ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"309"> gner l'action de l'ouvrier sur cet instrument. Les Tanneurs chevalent ou quiossent. Voyez Quiosser & Tanner. Les Drapiers chevalent ou drousent. Voyez les articles Drap & Drouser. Les Corroyeurs chevalent les cuirs. Voyez Corroyer. Les Scieurs de bois chevalent ou placent sur des treteaux les pieces qu'ils ont à débiter en bois de sciage. Les Maçons entendent par chevaler un mur, l'étayer. Voy. Chevalement; & les Charpentiers par chevaler un pan de charpente, soit pour le redresser, soit pour l'avancer, soit pour le reculer, lui appliquer des étais doubles & arcboutés l'un contre l'autre. Voyez aussi aux articles Megissiers, Chamoiseurs, ce qu'ils entendent par chevaler, & l'article Chevalet.

CHEVALERIE (Page 3:309)

CHEVALERIE, s. f. (Hist. mod.) ce terme a bien des significations; c'est un ordre, un honneur militaire, une marque ou dégré d'ancienne noblesse, la récompense de quelque mérite personnel. Voyez Chevalier & Noblesse.

Il y a quatre sortes de chevalerie; la militaire, la réguliere, l'honoraire, & la sociale.

La chevalerie militaire est celle des anciens chevaliers, qui s'acquéroit par des hauts faits d'armes. Voyez Chevalier.

Ces chevaliers sont nommés milites dans les anciens titres: on leur ceignoit l'épée & on leur chaussoit les éperons dorés, d'où leur vient le nom de équites aurati, chevaliers dorés.

La chevalerie n'est point héréditaire: elle s'obtient. On ne l'apporte pas en naissant comme la simple noblesse; & elle ne peut point être révoquée. Les fils des rois & les rois même, avec tous les autres souverains, ont reçu autrefois la chevalerie, comme une marque d'honneur; on la leur conféroit d'ordinaire avec beaucoup de cérémonies à leur baptême, à leur mariage, à leur couronnement, avant ou après une bataille, &c.

La chevalerie réguliere est celle des ordres militaires où on fait profession de prendre un certain habit, de porter les armes contre les infideles, de favoriser les pélerins allant aux lieux saints, & de servir aux hôpitaux où ils doivent être reçus. Tels étcient jadis les Templiers, & tels sont encore les chevaliers de Malthe, &c. Voyez Templier, Malthe, &c.

La chevalerie honoraire est celle que les princes conserent aux autres princes, aux premieres personnes de leurs cours, & à leurs favoris. Tels sont les chevaliers de la jarretiere, du S. Esprit, de la toison d'or, de S. Michel, &c. Voyez Jarretiere, &c. mais cette chevalerie est aussi une affociation à un ordre qui a ses statuts & ses réglemens.

La chevalerie sociale est celle qui n'est pas fixe, ni confirmée par aucune institution formelle, ni réglée par des statuts durables. Plusieurs chevaleries de cette espece ont été faites pour des factions, des tournois, des masquarades, &c.

L'abbé Bernardo Justiniani a donné au commencement de son histoire des ordres de chevalerie, un catalogue complet de tous les différens ordres, qui selon lui, sont au nombre de 92. Favin en a donné deux volumes sous le titre de théatre d'honneur & de chevalerie. Ménénius publia les delicioe equestrium ordinum; & André Mendo a écrit de ordinibus militaribus. Beloy a traité de leur origine; & Gelyot, dans son indice armorial, nous en a donné les institutions. A ceux - là on peut ajoûter le Pere Menestrier sur la chevalerie ancienne & moderne. Le trésor militaire de Michieli. La theologia regolare de Caramuel. Origines equestrium sive militarium ordinum deMiraeus; & sur - tout l'Historie chronologiche del l'origine de gl'ordini militari, & di tuile le relligioni cavaleresche de Justiniani: l'édition la plus ample est celle de Venise en 1692. 2. vol. in - folio. On peut voir aussi le Pere Honoré de sainte Marie, Carme déchaussé, dans ses dissertations historiques & critiques sur la chevalerie ancienne & moderne; ouvrage qu'il a fait à la sollicitation de l'envoyé du duc de Parme, dont le souverain François, due de Parme & de Plaisance, cherchoit à ressusciter l'ordre de Constantin dont il se disoit le chef. (G) (c)

C'est dans les lois du combat judiciaire, voyez Champion, que l'illustre auteur de l'esprit des lois cherche l'origine de la chevalerie. Le desir naturel de plaire aux femmes, dit cet écrivain, produit la galanterie qui n'est point l'amour; mais le délicat, le leger, le perpétuel mensonge de l'amour. Cet esprit de galanterie dut prendre des forces, dit - il, dans le tems de nos combats judiciaires. La loi des Lombards ordonne aux juges de ces combats, de faire oter aux champions les herbes enchantées qu'ils pouvoient avoir. Cette opinion des armes enchantées étoit alors fort enracinée, & dut tourner la tête à bien des gens. De - là, le système merveilleux de la chevalerie; tous les romans se remplirent de magiciens, d'enchantemens, de héros enchantés; on faisoit courir le monde à ces hommes extraordinaires pour défendre la vertu & la beauté opprimées; car ils n'avoient en effet rien de plus glorieux à faire. De - là naquit la galanterie dont la lecture des romans avoit rempli toutes les têtes; & cet esprit se perpétua encore par l'usage des tournois. Voyez Tournois. (O)

Chevalerie. (Page 3:309)

Chevalerie. (Jurisprud.) Le cas de chevalerie, c'est - à - dire quand le seigneur fait son fils chevalier, est un de ceux où il peut dans certaines coûtumes lever la taille aux quatre cas. Voyez Taille aux quatre cas.

Aide de chevalerie, est la même chose que la taille qui se leve lorsque le seigneur fait son fils chevalier. Voyez Aide.

Chevalerie, (Page 3:309)

Chevalerie, terme de Coûtumes, se dit de quelques lieux, terres, ou métairies, chargés de logement de gens de guerre à cheval.

Chevalerie s'est aussi dit de certains fiefs ou héritages nobles, dont le tenancier devoit au seigneur l'hommage lige. (A)

CHEVALET (Page 3:309)

* CHEVALET, s. m. nom qu'on a donné à une infinité d'instrumens différens, dont nous parlerons dans la suite de cet article. Le chevalet ordinaire est une longue piece de bois soûtenue horisontale par quatre piés, dont deux sont assemblés entre eux & avec la piece à chacun de ses bouts; d'où il s'ensuit que cet assemblage a la forme d'un triangle dont les côtés sont les piés, où la piece de bois soûtenue est au sommet, & dont la base est une barre de bois qui empêche les piés de s'écarter. Les deux triangles sont paralleles l'un à l'autre; & la piece qu'ils soûtiennent projettée sur les bases des triangles, leur seroit perpendiculaire, & les diviseroit en deux parties égales.

Chevalet, (Page 3:309)

Chevalet, (Hist. anc.) c'étoit dans les anciens tems une sorte de supplice ou d'instrument de torture, pour tirer la vérité des coupables. Mais l'usage de ces sortes de supplices a été reprouvé par d'habiles jurisconsultes; & de nos jours, le roi de Prusse en a par ses lois aboli l'asage dans ses états. Il est souvent arrivé qu'un criminel qui avoit de la force & de la résolution, soûtcnoit les tortures sans rien avoüer; & souvent aussi l'innocent s'avoüoit coupable, ou dans la crainte des supplices, ou parce qu'il ne se sentoit pas assez de force pour les soûtenir. Le chevalet fut d'abord un supplice qui ne s'employoit que pour des esclaves: c'étoit une espece de table percée sur les côtés de rangées de trous, par lesquels passoient des cordes qui se rouloient ensuite sur un tourniquet. Le patient étoit appliqué à cette table. Mais par la suite on s'en servit pour tourmenter les [p. 310] Chrétiens. Les mains & les jambes du patient étant attachées sur le chevalet avec des cordes, on l'enlevoit & on l'étendoit de telle sorte que tous ses os en étoient disloqués: dans cet état on lui appliquoit sur le corps des plaques de fer rouge, & on lui déchiroit les còtés avec des peignes de fer qu'on nommoit ungula; pour rendre ces plaies plus sensibles, on les frottoit quelquefois de sel & de vinaigre, & on les r'ouvroit lorsqu'elles commençoient à se refermer. Les auteurs qui ont traité des tourmens des martyrs, en ont donné la figure, qui fait frémir l'humanité.

Cet instrument barbare n'a pas été inconnu aux modernes, non plus que la coûtume de mettre les accusés à la torture, pour tirer d'eux l'aveu de leurs crimes. Le duc d'Exeter, gouverneur de la Tour sous le regne d'Henri VI. avec le duc de Sussolk & d'autres, voulant introduire en Angleterre les lois civiles, commencerent par faire apporter dans la tour un chevalet, qui est un supplice que la loi civile ordonne en beaucoup de cas; & on l'y voit encore: on appella dans ce tems - là cet instrument, la fille du duc d'Exeter. (G) (a)

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, outil d'Arquebusier; c'est un instrument de fer ou d'acier long de six pouces, épais de deux, & large d'un, surmonté de deux petits piliers quarrés, qui y sont arrêtés à demeure en - dessous avec vis & écrou, longs aussi de six pouces, & larges & épais d'un demi - pouce; le pilier à gauche est perce par en - haut d'un trou rond, dans lequel se passe la broche d'une boite; l'autre pilier est coupé en deux, & les deux moitiés sont assemblées par une charniere perdue: un peu au - dessous de la charniere est un trou qui répond à l'autre trou de la branche gauche, & qui sert pour soûtenir l'autre côté de la broche qui traverse le chevalet. Cette branche fendue est fermée par en - bas avec une vis: au milieu de cette broche est la boite; cette broche sort un peu en - dehors du côté droit, & l'on y monte une fraise pour abattre les inégalités que l'on a faites dans le bassinet en les creusant avec la gouge. Les Arquebusiers posent ce chevalet dans l'étau, & font tourner la fraise dans le bassinet par le moyen de la boîte & de l'archet, à - peu - près comme les forets.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, barre à chevalet, joue de chevalet, chevalet à platine; voyez l'article Bas au métier.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, terme de Passementier - Boutonnier; c'est un pieu de bois d'environ quatre piés de hauteur, enfoncé en terre, qui a à son extrémité supérieure une poulie; à cette poulie est attaché un petit morceau de bois fait en forme de sifflet, qui à chacun de ses bouts a un crochet de fer tournant. Les Boutonniers s'en servent pour couvrir la cartisanne, & pour retordre la guipure.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, en termes de Cardeur, est une espece de prié - dieu qui porte une grosse droussette, sur laquelle l'ouvrier brise la laine ou le coton avec une autre qu'il tient dans sa main: ce qui rend cette opération aussi aisée que s'il falloit tenir les deux droussettes. Voyez Drapier, Droussette.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, (Chamoiseur.) représenté Planche du Chamoiseur, fig. 1. est composé de deux montans de bois de cinq piés de haut, sur lesquels est assemblée une traverse de même longucur. Cette traverse a une gouttiere dans toute sa longueur pour recevoir une regle de bois aussi longue, qui s'y ajuste parfaitement. C'est entre cette regle qui est mobile & la piece de bois à gouttiere fixe, qu'on fait passer une peau pour la travailler. La regle est tenue serrée par un coin qui entre dans un des montans.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, se dit, en Charpenterie, d'une piece de bois couchée en - travers sur deux autres pieces, auxquelles elle est perpendiculaire. Ce chevalet, le plus simple de tous, sert en une infinité d'occasions, mais sur - tout à soûtenir les planches qui servent de pont aux petites rivieres.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, en termes de Chauderonnier, est un ban garni de deux gros anneaux à chaque bout, où pasle & est retenue une sorte de bigorne à table & à boule, ou autre, par le moyen des coins dont on la serre autant qu'on veut. Voyez Pl.I. du Chauderonnier, fig. 13. & la fig. 7. qui représente un ouvrier qui travaille sur le chevalet.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, (Corderie.) il y en a de deux sortes, ceux des espadeurs & ceux des commetteurs, qui sont très - différens les uns des autres. Le premier est une simple planche assemblée verticalement au bout d'une piece de bois couchée par terre, qui lui sert de pié; le bout d'en - haut de cette planche est échancré demi - circulairement. Le second est un treteau, sur lequel il y a des chevilles de bois; il sert à supporter les torons & les cordons, pour les empêcher de porter à terre. Voyez l'article Corderif.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, terme de Corroyeur, e'est un instrument de bois sur lequel les Corroyeurs étendent leurs cuirs pour les drayer. Le chevalet est une planche assujettie obliquement sur un pié; ce pié est un assemblage de neut ou onze pieces de bois, dont deux ont trois piés de longueur, trois pouces de haut, & quatre de largeur. Ces deux pieces de bois sont posées par terre, & sont éloignées l'une de l'autre par quatre ou six petites traverses qui entrent dans l'une & dans l'autre. Au milieu de ces jumelles sont des mortoises, dans lesquelles on place deux montans de même grosseur & d'un pie de haut, qui sont joints par en - haut par une traverse aussi de même grosseur. La planche qui forme le chevalet se met entre deux des petits barreaux de bois par un bout, son milieu est appuyé sur la traverse d'en - haut, & le haut de la planche sert pour y étendre la peau ou cuir à drayer. Voyez la figure B. Planc. du Corroyeur, qui représente un ouvrier qui draye une peau sur le chevalet. Voyez l'article Corroyeur.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, est une machine dont se servent les Couvreurs pour soûtenir leurs échaffauds lorsqu'ils font des entablemens aux editices couverts en ardoise, & pour continuer de couvrir le reste du comble de même matiere; car pour la tuile ils n'en font point usage. Ils donnent encore le même nom à des paquets de natte de paille, qu'ils mettent sous leurs échelles lorsqu'ils les couchent sur les combles, & sur - tout sur ceux en ardoise.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, en termes de Doreur sur bois; espece d'échelle sur laquelle les Doreurs placent leurs quadres pour les dorer. Le chevalet est composé de trois branches, dont l'une joüe à volonté entre les deux autres, & se nomme queue; & les deux de devant sont retenues ensemble par deux traverses, dont celle du bas est plus large que celle d'en - haut. Ces deux derniers piés ou branches du chevalet sont percés presque dans toute leur longueur de plusieurs trous, où l'on fiche des chevilles qui retiennent les pieces, selon leur grandeur, devant le chevalet. Voyez les fig. 3. & 12. Planc. du Doreur.

Chevalet, (Page 3:310)

Chevalet, (Hydr.) en terme de Méchanique, est un treteau qui sert à échassauder, scier de long, & porter des tringles de ser dans une machine hydraulique. (K)

Chevalet du tympan, (Page 3:310)

Chevalet du tympan, terme d'Imprimerie; c'est une petite barre de bois aussi longue que le tympan est large, assemblée en - travers sur deux petites barres de bois qui sont enchassées à plomb dans des mortoises derriere le tympan, sur la planche du cosfre. Ce chevalet sert à soûtenir & reçoit le tympan, étant un peu courbé en forme de pupitre, lorsque l'ouvrier est occupé à y poser sa feuille, ou qu'au sortir dé dessous la platine, il releve le tympan sur

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