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CASSAVE, ou CASSAVI, ou MANIHOT (Page 2:743)
CASSAVE, ou CASSAVI, ou MANIHOT, ou
MANIHOC, est un genre de plante observée par le
P. Plumier; ses fleurs sont monopétales, en forme de
cloche découpée, & le plus souvent ouverte. Le
pistil devient dans la suite un fruit arrondi, qui renferme
trois capsules oblongues, jointes ensemble,
dans chacune desquelles il y a un noyau oblong.
Tournefort, Inst. rei herb. Voyez
* Celle qui est désignée dans Gasp. Bauhin sous le nom de manihot Indorum, seu yucca folüs cannabinis, dont on trouvera une description assez exacte dans ceux qui ont écrit des Antilles, comme le P. du Tertre, le P. Labat & autres, fournit plusieurs produits dont la connoissance peut piquer la curiosité. Sa racine mangée sans aucune préparation, est un poison mortel: mais on parvient à en séparer la partie nuisible, & à conserver la portion nourrissante, dont on fait un pain d'un usage commun parmi les sauvages; & que les Européens, & même les dames les plus délicates, préferent par goût au pain de froment.
Pour faire cette separation, on s'y prend de la maniere suivante: lorsque la racine est cueillie, on la dépouille de sa peau; il reste une substance blanche & pleine de suc, qu'on rape: pour cet effet, on a de grosses rapes de cuivre, & non des moulinets à bras, comme le dit le P. du Tertre. On met la rapure dans des sacs faits d'écorce d'arbre; ces sacs sont portés sous une presse d'un méchanisme fort simple: c'est une branche d'arbre attachée au tronc, qui fait la fonction de levier, en vertu d'un gros poids dont on charge son extrémité fourchue. Voyez les pl. d'hist. [p. 744]
Le suc exprimé de la racine rapée n'est pas rejetté comme inutile. Quoique ce soit un poison, on en obtient une substance blanche & nourrissante. Ce suc est blanc comme du lait d'amande, & en a à peu - près l'odeur. On le reçoit dans des vases, comme nous avons dit ci - dessus; on l'y laisse reposer, & il se sépare en deux portions; l'une est une fécule blanche qui se précipite; l'autre est une eau qui surnage, qui n'est d'aucune utilité, qu'on décante & qu'on rejette. Quant à la fécule, on la lave avec de l'eau chaude; on la laisse ensuite se précipiter dans cette eau à chaque lavage; on la retire, & on la met sécher à l'ombre. Cette fécule a l'apparence, la consistance & les propriétés de l'amydon. Cet amydon s'employe au même usage que la nôtre; on l'appelle moussache. On en fait encore des gâteaux qui ressemblent beaucoup à nos échaudés. Nous tenons ces détails de M. le Romain, qui nous les a donnés d'après l'expérience, & dont nous avons fait mention entre les personnes qui nous ont aidés de leurs lumieres.
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