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Il ne faut pas considérer, dit M. Duhamel, si les grains de blé qu'on met en terre en produisent un plus grand nombre, lorsqu'on suit les principes de M. Tull; cette comparaison lui seroit trop favorable. Il ne faut pas non plus se contenter d'examiner si un arpent de terre cultivé suivant ses principes, produit plus qu'une même quantité de terre cultivée à l'ordinaire; dans ce second point de vûe, la nouvelle culture pourroit bien n'avoir pas un grand avantage sur l'ancienne.
Ce qu'il faut examiner, c'est 1°. si toutes les terres d'uné ferme cultivées, suivant les principes de M. Tull, produisent plus de grains que les mêmes terres n'en produiroient cultivées à l'ordinaire: 2°. si la nouvelle culture n'exige pas plus de frais que l'ancienne, & si l'accroissement de profit excede l'accroissement de dépense: 3°. si l'on est moins exposé aux accidens qui frustrent l'espérance du Laboureur, suivant la nouvelle méthode que suivant l'ancienne,
A la premiere question, M. Tull répond qu'un arpent produira plus de grain cultivé suivant ses principes, que selon la maniere commune. Distribuez, dit - il, les tuyaux qui sont sur les planches dans l'étendue des plates bandes, & toute la superficie de la terre se trouvera aussi garnie qu'à l'ordinaire: mais mes épis seront plus longs, les grains en seront plus gros, & ma récolte sera meilleure.
On aura peine à croire que trois rangées de froment placées au milieu d'un espace de six piés de largeur, puissent par leur fécondité suppléer à tout ce qui n'est pas couvert; & peut - être, dit M. Duhamel, M. Tull exagere - t - il: mais il faut considérer que dans l'usage ordinaire il y a un tiers des terres en jachere, un tiers en menus grains, & un tiers en froment; au lieu que suivant la nouvelle méthode, on met toutes les terres en blé: mais comme sur six piés de largeur on n'en emploie que deux, il n'y a non plus que le tiers des terres occupées par le froment. Reste à savoir si les rangées de blé sont assez vigoureuses, & donnent assez de froment, non - seulement pour indemniser de la récolte des avoines, estimée dans les fermages le tiers de la récolte du froment, mais encore pour augmenter le profit du Laboureur.
A la seconde question, M. Tull répond qu'il en coûte moins pour cultiver ses terres; & cela est vrai, si l'on compare une même quantité de terre cultivée par l'une & l'autre méthode: mais comme suivant la nouvelle il faut cultiver toutes les terres d'une ferme, & que suivant l'ancienne on en laisse reposer un tiers, qu'on ne donne qu'une culture au tiers des avoines, & qu'il n'y a que le tiers qui est en blés, qui demande une culture entiere, il n'est pas possible de prouver en faveur de M. Tull; reste à savoir si le profit compensera l'excès de dépense.
C'est la troisieme question; M. Tull répond que des accidens qui peuvent arriver aux blés, il y en a que rien ne peut prevenir, comme la grêle, les vents,
Mais voici quelque chose de plus précis: supposez deux fermes de trois cens arpens, cultivées l'une par une méthode, l'autre par l'autre; le fermier qui suivra la route commune divisera sa terre en trois soles, & il aura une sole de cent arpens en froment, une de même quantité en orge, en avoine, en pois, &c. & la troisieme sole en repos.
Il donnera un ou deux labours au lot des menus grains, trois ou quatre labours au lot qui doit rester en jachere, & le reste occupé par le troment ne sera point labouré. C'est donc six labours pour deux cens arpens qui composent les deux soles en valeur; ou, ce qui revient au même, son travail se réduit à labourer une fois tous les ans quatre ou six cens arpens.
On paye communément six francs pour labourer un arpent; ainsi, suivant la quantité de labours que le fermier doit donner à ses terres, il déboursera 2400 ou 3600 liv.
Il faut au moins deux mines & demie de blé, mesure de Petiviers, la mine pesant quatre - vingts livres, pour ensemencer un arpent. Quand ce blé est chotté, il se renfle & il remplit trois mines; c'est pourquoi l'on dit qu'on seme trois mines par arpent. Nous le supposerons aussi, parce que le blé de semence étant le plus beau & le plus cher, il en résulte une compensation. Sans faire de différence entre le prix du blé de récolte & celui de semence, nous estimons l'un & l'autre quatre liv. la mine; ainsi il en coûtera 1200 liv. pour les cent arpens.
Il n'y a point de frais pour ensemencer & herser les terres, parce que le laboureur qui a été payé des façons met le blé en terre gratis.
On donne pour scier & voiturer le blé dans la grange six livres par arpent; ce qui fait pour les cent arpens 600 liv.
Ce qu'il en coûte pour arracher les herbes ou sarcler, varie suivant les années; on peut l'évaluer à une liv. dix sous par arpent, ce qui fera 150 livres.
Il faut autant d'avoine ou d'orge que de blé pour ensemencer le lot qui produira ces menus grains: mais commeils sont à meilleur marché, les fermiers ne les estiment que le tiers du froment. 400. liv.
Les frais de semaille se bornent au roulage, qui se paye à raison de dix sous l'arpent. 50 liv.
Les frais de récolte se montent à 200 liv. le tiers des frais de récolte du blé. 200 liv.
Nous ne tiendrons pas compte des fumiers: 1°. parce que les fermiers n'en achetent pas; ils se contentent du produit de leur fourage: 2°. ils s'employent dans les deux méthodes, avec cette seule différence que dans la nouvelle méthode on fume une fois plus de terre que dans l'ancienne.
Les frais de fermage sont les mêmes de part & d'autre, ainsi que les impôts: ainsi la dépense du fermier qui cultive trois cens arpens de terre à l'ordinaire, se monte à 5000 liv. s'il ne donne que trois façons à ses blés, & une à ses avoines; ou à 6200 liv. s'il donne quatre façons à ses blés, & deux à ses avoines.
Voyons ce que la dépouille de ses terres lui donnera. Les bonnes terres produisant environ cinq fois la semence, il aura donc quinze cens mines, ou 6000 livres.
La récolte des avoines étant le tiers du froment, lui donnera 2000 liv.
Et sa récolte totale sera de 8000 liv. ôtez 5000 liv. de frais, reste 3000 liv. sur quoi il faudroit encore ôter 1200 liv. s'il avoit donné à ses terres plus de quatre façons.
On suppose que la terre a été cultivée pendant [p. 190]
On ne consume qu'un tiers de la semence qu'on a coûtume d'employer; ainsi cette dépense sera la même pour les 300 arpens que pour les 100 arpens du calcul précédent. 1200 liv.
Supposons que les frais de femence & de récolte soient les mêmes pour chaque arpent que dans l'hypothese précédente, c'est mettre les choses au plus fort, ce seroit pour les trois cens arpens 1800 liv.
Le sarclage ne sera pas pour chaque arpent le tiers de ce que nous l'avons supposé dans l'hypothese précédente; ainsi nous mettons pour les trois cens arpens 150 liv.
Toutes ces sommes réunies font 10350 liv. que le fermier sera obligé de dépenser, & cette dépense excede la dépense de l'autre culture de 5350 liv.
On suppose, contre le témoignage de M. Tull, que chaque arpent ne produira pas plus de froment qu'un arpent cultivé à l'ordinaire. J'ai mis quinze mines par arpent; c'est 4500 mines pour les trois cens arpens, à raison de quatre liv. la mine, 18000 liv. Mais si l'on ôte de 18000 l. la dépense de 10350 liv. restera à l'avantage de la nouvelle culture sur l'ancienne 4650 liv.
D'où il s'ensuit que quand deux, arpens cultivés suivant les principes de M. Tull, ne donneroient que ce qu'on tire d'un seul cultivé à l'ordinaire, la nouvelle culture donneroit encore 1650 livres par trois cens arpens de plus que l'ancienne. Mais un avantage qu'on n'a pas fait entrer en calcul, & qui est très - considérable, c'est que les récoltes sont moins incertaines.
Nous nous sommes étendus sur cet objet, parce qu'il importe beaucoup aux hommes. Nous invitons ceux à qui leurs grands biens permettent de tenter des expériences coûteuses, sans succès certain & sans aucun derangement de fortune, de se livrer à cellesci, d'ajoûter au parallele & aux conjectures de M. Duhamel les essais. Cet habile Académicien a bien senti qu'une légere tentative feroit plus d'effet sur les hommes que des raisonnemens fort justes, mais que la plûpart ne peuvent suivre, & dont un grand nombre, qui ne les suit qu'avec peine, se méfie toûjours. Aussi avoit - il fait labourer une piece quarrée oblongue de terre, dont il avoit fait semer la moitié à l'ordinaire, & l'autre par rangées éloignées les unes des autres d'environ quatre piés. Les grains étoient dans les rangées à six pouces les uns des autres. Ce petit champ fut semé vers la fin de Décembre. Au mois de Mars M. Duhamel fit labourer à la bêche la terre comprise entre les rangées: quand le blé des rangées montoit en tuyau, il fit donner un second labour, enfin un troisieme avant la fleur. Lorsque ce blé fut en maturité, les grains du milieu de la partie cultivée à l'ordinaire n'avoient produit qu'un, deux, trois, quatre, quelquefois cinq & rarement six tuyaux; au lieu que ceux des rangées avoient produit depuis dix - huit jusqu'à quarante tuyaux; & les épis en étoient encore plus longs & plus fournis de grains. Mais malheureusement, ajoûte M. Duhamel, les oiseaux dévorerent le grain avant sa maturité, & l'on ne put comparer les produits.
AGRIER (Page 1:190)
AGRIER, s. m. terme de Coûtume, est un droit ou
redevance seigneuriale, qu'on appelle en d'autres
coûtumes terrage. Voyez
AGRIGNON (Page 1:190)
* AGRIGNON, (Géog.) l'une des îles des Larrons ou Mariannes. Lat. 19. 40.
AGRIMENSATION (Page 1:190)
AGRIMENSATION, s. f. terme de Droit, par où l'on
entend l'arpentage des terres. V.
AGRIMONOIDE (Page 1:190)
AGRIMONOIDE, s. f. en Latin agrimonoides,
(Hist. nat.) genre d'herbe dont la fleur est en rose,
& dont le calice devient un fruit sec. Cette fleur est
composée de plusieurs feuilles qui sont disposées en
rond, & qui sortent des échancrures du calice. La
fleur & le calice sont renfermés dans un autre calice
découpé. Le premier calice devient un fruit oval &
pointu qui est enveloppé dans le second calice, &
qui ne contient ordinairement qu'une seule semence.
Tournefort, inst. rei herb. Voyez
AGRIPAUME (Page 1:190)
AGRIPAUME, s. f. en Latin cardiaca, (Hist. nat.)
herbe à fleur composée d'une seule feuille, & labiée:
la levre supérieure est pliée en gouttiere, & beaucoup
plus longue que l'inférieure qui est divisée en
trois parties. Il sort du calice un pistil qui tient à la
partie postérieure de la fleur comme un clou, & qui
est environné de quatre embrions; ils deviennent
ensuite autant de semences anguleuses qui remplissent
presque toute la cavité de la capsule qui a servi
de calice à la fleur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez
* Elle donne dans l'analyse chimique de ses feuilles & de ses sommités fleuries & fraîches, une liqueur limpide, d'une odeur & d'une saveur d'herbe un peu acide; une liqueur manifestement acide, puis austere; une liqueur rousse, imprégnée de beaucoup de sel volatil urineux; de l'huile. La masse noire restée dans la cornue laisse après la calcination & la lixiviation des cendres un sel fixe purement alkali. Cette plante contient un sel essentiel tartareux, uni avec beaucoup de soufre subtil & grossier. Elle a plus de réputation, selon M. Geoffroy, qu'elle n'en mérite. On l'appelle cardiaca, de l'erreur du peuple qui prend les maladies d'estomac pour des maladies de coeur. Le cataplasme de ses feuilles pilées & cuites, résout les humeurs visqueuses, & soulage le gonslement & la distension des hypochondres qui occasionnent la cardialgie des enfans. On lui attribue quelques propriétés contre les convulsions, les obstructions des visceres, les vers plats, & les lombrics; & l'on dit que prise en poudre dans du vin elle excite les urines & les regles, & provoque l'accouchement. Ray parle de la décoction d'agripaume ou de sa poudre seche mêlée avec du sucre, comme d'un remede merveilleux dans les palpitations, dans les maladies de la rate, & les maladies hystériques. Il y a des maladies des chevaux & des boeufs, dans lesquelles les Maquignons & les Maréchaux l'employent avec succes.
AGRIPPA (Page 1:190)
AGRIPPA, (Hist. anc.) nom que l'on donnoit
anciennement aux enfans qui étoient venus au monde
dans une attitude autre que celle qui est ordinaire
& naturelle, & sp>ialement à ceux qui étoient venus
les piés en devant. V.
Ils ont été ainsi appellés, selon Pline, parce qu'ils étoient oegrè parti, venus au monde avec peine.
De savans critiques rejettent cette étymologie,
parce qu'ils rencontrent ce nom dans d'anciens Auteurs Grecs, & ils le dérivent d'
AGRIS (Page 1:190)
* AGRIS, bourg de France dans la Généralité de Limogés.
AGROTERE (Page 1:190)
* AGROTERE, adj. (Myth.) nom de Diane,
ainsi appellée pa>e qu'elle habitoit perpétuellement
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