ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"210"> de perdre un oeil dans telle bataille, au service de la patrie.

Chaque nation a ses charlatans; & il paroît que par - tout ces hommes mettent autant de soin à étudier le foible des autres hommes, que les véritables Medecins à connoître la nature des remedes & des maladies. Et en quelque lieu du monde qu'on soit, il n'y en a presque pas un qu'on ne puisse reconnoître au passage de Plaute que nous avons cité plus haut, & congédier avec la recette suivante. Elle est d'un seigneur Anglois; il étoit dans son lit cruellement tourmenté de la goutte, lorsqu'on lui annonça un charlatan qui avoit un remede sûr contre ce mal. Le lord demanda si le docteur étoit venu en carrosse, ou à pié: à pié, lui répondit le domestique. « Eh bien, répliqua le malade, va dire à ce fripon de s'en retourner; car s'il avoit le remede dont il se vante, il rouleroit en carrosse à six chevaux; & je le serois allé chercher, moi, & lui offrir la moitié de mon bien pour être délivré de mon mai ».

Cet article est l'extrait d'un excellent mémoire de M. le Chevalier de Jaucourt, que les bornes de cet ouvrage nous forcent à regret d'abréger.

CHARLATANNERIE (Page 3:210)

* CHARLATANNERIE, s. f. c'est le titre dont on a décoré ces gens qui élevent des treteaux sur les places publiques, & qui distribuent au petit peuple des remedes auxquels ils attribuent toutes sortes de propriétés. Voyez Charlatan. Ce titre s'est généralisé depuis, & l'on a remarqué que tout état avoit ses charlatans; ensorte que dans cette acception générale, la charlatannerie est le vice de celui qui travaille à se faire valoir, ou lui - même, ou les choses qui lui appartiennent, par des qualités simulées. C'est proprement une hypocrisie de talens ou d'état. La différence qu'il y a entre le pédant & le charlatan, c'est que le charlatan connoît le peu de valeur de ce qu'il surfait, au lieu que le pédant surfait des bagatelles qu'il prend sincerement pour des choses admirables. D'où l'on voit que celui - ci est assez souvent un sot, & que l'autre est toûjours un fourbe. Le pédant est dupe des choses & de lui - même; les autres sont au contraire les dupes du charlatan.

CHARLEMONT (Page 3:210)

CHARLEMONT, (Géog.) ville forte d'Irlande, dans la province d'Ulster, sur la riviere de Blaekwater. Long. 10. 40. lat. 54. 20.

Charlemont, (Page 3:210)

Charlemont, (Geog.) ville forte des Paysbas, au comté de Namur, sur la Meuse. Long. 22. 24. lat. 50. 5.

CHARLEROI (Page 3:210)

CHARLEROI, (Géog.) ville forte des Pays - bas Autrichiens, au comté de Namur, sur la Sambre. Long. 24. 14. lat. 50. 20.

CHARLESFORT (Page 3:210)

CHARLESFORT, (Géog.) ville & colonie des Anglois, dans l'Amérique septentrionale, à la baye de Hudson.

CHARLESTOWN (Page 3:210)

CHARLESTOWN, (Géog.) Il y a deux villes de ce nom dans l'Amérique septentrionale; l'une dans la Caroline, & l'autre dans l'île de la Barbade. La premiere est sur la riviere d'Ashley. Long. 297. 55. lat 32. 50.

CHARLEVILLE (Page 3:210)

CHARLEVILLE, (Géog.) ville de France en Champagne, dans le Rhetelois, sur la Meuse. Long. 22. 10. lat. 49. 50.

CHARLIEU (Page 3:210)

CHARLIEU, (Géog.) petite ville de France dans le Mâconnois, sur les confins du Beaujolois & de la Bourgogne, près de la Loire. Long. 21. 40. lat. 46. 15.

CHARME (Page 3:210)

CHARME, voyez Appas.

Charme, Enchantement, Sort, (Page 3:210)

* Charme, Enchantement, Sort, (Synonymes Gram.) termes qui marquent tous trois l'effet d'une opération magique, que la religion condamne, & que l'ignorance des peuples suppose souvent où elle ne se trouve pas. Si cette opération est appliquée à des êtres insensibles, elle s'appellera charme: on dit qu'un fusil est charmé; si elle est appliquée à un être intelligent, il sera enchanté: si l'enchante<cb-> ment est long, opiniâtre, & cruel, on sera ensorcelé.

Charme, (Page 3:210)

* Charme, s. m. (Divinat.) pouvoir, ou caractere magique, avec lequel on suppose que les sorciers font, par le secours du démon, des choses merveilleuses, & fort au - dessus des forces de la nature. Voyez Magie & Magique.

Ce mot vient du Latin carmen, vers, poésie; parce que, dit - on, les conjurations & les formules des magiciens étoient conçûes en vers. C'est en ce sens qu'on a dit: Carmina vel clo possunt deducere lunam.

On comprend parmi les charmes, les philacteres, les ligatures, les maléfices, & tout ce que le peuple appelle sorts. Voyez Philactere, Ligature, &c.

La crédulité sur cet article a été de tous les tems, ou du moins il y a eu de tout tems une persuasion universellement répandue, que des hommes pervers, en vertu d'un pacte fait avec le démon, pouvoient causer du mal, & la mort même à d'autres hommes, sans employer immédiatement la violence, le fer, ou le poison; mais par certaines compositions accompagnées de paroles, & c'est ce qu'on appelle proprement charme.

Tel étoit, si l'on en croit Ovide, le tison fatal à la durée duquel étoit attachée celle des jours de Méléagre. Tels étoient encore les secrets de Medée, au rapport du même auteur:

Devovet absentes, simulacraque cerea fingit; Et miserum tenues in jecur urget acus.

Horace, dans la description des conjurations magiques de Sagane & de Canidie, fait aussi mention des deux figures; l'une de cire, & l'autre de laine, dont celle - ci, qui représentoit la sorciere, devoit persécuter & faire périr la figure de cire.

Lanea & effigies erat, altera cerea, major Lanea qu pnis compesceret inferiorem. Cerea simpliciter stabat, servilibus, utque Jam peritura, modis.

Tacite, en parlant de la mort de Germanicus, qu'on attribuoit aux maléfices de Pison, dit qu'on trouva sous terre, & dans les murs, divers charmes. Reperiebantur solo & parietibus eruct humanorum corporum reliqui, carmina & devotiones, & nomen Germanici plumbeis tabulis insculptum, semi - usti cineres, & tabo obliti, aliaque maleficia, queis creditur animas numinibus infernis sacrari. On sait que du tems de la ligue, les furieux de ce parti, & même des prêtres, avoient poussé la superstition jusqu'à faire faire de petites images de cire qui représentoient Henri III. & le roi de Navarre; qu'ils les mettoient sur l'autel, & les perçoient pendant la messe quarante jours consécutifs, & le quarantieme jour les perçoient au coeur, imaginant que par - là ils procureroient la mort à ces princes. Nous ne citons que ces exemples, & dans cette seule espece, entre une infinité d'autres de toutes les sortes, qu'on rencontre dans les historiens & dans les auteurs qui ont traité de la magie. On peut sur - tout consulter à cet égard Delrio disquisit. magicar. lib. III. part. j. qust. iv. sect. 5. en observant toutefois que Delrio adopte tous les faits sur cette matiere avec aussi peu de précaution que Jean W yer, Protestant, Medecin du duc de Cleves, qui a beaucoup écrit sur le même sujet, en apporte à les rejetter, ou à les attribuer à des causes naturelles. Ce qui n'empêche pas que Bodin, dans sa démonomanie, ne regarde W yer comme un insigne magicien. Croire tout ou ne rien croire du tout, sont des extrèmes également dangereux sur cette matiore délicate, que nous nous contentons d'indiquer, & qui demanderoit, pour être approfondie, un tems & des recherches que la nature de cet ou vrage ne comporte pas.

Pour donner un exemple des charmes magiques, nous en rapporterons un par lequel on prétend qu'il [p. 211] 'est exécuté des choses fort singulieres en fait d'empoisonnement de bestiaux, de maladies aigues, & de douleurs causées à différentes personnes. Le voici tel qu'il a été décrit par un fameux sorcier nommé Bras - de - fer, au moment qu'il alloit subir son supplice en France. Il fut, dit - on, exécuté à Provins il y a 50 ans: ce que nous n'obligeons personne à croire.

On prend une terrine neuve vernissée, qu'il faut n'avoit ni achetée ni marchandée; on y met du sang de mouton, de la laine, du poil de différens animaux, & des herbes venimeuses, qu'on mêle ensemble, en faisant plusieurs grimaces & cérémonies superstitieuses, en proférant certaines paroles, & en invoquant les démons. On met ce charme caché dans un endroit voisin de celui auquel on veut nuire, & on l'arrose de vinaigre, suivant l'effet qu'il doit produire. Ce charme dure un certain tems, & ne peut être emporté que par celui qui l'a mis, ou quelque puissance supérieure. Voyez Sorcier. (G)

Charme; (Page 3:211)

Charme; (Medec.) voy. Medecine magique.

Charme, (Page 3:211)

Charme, voyez Enchantement.

Charme, (Page 3:211)

Charme, s. f. (Hist. nat.) carpinus, genre d'arbre qui porte des chatons composés de plusieurs petites feuilles qui sont attachées en forme d'écailles à un axe, & qui couvrent chacune plusieurs étamines. Les embryons naissent sur le même arbre séparément des fleurs, & se trouvent entre les petites feuilles d'un épi qui devient dans la suite plus grand & plus beau. Alors au lieu d'embryon il y a des fruits osseux, marqués pour l'ordinaire d'un ombilic applati & cannelé. Ils renferment une semence arrondie, & terminée en pointe. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Ce grand arbre est fort commun dans les forêts, mais on en fait pou de cas: dans son état naturel il n'a nulle beauté; il paroît vieux & chenu dès qu'il a la moitié de son âge, & il devient rarement d'une bonne grosseur. Son tronc court, mal proportionné, est remarquable sur - tout par des especes de cordes qui partent des principales racines, s'étendent le long du tronc, & en interrompent la rondeur. Son écorce blanchâtre, & assez unie, est ordinairement chargée d'une mousse brune qui la dépare. La ête de cet arbre, trop grosse pour le tronc, n'est qu'un amas de branches foibles & confuses, parmi lesquelles la principale tige se trouve confondue; & la feuille, quoique d'un beau verd, étant petite, ne répond nullement à la grandeur de l'arbre ensorte que si à cette apparence ingrate, on ajoûte sa qualité de résister aux expositions les plus froides, de réussir dans les plus mauvais terreins, & d'être d'un bois rebours & des plus durs; ne pourroit - on pas considérer le charme entre les arbres, comme on regarde un Lappon parmi les hommes? Cependant en ramenant cet arbre à un état mitoyen, & en le soûmettant à l'art du jardinier, on a trouvé moyen d'en tirer le plus grand parti pour la variété, l'embellissement, & la décoration des jardins. Mais avant que d'entrer dans le détail de ce qui dépend de l'art, suivons le charme dans la simple nature.

Terrein, exposition. On met cet arbre au nombre de ceux qui par leur utilité tiennent le second rang parmi les arbres fruitiers. En effet il ne laisse pas d'avoir quelques qualités avantageuses: il remplit dans les bois des places, où presque tous les autres arbres se refusent, & il s'accommode de tous les terreins: on le voit dans les lieux froids, montagneux, & stériles; il vient fort bien dans les terreins pierreux, graveleux, & sur - tout dans la craie, qui paroît être même son terrein naturel; il se plaît souvent dans les terres dures, glaiseuses, humides; enfin se trouve - t - il dans une bonne terre, où les autres arbres le gagnent de vîtesse, il vient dessous, & souffre leur. ombrage. Quelque part que soit placé cet arbre, son bois est toûjours de mauvaise essence, son accroissement trop lent, & son branchage menu & court: cela peut être néanmoins compensé par la bonne garniture qu'il fait dans un taillis, où il vient épais & plus serré qu'aucune autre espece d'arbre, & par son tempérament robuste, qui le fait résister aux plus grands froids & aux gelées de printems, même lorsqu'il est en jeune rejetton sur taillis. C'est en cette nature de bois qu'on peut tirer le meilleur parti de cet arbre, qui croît trop lentement, & se couronne trop tôt, pour profiter en futaie. On prétend qu'il faut le couper à quinze ans pour le plus grand profit.

Usages du bois. Le bois du charme est blanc, compacte, intraitable à la fente, & le plus dur de tous les bois après le bouis, l'if, le cormier, &c. cependant de tous les bois durs, le charme est celui qui croît le moins lentement. On débite son bois pour le charronage, & principalement en bois à brûler, mais on ne l'employe jamais en menuiserie qu'au défaut de tout autre bois, moins parce qu'il est difficile à travailler, qu'à cause de son peu de durée, que la vermoulure interrompt bien - tôt. On s'en sert pour faire des essieux, & quelques autres pieces de charonage, dans les endroits où l'orme est rare. On en fait des vis de pressoir, des formes & des sabots, des manches d'outils champêtres, des jougs de boeufs, des rouleaux pour les teinturiers: on l'employe aussi pour faire les menues garnitures des moulins, &c. Du reste ce bois n'est nullement propre à être employé à l'air; il y pourrit en six ans: mais il est excellent à brûler, & il donne beaucoup de chaleur, qu'on dit être saine. C'est aussi l'un des meilleurs bois pour le charbon, qui conserve longtems un feu vif & brillant, comme celui du charbon de terre; ce qui le fait rechercher pour les fourneaux de verrerie.

Usages de l'arbre. Des arbres que l'on connoît, le charme est le plus propre de tous à former des palissades, des haies, des portiques, des colonnades, & toutes ces décorations de verdure qui font le premier & le plus grand embellissement d'un jardin bien ordonné. Toutes les formes qu'on donne à cet arbre lui deviennent si propres, qu'il se prête à tout ce qui y a rapport: on peut le transplanter à cet effet, petit ou grand; il souffre la tonsure en été comme en hyver; & la souplesse de ses jeunes rameaux favorise la forme qu'on en exige, & qui est completée par leur multiplicité. Pour faire ces plantations, on tire la charmille des pépinieres, ou même des forêts, si l'on se trouve à portée: la premiere se reconnoît aisément à son écorce claire, & à ce qu'elle est bien fournie de racines; celle au contraire qui a été prise au bois est étiolée, crochue, & mal enracinée.

Multiplication. Le charme peut se multiplier de graine qu'on recueille ordinairement au mois d'Octobre, & qu'il faut semer aussi - tôt dans un terrein frais & à l'ombre, où il en pourra lever une petite partie au printems suivant; mais le reste ne levera souvent qu'à l'autre printems. Quand ils ont deux ans on les transplante sans les étêter en pépiniere, où on les laisse au moins trois années pour se fortifier & faire du petit plan de charmille, & jusqu'à six ou sept ans pour être propre à planter les grandes palissades de toute hauteur. Mais l'accroissement de cet arbre ant si lent quand on l'éleve de graine, on a trouvé qu'il étoit plus court & plus facile de le multiplier de branches couchées: si on fait cette opération de bonne heure, en automne elles feront suffisamment racine pour être transplantées au bout d'un an; & dès - lors on pourra les employer en petit plan, dinon on les met en pépinieres, & on les conduit comme les plants venus de geaine. Les uns

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