RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"34">
J'en viens à présent au fond même du système du
d. Douglas, & j'observe 1°. qu'il est impossible de
concevoir le méchanisme sur lequel il l'appuie,
si on ne sait plier son imagination à l'idée d'un organe,
d'un vaisseau capillaire représenté comme
chaud & froid, relâché & resserré, & cela exactement
dans le même tems; car à un degré de froid
donné, à celui de la congélation de l'eau, par exemple,
un vaisseau capillaire exposé à toute l'énergie
de ce froid, sera resserré au point de pouvoir exercer
avec la file de globules qui le parcourra dans
cet état, un frottement capable d'engendrer une
certaine chaleur, celle de 66
C'est à ce dernier effet que le>d Douglas paroît n'avoir pas fait attention; car il suppose son vaisseau capillaire constamment resserré ou froid: & ce n'est même que par cette contraction qu'il est disposé à la génération de la chaleur. Mais il est impossible de saisir même par l'imagination la plus accoûtumée aux idées abstraites, aux concepts métaphysiques, de saisir, dis - je, un intervalle entre la génération de la chaleur dans ce vaisseau & le relâchement de ce même vaisseau; effet nécessaire & immédiat de son échauffement. Ce vaisseau est si délie, & il embrasse si étroitement la colonne de globules échauffés selon la supposition, que quand même ce ne seroit que par communication qu'il s'échaufferoit, cette communication devroit être instantanée: mais le cas est bien plus favorable à la rapidité de sa caléfaction, puisque ce vaisseau est en même tems l'instrument de la génération & la matiere de la susception de la chaleur: donc, selon le méchanisme proposé par le d. Douglas, un vaisseau capillaire, contenant une file de globules engendrant actuellement de la chaleur par leur frottement dans ce vaisseau, doit être chaud, & par conséquent relâché; mais par la supposition du d. Douglas, il n'est propre à engendrer de la chaleur qu'autant qu'il est froid & resserré: donc, dans le système de cet auteur, un même vaisseau doit être conçû en même tems, relâché & resserré, froid & chaud. C. Q. F. D.
Mais en renonçant à cette démonstration, & en accordant qu'il est possible que des vaisseaux extrèmement déliés soient parcourus pendant un tems souvent très - considérable (un animal peut vivre
Le d. Douglas convient de la difficulté tirée de la
lenteur des humeurs dans les capillaires: Il est vrai,
(dit - il p. 334.)que la vîtesse du frottement doit être petite
dans les capillaires; mais ce défaut est amplement compensé
par la grande étendue de sa surface, comme on le
voit évidemment par le nombre immense des vaisseaux
capillaires, & la petitesse excessive des globules. Mais
cette compensation est supposée gratis, & l'expérience
lui est absolument contraire. La chaleur excitée
par le frottement lent d'une surface mille fois
plus grande, ne peut jamais équivaloir à celle qui
s'excite par le frottement rapide d'une surface mille
fois moindre: je ne dis pas quand même la vélocité
du mouvement seroit dans les deux cas réciproquement
proportionnelle aux surfaces; mais si le
mouvement de la petite surface étoit seulement
tant soit peu plus rapide que celui de la surface
mille fois plus grande: en un mot, cateris paribus
(c'est - à - dire la densité, la roideur ou la dureté des
corps, leur contiguité, les tems du frottement, &c.
étant égaux), le degré de chaleur excité par le frottement
est comme sa rapidité, & la quantité de
surface frottée ne fait rien du tout à la production
de ce degré (abstraction faite de la perte de
chaleur par la communication): tout comme cent
pintes d'eau bouillante mises ensemble, n'ont pas
un degré de chaleur centuple de celui de l'eau bouillante,
mais au contraire un degré exactement le
même. M. Douglas paroît avoir confondu ici la
quantité de chaleur avec le degré: mais ce font
deux choses bien différentes. Cent globules frottés,
ou cent pintes d'eau contiennent une quantité
de chaleur, comme 100, où sont cent corps chauds;
un seul globule, ou une seule pinte, ne sont que la
centieme partie de cette masse chaude: mais le
degré de chaleur est le même dans le globule seul &
dans les cent globules, ou dans un million de globules.
Ainsi si chaque globule ne peut dans son trajet
dans un vaisseau capillaire produire sous la température
supposée une chaleur de 66
J'ai dit en deuxieme lieu, que les instrumens générateurs de la chaleur font une partie bien peu considérable de la masse qui doit être échauffée par cette cause; & en effet quelque multipliés qu'on suppose les vaisseaux capillaires, & quelque grande qu'on suppose la somme de leurs capacités & de la masse de leurs parois, on ne les poussera pas, je crois, jusqu'à les faire monter à la moitié de la capacité totale du système vasculeux, & de la masse générale des solides d'un animal. Mais supposons qu'elles en fassent réellement la moitié: dans cette hypothese, la chaleur engendrée dans ces vaisseaux doit être exactement double de la chaleur spécisique de l'animal, pour qu'il résulte de l'influence de cette chaleur dans un corps supposé absolument froid, ce degré de chaleur spécisique moyen entre la privation absolue & la chaleur double du [p. 35]
Nous nous contenterons de ce petit nombre d'objections
principales; elles suffisent pour nous prouver
que nous sommes aussi peu avancés sur la détermination
des sources de la chaleur animale, que les
différens auteurs dont nous avons suecessivement
adopté & abandonné les systèmes; que Galien lui - même,
qui a avancé formellement qu'elle ne dépendoit
point d'un mouvement d'attrition. Cette découverte
n'est pas flatteuse assûrément; mais dans
notre maniere de philosopher, la proscription d'un
préjugé, d'une erreur, passe pour une acquisition
réelle. Au reste, elle nous fournira cependant un
avantage plus positif & plus général: elle pourra
servir à nous convaincre de plus en plus, par l'exemple
d'un des plus jolis systèmes que la théorie
méchanicienne ait fourni à la Medecine, combien
l'application des lois méchaniques aux phénomenes
de l'oeconomie animale sera toûjours malheureuse.
Voyez
Les anciens ont appellé coctions les élaborations
des humours, parce qu'ils les regardoient comme
des especes d'élixations. Voyez
Le sang est - il rafraîchi, ou au contraire échauffé
par le jeu des poumons? c'est un problème qui partage
les Physiologistes depuis que Stahl a proposé
sur la sin du dernier siecle ce paradoxe physiologique: savoir que le poumon étoit le principal instrument
de la conservation, & par conséquent de la génération
de la chaleur animale. V.
Chaleur (Page 3:35)
Chaleur animale (Page 3:35)
Il faut se rappeller d'abord que nous avons observé, en exposant les phénomenes de la chaleur ani -
Il faut donc, pour que la chaleur animale soit réputée maladive ou contre nature par l'augmentation ou la diminution de son degré, que le phénomene soit accompagné de la lésion des fonctions, ou au moins de douleur, de malaise, d'incommodité.
La diminution contre nature de la chaleur animale est désignée dans le langage ordinaire de la Médecine par le nom de froid. Voyez
La chaleur augmentée contre nature, ou se fait ressentir dans tout le corps, ou seulement dans quelques parties. Dans les deux cas elle est idiopatique ou symptomatique.
La chaleur générale idiopatique est celle qui dépend immédiatement d'une cause évidente, savoir de quelques - unes des six choses non naturelles, ou de l'action d'un corps extérieur; telle est celle qui est produite dans nos corps par un exercice excessif, ou par la fatigue, par la boisson continuée & inaccoutumée des liqueurs spiritueuses, par la chaleur soutenué de l'atmosphere, par les excès avec les femmes, &c.
La chaleur générale symptomatique est celle qui dépend d'une disposition contre nature déjà établie dans le corps & ayant un siége déterminé; telle est la chaleur de la fievre qui accompagne les maladies aigues, &c.
L'augmentation idiopatique de la chaleur générale ne peut jamais être regardée que comme une incommodité; car la chaleur simplement excessive n'est jamais en soi une maladie, malgré le préjugé qui la rend si redoutable même aux Médecins.
Il est bien vrai que cet état peut devenir cause de maladie s'il se soutient un certain tems; mais ce ne sera jamais qu'en détruisant l'équilibre ou l'ordre & la succession des fonctions, en un mot en affectant queiqu'organe particulier qui deviendra le noyau ou le siége de la maladie: car les effets généraux de la chaleur comme telle sur le système général des solides & sur la masse entiere des humeurs, ne sont assûrément rien moins qu'évidens, comme nous l'observerons dans un instant, en parlant du plus haut degré de chaleur fébrile.
Cette incommodité ne mérite dans la plûpart des cas aucun traitement vraiment médicinal, & on peut se contenter de prescrire à ceux quï l'éprouvent de cesser de s'exposer à l'action des causes qui la leur ont procurée. Si cependant on pouvoit en craindre quelques suites fâcheuses, comme ces suites sont à craindre en effet dans les tempéramens ardens, vifs, mobiles, sensibles, on les prévient très - sûrement par le repos du corps, le silence des passions, la boisson abondante des liqueurs aqueuses legerement acides & spiritueuses; celle des émulsions, des legeres décoctions de plantes nitreuses; les alimens de facile digestion & peu nourrissans, tels que les fruits aqueux, acidules; les légumes d'un goût fade, les farineux fermentés, les bains tempérés, la saignée lorsque la chaleur n'est pas accompagnee d'épuisement, &c.
Le symptome le mieux caractérisé de l'état du
corps, qu'on appelle communement échauffement,
c'est la constipation. Ces deux termes même ne désignent
presque qu'une même chose dans le langage
ordinaire: lorsque la chaleur augmentée est accompagnée
de la disposition du ventre que la constipation
annonce, elle approche un peu plus de l'etat
de maladie. Mais cet état - là même est le plus souvent
d'une bien moindre conséquence qu'on ne l'imagine.
Voyez Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.