appelloient le peuple aux sacrifices avec une cloche, & ceux de Cybele s'en servoient dans leurs mysteres. Les Perses, les Grecs en général, & les Romains, n'en ignoroient pas l'usage. Lucien de Samosate qui vivoit dans le premier siecle, parle d'un horloge à sonnerie. Suétone & Dion font mention dans la vie d'Auguste, de tintinnabula, ou cloche, si l'on veut. On trouve dans Ovide les termes de >ra, pelves, lebetes, &c. auxquels on donne la même acception. Les anciens annoncoient avec des cloches les heures des assemblées aux temples, aux bains, & dans les marchés, le passage des criminels qu'on menoit au supplice, & même la mort des particuliers: ils sonnoient une clochette afin que l'ombre du défunt s'éloignât de la maison: Temesaaque concrepat ara, dit Ovide, & rogat ut tectis exeat umbra suis. Il est question de cloches dans Tibulle, dans Strabon, & dans Polybe qui vivoit deux cents ans avant Jesus - Christ. Josephe en parle dans ses antiqui<cb->
Il en est de la fonderie des grosses cloches ainsi que de la fonderie des canons, de l'art d'imprimer, de l'invention des horloges a roue ou à soleil, de la boussole, des lunettes d'approche, du verre, & de beaucoup d'autres arts, dûs au hasard ou à des hommes obscurs; on n'a que des conjectures sur l'origine des uns, & on ne sait rien du tout sur l'origine des autres, entre lesquels on peut mettre la fonderie des grosses cloches. On croit que l'usage dans nos églises n'en est pas antérieur au sixieme siecle: il y etoit établi en 610; mais le fait qui le prouve, savoir la dispersion de l'armée de Clotaire au bruit des cloches de Sens, que Loup évêque d'Orléans fit sonner, prouve aussi que les oreilles n'étoient pas encore faites à ce bruit.
L'Eglise qui veut que tout ce qui a quelque part au culte du souverain Être, soit consacré par des cérémonies, bénit les cloches nouvelles; & comme ces cloches sont présentées à l'église ainsi que les enfans nouveaux - nés, qu'elles ont parrains & marraines, & qu'on leur impose des noms, on a donné le nom de baptême à cette bénédiction.
Le baptême des cloches dont il est parlé dans Alcuin, disciple de Bede & précepteur de Charlemagne, comme d'un usage antérieur à l'année 770, se célebre de la maniere suivante, selon le pontifical Romain. Le prêtre prie; après quelques prieres, il dit: Que cette cloche soit sanctifiée & consacróe, au nom du Pere, du Fils, & du S. Esprit: il prie encore; il lave la cloche en - dedans & en - dehors avec de l'eau bénite; il fait dessus sept croix avec l'huile des malades, & quatre dedans avec le chrême; il l'encense, & il la nomme. Ceux qui seront curieux de tout le détail de cette cérémonie, le trouveront dans les cérémonies religieuses de M. l'abbé Bannier.
Après cet historique que nous avons rendu le plus
court qu'il nous a été possible, nous allons passer à
des choses plus importantes, auxquelles nous donnerons
toute l'étendue qu'elles méritent. C'est la
fonte des cloches. Pour qu'une cloche soit sonore, il
faut donner à toutes ses parties certaines proportions.
Ces parties sont,
Le bord C 1 qui est le fondement de toute la mefure, se divise en trois parties égales que l'on appelle corps, & qui servent à donner les différentes proportions selon lesquelles il faut tracer le profil d'une cloche, profil qui doit servir à en former le monle.
Tirez la ligne H D qui représente le diametre de la cloche; élevez sur le milieu F la perpendiculaire F f; élevez fur le milieu des parties F D, F H, deux autres perpendiculaires G a, E N: G E sera le diametre du cerveau; c'est - à - dire què le diametre du cerveau sera la moitié de celui de la cloche, & qu'il aura le diamétre d'une cloche qui sonneroit l'octave de celle dont il est le cerveau.
Divisez la ligne H D diametre de la cloche en 15 parties égales, & vous aurez C 1 épaisseur du bord; divisez une de ces quinze parties égales en trois autres parties égales, & formez - en une échelle qui contienne quinze bords ou quarante - cinq tiers de bords ou corps: la longueur de cette échelle sera égale au diametre de la cloche.
Prenez sur l'échelle avec le compas douze bords; portez une des pointes de votre compas en D; décrivez de cette ouverture un arc qui coupe la ligne E e au point N; tirez la ligne D N; divisez cette ligne en douze parties égales, ou bords 1, 2, 3, 4, 5, &c. élevez au point 1 la perpendiculaire C 1; faites C 1 égale à 1, 0, & vous aurez l'épaisseur C 1 du bord de la cloche que vous voulez fondre, égale à la quinzieme partie du diametre, & telle qu'on a trouvé par l'expérience qu'elle devoit être dans une cloche sonore: tirez la ligne C D qui achevera de terminer la patte C D 1; élevez au point 6 sur le milieu de la ligne D N, la perpendiculaire 6 K; prenez sur l'échelle un bord & demi; portez - le de 6 en K sur la ligne 6 K, & vous aurez le point K.
Il s'agit maintenant de tracer les arcs qui finiront le profil de la cloche: il faut prendre différens centres. Ouvrez votre compas de trente bords, ou du double du diametre de la cloche; portez une des pointes en N, & décrivez un arc de cercle; portez la même pointe en K, & de la même ouverture décrivez un autre arc de cercle qui coupe le premier; le point d'intersection de ces deux arcs sera le centre de l'arc N K. De ce centre & du rayon 30 bords, décrivez l'arc N K; prenez sur la perpendiculaire 6 K la partie K B égale à un corps, & du même centre & d'un rayon 30 bords plus un corps, décrivez un are A B parallele au premiet N K.
Pour tracer l'arc B C, ouvrez votre compas de douze bords, cherchez un centre, & de ce centre & de l'ouverture douze bords, décrivez l'arc B C, comme vous avez décrit l'arc N K ou A B.
Il y a plusieurs manieres de tracer l'arc K p: il y en a qui le décrivent d'un centre distant de neuf bords des points p & K; d'autres, d'un centre seulement éloigné de sept bords des mêmes points: c'est la méthode que nous suivrons.
Mais il faut auparavant trouver le point p, quand on veut donner à la cloche l'arrondissement p 1; ce que quelques fondeurs négligent: ceux - ci font le centre distant de sept ou de neuf bords des points K, 1; la cloche en devient plus legere en cet endroit: mais la bonne méthode, sur - tout pour les grandes cloches, c'est de leur pratiquer un arrondissement p 1.
Pour former l'arrondissement p 1, il faut tracer du point C, comme centre, & du rayon C 1, l'arc 1 p n, & élever sur le milieu de la portion 1, 2 de la ligne D N, la perpendiculaire p m; cette perpendiculaire coupera l'arc 1 p n au point m, où doit se terminer l'arrondissement 1 p.
Le point p étant trouvé, des points K & p, & d'une ouverture de compas de sept bords, cherchez un
Au reste cette description n'est pas si rigoureuse qu'on ne puisse y apporter quelques changemens. Il y a des fondeurs qui placent les faussures K un tiers de bord plus bas que le milieu de la ligne D N; d'autres font la patte C 1 D plus aiguë par en - bas; au lieu de tirer la perpendiculaire 1 C à la ligne D N par le point 1, ils tirent cette perpendiculaire par un sixieme de bord plus haut, ne lui accordant toutefois que la même longueur d'un bord; d'où il arrive que la ligne 1 D est plus longue que le bord C 1: il y en a qui arrondissent les angles A, N, que forment les côtés intérieurs & extérieurs de la cloche avec ceux du cerveau.
Il s'agit maintenant de tracer le cerveau N a: pour cet effet, prenez avec le compas huit bords; des pointes N & D, comme centres, décrivez des arcs qui s'entre - coupent au point 8; du point d'intersection 8, & du rayon huit bords, décrivez l'arc N b; ce sera la courbe extérieure du cerveau: du même point 8 comme centre, & du même intervalle huit bords moins un tiers de bord, décrivez l'arc A e; A e sera la courbe intérieure du cerveau, qui aura un corps d'épaisseur,
Le point 8 ne se trouvant point dans l'axe de la cloche, on peut, si l'on veut, des points D & H du diametre, & d'une ouverture de compas huit bords, tracer deux arcs qui se couperont au point M, qu'on prendra pour centre des courbes du cerveau.
Quant à l'épaisseur Q, ou l'onde dont on le fortifie, on lui donnera un corps d'épaisseur ou environ; cette fourniture de métal consolidera les anses R qui lui sont adhérentes. On donnera aux anses àpeu - près un sixieme du diametre de la cloche.
Il résulte de cette construction que le diametre du cerveau n'étant que la moitié de celui de la cloche, sonnera l'octave au - dessus de celle des bords ou extrémités. Le son d'une cloche n'est pas un son simple, c'est un composé des différens tons rendus par les différentes parties de la cloche, entre lesquels les fondamentaux doivent absorber les harmoniques, comme il arrive dans l'orgue; lorsqu'on touche à la fois l'accord parfait ut, mi, sol, on fait resoner ut, mi, sol; mi, sol >, si; sol, si, ré; cependant on n'entend que ut, mi, sol.
Le rapport de la hauteur de la cloche à son diametre est comme 12 à 15, ou dans le rapport d'un son fondamental à sa tierce majeure; d'où l'on conclut que le son de la cloche est composé principalement du son de ses extrémités ou bords, comme fondamental, du son du cerveau qui est à son octave, & de celui de la hauteur qui est à la tierce du fondamental.
Mais il est évident que ces dimensions ne sont pas les seules qui donnent des tons plus ou moins graves: il n'y a sur toute la cloche aucune circonférence qui ne doive produire un son relatif à son diametre & à sa distance du sommet de la cloche. Si à mesure que l'on remplit d'eau un verre, on le frappe, il rend successivement des sons différens. Il y auroit donc un beau problème à proposer aux Géometres; ce seroit de déterminer quelle figure il faut donner à une cloche, quel est l'accord qui absorberoit le plus parfaitement tous les sons particuliers du corps de la cloche, & quelle figure il faudroit donner à la cloche pour que cet effet fût produit le plus parfaitement qu'il seroit possible.
Quand la solution de ce problème se trouveroit un
peu écartée de son résultat dans la pratique, elle n'en
seroit pas moins utile. On prétend déterminer le son
d'une cloche par sa forme & par son poids; mais cela
est sujet à erreur: il faudroit faire entrer en calcul l'é<pb->
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