ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"250"> mens. Le bien public est le but des unes & des autres. Les peines & les châtimens sont sujets à pécher par excès ou par défaut. Comme il n'y a aucun rapport entre la douleur du châtiment & de la peine, & la malice de l'action, il est évident que la distribution des peines & des châtimens, relative à l'énormité plus ou moins grande des fautes, a quelque chose d'arbitraire; & que, dans le fond, il est tout aussi incertain si l'on s'acquitte d'un service par une bourse de loüis, que fi l'on fait expier une insulte par des coups de bâton on de verges; mais heureusement, que la compensation soit un peu trop forte, ou trop foible, c'est une chose assez indissérente, du moins par rapport aux peines en général, & par rapport aux châtimens désignés par les regles des petites sociétés. On a connu ces regles, en se faisant membre de ces sociétés; on en a même connu les inconvéniens; on s'y est soûmis librement; il n'est plus question de reclamer contre la rigueur. Il ne peut y avoir d'injustices que dans les cas où l'autorité est au - dessus des lois, soit que l'autorité soit civile, soit qu'elle soit domestique. Les supérieurs doivent alors avoir présente à l'esprit, la maxime, summum jus, summa injuria; peser bien les circonstances de l'action; comparer ces circonstances avec celles d'une autre action, où la loi a prescrit la peine ou le châtiment, & mettre tout en proportion; se ressouvenir qu'en prononçant contre autrui, on prononce auffi contre soi - même, & que si l'équité est quelquefois sévere, l'humanité est toûjours indulgente; voir les hommes plûtôt comme foibles que comme méchans; penser qu'on fait souvent le rolle de juge & de partie; en un mot se bien dire à soi - même que la nature n'a rien institué de commun entre des choses dont on prétend compenser les unes par les autres, & qu'à l'exception des cas où la peine du talion peut avoir lieu, dans tous les autres on est presque abandonné au caprice & à l'exemple.

Chatimens militaires, (Page 3:250)

Chatimens militaires, sont les peines qu'on impose à ceux qui suivent la profession des armes, lorsqu'ils ont manqué à leur devoir.

Les Romains ont porté ces châtimens jusqu'à la plus grande rigueur. Il y a eu des peres qui ont fait mourir leurs enfans; entr'autres le dictateur Posthumius qui fit exécuter à mort son propre fils, après un combat où il avoit défait les ennemis, parce qu'il avoit quitté son poste sans attendre ses ordres. Lorsqu'il arrivoit qu'un corps entier, par exemple une cohorte, avoit abandonné son poste, c'étoit, selon Polybe, un châtiment assez ordinaire de la décimer par le sort, & de faire donner la bastonnade à ceux sur qui le malheur étoit tombé. Le reste étoit puni d'une autre maniere; car au lieu de blé, on ne leur donnoit que de l'orge, & on les obligeoit de loger nors du camp exposés aux insultes des ennemis.

Les François, lors de l'origine ou du commencement de leur monarchie, userent aussi d'une grande séverité pour le maintien de la police militaire; mais cette séverité s'est insensiblement adoucie. On se contente de punir les officiers que la crainte ou la lâcheté ont fait abandonner de bons postes, par la dégradation des armes & de la noblesse.

Le capitaine Franget ayant été assiégé dans Fontarabie, sous François I. en 1523, & s'étant rendu au bout d'un mois, quoique rien ne lui manquât pour soûtenir un plus long siége; après la prise de la place il fut conduit à Lyon, & mis au conseil de guerre; il y fut déclaré roturier, lui & tous ses descendans, avec les cérémonies les plus infamantes.

M. du Pas ayant en 1673 rendu Naerden au prince d'Orange, après un siége de huit jours, qu'on prétendit qu'il pouvoit prolonger beaucoup plus de tems, fut aussi mis au conseil de guerre après la prise de la place, & dégradé de noblesse & des armes, pour s'être rendu trop tôt. Il obtint l'année d'ensmite de servir à la défense de Grave, où il fut tué, apres avoir fait de belles actions qui rétablirent sa réputation. Ces sortes d'exemples sont beaucoup plus communs en Allemagne qu'en France. M. le comte Dar, co, ayant rendu Brisack en 1703, apres 13 jours de tranchée ouverte, fut condamné à avoir la tête tranchée, ce qui fut exécuté.

Le maréchal de Crequi étant assiégé dans Treves après la perte de la bataille de Consarbick, & quelques officiers de la garnison ayant traité avec l'ennemi pour lui remettre la ville, ce qu'ils exécuterent malgré ce maréchal: la garnison ayant été conduite à Metz, les officiers les plus coupables furent condamnés à avoir la tête tranchée; les autres furent dégradés de noblesse, & l'on décima aussi les soldats, parce que M. de Crequi s'étant adressé à eux, ils avoient refusé de lui obéir.

La desertion se punit en France par la peine de mort. On fait passer les soldats par les armes; mais s'il y en a plus de trois pris ensemble, on les fait tirer au sort. Voyez Deserteur.

Il y a des crimes pour lesquels on condamne les soldats au foüet; il y en a d'autres plus legers pour lesquels on les met sur le cheval de bois C'est ainsi qu'on appelle deux planches mises en dos d'âne, terminées par la figure d'une tête de cheval, élevées sur deux treteaux dans une place publique, où le soldat est comme à cheval avec beaucoup d'incommodité, exposé à la vûe & à la dérision du peuple. On lui pend quelquefois des fusils aux jambes, pour l'incommoder encore davantage par ce poids.

C'est encore un châtiment usité que celui des baguettes. Le soldat a les épaules nues, & on le fait passer entre deux haies de soldats qui le frappent avec des baguettes. Ce châtiment est infamant, & l'on n'y condamne les soldats que pour de vilaines actions. On les casse & on les chasse quelquefois de la compagnie après ce supplice. (Q)

CHATOIER (Page 3:250)

* CHATOIER, verb. neut. (Lithol.) expression tirée de l'oeil du chat, & transportée dans la connoissance des pierres. C'est montrer dans une certaine exposition à la lumiere, un ou plusieurs rayons brillans, colorés ou non colorés, au - dedans ou à la surface, partant d'un point comme centre, s'étendant vers les bords de la pierre, & disparoissant à une autre exposition à la lumiere.

CHATON (Page 3:250)

CHATON, s. m. flos amentaceus, julus, terme de Botanique, par lequel on désigne les fleurs stériles. Il y en a qui ne sont composées que d'étamines ou de sommets, d'autres qui ont aussi de petites feuilles: ces parties sont attachées à un axe en forme de poincon ou de queue de chat, d'où vient le mot de chaton. Cette fleur est toûjours séparée du fruit, soit qu'elle se trouve sur un individu différent de celui qui porte le fruit, soit que la même plante produise la fleur & le fruit. Voyez Plante. (I)

Chaton, (Page 3:250)

* Chaton, (Bijout.) c'est la partie d'une monture de pierreries d'une bague, &c. qui contient le diamant, qui l'environne en - dessous, & dont les bords sont sertis sur la pierre.

CHATOUILLEMENT (Page 3:250)

CHATOUILLEMENT, s. m. (Physiolog.) espece de sensation hermaphrodite qui tient du plaisir quand elle commence, & de la douleur quand elle est extrème. Le chatouillement occasionne le rire; il devient insupportable, si vous le poussez loin; il peut même être mortel, si l'on en croit plusieurs histoires.

Il faut donc que cette sensation consiste dans un ébranlement de l'organe du toucher qui soit leger, comme l'ébranlement qui fait toutes les sensations voluptueuses, mais qui soit cependant encore plus vif, & même assez vif pour jetter l'ame & les nerss dans des agitations, dans des mouvemens plus violens, que ceux qui accompagnent d'ordinaire le [p. 251] plaisir; & par - là cet ébranlement approche des secousses qui excitent la douleur.

L'ébranlement vif qui produit le chatouillement, vient 1° de l'impression que fait l'objet, comme lorsqu'on passe légerement une plume sur les levres: 2° de la disposition de l'organe extrèmement sensible, c'est - à - dire des papilles nerveuses de la peau, très - nombreuses, très - susceptibles d'ébranlement, & fournies de beaucoup d'esprits; c'est pourquoi il n'y a de chatouilleux que les tempéramens très - sensibles, très - animés, & que les endroits du corps qui sont les plus fournis de nerfs.

L'organe peut être encore rendu sensible, comme il faut qu'il soit pour le chatouillement, par une disposition légerement inflammatoire: c'est à cette cause qu'il faut rapporter les démangeaisons sur lesquelles une légere friction fait un si grand plaisir; mais ce plaisir, comme le chatouillement, est bien voisin de la douleur.

Outre ces dispositions de l'objet & de l'organe, il entre encore dans le chatouillement beaucoup d'imagination, aussi - bien que dans toutes les autres sensations.

Si l'on nous touche aux endroits les moins sensibles avec un air marqué de nous chatouiller, nous ne pouvons le supporter; si au contraire on approche la main de notre peau sans aucune façon, nous n'en sentirons pas une grande impression: aux endroits même les plus chatouilleux, nous nous y toucherons nous - mêmes avec la plus grande tranquillité. La surprise ou la défiance est donc une circonstance nécessaire aux dispositions des organes & de l'objet pour le chatouillement.

Ce sentiment de l'ame porte une plus grande quantité d'esprits dans ces organes, & dans tous les muscles qui y ont rapport; elle les y met en action, & par - là elle rend & l'organe plus tendu, plus sensisible, & les muscles prêts à se contracter à la moindre impression. C'est une espece de terreur dans l'organe du toucher. Voyez les articles Sensations, Plaisir, Douleur, Nerf, Sympathie, Tact. Cet article est de M. le chevalier de Jaucourt.

CHATOUILLER (Page 3:251)

CHATOUILLER de l'éperon, en termes de Manege; c'est s'en ervir légerement. Voyez Éperon.

Chatouiller (Page 3:251)

Chatouiller le remede, (à la Monnoie.) se dit dans le cas où le directeur approchant de très - près le remede de loi, la différence en est infiniment petite. Voyez Remede de loi.

CHATOUILLEUX (Page 3:251)

CHATOUILLEUX, adj. terme de Alanege: on appelle cheval chatouilleux, celui qui pour être trop sensible à l'éperon & trop fin, ne le fait pas franchement, & n'y obéit pas d'abord, mais y résiste en quelque maniere, se jettant dessus lorsqu'on approche les éperons pour le pincer. Les chevaux chatouilleux ont quelque chose des ramingues, excepté que le ramingue recule, saute, & rue pour ne pas obéir aux éperons; au lieu que le chatouilleux y résiste quelque tems, mais obéit ensuite, & va beaucoup mieux par la peur d'un jarret vigoureux, lorsqu'il sen le cavalier étendre la jambe, qu'il ne va par le coup même. Voyez Ramingue.

CHAT - PARD (Page 3:251)

CHAT - PARD, s. m. catus pardus, animal quadrupede dont le nom & la figure ont fait croire qu'il étoit engendré par le mêlange d'un léopard & d'une chatte, ou d'un chat & d'une panthere. Cette opinion a été soutenue par les anciens, quoiqu'il y ait une grande différence entre ces deux sortes d'animaux pour leur grosseur & pour la durée du tems de leur portée. On a décrit dans les Mém. de l'acad. roy. des Sciences, un chat - pard qui n'avoit que deux piés & demi de longueur depuis le bout du museau jusqu'au commencement de la queue; sa hauteur n'étoit que d'un pié & demi depuis le bout des pattes de devant jusqu'au haut du dos: la queue n'avoit que huit pouces de longueur. Il étoit à l'extérieur fort ressemblant au chat, excepté que sa queue étoit un peu moins longue, & que le cou paroissoit plus court, peut - être parce qu'il étoit extraordinairement gras. Le poil étoit un peu plus court que celui du chat, mais aussi gros à proportion de la longueur. Tout le corps de cet animal étoit roux, à l'exception du ventre & du dedans des jambes qui étoient de couleur isabelle, & du dessous de la gorge & de la mâchoire inférieure qui étoit blanc. Il y avoit sur la peau des taches noires de différentes figures; elles étoient longues sur le dos, & rondes sur le ventre & sur les pattes, à l'extrémité desquelles ces taches étoient fort petites, & placées près les unes des autres. Il y avoit des bandes fort noires qui traversoient les oreilles, qui étoient au reste très - semblables à celles du chat: elles avoient même la membrane double, qui forme une sinuosité au côté du dehors. Les poils de la barbe étoient plus courts que ceux du chat, & il n'y en avoit point de longs aux sourcils & aux joues. Ce chat - pard étoit mâle; on trouva un défaut d'organes dans les parties de la génération, & on le regarda comme un vice de conformation particulier à ce sujet. On dit que cet animal n'est pas trop féroce, & qu'on l'apprivoise aisément. Mém. de l'acad. roy. des Sc. tom. III. part. I. Synop. anim. quad. Ray. Voyez Quadrupede; voyez aussi Chat. (I)

CHATRE (Page 3:251)

CHATRE, (la) Géog. petite ville de France en Berri sur l'Indre. Long. 19. 36. lat. 46. 35.

CHATRES ou ARPAJON (Page 3:251)

CHATRES ou ARPAJON, (Géog.) petite ville de l'ile de France dans le Hurepoix, sur la riviere d'Orge.

CHATRÉ (Page 3:251)

CHATRÉ, (Med.) voyez Eunuque.

Chatré. (Page 3:251)

Chatré. (Medecine, Diette.) Les animaux chatrès adultes fournissent à nes tables une viande plus tendre, plus délicate, & plus succulente que celle des animaux de la même espece qui n'ont pas essuyé la castration. Cette opération perpétue pour ainsi dire, l'enfance de ces animaux (voy. Eunuque); & c'est aussi dans cette vúe qu'on la pratique sur les seuls animaux domestiques, destinés à être mangés dans un âge un peu avancé, ou lorsqu'ils auront leur accroissement parfait, comme le boeuf, le mouton, le cochon, le chapon, &c. Elle est inutile pour ceux que nous mangeons avant leur adolescence, comme le pigeonneau, le canneton, &c.

Au reste, la pratique de chatrer les animaux destinés à la nourriture des hommes est très - ancienne parmi eux, du moins chez les nations civilisées: car les Cannibales ne se sont pas avisés encore de chatrer les prisonniers qu'ils engraissent pour leurs festins. Voyez Castration & Chatrer. (b)

CHATRER (Page 3:251)

CHATRER, v. act. en général, c'est priver un animal de fes testicules. Voy. Castration. On se sert du même verbe quelquefois au figuré, & l'on dit aussi - bien chatrer un arbre qu'un cheval.

Chatrer (Page 3:251)

Chatrer un cheval, c'est lui ôter les testicules. On châtre de deux façons, ou avec le feu, ou avec le caustic. Voici comment on s'y prend avec le feu. L'opérateur fait mettre à sa portée deux seaux pleins d'eau, un pot à l'eau, deux couteaux de feu quarrés par le bout sur le feu du rechaut, du sucre en poudre, & plusieurs morceaux de résine, son bistouri, & ses morailles.

Après avoir abattu le cheval, on lui leve le pié de derriere jusqu à l'épaule, & on l'arrête par le moyen d'une corde qui entoure le cou, & revient se noüer au pié.

Le chatreur se mettant à genoux derriere la croupe, prend le membre, le tire autant qu'il peut, le lave & le décrasse, aussi - bien que le fourreau & les testicules; après quoi il empoigne & serre au - dessus d'un testicule, & tendant par ce moyen la peau de

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.