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Qu'est - ce donc qu'une
Qu'est - ce qu'une
Il y a dans toutes les langues des mots qui ont des syllabes physiques & des syllabes artificielles: ami a deux syllabes physiques; trompeur a deux syllabes artificielles; amour a une syllabe physique & une artificielle. Ces deux sortes de syllabes sont donc également usuelles; & c'est pour cela que j'ai cru ne devoir point, comme M. Duclos, opposer l'usage à la nature, pour fixer la distinction des deux especes que je viens de définir: il m'a semblé que l'opposition de la nature & de l'art étoit plus réelle & moins équivoque, & qu'une syllabe usuelle pouvoit être ou physique ou artificielle; la syllabe usuelle, c'est le genre, la physique & l'artificielle en sont les especes.
Qu'est - ce donc enfin qu'une
Il me semble que l'usage universel de toutes les langues nous porte à ne reconnoître en effet pour syllabes, que les sons sensibles prononcés en un seul coup de voix: la meilleure preuve que l'on puisse donner, que c'est ainsi que toutes les nations l'ont entendu, & que par conséquent nous devons l'entendre; ce sont les syllabes artificielles, où l'on a toujours reconnu l'unité syllabique, nonobstant la pluralité des sons réels que l'oreille y apperçoit; lieu, lien, leur, voilà trois syllabes avouées telles dans tous les tems, quoique l'on entende les deux sons i, eu dans la premiere, les deux sons i, en dans la seconde, & dans la troisieme le son eu avec le schéva que suppose la consonne r; mais le son prépositif i dans les deux premieres, & le schéva dans
Il n'est donc pas exact de dire, comme M. Duclos, (loc. cit.) que nous avons des vers qui sont à - la - fois de douze syllabes d'usage, & de vingt - cinq à trente syllabes physiques. Toute syllabe physique usitée dans la langue en est aussi une syllabe usuelle, parce qu'elle est un son sensible prononcé en un seul coup de voix; par conséquent on ne trouvera jamais dans nos vers plus de syllabes physiques que de syllabes usuelles. Mais on peut y trouver plus de sons physiques que de sons sensibles, & de - là même plus de sons que de syllabes; parce que les syllabes artificielles, dont le nombre est assez grand, renferment nécessairement plusieurs sons physiques; mais un seul est sensible, & les autres sont insensibles.
On divise communément les syllabes usuelles, ou par rapport au son, ou par rapport à l'articulation.
Par rapport au son, les syllabes usuelles sont ou incomplexes ou complexes.
Une syllabe usuelle incomplexe est un son unique,
qui n'est pas le résultat de plusieurs sons élémentaires, quoiqu'il y ait d'ailleurs quelque schéva supposé
par quelque articulation: telles sont les premieres
syllabes des mots,
Une syllabe usuelle complexe est un son double,
qui comprend deux sons élémentaires prononcés
distinctement & consécutivement, mais en un seul
coup de voix: telles sont les premieres syllabes des
mots
Par rapport à l'articulation, les syllabes usuelles sont ou simples ou composées.
Une syllabe usuelle simple est un son unique ou
double, qui n'est modifié par aucune articulation:
telles sont les premieres syllabes des mots
Une syllabe usuelle composée est un son unique ou
double, qui est modifié par une ou par plusieurs articulations: telles sont les premieres syllabes des
mots
Pour terminer cet article, il reste à examiner l'origine
du nom de syllabe. Il vient du verbe grec
Syllabe (Page 15:718)
Syllabe (Page 15:719)
SYLLABIQUE (Page 15:719)
SYLLABIQUE, adj. (Gramm.) qui concerne les
syllabes, qui appartient aux syllabes, qui leur est
propre. L'unité syllabique, c'est ce qui fait qu'une
syllabe est une, ce qui dépend sur - tout de l'unité du
coup de voix. Voyez
SYLLABUB (Page 15:719)
SYLLABUB, s. m. (Pharmacie.) espece de boisson composée de vin blanc & de sucre, à quoi l'on ajoute du lait nouveau. On en fait principalement usage pendant les chaleurs de l'été.
Quelquefois on le fait de vin de canarie au - lieu de vin blanc, auquel cas on épargne le sucre, & l'on y met à la place un peu de jus de citron & de noix de muscade.
La meilleure façon est de mêler le vin avec tous les ingrédiens dès la veille, & de n'y joindre le lait ou la crême que le lendemain matin. La proportion est une pinte de vin sur trois pintes de lait.
Mais pour faire du syllabub fouette, on prend une chopine de vin blanc ou de vin du Rhin, & une pinte de crême avec trois blancs d'oeuf; on assaisonne le tout avec du sucre, & on le fouette avec des brins de bouleau; on en ôte l'écume à mesure qu'elle se forme, on la met dans un vaisseau, & après qu'elle s'y est reposée deux ou trois heures, elle est bonne à manger.
SYLLEPSE (Page 15:719)
SYLLEPSE, s. f. (Gram.)
La syliepse est donc un trope au moyen duquel le même mot est pris en deux sens différens dans la même phrase, d'une part dans le sens propre, & de l'autre dans un sens figuré. Voici des exemples cités par M. du Marsais. trop. part. II. art. xj. pag. 151.
Pyrrhus, fils d'Achille, l'un des principaux
chef des Grecs, & qui eut le plus de part à l'em<cb->
Je souffre tous les maux que j'ai faits devant
Troie;
Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé,
Brûlé de plus de feux que je n'en allumai.
brûlé est au propre, par rapport aux feux que Pyrrhus alluma dans la ville de Troie; & il est au figuré,
par rapport à la passion violente que Pyrrhus dit
qu'il ressentoit pour Andromaque...
Au reste, cette figure joue trop sur les mots pour
ne pas demander bien de la circonspection: il faut
éviter les jeux de mots trop affectés & tirés de
loin ».
Cette observation de M. du Marsa is est très - sage; mais elle auroit pû devenir plus utile, s'il avoit assigné les cas où la syllepse peut avoir lieu, & qu'il eût fixé l'analyse des phrases sylleptiques. Il me semble que ce trope n'est d'usage que dans les phrases explicitement comparatives, de quelque nature que soit le rapport énoncé par la comparaison, ou d'égalité, ou de supériorité, ou d'infériorité: brûlé d'autant de feux que j'en allumai, ou de plus de feux, ou de moins de feux que je n'en allumai. Dans ce cas, ce n'est pas le cas unique exprimé dans la phrase, qui réunit sur soi les deux sens; il n'en a qu'un dans le premier terme de la comparaison, & il est censé répété avec le second sens dans l'expression du second terme. Ainsi le verset 70 du ps. 118. Coagulatum est sicut lac cor eorum, est une proposition comparative d'égalité, dans laquelle le mot coagulatum, qui se rapporte à cor eorum, est pris dans un sens métaphorique; & le sens propre qui se rapporte à lac est nécessairement attaché à un autre mot pareil sous - entendu; cor eorum coagulatum est sicut lac coagulatur.
Il suit de - là que la syllepse ne peut avoir lieu, que quand le sens figuré que l'on associe au sens propre est autorisé par l'usage dans les occurrences où il n'y a pas de syllepse. C'est ainsi que feux est de mise dans l'exemple de Racine, parce qu'indépendamment de toute comparaison on peut dire par métaphore, les feux de l'amour. J'ajouterai que peut - être seroit - il plus sage de restraindre la syllepse aux seuls cas où le sens figuré ne peut être rendu par un mot propre.
M. du Marsais semble insinuer, que le sens figuré que la syllepse réunit au sens propre, est toujours une métaphore. Il me semble pourtant qu'il y a une vraie syllepse dans la phrase latine, Nerone neronior ipso, & dans ce vers françois, Plus Mars que le Mars de la Thrace, puisque Nero d'une part & Mars de l'autre sont pris dans deux sens différens: or le sens figuré de ces mots n'est point une métaphore; c'est une antonomase; ce sont des noms propres employés pour des noms appellatifs. Je dis que dans ces exemples il y a syllepse, quoique le mot pris à double sens soit exprimé deux fois: c'est que s'il n'est pas répété dans les exemples ordinaires, il est sous - entendu, commé je l'ai remarqué plus haut, & que l'ellipse n'est point nécessaire à la constitution de la syllepse.
Il y a aussi une figure de construction que les
Grammairiens appellent syllepse ou synthèse. Mais
comme il me semble dangereux pour la clarté de l'enseignement,
de donner à un même mot technique
des sens différens, je n'adopte, pour nommer la figure
dont il s'agit, que le nom synthèse, & c'est sous
ce nom que j'en parlerai. Voyez
SYLLEPSIOLOGIE (Page 15:719)
SYLLEPSIOLOGIE, s. f. dans l'Economie animale, c'est une partie qui traite de la salive.
Ce mot est composé du grec
SYLLOGISME (Page 15:719)
SYLLOGISME, s. m. (Logique.) le syllogisme est
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