ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"677"> dans le milieu un coton blanc & épais; & ce coton est la véritable carde qui sert aux potages & aux entremets.

On les cultive l'une & l'autre comme les artichauts, & elles se multiplient de graine qui ressemble à celle de la beterave. (K)

CARDEUR (Page 2:677)

CARDEUR, s. m. ouvrier qui carde la laine, le coton, la bourre, &c. Voyez à l'article Dr perie leur fonction.

La communauté des Cardeurs de Paris est assez ancienne; ses statuts ou réglemens ont été confirmés par lettres paténtes de Louis XI. du 24 Juin 1467, & depuis par autres de Louis XIV. du mois de Septembre 1688, & enregistrées au parlement le 22 Juin 1691.

Par ces statuts & réglemens, les maîtres de cette communauté sont qualifiés Cardeurs, Peigneurs, Arçonneurs de laine & coton, Drapiers drapans, Coupeurs de poil, Fileurs de lumignons, &c.

Aucun ne peut être reçû maître qu'après trois ans d'apprentissage, & un de compagnonage, & sans avoir fait le chef - d'oeuvre prescrit par les jurés.

Il y a toûjours à la tête de la communauté des Cardeurs trois jurés en charge, établis pour veiller & réformer les abus & malversations qui peuvent s'introduire dans le métier, & défendre les intérêts de la communauté. L'élection des jurés se fait d'année en année; savoir, la premiere de deux, & la suivante du troisieme.

Outre le pouvoir attribué aux maîtres Cardeurs de Paris, de carder & peigner la laine ou le coton, de couper toute sorte de poil, de faire des draps, &c. ils ont encore, suivant ces mêmes statuts, celui de faire teindre ou de teindre dans leurs maisons toute sorte de laine, en noir, musc, & brun: mais il leur est défendu par arrêt du conseil du Roi du 10 Août 1700, d'arracher ou couper aucun poil de lievre, même d'en avoir des peaux dans leurs maisons, n'étant pas permis aux Chapeliers d'employer de cette sorte de poil dans la fabrique des chapeaux. Voyez les regl. génér. pour le Commer. le dict. du Comm. & l'article Cardier.

CARDIALGIE (Page 2:677)

CARDIALGIE, s. f. (Medecine.) des mots Grecs KARDI/A, coeur, & de A)LZE/W, je souffre: douleur violente qui se fait sentir à l'orifice supérieur de l'estomac, que les anciens appelloient aussi le coeur. Cette fausse dénomination a donné occasion à une façon de parler très - commune & très - impropre, qui est de dire j'ai des maux de coeur, lorsque l'on a envie de vomir; ce mouvement contre nature est absoiument dépendant de l'estomac, & en aucune façon du coeur.

La cardialgie est essentielle ou symptomatique.

L'essentielle est occasionnée par l'irritation des fibres de l'estomac, leur trop grande contraction, ou leur foiblesse.

La symptomatique a des causes étrangeres à ce viscere; telle qu'une inflammation ou obstruction du foie, ou quelque affection du cerveau ou de la matrice.

La cardialgie essentielle est ou inflammatoire ou venteuse. Un sang épais engorgé dans les vaisseaux du ventricule est cause de la premiere espece; voyez l'article Inflammation: des vents occasionnés par l'air raréfié & échappé des alimens que l'on a pris, produisent la seconde; celle - ci se distingue de l'autre par la difficulté qu'a le malade à respirer, par le gonflement de l'estomac, la douleur en cette partie, qui augmente lorsque l'on a mangé, enfin par les rots & les nausées fréquentes qui tourmentent le malade. Les remedes carminatifs sont très - indiqués dans ce cas, & cet accident cede aisément à leur usage.

Il y a encore une espece de cardialgie que l'on nomme spasmodique: celle - ci est plus cruelle que les autres, & est accompagnée de douleurs très - violentes, les nerfs de l'estomac se trouvant dans un érethisme & une tension des plus considérables, qui occupe les hypochondres & toute la région épigastrique. Elle est causée par un amas d'humeurs mordicantes, par un émétique donné à trop forte dose, ou par un poison: dans ces deux derniers cas, les symptomes sont très - effrayans. Le vertige, les maux de tête, la perte du sommeil, le délire, les convulsions, l'oppression de poitrine, les palpitations, la folblesse, & l'intermittence du pouls, les syncopes, les tranchées, la constipation, la suppression des urines, le froid des extrémités, les sueurs froides, la lividité du visage, & sa pâlour, sont autant de symptomes de ce funeste accident, qui lorsque le Medecin n'est point promptement averti, cause en peu de tems la mort du malade.

Après cette description de la cardialgie, on conçoit aisément comment le lait caillé, ou les vers dans l'estomac des enfans occasionnent cette maladie; pourquoi les hypochondriaques & les femmes hystériques y sont sujets; la délicatesse des fibres de l'estomac dans les uns, les mauvaises digestions dans les autres, sont les causes de la maladie: enfin comment un accès de colere, de peur, ou de quelque passion violente, peut occasionner la cardialgie: un engorgement du sang dans les vaisseaux de l'estomac, & son peu de facilité à se dégorger dans la veine - porte, la produisent.

La cardialgie est un état fâcheux, & auquel on ne peut trop tôt remédier; car les suites en sont très - funestes.

Le traitement varie selon les causes de la maladie; rien en même tems n'est plus difficile que de placer les remedes dont on doit user: car les cordiaux que l'on employe assez fréquemment parmi le peuple, tels que la thériaque, la confection d'hyacinthe, & autres remedes de cette espece, ne sont pas toûjours indiqués. C'est aux lumieres d'un Medecin qu'il faut s'en rapporter pour en diriger l'usage. Rien de plus dangereux pour un malade attaqué de cardialgie inflammatoire, que l'administration de ces remedes. Quel effet doit - on en attendre dans une cardialgie spasmodique? enfin quel succes autont - ils lorsqu'elle sera causée par des vers, ou des matieres bilieuses & glaireuses, amassées dans l'estomae? Un Medecin expérimenté examinera les causes de la maladie; il appliquera les remedes convenables, & vous épargnera les dangers que vous feroient courir par leur conseil, des gens qui n'ont nulle connoissance de l'économie animale, ni des maladies, ni de la façon de les traiter. (N)

CARDIAQUE (Page 2:677)

CARDIAQUE, adj. en Anatomie, se dit de l'orifice gauche de l'estomac, à cause de sa proximité du coeur. Voyez Estomac.

On donne aussi cette épithete aux vaisseaux, artere, veine, &c. qui se distribuent. Voyez Artere Veine, &c.

Le plexus cardiaque est un lacis de différens rameaux, tant de la huitieme paire que du nerf intercostal, qui se distribuent au coeur. Voy. Coeur. (L)

Cardiaque (Page 2:677)

Cardiaque, adj. (Med.) passion cardiaque, est une maladie dont il est souvent parlé dans les auteurs sous ce nom; mais dont les modernes traitent plus souvent sous le nom de syncope: c'est une foiblesse extrème, que le vulgaire nomme défaillance. Voyez Syncope.

Cardiaque (Page 2:677)

Cardiaque, remede qui peut réveiller & ranimer les forces abattues & languissantes. Ces sortes de remedes agissent en détruisant les obstacles qui s'opposent à la circulation, en augmentant le mouvement du sang; & enfin leur effet se rend sensible par le pouls plus élevé, la transpiration augmentée, & par tous les fignes qu'accompagnent l'usage modéré des liqueurs restaurantes. [p. 678]

Ce terme est synonyme à cordiaux restaurans, fortifians, analeptiques. Voyez Cordiaux. (N)

CARDIER ou FAISEUR DE CARDES (Page 2:678)

* CARDIER ou FAISEUR DE CARDES, (Art méchaniq.) Les Cardiers se servent pour leur ouvrage de la peau de veau, de bouc, ou de chevre bien tannée. Ils prennent cette peau; ils la coupent par morceaux quarrés oblongs de la grandeur dont la carde doit être; ils tendent ces morceaux, qu'ils appellent feuillets, sur une espece de métier appellé le panteur. Le panteur qu'on voit fig. 1. Pl. du Cardier, est composé de deux tringles, ou rames, ou branches de bois ébiselées en - dedans, A A, a a. Les bords des ébiselures sont garnis de deux rangées de clous à crochet; à l'aide desquels on tend les morceaux de peau, comme on le voit. Dans les extrémités des deux tringles ou rames sont reçûs deux bâtons ou cylindres B B, b b, terminés par les bouts d'un côté en tenon rond ou tourillon, & par les bouts de l'autre en vis. Les tourillons sont reçûs dans la tringle A A, & les vis dans la tringle a a. Il y a des cordes fines passées aux bords C C de la peau, & assujetties sur les rames A A, a a. Il est évident que si l'on fait tourner les bâtons B B, b b sur eux - mêmes dans le sens convenable, la rame a a sera forcée de monter, & qu'il viendra un moment où la peau tirée selon sa hauteur par la rame a a, & selon sa largeur par les ficelles C C, sera tendue en tout sens & à discrétion. On appelle cette opération, monter une peau sur le panteur, ou panter.

Lorsque la peau est montée, on prend une pierre ponce qu'on passe dessus pour l'égaliser, pour enlever les parties trop dures, lui donner par tout la même épaisseur, & la rendre plus déliée & plus souple, suivant le genre de cardes auquel elle est destinée. S'il s'y trouve des endroits trop minces, on y colle du papier ou du parchemin. Cette seconde opératien s'appelle parer.

Lorsque la peau est parée, on la pique. Piquer une peau, c'est la percer de petits trous placés sur une même ligne droite, tous à la même distance, de maniere que le premier de la seconde ligne se trouve au centre du petit quarré, dont les deux premiers de la premiere ligne, & les deux premiers de la troisieme occupent les angles; que le premier de la quatrieme ligne occupe le centre du petit quarré, dont les deux premiers de la troisieme & de la cinquieme marquent les angles, & ainsi de suite, comme on voit fig. 2. Cette opération se fait avec l'instrument représenté fig. 3. Cet instrument s'appelle une fourchette. Il est garni à sa partie supérieure de deux aiguilles plus ou moins fines, selon les trous qu'on veut faire, & son manche est entaillé. Cette entaille sert à recevoir l'index, tandis que le reste du manche est embrassé par la paume de la main. Il est essentiel que les trous soient bien rangés en ligne droite, à même distance, & dans l'ordre où on les voit: cependant pour le leur donner, les ouvriers ne tracent aucune ligne sur la peau; l'habitude seule les dirige, & ils travaillent avec une vîtesse incroyable. Au reste il ne seroit pas impossible d'imaginer une machine qui leur épargneroit toute cette peine. Il me semble que quand la peau seroit suffisamment tendue sur le panteur, on pourroit l'appuyer en - dessous de matelats, ou de gros draps, ou de chapeaux, & la presser en - dessus d'une surface armée de pointes courtes & roides, & rangées comme on le desire. Rien n'empêcheroit que cette presse ne ressemblât tout - à - fait à celle des Imprimeurs. On dit qu'il y a des ouvriers qui ont des fourchettes à quatre, six, huit pointes: mais que l'usage de ces fourchettes est plus difficile que de celles à deux pointes; & qu'il se trouve de l'inégalité soit dans le diametre, soit dans l'arrangement des trous, ce qui est de conséquence.

Quand on a piqué la peau, il s'agit de la garnir de fils d'archal. Pour cet effet on choisit celui qui a la qua<cb-> lité convenable à la grosseur de la carde qu'on veut faire. Les fils dont on fait les cardes pour les laines fines, sont connus dans le Languedoc sous les noms de fils à 2, à 3, à 4, à 5, à 6, & à 7 plombs, & désignés à Paris par les numeros 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7: le numéro 1 est moins gros que le numéro 2, & ainsi de suite. Les gros fils employés aux cardes des marchandises, ou laines, ou fils, ou poils extrèmement grossiers, vont depuis le numéro 30 jusqu'au numéro 40, toûjours augmentant en grosseur.

On commence par couper le fil de fer d'une longueur proportionnée à la carde qu'on veut faire; ce qui s'exécute par le moyen de la jauge. La jauge est un instrument qu'on voit fig. 4. Son corps A est de bois: il est entaillé en B. Cette entaille est revêtue de fer bien dressé. Sa partie supérieure C est couverte d'une plaque bien unie. Il est traversé d'une vis D qui sert de queue à la plaque C. Sur son corps à son extrémité E est fixé un écrou à oreilles, qui ne descend ni ne monte, mais qui se mouvant seulement sur lui - même, fait baisser ou descendre à discrétion la plaque C. On remplit l'entaille B de fils d'archal attachés en paquet, ainsi qu'on le voit dans la figure. On frappe un coup sur la plaque C, afin que les fils s'arrangent entr'eux & s'appliquent bien tous exactement sur la garniture inférieure G. On a une cisaille dont la lame s'applique à la plaque C, qui lui sert de guide; & l'on enleve d'un coup de cette force ou cisaille les tronçons égaux & longs à discrétion, qu'on voit fig. 5. On les coupe ordinairement d'un pouce & demi plus ou moins. Il faut que ces fils soient bien droits, afin qu'ils prennent tous une inflexion égale, & dans le même endroit. On en prépare depuis 50 jusqu'à 100 à la fois, suivant la capacité de la jauge.

Quand les fils sont coupés, on les double. Pour cette opération, on se sert de l'instrument qu'on voit fig. 5. il est appellé doubleur, de sa fonction. Son manche A est de bois. Sa partie supérieure C C est garnie de deux joues de fer. Une piece de fer bien dressée & fixée à vis dans le corps, revêtit l'espace D D D creusé à la partie supérieure. L'espece de gouttiere E E fig. 5. est comprise entre les deux joues C C, de maniere qu'il y ait entre sa face inférieure & la plaque D D D, un espace suffisant pour pouvoir y insérer les tronçons de fil d'archal. La gouttiere E E a sa rainure tournée en - devant. On verra tout à l'heure pourquoi on lui a pratiqué cette rainure, & pourquoi on lui a donné du reste la forme d'un prisme triangulaire. On passe autant de tronçons de fil d'archal entre la gouttiere E E & la plaque D D D qu'on y en peut insérer, comme on y voit le tronçon F L, & l'on ramene la partie F par - dessus la gouttiere jusqu'au fond de la concavité D D; ce qui fait souffrir au fil deux inflexions à la fois, & le réduit à la figure de celui qu'on voit sur le doubleur en G H I K. On a grand soin que le fond de la concavité D D soit bien en ligne droite, & que tous les bouts des tronçons soient bien exactement appliqués sur ce fond. Avec ces précautions, non - seulement les fils souffriront tous deux inflexions, l'une en H & l'autre en I: mais ces inflexions ou angles seront placés précisément aux mêmes endroits & seront très - vifs; ce qui est un effet du taillant de la gouttiere qu'on a fait prismatique, afin que l'extrémité du tronçon pût être ramenée jusqu'en K. On la ramene jusqu'en K, afin que le fil venant à se restituer un peu par son ressort, l'angle I reste droit. Les tronçons au sortir du doubleur, ont la figure qu'on leur voit fig. 6. Les parties a c, b d sont toûjours de même longueur entr'elles: mais & ces parties & la distance a b, sont plus ou moins longues, selon l'espece de cardes auxquelles les fils d'archal sont destinés. Quant aux angles a & b, ils sont toûjours droits. Les tronçons dans cet état s'appellent pointes.

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