ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"575"> ces villages ne seront pas suffisamment couverts ou gardés par les troupes du camp, on fait camper pour la sûreté des officiers qui y sont logés, des corps de troupes qui mettent ces lieux à l'abri de toute insulte. Essai sur la castramétation, par M. le » Blond.

Camp rétranché (Page 2:575)

Camp rétranché, c'est un espace fortifié pour y renfermer un corps de troupes, & le mettre à couvert des entreprises d'un ennemi supérieur: les camps retranchés se construisent ordinairement dans les environs d'une place dont le canon peut servir à leur défense; & ils ont particulierement pour objet de couvrir & de protéger une place dont la fortification ne permettroit pas une longue réfstance.

Le retranchement dont les camps retranchés sont entourés, ne consiste guere que dans un fossé, & un parapet flanqué de quelques redans, ou de bastions. Les troupes sont campées environ à cent vingt toises du retranchement. Voyez Plan. XII. de l'Art milit. une partie d'un camp retranché dans un terrein inégal.

C'est des Turcs, dit M. le Marquis de Feuquieres, que nous avons l'usage des camps retranchés, sous le nom de palanques. Cet usage est fort bon quand il est judicieusement pris, & j'approuve la pensée que M. de Vauban a eue d'en construire sous quelques - unes des places du Roi: mais il ne faut pas pour cela en faire sous toutes les places qui seroient susceptibles d'une pareille protection, parce qu'on ne pourroit pas les garnir suffisamment de troupes, & qu'ainsi ces camps retranchés seroient plus préjudiciables que profitables. Voici le cas où je les approuve.

Lorsque le prince a la guerre à soûtenir de plusieurs côtés de son état, que de quelques - uns de ces côtés il veut demeurer sur la défensive, & qu'à la tête de ce pays il y a une place dont la construction permet d'y placer un camp retranché; le prince en peut ordonner la construction d'avance, afin qu'il soit bon, & que par - là l'ennemi soit forcé d'attaquer ce camp dans les formes, avant que de pouvoir assiéger la place.

Lorsqu'une ville est grande, que son circuit n'a pû être fortifié régulierement à cause de la grande dépense, & que cependant sa conservation est nécessaire, on peut pour sa protection y placer un camp retranché lorsque sa situation la rend susceptible de le recevoir. Lorsqu'on ne veut garder qu'un petit corps à la tête d'un pays, soit pour empêcher les courses de l'ennemi, soit pour pénétrer dans le pays ennemi, on peut chercher la ville la plus commode pour les effets dont je viens de parler, & y construire un camp retranché, parce qu'il est plus aisé de se servir des troupes qui sont dans un camp retranché, que de celles qui sont logées dans une ville, dont le service ne sauroit être aussi prompt que celui des troupes campées.

Lorsqu'on veut protéger une place dominée par des hauteurs, & qu'il s'en trouve quelques unes où un camp rétranché peut être placé de maniere que la communication de ce camp à la place ne puisse point être ôtée, qu'il éloigne la circonvallation, qu'il ne soit point dominé, & sous le feu du canon de l'ennemi, ou qu'il donne quelque liberté au secours qu'on pourroit introduire dans la place, ou une facilité à l'armée qui veut secourir, de s'approcher de ce camp; on y peut faire un camp retranché.

Lorsqu'une place se trouve située sur une riviere, & qu'elle est du même côté par lequel l'ennemi la peut le plus favorablement aborder pour en former le siége, on peut encore en ce cas avoir un camp retranché de l'autre côté de la riviere, principalement fi le terrein se trouve disposé de maniere que de cet autre côté de la riviere il se trouve une hauteur voisine dont l'occupation force l'ennemi à une circonvallation étendue de ce côté - là; parce que cette grande circonvallation ainsi séparée & coupée par une riviere, rendra la place bien plus aisée à secourir.

On peut encore faire un camp retranché au - devant des fortifications d'une place, lorsqu'il peut être fait de maniere qu'il éloigne l'attaque, & que l'ennemi soit obligé à ouvrir une tranchée, & à prendre les mêmes établissemens contre ce camp retranché, que pour l'attaque même de la place; & qu'après qu'il aura forcé les troupes qui sont dans ce camp à l lui abandonner, la terre qui y aura été remuée ne donnera pas des établissemens contre la place.

Enfin les camps retranchés sont d'un fort bon usage dans les especes dont je viens de parler, pourvû qu'ils soient bons, qu'ils ayent les épaisseurs convenables pour soûtenir les efforts de l'artillerie ennemie; qu'ils soient protégés de la place qu'ils protegent; qu'ils y tiennent, & que les flancs en soient en sûreté par la protection du canon de la place & des ouvrages, & fous le feu de la mousqueterie du chemin couvert; sans quoi ils pourroient être dangereux à soûtenir avec trop d'opiniâtreté: lorsqu'on les veut soûtenir avec opiniâtreté, à cause de leur conséquence pour la durée d'un siége, l'on y peut faire un second retranchement intérieur, qui sera garni d'infanterie le jour qu'on craindra d'être attaqué de vive force, afin que le feu de cette infanterie facilite la retraite des troupes forcées, & contienne l'ennemi qui poursuivroit avec chaleur les troupes forcées jusque dans le chemin couvert de la place.

Tous les camps retranchés doivent être construits de maniere que les troupes qui y sont campées soient à couvert du feu du canon de l'ennemi: car il ne faut pas que par son artillerie il en puisse enfiler aucune partie: si cela étoit, le camp deviendroit fort difficile à soûtenir, trop peu tranquille, & trop coûteux.

Ce que j'ai dit jusqu'à présent des camps retranchés, ne regarde que ceux qui sont construits pour un corps d'infanterie, pour rendre une circonvallation plus difficile, pour éloigner l'attaque du corps de la place, & par conséquent augmenter la durée du siége. Il ne reste plus sur cette matiere qu'à dire quel est l'usage des camps retranchés pour y mettre aussi de la cavalerie.

L'usage de ces camps n'est que dans certains cas, qui regardent plûtot la guerre de campagne que celle des siéges; & voici quels ils sont.

Ou l'on veut dans les guerres offensives & défensives faire des courses dans le pays ennemi; ou l'on veut empêcher que l'ennemi n'en fasse commodément, & ne pénetre le pays; ou l'on veut pouvoir mettre les convois en sûreté sous une place où il ne seroit pas commode de les faire entrer.

Dans tous ces cas l'on peut construire un camp retranché sous une place; & pour lors il faut avoir plus d'attention à la commodité de la situation pour y entrer & en sortir facilement, & à son voisinage des eaux, qu'à sa force par rapport à la défense de la place. Ces camps sont toûjours de service, pourvû qu'ils soient hors d'insulte, gardés par un nombre d'infanterie suffisant, & assez étendus pour y camper commodément la cavalerie, & faire entrer & ressortir les charrois des convois sans embarras.

Voilà, ce me semble, tous les usages différens qu'on peut faire des camps retranchés: ils sont tous fort utiles: mais il ne faut pas pour cela avoir trop de ces camps retranchés: il doit suffire d'en avoir un bon sous une place principale sur une frontiere; parce que leur garde consommeroit trop d'hommes, qui [p. 576] seroient de moins au corps de l'armée. Tout ceci est tiré des Mémoires de M. le marquis de Feuquiere.

Camp volant (Page 2:576)

Camp volant, est un petit corps d'armée composé de quatre, cinq ou six mille hommes, & quelquefois d'un plus grand nombre, d'infanterie & de cavalerie, qui tiennent continuellement la campagne, & qui font différens mouvemens pour empêcher les incursions de l'ennemi, ou pour faire échoüer leurs entreprises, intercepter les convois, fatiguer le pays voisin, & pour se jetter dans une place afsiégée en cas de besoin. (Q)

Camp prétorien (Page 2:576)

Camp prétorien, (Hist. anc.) c'étoit chez les Romains une grande enceinte de batiment, qui renfermoit plusieurs habitations pour loger les soldats de la garde, comme pourroit être aujourd'hui l'hôtel des mousquetaires du Roi à Paris.

Camp (Page 2:576)

Camp, (Commerce.) Les Siamois, & quelques autres peuples des Indes orientales, appellent des camps les quartiers qu'ils assignent aux nations étrangeres qui viennent faire commerce chez eux: c'est dans ces camps, où chaque nation forme comme une ville particuliere, que se fait tout leur négoce; & c'est - là où non - seulement ils ont leurs magasins & leurs boutiques, mais aussi où ils demeurent, avec leur famille, & leurs facteurs & commissionnaires. Les Européens sont pourtant exempts à Siam, & presque par - tout ailleurs, de cette sujétion; & il leur est libre de demeurer dans la ville ou dans les faubourgs, comme ils le jugent à propos pour leur commerce. (G)

CAMPAGNA (Page 2:576)

CAMPAGNA, (Géog.) ville d'Italie au royaume de Naples, dans la principauté ultérieure. Lon. 32. 47. lat. 41. 42.

CAMPAGNANO (Page 2:576)

CAMPAGNANO, (Géog.) petite riviere d'Italie au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure.

CAMPAGNE (Page 2:576)

CAMPAGNE, s. f. en terme de Guerre, signifie l'espace de tems de chaque année que l'on peut tenir les troupes en corps d'armée.

Les Allemands commencent leur campagne fort tard, & attendent souvent jusqu'après la moisson: les François ouvrent la campagne de bonne heure; ils la commencent quelquefois dès la fin de l'hyver; & cette méthode leur est fort avantageuse. Ce qui doit décider de l'ouverture de la campagne, ce sont les moissons: il faut ou de grands magasins pour la nour<-> iture des chevaux, ou que la terre soit en état de pourvoir à leur subsistance; ce qui ne se peut guere que vers le milieu du mois de Mai. Voyez Fourage. (Q)

Campagne (Page 2:576)

Campagne, (Marine.) faire une campagne; on entend sur mer par le mot de campagne, le tems que dure un armement, soit pour faire un voyage de long cours, soit le tems que dure une croisiere, ou celui qu'une armée navale peut tenir la mer. (Z)

Campagne (Page 2:576)

Campagne, (Géog.) petite ville de France dans l'Armagnac, sur la Douze.

Campagne de Rome (Page 2:576)

Campagne de Rome, (la) Géog. province d'Italie bornée à l'ouest par la mer & le Tibre; au sud & à l'est par la mer, l'Abruzze, & le pays de Labour; & au nord par la Sabine.

CAMPANE (Page 2:576)

CAMPANE, s. f. terme d'Architecture, du Latin campana, cloche. On donne ce nom au corps du chapiteau corinthien & de celui du composite, parce qu'ils ressemblent à une cloche renversée: on l'appelle aussi vase ou tambour, & le rebord qui touche au tailloir se nomme levre.

Campane (Page 2:576)

Campane, ornement de sculpture en maniere de crépines, d'où pendent des houpes en forme de clochettes pour un dais d'autel, de throne, de chaire à prêcher, comme la campane de bronze qui pend à la corniche composite du baldaquin de S. Pierre de Rome.

Campane (Page 2:576)

Campane de comble, ce sont certains ornemens de plomb chantournés & évuidés qu'on met au bas du faîte d'un comble, comme il s'en voit de dorés au château de Versailles.

Campanes (Page 2:576)

Campanes, voyez Gouttes. (P)

Campane (Page 2:576)

Campane, ouvrage de Boutonnier; c'est une espece de crépine ou de frange faite de fil d'or, d'argent, ou de soie, qui se termine par en - bas d'espace à autre par de petites houpes semblables à des clochettes; ce qui leur a fait donner le nom de campas, qui vient du mot Latin campana.

Quoique les marchands Merciers vendent dans leurs boutiques des houpes & campanes coulantes ou arrêtées, montées sur moules & bourrelets, noüées & à l'aiguille, il n'y a cependant que les maîtres Passementiers Boutonniers qui ayent la faculté de les fabriquer, suivant l'article vingt - troisieme de leurs statuts du mois d'Avril 1653.

Campane (Page 2:576)

Campane, tirage des soies; c'est le nom que les Piémontois ont donné à une des roues principales de la machine à tirer les soies. Voyez à l'article Soie, le tirage des soies.

CAMPANELLA (Page 2:576)

CAMPANELLA (Philosophie de). Campanella étoit de Stilo, petite ville de la Calabre: il prit l'habit de S. Dominique à l'âge de treize ans. On l'accusa d'hérésie; c'est pourquoi les juges de l'inquisition le tinrent en prison pendant vingt - cinq ans. Le pape Urbain VIII. obtint sa liberté. Il vint à Paris en 1634; & le cardinal de Richelieu, qui avoit une estime particuliere pour les savans, lui fit de grands biens. Il mourut à Paris en 1639, âgé de 71 ans, après une grande mélancholie, & un dégoût extraordinaire.

Campanella se croyoit fait pour donner à la Philosophie une face nouvelle: son esprit hardi & indépendant ne pouvoit plier sous l'autorité d'Aristote, ni de ses commentateurs. Il voulut donner le ton à son siecle; & peut - être qu'il en seroit venu à bout, s'il n'eût fallu que de l'esprit & de l'imagination. On ne peut nier qu'il n'ait très - bien apperçû les défauts de la philosophie scholastique, & qu'il n'ait entrevû les moyens d'y remédier: mais son peu de jugement & de solidité le rendirent incapable de réussir dans ce grand projet. Ses ouvrages remplis de galimathias, fourmillent d'erreurs & d'absurdités: cependant il faut avoüer qu'il avoit quelquefois de bons intervalles; & on peut dire de lui ce qu'Horace disoit d'Ennius:

Cum flueret lutulentus, erat quod tollere velles.

On assûre qu'il prétendoit connoître la pensée d'une personne, en se mettant dans la même situation qu'elle, & en disposant ses organes à - peu - près de la même maniere que cette personne les avoit disposés. Ce sentiment devroit paroître bien singulier, si on ne savoit qu'il n'est pas nécessaire, pour prendre plaisir à mettre au jour des choses extraordinaires, de les croire véritables; mais qu'il suffit d'espérer que le peuple les regardera comme des prodiges, & que par leur moyen on passera soi - même pour un prodige.

Dialectique de Campanella. Pour mettre les lecteurs en état de se former une idée de l'esprit philosophique de Campanella, nous allons mettre ici ses sentimens.

1. La dialectique est l'art ou l'mstrument du sage, qui lui enseigne à conduire sa raison dans les sciences.

2. La Logique se divise en trois parties, qui répondent aux trois actes de l'entendement, la conception, le jugement, & le raisonnement.

3. La défimtion n'est pas différente du terme: or les termes sont ou parfaits ou imparfaits.

4. Les termes sont les semences, & les définitions sont les principes des sciences.

5. La Logique naturelle est une espece de participation de l'intelligence de Dieu même, par laquelle

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