ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"305"> en été vers le milieu du jour; en hiver un peu plutôt, à venir dans une galerie sort large & longue à proportion.

La maison est composée de plusieurs pavillons. L'entrée est à la maniere des anciens. Au - devant de la galerie, on voit un parterre, dont les différentes figures sont tracées avec du buis. Ensuite est un lit de gazon peu élevé, & autour duquel le buis représente plusieurs animaux qui se regardent. Plus bas, est une piece toute couverte d'acantes, si doux & si tendres sous les piés, qu'on ne les sent presque pas. Cette piece est enfermée dans une promenade environnée d'arbres, qui pressés les uns contre les autres, & diversement taillés, forment une palissade. Auprès est une allée tournante en forme de cirque, au - dedans de laquelle on trouve du buis taillé de différentes façons, & des arbres que l'on a soin de tenir bas. Tout cela est fermé de murailles seches, qu'un buis étagé couvre & cache à la vue. De l'autre côté est une prairie, qui ne plaît guere moins par ses beautés naturelles, que toutes les choses dont je viens de parler, par les beautés qu'elles empruntent de l'art. Ensuite sont des pieces brutes, des prairies, & des arbrisseaux.

Au bout de la galerie est une salle à manger, dont la porte donne sur l'extrémité du parterre, & les fenêtres sur les prairies, & sur une grande partie des pieces brutes. Par ces fenêtres on voit de côté le parterre, & ce qui de la maison même s'avance en saillie, avec le haut des arbres du manege. De l'un des côtés de la galerie & vers le milieu, on entre dans un appartement qui environne une petite cour ombragée de quatre planes, au milieu desquelles est un bassin de marbre, d'où l'eau qui se derobe entretient par un doux épanchement la fraîcheur des planes & des plantes qui sont au - dessous. Dans cet appartement est une chambre à coucher: la voix, le bruit, ni le jour, n'y pénétrent point; elle est accompagnée d'une salle où l'on mange d'ordinaire, & quand on veut être en particulier avec ses amis.

Une autre galerie donne sur cette petite cour, & a toutes les mêmes vues que la galerie que je viens de décrire. Il y a encore une chambre, qui, pour être proche de l'un des planes, jouit toujours de la verdure & de l'ombre. Elle est revêtue de marbre tout - au - tour, à hauteur d'appui; & au défaut du marbre est une peinture qui représente des feuillages & des oiseaux sur des branches; mais si délicatement, qu'elle ne cede point à la beauté du marbre même. Au - dessous est une petite fontaine, qui tombe dans un bassin, d'où l'eau, en s'écouiant par plusieurs petits tuyaux, forme un agréable murmure.

D'un coin de la galerie, on passe dans une grande chambre qui est vis - à - vis la salle à manger; elle a ses fenêtres d'un côté sur le parterre, de l'autre sur la prairie; & immédiatement au - dessous de ses fenêtres, est une piece d'eau qui réjouit également les yeux & les oreilles: car l'eau, en y tombant de haut dans un grand bassin de marbre, paroît toute écumante, & forme je ne sais quel bruit qui fait plaisir. Cette chambre est fort chaude en hiver, parce que le soleil y donne de toutes parts. Tout auprès est un poële, qui supplée à la chaleur du soleil, quand les nuages le cachent. De l'autre côté est une salle où l'on se deshabille pour prendre le bain. Elle est grande & fort gaie.

Près de - là on trouve la salle du bain d'eau froide, où est une baignoire spacieuse & assez sombre. Si vous voulez vous baigner plus au large & plus chaudement, il y a dans la cour un bain, & tout - auprès un puits, d'où l'on peut avoir de l'eau froide quand la chaleur incommode. A côté de la salle du bain froid est celle du bain tiéde, que le soleil échauffe beaucoup, maismoins que celle du bain chaud, parce que celle - ci sort en saillie. On descend dans cette derniere salle par trois escaliers, dont deux sont exposés au grand soleil; le troisieme en est plus éloigné, & n'est pourtant pas plus obscur.

Au - dessus de la chambre, où l'on quitte ses habits pour le bain, est un jeu de paume, où l'on peut prendre différentes sortes d'exercices, & qui pour cela est partagé en plusieurs réduits. Non loin du bain est un escalier qui conduit dans une galerie fermée, & auparavant dans trois appartemens, dont l'un voit sur la petite cour ombragée de planes, l'autre sur la prairie, le troisieme sur des vignes; ensorte que son exposition est aussi différente que ses vues. A l'extrémité de la galerie fermée est une chambre prise dans la galerie même, & qui regarde le manege, les vignes, les montagnes. Près de cette chambre est une autre fort exposée au soleil, sur - tout pendant l'hiver. De - là on entre dans un appartement, qui joint le manege à la maison. Voilà sa façade & son aspect. A l'un des côtés, qui regarde le midi, s'éleve une galerie fermée, d'où l'on ne voit pas seulement les vignes, mais d'où l'on croit les toucher.

Au milieu de cette galerie, on trouve une salle à manger, où les vents qui viennent de l'Apennin, répandent un air fort sain. Elle a vue par de très grandes fenêtres sur les vignes, & encore sur les mêmes vignes par des portes à deux battans, d'où l'oeil traverse la galerie. Du côté où cette salle n'a point de fenêtres, est un escalier dérobé, par où l'on sert à manger. A l'extrémité est une chambre, à qui la galerie ne fait pas un aspect moins agréable que les vignes. Au - dessous est une galerie presque souterraine, & si fraîche en été, que, contente de l'air qu'elle renferme, elle n'en donne, & n'en reçoit point d'autre.

Après ces deux galeries fermées, est une salle à manger, suivie d'une galerie ouverte, froide avant midi, plus chaude quand le jour s'avance. Elle conduit à deux appartemens: l'un est composé de quatre chambres, l'autre de trois, qui, selon que le soleil tourne, jouissent de ses rayons ou de l'ombre. Au - devant de ces bâtimens si bien entendus & si beaux, est un vaste manege: il est ouvert par le milieu, & s'offre d'abord tout entier à la vue de ceux qui entrent: il est entouré de planes; & ces planes sont revêtus de lierres. Ainsi le haut de ces arbres est verd de son propre feuillage, & le bas est verd d'un feuillage étranger. Ce lierre court autour du tronc & des branches; & passant d'un plane à l'autre les lie ensemble.

Entre ces planes sont des buis; & ces buis sont par - dehors environnés de lauriers, qui mêlent leurs ombrages à celui des planes. L'allée du manege est droite; mais à son extrémité, elle change de figure, & se termine en demi - cercle. Ce manege est entouré & couvert de cyprès, qui en rendent l'ombre & plus épaisse & plus noire. Les allées en rond qui sont au - dedans (car il y en a plusieurs les unes dans les autres), reçoivent un jour très - pur & très - clair. Les roses s'y offrent par - tout; & un agréable soleil y corrige la trop grande fraîcheur de l'ombre. Au sortir de ces allées rondes & redoublées, on rentre dans l'allée droite, qui des deux côtés en a beaucoup d'autres séparées par des buis. Là est une petite prairie; ici le buis même est taillé en mille figures différentes, quelquefois en lettres qui expriment tantôt le nom du maître, tantôt celui du jardinier. Entre ces buis, vous voyez successivement de petites pyramides & des pommiers; & cette beauté rustique d'un champ, que l'on diroit avoir été tout - à - coup transporté dans un endroit si peigné, est rehaussé vers le milieu par des planes que l'on tient fort bas des deux côtés. [p. 306]

De - là vous entrez dans un piece d'acanthe flexible, & qui se répand où l'on voit encore quantité de figures & de noms que les plantes expriment. A l'extrémité est un lit de repos de marbre blanc, couverte d'une treille soutenue par quatre colonnes de marbre de cariste. On voit l'eau tomber de dessous ce lit, comme si le poids de ceux qui se couchent l'en saisoit sortir; de petits tuyaux la conduisent dans une pierre creusée exprès; & de - là elle est reçue dans un bassin de marbre, d'où elle s'écoule si imperceptiblement & si à propos, qu'il est toujours plein, & pourtant ne déborde jamais.

Quand on veut manger en ce lieu, on range les mets les plus solides sur les bords de ce bassin; & on met les plus légers dans des vases qui flottent sur l'eau tout - au - tour de vous, & qui sont faits les uns en navires, les autres en oiseaux. A l'un des côtés est une fontaine jaillissante, qui reçoit dans sa source l'eau qu'elle en a jettée: car, après avoir été poussée en - haut, elle retombe sur elle - même; & par deux ouvertures qui se joignent, elle descend & remonte sans cesse. Vis - à - vis du lit de repos est une chambre qui lui donne autant d'agrément qu'elle en reçoit de lui. Elle est toute brillante de marbre; ses portes sont entourées & comme bordées de verdure.

Au - dessus & au - dessous des fenêtres hautes & basses, on ne voit aussi que verdure de toutes parts. Auprès est un autre petit appartement qui semble comme s'enfoncer dans la même chambre, & qui en est pourtant séparé. On y trouve un lit: & quoique cet appartement soit percé de fenêtres par tout, l'ombrage qui l'environne le rend agréablement sombre. Une vigne, artistement taillée, l'embrasse de ses feuillages & monte jusqu'au faîte. A la pluie près que vous n'y sentez point, vous croyez être couché dans un bois. On y trouve aussi une fontaine qui se perd dans le lieu même de sa source. En différens endroits sont placés des sieges de marbre propres, ainsi que la chambre, à délasser de la promenade. Près de ces sieges sont de petites fontaines, & par - tout vous entendez le doux murmure des ruisseaux, qui, dociles à la main du fontainier, se laissent conduire par de petits canaux où il lui plaît. Ainsi on arrose tantôt certaines plantes, tantôt d'autres, quelquefois on les arrose toutes.

J'aurois fini il y auroit long - tems, de peur de paroître entrer dans un trop grand détail; mais j'avois résolu de visiter tous les coins & recoins de ma maison avec vous. Je me suis imaginé que ce qui ne vous seroit point ennuyeux à voir, ne vous le seroit point à lire, sur - tout ayant la liberté de faire votre promenade à plusieurs reprises, de laisser là ma lettre, & de vous reposer autant de fois que vous le trouverez à propos. D'ailleurs j'ai donné quelque chose à ma passion; & j'avoue que j'en ai beaucoup pour tout ce que j'ai commencé ou achevé. En un mot, (car pourquoi ne vous pas découvrir mon entêtement ou mon goût?) je crois que la premiere obligation de tout homme qui écrit, c'est de jetter les yeux de tems en tems sur son titre. Il doit plus d'une fois se demander quel est le sujet qu'il traite; & savoir que s'il n'en sort point, il n'est jamais long; mais que s'il s'en écarte, il est toujours très - long.

Voyez combien de vers Homere & Virgile emploient à décrire, l'un les armes d'Achille, l'autre celles d'Enée. Ils sont courts pourtant, parce qu'ils ne font que ce qu'ils s'étoient proposé de faire. Voyez comment Aratus compte & rassemble les plus petites étoiles, il n'est point accusé cependant d'être trop étendu; car ce n'est point digression, c'est l'ouvrage même. Ainsi du petit au grand, dans la description que je vous fais de ma maison, si je ne m'égare point en récits étrangers, ce n'est pas ma lettre, c'est la maison elle - même qui est grande.

Je reviens à mon sujet, de peur que si je faisois cette digression plus longue, on ne me condamnât par mes propres regles. Vous voilà instruit des raisons que j'ai de préférer ma terre de Toscane à celles que j'ai à Tusculum, à Tibur, à Préneste. Outre tous les autres avantages dont je vous ai parlé, on y jouit d'un loisir d'autant plus sûr & plus tranquille, que les devoirs ne viennent point vous y relancer. Les fâcheux ne sont point à votre porte; tout y est calme; tout y est paisible: & comme la bonté du climat y rend le ciel plus serein, & l'air plus pur, je m'y trouve aussi le corps plus sain & l'esprit plus libre. J'exerce l'un par la chasse, l'autre par l'étude. Mes gens en font de même: ils ne se portent nulle part si bien; & graces aux dieux, je n'ai jusqu'ici perdu aucun de ceux que j'ai amenés avec moi. Puissent les dieux me continuer toujours la même faveur, & conserver toujours à ce lieu les mêmes avantages! Adieu. (D. J.)

THUSCIEN, prêtre (Page 16:306)

THUSCIEN, prêtre, (Antiq.) prêtre tyrrhénien ou d'Etrurie; on nommoit les prêtres d'Etrurie prêtres thusciens, à cause des fonctions qu'ils faisoient dans les sacrifices, ou de brûler les victimes & l'encens, de QU/OS2, qui signifie encens, & KAI/EIN, qui veut dire brûler; ou de consulter les entrailles des victimes, de QU/OS2, qui veut dire aussi sacrifices, & de KOE/EIN, qui signifie la même chose que NOE/EIN, regarder, considérer. (D. J.)

THUYA (Page 16:306)

THUYA, s. m. (Botan.) en françois vulgaire arbre de vie. Bauhin, Boerhaave & Tournefort le nomment thuya, c'est un arbre de hauteur médiocre, dont le tronc est dur & noueux, couvert d'une écorce rouge - obscure; ses rameaux se répandent en aîles; ses feuilles ressemblent en quelque maniere à celles du cyprès, mais elles sont plus plates, & formées par de petites écailles posées les unes sur les autres; il porte, au - lieu de chatons ou de fleurs, de petits boutons écailleux, jaunâtres, qui de viennent ensuite des fruits oblongs, composés de quelques écailles, entre lesquelles on trouve des semences oblongues & comme bordées d'une aîle membraneuse. Le thuya est odorant, principalement en ses feuilles; car étant écrasées entre les doigts, elles leur communiquent une odeur forte, résineuse & assez permanente; leur goût est amer.

Cet arbre vient originairement du Canada, d'où le premier qu'on ait vu en Europe fut apporté à François I. On ne le cultive cependant que dans les jardins de quelques curieux, & on peut lui donner, comme à l'if, telle figure qu'on desire. Il résiste au froid de l'hiver, mais il perd sa verdure, ses rameaux & ses feuilles, devenant noirâtre jusqu'au printems qu'il reprend sa couleur.

Le thuya des Grecs n'est point notre thuya; c'étoit une espece de cedre qui n'avoit chez les Latins que le nom de commun avec le citronnier, arbor citrea. Cet arbre venoit d'une branche de l'atlas, dans la Mauritanie septentrionale, appellée par Pline, l. XIII. c. xv. mons Anchorarius. (D. J.)

Thuya (Page 16:306)

Thuya, bois de, (Botanique sacrée.) thyinum lignum; sorte de bois fort estimé par les Hébreux, & qui étoit d'une odeur excellente; la flotte du roi Hircan en apporta d'Ophir en abondance, III. Rois, x. 11. Quelques interpretes rendent ce mot par bois de bresil, d'autres par bois de pin, & d'autres plus sagement & plus sûrement par bois odoriférant, sans déterminer quel étoit ce bois. (D. J.)

THYAMIS ou THYAMUS (Page 16:306)

THYAMIS ou THYAMUS, (Géog. anc.) 1°. fleuve de l'Epire, selon Thucydide, l. I. p. 32. & Athénée, l. III. c. j. Strabon & Pausanias connoissent aussi ce fleuve, dont le nom moderne est Calama, selon Thevet.

2°. Thyamis promontoire de l'Epire, selon Ptolomée, l. III. c. xiv. Il servoit de bornes entre la

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