ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"718"> finale, un maître intelligent saura bien les prévenir là - dessus, & les amener à la prononciation ferme & usuelle de chaque mot: ce sera même une occasion favorable de leur faire remarquer qu'il est d'usage de regarder la consonne finale comme faisant syllabe avec la voyelle précédente, mais que ce n'est qu'une syllabe artificielle, & non une syllabe physique.

Qu'est - ce donc qu'une syllabe physique? C'est un son sensible prononcé naturellement en un seul coup de voix. Telles sont les deux syllabes du mot a - mi: chacune d'elles est un son a, i: chacun de ces sons est sensible, puisque l'oreille les distingue sans les confondre: chacun de ces sons est prononcé naturellement, puisque l'un est une simple émission spontanée de la voix, & que l'autre est une émission accélérée par une articulation qui le précede, comme la cause précede naturellement l'effet; enfin chacun de ces sons est prononcé en un seul coup de voix, & c'est le principal caractere des syllabes.

Qu'est - ce qu'une syllabe artificielle? C'est un son sensible prononcé artificiellement avec d'autres sons insensibles en un seul coup de voix. Telles sont les deux syllabes du mot trom - peur: il y a dans chacune de ces syllabes un son sensible, om dans la premiere, eu dans la seconde, tous deux distingués par l'organe qui les prononce, & par celui qui les entend: chacun de ces sons est prononcé avec un schéva insensible; om, avec le schéva que suppose la premiere consonne t, laquelle consonne ne tombe pas immédiatement sur om, comme la seconde consonne r; eu, avec le schéva que suppose la consonne finale r, laquelle ne peut naturellement modifier eu comme la consonne p qui précede: chacun de ces sons sensibles est prononcé artificiellement avec son schéva en un seul coup de voix; puisque la prononciation natuelle donneroit à chaque schéva un coup de voix distinct, si l'art ne la précipitoit pour rendre le schéva insensible; d'où il résulteroit que le mot trompeur, au - lieu des deux syllabes artificielles trom - peur auroit les quatre syllabes physiques te - rom - peu - re.

Il y a dans toutes les langues des mots qui ont des syllabes physiques & des syllabes artificielles: ami a deux syllabes physiques; trompeur a deux syllabes artificielles; amour a une syllabe physique & une artificielle. Ces deux sortes de syllabes sont donc également usuelles; & c'est pour cela que j'ai cru ne devoir point, comme M. Duclos, opposer l'usage à la nature, pour fixer la distinction des deux especes que je viens de définir: il m'a semblé que l'opposition de la nature & de l'art étoit plus réelle & moins équivoque, & qu'une syllabe usuelle pouvoit être ou physique ou artificielle; la syllabe usuelle, c'est le genre, la physique & l'artificielle en sont les especes.

Qu'est - ce donc enfin qu'une syllabe usuelle, ou simplement une syllabe? C'est, en supprimant des définitions précédentes les caracteres distinctifs des especes, un son sensible prononcé en un seul coup de voix.

Il me semble que l'usage universel de toutes les langues nous porte à ne reconnoître en effet pour syllabes, que les sons sensibles prononcés en un seul coup de voix: la meilleure preuve que l'on puisse donner, que c'est ainsi que toutes les nations l'ont entendu, & que par conséquent nous devons l'entendre; ce sont les syllabes artificielles, où l'on a toujours reconnu l'unité syllabique, nonobstant la pluralité des sons réels que l'oreille y apperçoit; lieu, lien, leur, voilà trois syllabes avouées telles dans tous les tems, quoique l'on entende les deux sons i, eu dans la premiere, les deux sons i, en dans la seconde, & dans la troisieme le son eu avec le schéva que suppose la consonne r; mais le son prépositif i dans les deux premieres, & le schéva dans la troisieme sont presque insensibles malgré leur réalité, & le tout dans chacune se prononce en un seul coup de voix, d'où dépend l'unité syllabique.

Il n'est donc pas exact de dire, comme M. Duclos, (loc. cit.) que nous avons des vers qui sont à - la - fois de douze syllabes d'usage, & de vingt - cinq à trente syllabes physiques. Toute syllabe physique usitée dans la langue en est aussi une syllabe usuelle, parce qu'elle est un son sensible prononcé en un seul coup de voix; par conséquent on ne trouvera jamais dans nos vers plus de syllabes physiques que de syllabes usuelles. Mais on peut y trouver plus de sons physiques que de sons sensibles, & de - là même plus de sons que de syllabes; parce que les syllabes artificielles, dont le nombre est assez grand, renferment nécessairement plusieurs sons physiques; mais un seul est sensible, & les autres sont insensibles.

On divise communément les syllabes usuelles, ou par rapport au son, ou par rapport à l'articulation.

Par rapport au son, les syllabes usuelles sont ou incomplexes ou complexes.

Une syllabe usuelle incomplexe est un son unique, qui n'est pas le résultat de plusieurs sons élémentaires, quoiqu'il y ait d'ailleurs quelque schéva supposé par quelque articulation: telles sont les premieres syllabes des mots, a - mi, ta - mis, ou - vrir, cou - vrir, en - ter, plan - ter.

Une syllabe usuelle complexe est un son double, qui comprend deux sons élémentaires prononcés distinctement & consécutivement, mais en un seul coup de voix: telles sont les premieres syllabes des mots oi - son, cloi - son, hui - lier, tui - lier.

Par rapport à l'articulation, les syllabes usuelles sont ou simples ou composées.

Une syllabe usuelle simple est un son unique ou double, qui n'est modifié par aucune articulation: telles sont les premieres syllabes des mots a - mi, ou<-> vrir, en ter, oi son, hui - lier.

Une syllabe usuelle composée est un son unique ou double, qui est modifié par une ou par plusieurs articulations: telles sont les premieres syllabes des mots ta - mis, cou - vrir, plan - ter, cloi - son, tui<-> lier.

Pour terminer cet article, il reste à examiner l'origine du nom de syllabe. Il vient du verbe grec SULLAMBA/NW, comprehendo; R. R. SU\N, cùm; & LAMBANW, prehendo, capio: de - là vient le nom SULLABN/, syllabe. Priscien & les grammairiens latins qui l'ont suivi, ont tous pris ce mot dans le sens actif: syllaba, dit Priscien, est comprehensio litterarum, comme s'il avoit dit, id quod comprehendit litteras. Mais 1°. cette pluralité de lettres n'est nullement essentielle à la nature des syllabes, puisque le mot a - mi a réellement deux syllabes également nécessaires à l'intégrité du mot, quoique la premiere ne soit que d'ane lettre. 2°. Il est évidemment de la nature des syllabes, telle que je viens de l'exposer, que le comprehensio des Latins & le SULLABH/ des Grecs doivent être pris dans le sens passif, id quod uno vocis impulsu comprehenditur; ce qui est exactement conforme à la définition de toutes les especes de syllabes, & apparemment aux vues des premiers nomenclateurs. (E. R. M. B.)

Syllabe (Page 15:718)

Syllabe, (Versif. franç.) comme le nombre des syllabes fait la mesure des vers françois, il seroit à souhaiter qu'il y eût des regles fixes & certaines pour déterminer le nombre des syllabes de chaque mot; car il y a des mots douteux à cet égard, & il y en a même qui ont plus de syllabes en vers qu'en prose; les noms qui se terminent en ieux, en iel, en ien, en ion, en ier, &c. causent beaucoup d'embarras à ceux qui se piquent d'exactitude: odieux, précieux, sont de trois syllabes, & cependant cieux, lieux, dieux, n'ont qu'une syllabe. De même, fiel, miel, bien, [p. 719] mien, sont monosyllabes, mais dans lien, ancien, magicien, académicien, musicien, la terminaison en ien est de deux syllabes. Dans les mots fier, altier, métier, la rime en ier est d'une seule syllabe, & de deux dans bouclier, ouvrier, meurtrier & fier quand il est verbe. Toutes ces différences demandent une application particuliere pour ne s'y pas tromper, & ne pas faire un sollécisme de quantité. En général, il faut consulter l'oreille, qui doit être le principal juge du nombre des syllabes, & pour lors la prononciation la plus douce & la plus naturelle doit être préférée. Mourgues. (D. J.)

Syllabe (Page 15:719)

Syllabe, s. f. en Musique, SULLABA\, est, au rapport de Nicomaque, le nom que donnent quelquefois les anciens à la consonance de la quarte, qu'ils appelloient communément diatessaron. Voyez Diatessaron.

SYLLABIQUE (Page 15:719)

SYLLABIQUE, adj. (Gramm.) qui concerne les syllabes, qui appartient aux syllabes, qui leur est propre. L'unité syllabique, c'est ce qui fait qu'une syllabe est une, ce qui dépend sur - tout de l'unité du coup de voix. Voyez Syllabe. Le tems ou la valeur syllabique, c'est la proportion de la durée d'une syllabe relativement à celle des autres syllabes d'un même discours. Voyez Quantité. L'harmonie, le nombre ou le rythme n'est pas le résultat de la simple combinaison des tems syllabiques des mots; c'est la proportion de cette combinaison avec la pensée même dont la phrase est l'image.

SYLLABUB (Page 15:719)

SYLLABUB, s. m. (Pharmacie.) espece de boisson composée de vin blanc & de sucre, à quoi l'on ajoute du lait nouveau. On en fait principalement usage pendant les chaleurs de l'été.

Quelquefois on le fait de vin de canarie au - lieu de vin blanc, auquel cas on épargne le sucre, & l'on y met à la place un peu de jus de citron & de noix de muscade.

La meilleure façon est de mêler le vin avec tous les ingrédiens dès la veille, & de n'y joindre le lait ou la crême que le lendemain matin. La proportion est une pinte de vin sur trois pintes de lait.

Mais pour faire du syllabub fouette, on prend une chopine de vin blanc ou de vin du Rhin, & une pinte de crême avec trois blancs d'oeuf; on assaisonne le tout avec du sucre, & on le fouette avec des brins de bouleau; on en ôte l'écume à mesure qu'elle se forme, on la met dans un vaisseau, & après qu'elle s'y est reposée deux ou trois heures, elle est bonne à manger.

SYLLEPSE (Page 15:719)

SYLLEPSE, s. f. (Gram.) SU/LLHYIS2, comprehensio; c'est la même étymologie que celle du mot syllabe, voyez Syllabe; mais elle doit se prendre ici dans le sens actif, au - lieu que dans syllabe elle a le sens passif: SU/LLHYIS2, comprehensio duorum sensuum sub unâ voce; ou - bien acceptio vocis unius duos simul sensus comprehendentis. C'est tout - à - la fois la définition du nom & celle de la chose.

La syliepse est donc un trope au moyen duquel le même mot est pris en deux sens différens dans la même phrase, d'une part dans le sens propre, & de l'autre dans un sens figuré. Voici des exemples cités par M. du Marsais. trop. part. II. art. xj. pag. 151.

« Coridon dit que Galathée est pour lui plus douce que le thym du mont Hybla; Galathoea thymo mihi dulcior Hybloe, Virg. ecl. vij. 37. le mot doux est au propre par rapport au thym, & il est au figuré par rapport à l'impression que ce berger dit que Galathée fait sur lui. Virgile fait dire ensuite à un autre berger; ibid. 41. Ego Sardoïs videar tibi amarior herbis, (quoique je te paroisse plus amer que les herbes de Sardaigne, &c.). Nos bergers disent, plus aigre qu'un citron verd.

Pyrrhus, fils d'Achille, l'un des principaux chef des Grecs, & qui eut le plus de part à l'em<cb-> brasement de la ville de Troie, s'exprime en ces termes dans l'une des plus belles pieces de Racine: Andromaq. act. I. sc. jv.

Je souffre tous les maux que j'ai faits devant Troie; Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé, Brûlé de plus de feux que je n'en allumai. brûlé est au propre, par rapport aux feux que Pyrrhus alluma dans la ville de Troie; & il est au figuré, par rapport à la passion violente que Pyrrhus dit qu'il ressentoit pour Andromaque...

Au reste, cette figure joue trop sur les mots pour ne pas demander bien de la circonspection: il faut éviter les jeux de mots trop affectés & tirés de loin ».

Cette observation de M. du Marsa is est très - sage; mais elle auroit pû devenir plus utile, s'il avoit assigné les cas où la syllepse peut avoir lieu, & qu'il eût fixé l'analyse des phrases sylleptiques. Il me semble que ce trope n'est d'usage que dans les phrases explicitement comparatives, de quelque nature que soit le rapport énoncé par la comparaison, ou d'égalité, ou de supériorité, ou d'infériorité: brûlé d'autant de feux que j'en allumai, ou de plus de feux, ou de moins de feux que je n'en allumai. Dans ce cas, ce n'est pas le cas unique exprimé dans la phrase, qui réunit sur soi les deux sens; il n'en a qu'un dans le premier terme de la comparaison, & il est censé répété avec le second sens dans l'expression du second terme. Ainsi le verset 70 du ps. 118. Coagulatum est sicut lac cor eorum, est une proposition comparative d'égalité, dans laquelle le mot coagulatum, qui se rapporte à cor eorum, est pris dans un sens métaphorique; & le sens propre qui se rapporte à lac est nécessairement attaché à un autre mot pareil sous - entendu; cor eorum coagulatum est sicut lac coagulatur.

Il suit de - là que la syllepse ne peut avoir lieu, que quand le sens figuré que l'on associe au sens propre est autorisé par l'usage dans les occurrences où il n'y a pas de syllepse. C'est ainsi que feux est de mise dans l'exemple de Racine, parce qu'indépendamment de toute comparaison on peut dire par métaphore, les feux de l'amour. J'ajouterai que peut - être seroit - il plus sage de restraindre la syllepse aux seuls cas où le sens figuré ne peut être rendu par un mot propre.

M. du Marsais semble insinuer, que le sens figuré que la syllepse réunit au sens propre, est toujours une métaphore. Il me semble pourtant qu'il y a une vraie syllepse dans la phrase latine, Nerone neronior ipso, & dans ce vers françois, Plus Mars que le Mars de la Thrace, puisque Nero d'une part & Mars de l'autre sont pris dans deux sens différens: or le sens figuré de ces mots n'est point une métaphore; c'est une antonomase; ce sont des noms propres employés pour des noms appellatifs. Je dis que dans ces exemples il y a syllepse, quoique le mot pris à double sens soit exprimé deux fois: c'est que s'il n'est pas répété dans les exemples ordinaires, il est sous - entendu, commé je l'ai remarqué plus haut, & que l'ellipse n'est point nécessaire à la constitution de la syllepse.

Il y a aussi une figure de construction que les Grammairiens appellent syllepse ou synthèse. Mais comme il me semble dangereux pour la clarté de l'enseignement, de donner à un même mot technique des sens différens, je n'adopte, pour nommer la figure dont il s'agit, que le nom synthèse, & c'est sous ce nom que j'en parlerai. Voyez Synthese, Grammaire. (E. R. M. B.)

SYLLEPSIOLOGIE (Page 15:719)

SYLLEPSIOLOGIE, s. f. dans l'Economie animale, c'est une partie qui traite de la salive.

Ce mot est composé du grec SUGEY, salive & LOGOS2, discours.

SYLLOGISME (Page 15:719)

SYLLOGISME, s. m. (Logique.) le syllogisme est

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