ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"4:6"> les parties grumeleuses qu'il peut y avoir. Enfin on remet l'ouvrage à la cuisson, & voilà ce qui con - cerne la façon des creux qui sont au nombre de six, & des demi - creux au nombre de douze: on travail - le à tous dans le même tems si l'on a six modeles.

Pour le pont, ou la maîtresse anse, on fait un modele de terre mêlée de bourre & de crottin cor - royés à la main, & on le figure tel qu'il doit être, & ayant vers son extrémité supérieure une ouver - ture pour passer la trompe de la cloche. On donne à l'extrémité d'en bas une circonférence divisée en six parties égales qui feront, en partant du centre de cette circonférence, six rayons égaux: c'est par le moyen du centre & de ces rayons que les six an - ses s'ajustent sur le pont par bas. Mais pour les y joindre par le haut, il faut faire un repere sur cha - cun de ses côtés en forme de croix pour les deux anses appellées les deux volans: il en faut outre cela deux sur chacune des faces de ce pont, savoir un à droite & un à gauche pour une face, & un aussi à droite & un autre à gauche pour la face op - posée, lesquels doivent se trouver vis - à - vis d'une face à l'autre, en conduisant ces mêmes reperes sur la sommité de ce même pont.

Pour assembler les pieces, c'est - à - dire, les creux avec le pont, 1°. on couche la maîtresse anse sur une planche saupoudrée ou cendrée, on adapte les deux volans sur ses côtés & sur leurs reperes, puis deux autres anses sur leurs reperes & sur sa face, & voilà déja quatre anses ou autrement qua - tre creux d'anses posés & appliqués; mais il faut que les distances au centre du pont soient égales entr'elles, ce qui se trouve au compas. ces creux étant ainsi arrangés, on emplit d'un morceau de terre l'ouverture du pont qui formera un passage pour passer la trompe, puis on garnit de terre les coudes des anses & des volans avec des gâteaux assez longs & larges pour remplir tout le vuide d'un moule à l'autre; ensuite on donne à tout cet ouvrage une bonne & suffisante charge: c'est un gros massif pour lors que l'on fait cuire au feu de charbon jusqu'à ce qu'il ait pris assez de force pour être manié & renversé, bien entendu qu'en arran - geantsses pieces & avant que de les exposer au feu, on aura eu soin de faire au milieu de la tête du pont avec un bâton bien arrondi un jet capable de recevoir le métal en fusion, puis deux soupiraux ou évents aux deux côtés du jet, mais un peu plus étroits & plus bas, afin que l'air sorte hors du moule dans le tems qu'on coulera.

Il reste l'autre partie de l'opération. On ren - verse le massif sur une table pour placer les deux autres creux d'anses sur son autre face, sur leurs reperes & à la même distance du centre du pont que les deux creux précédens, au moyen du com - pas dont on a conservé l'ouverture. On donne les mêmes charges de ce côté - ci que de l'autre, & une autre charge de surplus sur la jonction des deux pieces, afin qu'elles ne se séparent point. On met cuire ce côté - ci comme on a fait l'autre; la cuisson en étant faite, les deux moitiés séparées, on en - leve la fausse anse, qui est le pont, pour ne plus reparoître, mais si adroitement que rien ne soit brisé, sur - tout le morceau de terre qu'on a mis dans l'ouverture du pont, qui est tout ce qui en doit rester pour faire l'emplacement de la trompe quand on coulera.

Avant de séparer ces deux moitiés, on trace avec le compas, sur la sommité du surtout, une certaine circonférence qui se reporte en dessous du massif en partant de son centre; ce dessous de massif ainsi arrondi devient une base qui remplit l'ouverture du haut de la chape; non seulement on donne cette forme ronde à ce massif qui doit faire le cou - ronnement de la cloche, mais on lui donne encore un certain concave pour faire l'agrément de l'exté - rieur du cerveau de la cloche.

Les deux moitiés étant bien cuites on les appa - reille, on les polit en dedans, & on en emporte tous les grumeaux avec un pinceau de chanvre trempé dans de l'eau légérement chargée de terre, puis on les met au recuit.

Lorsque le dedans en est bien sec, on réunit les deux pieces ensemble; on les charge en dehors, & par dedans on recouvre leur trait de séparation avec un coulis de terre mis au pinceau, puis le recuit.

On emplit le noyau de charbon, on monte le massif des creux d'anses sur la chape, & on l'em - boîte dans le rond qui a été préparé pour le rece - voir. Le feu doit être long afin que la cuisson soit complette: on aura soin de graisser auparavant d'huile à fond toute la place que doit occuper le couronnement ou ce massif, afin de pouvoir l'ô - ter quand on voudra enlever le surtout.

C'est dans ce tems - là qu'on construit sur les anses l'entonnoir où se termine le canal. Ce sont trois gâteaux de terre en forme de tuile qu'on dresse à angles droits, qu'on assure bien l'un con - tre l'autre: il faut autant de ces entonnoirs qu'il y a de cloches. Ensuite on prolonge, avec des bâ - tons bien arrondis, les soupiraux ou évents que l'on tient toujours bouchés avec des tampons, ainsi que le jet, jusqu'au moment qu'il faudra couler: lorsque la cuisson sera achevée & le feu éteint, on enlevera le tout le plus proprement qu'il sera pos - sible de dessus la chape.

Reste l'anneau de la cloche à poser. Voici com - ment on fait: on le pose à plomb du centre de la traverse de fer qui reste dans le noyau, sur la - quelle a toujours roulé le compas de construc - tion. On établit tout autour de cet anneau sur la traverse un plancher de tuiles ou de briques sur lequel on éleve un massif de terre seche ou de sa - ble gras, que l'on pile à mesure que l'on va en montant, & que le vuide du noyau se remplit; les deux branches dentelées de cet anneau excéderont la surface du noyau, comme on le voit fig. 7, pour que le corps de la maîtresse anse les embrasse. L'anse étant placée au centre du noyau, on fait un bassin de brique que l'on charge de charbon, avec lequel on fait un feu violent pour faire re - cuire cette masse de terre. Cette derniere cuisson étant faite, on repose la chape que l'on redescend au moyen des crochets & des cordages qui la sus - pendent.

On la repose sur ses reperes & sur les numé - ros correspondans, (ce qui la replace en distance égale de son noyau en tout sens); à présent donc qu'elle est en sa place, il ne s'agit plus que de la couvrir de son couronnement, c'est - à - dire, du moule de ses anses, de son jet & de ses évents que l'on soude par un coulis que l'on fait recuire sur le champ. Après quoi il ne reste plus rien à faire que d'emplir la fosse de terre ferme & de gravier pilé de lits en lits, avec la poire, depuis le fond de la fosse jusqu'au rez - de - chaussée, afin d'empê - cher les moules de se tourmenter lorsqu'on coulera la matiere.

Les six anses des cloches doivent porter dans leurs quatre faces un bord & un tiers d'épaisseur.

Le battant doit avoir dans le gros de sa poire un bord & demi, plus un huitieme d'épaisseur, qui font quatre bords & demi, plus trois huitie - mes de circonférence, la poire étant bien arrondie.

L'anneau du battant & celui de la cloche doi - vent être arrondis & bien adoucis à la lime pour la conservation du brayer.

FONTE DES CLOCHES. | |PLANCHE IV. (Page 22:4:6)

PLANCHE IV.

Fig. 1. Plan géométral du fourneau. A le fourneau. B la chapelle qui communique à la chauffe. C, D place pour débraiser. E escalier pour y descendre. T, T portes du fourneau pour charger. V place du tam - pon, & commencement du canal qui communi - que à l'échenau. P Q R S la fosse dans laquelle sont placés quatre moules de cloche dont les propor - [p. 4:7] tions sont pour former l'accord parfait UT mi sol ut. On voit l'échenau aux extrémités duquel on distingue le haut des chapeaux & l'orifice des jets & des évents.

2. Elévation antérieure du fourneau, & coupe de la fosse par un plan vertical passant par le milieu de sa longueur. P Q R S coupe de la fosse. V bou - che du fourneau. T T seuils des portes. t t les cheminées.

3. Elévation postérieure du fourneau du côté de la chauffe. C la chauffe au dessous de la grille de laquelle est une porte D par laquelle on retire les braises. T T les seuils des portes du fourneau. t t les cheminées.

FONTE DES CLOCHES. | |PLANCHE V. Suite de la precédente. (Page 22:4:7)

PLANCHE V. Suite de la precédente.

Fig. 4. Coupe verticale du fourneau par le milieu des portes & des cheminées, l'oeil étant dirigé vers la bouche du fourneau. V la bouche que l'on ferme intérieurement avec un tampon. T T les portes. t t les cheminées. On a projetté par des lignes ponctuées la fosse postérieure à cette coupe, & indiquée par les lignes ponctuées p q r s.

5. Coupe verticale du fourneau par un plan qui passe par les portes & les cheminées, l'oeil étant di - rigé vers la chapelle ou voûte de communication de la chauffe au fourneau. T T les portes. B la chapelle. t t les cheminées. On a projetté par des lignes ponctuées la partie postérieure de la chauffe & la porte d par laquelle on débraise.

6. Plan du dessus de la chauffe. C ouverture par la - quelle on jette le bois. A pelle de fer servant à fer - mer cette ouverture après que le bois y a été in - troduit.

7. Coupe longitudinale du fourneau par un plan ver - tical passant par la chauffe & la bouche. Q S par - tie de la fosse de 22 bords de la plus grosse cloche en profondeur. V la bouche du fourneau par laquelle sort le métal en fusion. T une des portes. t le haut de la cheminée. B la chapelle. C la chauffe. G la grille sur laquelle tombe le bois. D place où tombent les braises. E escalier pour y descendre.

Le fourneau est, par ce qui paroît, une espece de four à réverbere. On l'appelle reverbere, parce que la flamme qui se joue dans sa voûte, rever - bere & refoule son activité sur le metal. Sa voûte doit être surbaissée pour mieux refouler vers le bas. Il est construit sur une base de cinq ou six briques de hauteur, plus ou moins, suivant la quantité du métal. Ces briques se posent en liai - son, c'est - à - dire, un lit de briques en largeur, puis un autre en longueur, & successivement ainsi jusqu'à cinq ou six lits, le tout bien lié & bien enduit en dehors & en dedans, d'une bonne terre de maçonnerie sur laquelle on fait bâtir le four que l'on doit bien crépir en dedans & rê - revêtir en dehors d'une bonne maçonnerie. Dans cette base même & sur son terre plein, on prati - que une issue quarrée grosse comme le poing, suivant la quantité du métal qui doit y passer pour couler dans les moules, & que l'on scelle hermé - tiquement d'un tampon de terre bien cuite. Vis - à - vis de cette même issue est une fausse porte cein - trée qui communique à cette partie du reverbere qu'on nomme la chauffe, par laquelle la flamme vient se rendre dans le four pour se répandre avec toute son activité sur le métal: cette ouverture tient ici lieu de foyer. Entre cette espece de foyer & le trou de l'écoulement sont placées deux por - tes, par lesquelles on peut entrer dans le four - neau pour charger le métal, ou, lorsqu'il est en feu, écumer & brasser le métal en bain avec les outils dont il sera parlé ci - après.

Le fond ou pavé du reverbere se nomme bassin. Il est ainsi nommé, parce qu'étant un peu creux il imite le fond d'un plat ou d'un bassin. Ce pavé doit pencher un peu vers le trou du tampon afin que tout le métal puisse se rendre dans les moules. Il doit être fortement pilé au maillet, recouvert de sable pilé de même, & ragréé d'un gros coulis de cendres: ensuite on dresse en dedans tout au - tour & à la hauteur de la base, un bon & fort talus de limon appliqué au sec & pilé au maillet, ra - gréé du brouet de cendres comme le reste, & ce talus ainsi conditionné regnera de même à l'entrée des portes.

La chauffe est une espece de cheminée conte - nant la moitié du reverbere en quarré auquel elle est contiguë. Elle a deux parties; une grille de gros fer plat les sépare: celle de dessous est pour rece - voir les braises & les cendres, & celle de dessus est destinée à recevoir le bois de chauffe qu'on y jette par une ouverture qui est pratiquée en haut, & qu'on a soin de refermer chaque fois après qu'on y a jetté le bois, afin que la flamme soit poussée dans le reverbere. Toute cette partie doit être con - struite en briques.

La chapelle est la partie de la chauffe qui com - munique au reverbere. Elle doit être bâtie en talud & d'une maçonnerie de brique la plus solide qu'il est possible, de peur qu'elle ne se brise quand on jette le bois.

Le canal est un conduit composé dans sa lon - gueur de briques bien enduites de terre & d'un coulis de cendres par - dessus. La pente de ce con - duit, qui est depuis le tampon jusqu'à l'échenau, doit être médiocre, mais suffisante pour conduire le métal dans les moules.

L'échenau ou échenal est un bassin, quarré ob - long, il communique au canal devant lequel il est placé; il est percé dans son fond d'autant de trous qu'il y a de maîtres jets, & qu'il y a de cloches par conséquent; il est placé sur le haut des moules, de sorte que ses trous, qui sont en forme de larges godets, s'unissent par leur ouverture intérieure avec l'orifice de chaque jet. Les tuyaux des évents vien - nent se terminer sur l'aire autour des bords de l'é - chenau.

Pour recuire le fourneau, on le remplit de bois & de paille auxquels on met le feu. Lorsque tout est consumé, I on y remet une bonne charge de bois; on bouche les portes, on recharge les en - droits de la calote où l'on apperçoit la fumée sortir; le feu etant éteint, le fondeur rentre dans le four, nettoie le bassin, & observe bien attentivement si le métal ne se peut perdre; & si tout est en bon état, l'ouvrier range dans le fourneau un lit de paille & quelques buches par - dessus, sur lesquelles il place les morceaux de métal, en menageant de petits entre - deux d'un morceau à l'autre, afin que la flam - me qui doit les environner, puisse les faire fondre avec plus de facilité.

FONTE DES CLOCHES. | |PLANCHE VI. (Page 22:4:7)

PLANCHE VI.

La vignette représente une vûe du fourneau en feu & l'opération de couler le métal dans les moules.

Fig. 1. Le maître fondeur qui, avec une grande perche à laquelle on donne le nom de perriere, débou - che le fourneau pour laisser couler le métal dans l'échenau & delà dans les moules. Il commande l'écoulement, en introduisant plus ou moins sa perrierre dans la bouche du fourneau. Les clo - ches dont les moules s'emplissent, sont celles dé - signées au plan fig. 1. Planche IV par les lettres UT ut, l'échenau étant traversé en cet endroit par une espece de vanne de fer ou de terre que l'on n'ôte que quand les moules des deux pre - mieres cloches sont entierement remplis.

2. & 3. Deux aides fondeurs tenant chacun une que - nouillette dans l'ouverture des jets des deux au - tres cloches mi sol. On enleve alors la séparation qui traverse l'échenau, & le métal étant arrivé sur les quenouillettes, on les enleve l'une après l'autre, à mesure que l'un des deux moules des deux dernieres cloches est rempli.

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