ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"864"> cer que difficilement. Quant à la moelle de l'épine, elle a un rempart dans le canal des vertebres.

2°. Les veines n'accompagnent point les arteres, de peur qu'elles ne soient comprimées par ces arteres lorsqu'elles se gonflent dans les grands mouvemens. Les réservoirs veineux sont d'une structure singuliere, & leur section présente en général une figure curviligne: ils sont formés & creusés entre les deux lames de la dure - mere, qui leur donne une forte gaine; ils sont outre cela renforcés par différens moyens: c'est ainsi qu'il y a dans leur cavité des fibres transversales qui font l'office de poutres, joignent les parties opposées, & résistent à leur distension. Voyez combien de précautions la nature a prises pour que les veines du cerveau ne se rompissent point toutes les fois que le sang s'arrête, comme en retenant son haleine, en faisant de grands efforts, en toussant, en éternuant, en riant, &c. Les arteres & les veines du cerveau ont des directions différentes, & communiquent toutes les unes avec les autres, les arteres avec les arteres, les veines avec les veines, un nombre infini de fois; parce que dans le premier cas il eût été dangereux qu'elles ne se formassent un obstacle mutuel en passant par le même trou; & dans le second, que le sang ne pût trouver d'issue, sa route directe étant embarrassée.

3°. Les nerfs qui sortent du côté gauche, vont ou paroissent aller du côté droit, & ceux qui sortent du côté droit, se distribuent ou paroissent se distribuer au côté gauche; & ce n'est que par ce moyen qu'on peut expliquer pourquoi le cerveau étant vivement affecté d'un côté, les parties de l'autre côté correspondantes à celles auxquelles les nerfs de cette pertie affectée du cerveau se distribuent, se trouvent paralytiques.

4°. Si l'on comprime le cerveau, ou qu'on le coupe jusqu'à sa substance médullaire, l'action volontaire des muscles est interrompue, la mémoire & le sentiment s'éteignent, mais la respiration & le mouvement du coeur subsistent. Quant au cervelet, si l'on fait la même chose, la respiration & le mouvement du coeur cessent: de - là il s'ensuit que les nerfs destinés au mouvement volonaire partent du cerveau, & que les nerfs d'où dépendent les mouvemens spontanés sortent du cervelet: il est donc en fûreté de toutes parts, de même que les arteres vertébrales qui lui fournissent du sang, parce qu'elles montent par les trous des apophyses transverses du cou.

5°. Les maladies de la tête dépendent toutes de la compression & de l'irritation: la douleur de la tête est causée par le sang qui ne peut passer librement, & qui par - là cause un grand battement dans les arteres; aussi trouve - t - on dans les dissections des cadavres de ceux qui ont été sujets à ces maux, les vaisseaux extrèmement distendus, & remplis d'un sang noirâtre: si le gonflement s'augmente jusqu'à causer une grande compression, l'apoplexie surviendra; car alors le suc nerveux ne pourra plus être poussé dans les nerfs qui servent au mouvement volontaire; tandis que cette pression ne s'étendra plus jusqu'au cervelet, la respiration & le mouvement du coeur subsisteront. Pour l'épilepsie, elle ne differe dans sa cause de l'apoplexie, qu'en ce que la prefsion ne se fait pas de même: supposons qu'une artere forme un anévrisme, cette artere gonflée battra extraordinairement, & par ses battemens fera couler avec force le suc dans les nerfs; il surviendra donc des convulsions extraordinaires. La même chose peut arriver par des varices; car ces varices comprimeront les arteres voisines, qui par - là se gonfleront, & battront fortement. On voit de - là que l'apoplexie pourra succéder à l'épilepsie. La paralysie suit souvent les maladies dont nous venons de parler: mais elle peut avoir encore d'autres causes, comme on le peut voir à l'article Paralysie.

6°. Dans ceux qui sont morts de ces maladies, on trouve beaucoup de sérosité extravasée dans le cerveau.

7°. On voit que les nerfs qui sont les canaux du cerveau, se distribuent dans les muscles pour y porter le mouvement; mais il y a plus de branches à proportion dans les plexus qui suivent les arteres, parce qu'ils ont besoin d'un grand mouvement pour pousser le sang.

8°. Enfin, les nerfs sont les seuls corps sensibles: mais d'où vient que le cerveau dont ils sortent ne l'est point, ou ne l'est que très - peu? Comme cela dépend des lois de l'union de l'ame avec le corps, on n'en peut donner aucune raison. Voyez Nerf, Anatomie d'Heist. avec des Ess. de Phys. &c.

Quant au siége de l'ame, les auteurs se sont accordés à la placer dans une seule partie du cerveau, de peur qu'un siége à chaque lobe ne supposât une double sensation: ainsi les uns ont mis l'ame, c'est - à - dire, le premier principe de nos sensations & de nos pensées, dans la cloison transparente; Deseartes & ses sectateurs ont voulu qu'elle habitât la glande pinéale; Lancisi l'a placée dans le corps calleux; Vieussens a adopté cette opinion; Possidonius parmi les anciens, Willis chez les modernes, ont distribué les diverses facultés de l'ame en différentes parties du cerveau propres à chacune: mais rien jusqu'ici n'a pû nous découvrir où sont ces prétendus départemens. Le cerveau qui peut être considérablement blessé, sans beaucoup perdre de l'usage des sens, montre bien quelle est l'étendue du sensorium commune.

Certaines observations semblent laisser en doute si le cerveau est une partie absolument nécessaire à la vie. Il y a plusieurs exemples anatomiques d'animaux qui ont survécu à la perte de cette partie. Nous avons l'histoire d'un enfant qui naquit à terme dans la ville de Paris, qui n'avoit ni cerveau ni tête, & au lieu de ces deux parties il avoit une masse de chair de couleur semblable au foie. M. Denys rapporte un autre exemple d'un enfant qui naquit en 1573, qui étoit assez bien formé, à l'exception de la tête qui n'avoit ni cervelle, ni cervelet, ni moelle allongée, ni aucune cavité propre à les contenir: le crane, si on peut l'appeller ainsi, étoit solide, & n'avoit aucune liaison avec les vertebres; de sorte que la moelle de l'épine n'avoit aucune communication avec la tête. M. Leduc donne un troisieme exemple en 1695, d'un sujet qui fut trouvé sans cerveau, sans cervelet, sans moelle allongée, & même sans moelle de l'épine; la cavité qui auroit dû les contenir étant extrèmement petite, & remplie d'une substance livide, blanchâtre, & semblable à du sang coagulé: il ajoûte que c'est le troisieme sujet qu'il avoit trouvé de cette façon. M. Duverney croit que cette substance étoit une moelle de l'épine, quoiqu'elle n'en eût point la consistance: en un mot il la regarde comme un cerveau même, semblable à celui qui est dans le crane, plus nécessaire à la vie, & plus sensible que le cerveau & le cervelet; puisqu'une blessure ou une compression dans la moelle épiniere est toûjours mortelle, & qu'il n'en est pas de même du cerveau, comme il paroît par les observations rapportées par MM. Duverney & Chirac; le premier desquels ôta le cerveau & le cervelet d'un pigeon, qui malgré cela vécut, cheha sa nourriture, & s'acquitta de toutes ses fonctions. M. Chirac a ôté la cervelle de la tête d'un chien, qui vécut, mais qui mourut dès qu'on lui eut ôté le cervelet: cependant il remarque qu'en soufflant dans les poumons de l'animal, il le fit vivre pendant une heure après la perte de cette derniere partie. Le même observe qu'après avoir séparé la moelle allongée de la moelle épiniere d'un autre chien, & après lui avoir ôté la cervelle & le cervelet, l'animal vécut en lui soufflant dans les [p. 865] poumons. On peut ajoûter à cela divers exemples rapportés par M. Boyle, non - seulement d'animaux qui ont vécu après la séparation de leurs têtes d'avec leurs corps, mais même de la copulation & de l'imprégnation de plusieurs insectes après ces différentes circonstances: d'où il s'ensuivroit que la moelle épiniere seroit suffisante pour la sensation, le mouvement, & la secrétion des esprits animaux, &c.

Le cerveau a différentes proportions dans divers animaux. Il n'est pas grand dans les oiseaux à proportion du corps: cette proportion est beaucoup plus petite dans le boeuf & dans le cheval. Le singe, animal rusé & adroit, a un grand cerveau. Les animaux ruminans en ont moins que l'homme, mais plus que les autres brutes; comme on le voit en comparant les cerveaux de la chevre, de l'élan, avec ceux du lion & du linx. Il est petit dans les animaux qui se battent; car ils ont des muscles temporaux fort épais qui étrécissent leur crane, en comprimant sous la forme d'un plan incliné & cave, les côtés que nous avons ronds & saillans en - dehors. On a donc raison de dire qu'un petit cerveau est la marque non de l'imbécillité, mais de la férocité. Ce viscere est beaucoup plus petit dans les poissons que dans les quadrupedes; le requin qui pese trois cents livres, n'a pas trois onces de cervelle: elle est copieuse dans les especes qui paroissent plus rusées, telle que le veau marin. C'est si peu de chose dans les insectes, qu'on ne peut savoir ce qui fait le cerveau: on ne voit que la moelle de l'épine seule, qui paroît dégénérer uniquement dans les nerfs optiques: dans l'éphémere, l'escarbot, l'abeille, le cerveau n'est au plus qu'une petite particule pas plus grosse qu'un ganglion de la moelle épiniere, comme dans la chenille, dans l'hermite, dans les vers à soie. L'homme le plus prudent des animaux a le plus grand cerveau; ensuite les animaux que l'homme peut instruire; & enfin ceux qui ont très - peu d'idées & des actions de la plus grande simplicité, ont le plus petit cerveau. Mais est - on robuste, eu égard à la quantité du cervelet? cela est vraissemblable: l'expérience nous manque cependant ici; ce qu'il y a de certain, c'est que l'homme fait pour avoir tant d'idées, n'eût pû les contenir dans un plus petit cerveau. (L)

Cerveau (Page 2:865)

Cerveau, terme de Fondeur de cloches: Le cerveau d'une cloche est la partie supérieure à laquelle tiennent les anses en - dehors, & l'anneau du battant en - dedans. Cette partie de la cloche a la forme à - peu - près semblable à celle de la partie de la tête des animaux qui renferme la cervelle. C'est la raison pour laquelle on lui a donné le nom de cerveau.

La largeur du cerveau dépend de la longueur du diametre de la cloche. La regle est de lui donner sept bords & demi de diametre, c'est - à - dire la moitié du diametre de l'ouverture inférieure de la cloche. A l'égard de son épaisseur, elle est ordinairement d'un corps ou d'un tiers de l'épaisseur du bord. Mais afin que les anses soient plus solides, on fortifie le cerveau par une augmentation de matiere, qui a aussi un corps d'épaisseur, & qu'on appelle l'onde ou la calotte. Voyez la figure 1. de la Fonderie des cloches, & l'article Fonte des Cloches.

CERVELAT (Page 2:865)

CERVELAT, s. m. (Chaircuiterie.) Le cervelat ordinaire se fait avec du porc maigre, du veau, du lard, force épices, hachés ensemble & entassés dans un boyau de porc, qu'on divise ensuite avec des ficelles en plusieurs portions, selon la longueur qu'on veut donner à chaque cervelat. Le boyau est étranglé en deux endroits par la ficelle ou le fil; & cet intervalle est un cervelat. On fait cuire ce boyau rempli avant que de le manger, ou même de le vendre. Les cervelats de Milan sont fort vantés: on les fait, à ce qu'on dit, avec le porc maigre, le lard, le sel, & le poivre. On met sur six livres de porc une livre de lard, quatre onces de fel, une once de poivre. On hache bien le tout ensemble; on arrose le mélange avec une pinte de vin blanc, & une livre de sang de porc; on ajoûte une demi - once de canelle & de giro pilés ensemble; on tire de la tête du porc de grs lardons, qu'on saupoudre bien d'épices. On répand ces lardons dans le mêlange précédent qu'on entasse dans le boyau du porc; on lie le boyau par les deux bouts quand il est bien plein, & on le fait cuire: quand il est cuit, on le laisse sécher à la fumée jusqu'à ce qu'il soit extrèmement ferme & dur.

CERVELET (Page 2:865)

CERVELET, s. m. terme Anatomie, est la partie postérieure du cerveau. Voyez nos Planc. d'Anat. & leur explic. Voyez aussi l'article Cerveau.

Le cervelet est en quelque façon une lorte de petit cerveau lui - même, comme l'exprime son nom, qui est un diminutif du mot cerveau.

Il est logé dans la partie postérieure & inférieure du crane, au - dessous de la partie postérieure du cerveau. Il y communique par en bas: mais par en haut il en est séparé par le replis de la dure - mere. Sa figure ressemble à une boule applatie, plus large que longue.

Sa substance est plus dure, plus seche, & plus solide que celle du cerveau: mais elle est cependant de même nature, étant composée de même, d'une substance corticale & glanduleuse, & d'une médullaire; les branches de cette derniere substance sont disposées à - peu - près comme celles d'un arbre, se rencontrant au milieu, & formant une espece de tige qui regne tout du long. La couleur du cervelet est jaunâtre, au lieu que celle du cerveau est plus blanche.

Sa surface est inégale & sillonnée, mais moins que celle du cerveau: il semble plûtôt qu'elle soit divisée par lames ou par écailles. Les cercles du milieu sont plus larges & plus profonds; & dans les entre - deux des lames, entrent les replis de la pie - mere. Le devant & le derriere du cervelet sont terminés par des apophyses qu'on appelle vermiformes, parce qu'elles ont la figure d'un ver. Il se joint à la moelle allongée par deux procès, que Willis appelle peduncules ou cuisses du cervelet. Voy. Pfduncules & Cuisses.

Outre ces deux peduncules, il y a deux ou trois autres avances médullaires, qui passant en travers de la moelle allongée, forment une arche ou arcade, qu'on a appellée du nom de celui qui l'a découverte, pont de Varole. Voyez Pont de Varole.

Les vaisseaux sanguins du cerveau sont les mêmes que ceux du cervelet; & son usage est le même aussi, savoir de séparer le suc nerveux du sang, & de le porter dans les différentes parties du corps.

Willis met cependant de la différence entre les fonctions du cerveau & celles du cervelet; voulant que le premier soit le principe des mouvemens & des actions volontaires; & l'autre, le principe des actions involontaires, telles que sont la respiration, le mouvement du coeur, &c. Voyez Mouvement.

Il passe pour constant que la moindre lésion à la substance corticale ou à la moelle du cervelet, est mortelle; ce qui n'est pas de même au cerveau, dont on a quelquefois retranché une partie sans qu'il en soit arrivé d'accident. Il est pourtant vrai qu'il y a des exemples de gens qui ont vécu non - seulement sans cerveau, mais même sans cervelet. Voyez Cerveau. (L)

CERVERA (Page 2:865)

CERVERA, (Géog.) canton & petite ville d'Espagne dans la Catalogne, sur une riviere de même nom qui se jette dans la Segra au - dessus de Lérida. Long. 18. 44. lat. 41. 28.

CERVI (Page 2:865)

CERVI, (Géog.) île de l'Archipel au midi de la Morée, près de l'île de Cerigo.

CERVIA (Page 2:865)

CERVIA, (Géog.) ville d'Italie dans la Roma<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.