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Chaque nation a ses charlatans; & il paroît que
par - tout ces hommes mettent autant de soin à étudier le foible des autres hommes, que les véritables
Medecins à connoître la nature des remedes & des
maladies. Et en quelque lieu du monde qu'on soit,
il n'y en a presque pas un qu'on ne puisse reconnoître
au passage de Plaute que nous avons cité plus
haut, & congédier avec la recette suivante. Elle est
d'un seigneur Anglois; il étoit dans son lit cruellement
tourmenté de la goutte, lorsqu'on lui annonça
un charlatan qui avoit un remede sûr contre ce mal.
Le lord demanda si le docteur étoit venu en carrosse,
ou à pié: à pié, lui répondit le domestique.
Cet article est l'extrait d'un excellent mémoire
de M. le Chevalier
Ce mot vient du Latin carmen, vers, poésie; parce que, dit - on, les conjurations & les formules des magiciens étoient conçûes en vers. C'est en ce sens qu'on a dit: Carmina vel c>lo possunt deducere lunam.
On comprend parmi les charmes, les philacteres,
les ligatures, les maléfices, & tout ce que le peuple
appelle sorts. Voyez
La crédulité sur cet article a été de tous les tems, ou du moins il y a eu de tout tems une persuasion universellement répandue, que des hommes pervers, en vertu d'un pacte fait avec le démon, pouvoient causer du mal, & la mort même à d'autres hommes, sans employer immédiatement la violence, le fer, ou le poison; mais par certaines compositions accompagnées de paroles, & c'est ce qu'on appelle proprement charme.
Tel étoit, si l'on en croit Ovide, le tison fatal à la durée duquel étoit attachée celle des jours de Méléagre. Tels étoient encore les secrets de Medée, au rapport du même auteur:
Devovet absentes, simulacraque cerea fingit; Et miserum tenues in jecur urget acus.
Horace, dans la description des conjurations magiques de Sagane & de Canidie, fait aussi mention des deux figures; l'une de cire, & l'autre de laine, dont celle - ci, qui représentoit la sorciere, devoit persécuter & faire périr la figure de cire.
Lanea & effigies erat, altera cerea, major Lanea qu> p>nis compesceret inferiorem. Cerea simpliciter stabat, servilibus, utque Jam peritura, modis.
Tacite, en parlant de la mort de Germanicus, qu'on attribuoit aux maléfices de Pison, dit qu'on trouva sous terre, & dans les murs, divers charmes. Reperiebantur solo & parietibus eruct> humanorum corporum reliqui>, carmina & devotiones, & nomen Germanici plumbeis tabulis insculptum, semi - usti cineres, & tabo obliti, aliaque maleficia, queis creditur animas numinibus infernis sacrari. On sait que du tems de la ligue, les furieux de ce parti, & même des prêtres, avoient poussé la superstition jusqu'à faire faire de petites images de cire qui représentoient Henri III. & le roi de Navarre; qu'ils les mettoient sur l'autel, & les perçoient pendant la messe quarante jours consécutifs, & le quarantieme jour les perçoient au coeur, imaginant que par - là ils procureroient la mort à ces princes. Nous ne citons que ces exemples, & dans cette seule espece, entre une infinité d'autres de toutes les sortes, qu'on rencontre dans les historiens & dans les auteurs qui ont traité de la magie. On peut sur - tout consulter à cet égard Delrio disquisit. magicar. lib. III. part. j. qu>st. iv. sect. 5. en observant toutefois que Delrio adopte tous les faits sur cette matiere avec aussi peu de précaution que Jean W yer, Protestant, Medecin du duc de Cleves, qui a beaucoup écrit sur le même sujet, en apporte à les rejetter, ou à les attribuer à des causes naturelles. Ce qui n'empêche pas que Bodin, dans sa démonomanie, ne regarde W yer comme un insigne magicien. Croire tout ou ne rien croire du tout, sont des extrèmes également dangereux sur cette matiore délicate, que nous nous contentons d'indiquer, & qui demanderoit, pour être approfondie, un tems & des recherches que la nature de cet ou vrage ne comporte pas.
Pour donner un exemple des charmes magiques,
nous en rapporterons un par lequel on prétend qu'il
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