ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"28"> la , dépendent beaucoup de leur situation, des montagnes dont ils sont environnés, & de la nature du sel; les montagnes contribuant beaucoup à resroidir l'air par les vents qui passent fur leur sommet, & qui se font ensuite sentir dans les plaines. Voyez Vent.

Les montagnes qui présentent au soleil un côté concave, font quelquefois l'effet d'un miroir ardent sur la plaine qui est au bas. Les nuées qui ont des parties concaves ou convexes, produisent quelquefois le même effet par réflection ou par réfraction: il y a même des auteurs qui prétendent que cette forme de nuages suffit pour allumer les exhalaisons qui se sont élevées dans l'air, & pour produire la foudre, le tonnerre, & les éclairs. Voyez Montagne, Miroir ardent, &c.

Pour ce qui est de la nature des sols, on sait qu'un terrein pierreux, sablonneux, plein de craie, refléchit la plûpart des rayons, & les renvoie dans l'air, tandis qu'un terrein gras & noir absorbe la plûpart des rayons, & n'en renvoye que fort peu; ce qui fait que la chaleur s'y conserve long - tems. Voyez Blancheur, &c.

Ce qu'on vient de dire est confirmé par l'expérience qu'en font les paysans qui habitent les marais à tourbes; car en s'y promenant, ils sentent que les piés leur brûlent sans avoir chaud au visage: au contraire dans quelques terreins sablonneux, à peine sent - on de la chaleur aux piés, tandis que le visage est brûlé par la force de la réflection.

Une table construite par l'auteur dont nous avons parlé, donne la chaleur pour chaque dixieme degré de latitude aux jours tropiques & équinoxiaux, & par ce moyen on peut estimer la chaleur des degrés intermédiaires: d'où l'auteur déduit les corollaires suivans.

1°. Que sous la ligne équinoxiale, la chaleur est comme le sinus de la déclinaison du soleil.

2°. Que dans les zones glaciales, lorsque le soleil ne se couche point, la chaleur est à - peu - près comme la circonférence d'un grand cercle multipliée par le sinus de la hauteur moyenne; & par conséquent que dans la même latitude, la chaleur est comme le sinus de la déclinaison moyenne du soleil à midi; & qu'à la même déclinaison du soleil, elle est comme le co - sinus de la distance du soleil au zénith.

3°. Que la chaleur des jours équinoxiaux est partout comme le co - finus de la latitude.

4°. Que dans tous les lieux où le soleil se couche, la différence entre les chaleurs d'été & d'hyver, lorsque les déclinaisons sont contraires, est àpeu - près proportionnelle à la différence des sinus des hauteurs méridiennes du soleil. Chambers.

Vollà le précis de la théorie de l'auteur dont il s'agit sur la chaleur. Cependant il semble qu'on pourroit lui faire plusieurs objections. En premier lieu, l'effet de la chaleur n'est pas simplement comme le sinus de l'angle d'incidence des rayons, mais comme le quarré de ce sinus, suivant les lois de l'impulsion des fluides. Pour faire bien concevoir ce principe, imaginons un faisceau de rayons paralleles qui tombent sur un pié quarré de la surface de la terre perpendiculairement; il est certain que la chaleur sera proportionnelle au produit de la quantité de ces rayons par le sinus total, puisque chaque rayon en particulier agit sur le point qu'il frappe. Supposons ensuite que ce même faiscean de rayons vienne à tomber obliquement sur le même plan d'un pié en quarré; il est aisé de voir qu'il y aura une partie de ce faisceau qui tombera hors du plan, & que la quantité des rayons qui le frappent, sera proportionnelle au sinus de l'angle d'incidence. Mais, de plus, l'action de chaque rayon en particulier est comme le sinus de l'angle d'incidence: donc l'ac<cb-> tion de la chaleur sera comme le quarré du sinus. C'est pourquoi il seroit bon de corriger à ce premier égard la table, & au lieu des sinus d'incidence, de substituer leurs quarrés.

D'un autre côté il s'en faut beaucoup, comme l'observe l'auteur lui - même, que la chaleur des différens climats suive les lois que cette table lui prescrit pour ainsi dire: 1°. parce qu'il y a une infinité de causes accidentelles qui font varier le chaud & le froid, causes dont l'action ne peut être soûmise à aucun calcul: 2°. parce qu'il s'en faut beaucoup que l'auteur n'ait fait entrer dans le sien toutes les causes même qui ont un effet réglé, & une loi uniforme, mais dont la maniere d'agir est trop peu connue. L'obliquité plus ou moins grande des rayons du soleil est sans doute une des causes de la différence de la chaleur dans les différens jours & dans les différens climats, & peut - être en est - elle la cause principale. Mais, de plus, les rayons du soleil traversent fort obliquement notre atmosphere en hyver; & par conséquent ils occupent alors dans l'air grossier qui nous environne, un plus grand espace qu'ils ne font pendant l'été lorsqu'ils tombent assez directement. Or il suit de - là que la force de ces rayons est jusqu'à un certain point amortie, à cause des différentes réfractions qu'ils sont obligés de souffrir. Ces rayons sont plus brisés à midi pendant l'hyver que pendant l'été; & c'est pour cette raison que lorsqu'ils tombent le plus obliquement qu'il est possible, comme il arrive toutes les fois que le soleil parvient à l'horison, alors on peut sans aucun risque regarder cet astre, soit dans la lunette, soit à la vûe simple; ce qui n'arrive pas à beaucoup près lorsque le soleil est à de plus hauts degrès d'élévation, & sur - tout dans les grands jours d'été vers le midi. Or cet affoiblissement des rayons causé par leur passage dans l'atmosphere, est jusqu'à présent hors de la portée de nos calculs. Il y a une cause beaucoup plus considérable, qui influe bien plus que toutes les autres sur la vicissitude des saisons & sur la chaleur des différens climats. L'on sait communément qu'un corps dur & compact s'échauffe d'autant plus qu'il demeure exposé à un feu plus violent. Or en été la terre est échauffée par les rayons du soleil pendant seize heures continuelles, & ne cesse de l'être que pendant huit heures. On peut aussi remarquer que c'est tout le contraire pour l'hyver: d'où on voit clairement pourquoi il doit y avoir une grande différence de chaleur entre ces deux saisons. Il est vrai que l'auteur fait entrer cette considération dans le calcul de sa table, mais il suppose que la chaleur instantanée d'un moment quelconque s'ajoûte toûjours à la chaleur du moment précédent; d'où il paroîtroit s'ensuivre que tant en été qu'en hyver, la chaleur la plus grande seroit à la fin du jour; ce qui est contre l'expérience: & d'ailleurs on sait que la chaleur imprimée à un corps ne se conserve que quelque tems: ainsi fur le soir d'un grand jour d'été, la chaleur que le soleil a excitée dans les premieres heures du matin est ou totalement éteinte, ou au moins en partie. Or comme on ne sait suivant quelle loi la chaleur se conserve, il est impossible de calculer d'une maniere assez précise l'augmentation de chaleur à chaque heure du jour, quoiqu'on ne puisse douter que la longueur des jours n'entre pour beaucoup dans l'intensité de lá chaleur.

On pourroit faire ici l'objection suivante. Puisque la force des rayons du soleil est la plus grande lorsqu'ils tombent le plus directement qu'il est possible, & lorsque cet astre reste le plus long - tems sur l'horison, la plus grande chaleur devroit toûjours se faire sentir le jour du solstice d'été; & le plus grand froid, par la même raison, le jour du solstice d'hy<pb-> [p. 29] ver; ce qui est contraire à l'expérience: car les plus grands chauds & les plus grands froids arrivent d'ordinaire un mois environ après le solstice.

Pour repondre à cette objection, il faut se rappeller ce qui a été déjà remarqué plus haut, que l'action du soleil sur les corps terrestres qu'il échauffé, n'est pas passagere comme celle de la lumiere; mais qu'elle a un effet permanent, & qui dure encore même lorsque le soleil s'est retiré. Un corps qui est une fois échauffé par le solcil, demeure encore échauffé fort long - tems, quoiqu'il n'y soit plus exposé. La raison en est fort simple. Les rayons ou particules échauffées qui viennent du soleil ou que le soleil met en mouvement, pénetrent ou sont absorbées du moins en partie par les corps qui leur sont exposés: ils s'y introduisent peu - à - peu: ils y restent même assez pour exciter une grande chaleur; & les corps ne commencent à se refroidir que lorsque cette chaleur s'évapore, ou se communique à l'air qui l'environne: mais si un corps est toûjours plus échauffé qu'il ne perd de sa chaleur; si les intervalles de tems sont inégaux, ensorte qu'il perde bien moins de chaleur qu'il n'en a acquis, il est certain qu'il doit recevoir continuellement de nouveaux degrés d'augmentation de chaleur: or c'est précisément le cas qui arrive à la terre. Car lorsque le soleil paroît au tropique du cancer, c'est - à - dire vers le solstice d'été, les degrés de chaleur qui se répandent chaque jour, tant dans notre air que sur la terre, augmentent presque continuellement. Il n'est donc pas surprenant que la terre s'échauffe de plus en plus, & même fort au - delà du tems du solstice. Supposons, par exemple, qu'en été dans l'espace du jour, c'est - à - dire pendant tout l'intervalle de tems que le soleil paroît sur notre horison, la terre & l'air qui nous environnent reçoivent cent degrés de chaleur; mais que pendant la nuit, qui est alors beaucoup plus courte que le jour, il s'en évapore cinquante; il restera encore cinquante degrés de chaleur: le jour suivant le soleil agissant presque avec la même force, en communiquera à - peu - près cent autres, dont il se perdra encore environ cinquante pendant la nuit. Ainsi au commencement d troisieme jour, la terre aura 100 ou presque 100 degrés de chaleur; d'où il suit, que puisqu'elle acquiert alors beaucoup plus de chaleur pendant le jour, qu'elle n'en perd pendant la nuit, il se doit faire en ce cas une augmentation très - considérable. Mais après l'équinoxe les jours venant à diminuer, & les nuits devenant beaucoup plus longues, il se doit faire une compensation: de sorte que lorsqu'on est en hyver, il s'évapore une plus grande quantité de chaleur de dessus la terre pendant la nuit, qu'elle n'en reçoit pendant le jour; ainsi le froid doit à son tour se faire sentir. Voyez Keill, In. ad veram Astr. ch. viij. Voy. aussi dans les Mém. de l'Acad. 2719. les recherches de M. de Mairan, sur les causes de la chaleur de l'été, & du froid de l'hyver. M. de Mairan après avoir calculé, autant que la difficulté de la matiere le permet, les différentes causes qui produisent la chaleur de l'été, trouve que la chaleur de l'été est à celle de l'hyver dans le rapport de 66 à 1: voici comment il concilie ce calcul avec les expériences de M. Amontons, qui ne donne pour ces deux chaleurs que le rapport de 60 à 51 1/2. Il conçoit qu'il y a dans la masse de la terre & dans l'air qui l'environne, un fond de chaleur permanent d'un nombre constant de degrés, auxquels le soleil ajoûte 66 degrés en été, & 1 seulement en hyvery; pour trouver ce nombre de degrés, il fait la proportion sulvants, + 66 est à + 1, comme 60 à 51 1/2.

Ce nombre trouvé par M. de Mairan, est 393 à peu près; de sorte qu'il, , une cha - leur permanente de 393 degrés, auxquels le soleil en ajoûte 66 en été, & un en hyver. M. de Mairan laisse aux Physiciens la liberté de juger quelle peut être la source de cette chaleur, soit une sermentation des acides & des sucs terrestres intérieurs, soit les matieres enflammées ou inflammables que le sein de la terre renferme, soit une chaleur acquise depuis plusieurs siecles, & qui tire son origine du soleil, &c.

A l'égard de la méthode par laquelle M. de Mairan parvient à trouver le rapport de 66 à 1, il faut en voir le détail curieux dans son mémoire même. Nous nous contenterons de dire 1°. que les sinus des hauteurs méridiennes du soleil aux solstices d'été & d'hyver, étant à peu près comme 3 à 1, on trouve qu'en vertu de cette cause le rapport des chaleurs doit être comme 9 à 1. 2°. Que les rayons ayant moins d'espace à traverser dans l'atmosphere en été qu'en hyver, parce que le soleil est plus haut, ils en sont moins affoiblis; & M. de Mairan juge d'après plusieurs circonstances qu'il sait déméler, que la chaleur de l'été doit être augmentée du double sous ce rapport; ce qui multiplie par le rapport de 9 à 1, don le rapport de 18 à 1. 3°. M. de Mairan, en mettant tout sur le plus bas pié, estime que la longueur des jours beaucoup plus grande en été qu'en hyver, doit quadrupler le rapport précédent; ce qui donne le rapport de 72 à 1; rapport qu'il réduit encore à celui de 66 à 1, ayant égard à quelques circonstances qu'il indique, & observant de caver en tout au plus foible. Voyez son mémoire.

Parmi ces dernieres circonstances est celle de la plus grande proximité du soleil en été qu'en hyver, du moins par rapport à nous. On sait que cet astre est en effet moins éloigné de nous en hyver qu'en été: ce qu'on observe parce que son diametre apparemment est plus grand en hyver qu'en été. Il suit de - là que les peuples qui habitent l'hémisphere opposé au nôtre, ou plûtôt l'hémisphere austral, doivent avoir, toutes choses d'ailleurs égales, une plus grande chaleur pendant leur été que nous, & plus de froid pendant leur hyver: car le soleil dans leur été est plus près d'eux, & darde ses rayons plus à - plomb; & dans leur hyver il est plus éloigné, & les rayons sont plus obliques: au lieu que dees notre été, qui est le tems de leur hyver, le soleil darde à la vérité ses rayons plus à - plomb sur nous, mais est plus éloigné; ce qui doit diminuer un peu de la chaleur, & réciproquement. Voyez Qualité. Il est vrai qu'il y a encore ici une compensation; car si le soleil est plus loin de nous dans notre été, en récompense il y a plusieurs jours de plus de l'équinoxe du printems à celui d'automne, que de l'équinoxe d'automne à celui du printems; ce qui fait en un autre sens une compensation. Cependant il paroît, malgré cette circonstance, qu'en général le froid est plus grand dans l'autre hémisphere que dans le nôtre, puisqu'on trouve dans l'hémisphere austral des glaces à une distance beaucoup moindre de l'équateur, que dans celui - ci. (O)

Chaleur, (Page 3:29)

Chaleur, Philosophie schelastique, se distingue ordinairement en actuelle & potentielle.

La chaleur actuelle est celle dont nous avons parlé jusqu'à présent, & qui est un effet du seu réel & actuel, quelle qu'en soit la matiere.

La chaleur potentielle est celle qui se trouve dans le poivre, dans le vin, & dans certaines préparations chimiques, comme l'huile de térébenthine, l'eau - de - vie, la chaux vive, &c.

Les Péripatóticiens expliquent la chaleur de la chaux vive par antipéristase. Voy. Antipéristase.

Les Epicuriens & autres corpusculaires attribuent la chaleur potentielle aux atomes ou particu<pb->

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