ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"312"> petite écrevisse de mer qu'on nomme chevrette ou crevette. M. Deslandes en fit pêcher une grande quantité, & les mit dans une baille pleine d'eau de mer; au bout de douze à treize jours il vit huit ou dix petites soles. Il répéta l'expérience plusieurs fois, toujours avec le même succès; il mit ensuite des soles dans uns baille; & quoiqu'elles frayassent, il n'y parut point de petites soles.

Il a de plus trouvé, que quand on a nouvellement pêché des chevrettes, on leur voit entre les piés plusieurs petites vessies, inégales en grosseur & en nombre, fortement collées à leur estomac par une liqueur gluante. Ayant examiné ces vessies avec un microscope,il y a vu une espece d'embryon qui avoit l'air d'une sole; d'où il conclud que les oeufs de sole, pour éclore, doivent s'attacher à des chevrettes.

M. Lyonnet n'a pas voulu disputer cette conclusion; mais il lui semble avec raison que M. Deslandes auroit pu rendre son expérience plus sure, si au - lieu de la grande quantité de chevretes qu'il a mises dans sa baille, & parmi lesquelles il se seroit aisément pu mêler quelques petites soles, sans qu'il s'en fût apperçu, il se fût contenté de prendre quelques chevrettes chargées des vessies dont il parle; & qu'après avoir compté ces vessies, il eût mis chaque chevrette à part dans un peu d'eau; si pour lors en trouvant après quelques jours une petite sole dans l'eau, il eût aussi trouvé une vessie de moins à la chevrette placée dans le même vase, ç'auroit été une preuve que la sole seroit née d'une vessie attachée à la chevrette; mais encore n'auroit - ce pas pas été une preuve que les oeufs de sole ont besoin de ses insectes, & qu'ils ne pourroient éclore sans cela.

Si les oeufs de celles qui avoient frayé dans la baille sont demeurés stériles, & que les autres aient produit des poissons, la raison de cette différence peut bien avoir été, ou que les mâles n'ont pas fertilisé le frai des premieres, & qu'ils auront rendu fertile celui dont les oeufs se sont attachés aux chevrettes; ou bien que ces oeufs ayant besoin d'agitation pour éclore, les premiers n'ont pas eu dans la baille l'agitation nécessaire qu'ils auroient reçue dans la mer, tandis que les chevrettes par leur mouvement auront procuré une agitation suffisante aux autres. Toutes ces réflexions prouvent qu'on ne sauroit être trop réservé à établir des faits sur des expériences douteuses, & qu'on croit démonstratives. (D. J.)

Sole (Page 15:312)

Sole, s. f. (Marine.) c'est le fond des bâtimens qui n'ont pas de quille, tels que la gribane, le bac, &c.

Soles (Page 15:312)

Soles, (Marine.) pieces du fond d'un affut de bord.

Sole (Page 15:312)

Sole, s. f. (Architect.) c'est une grosse piece de bois d'équarrissage, qui avec une autre piece qu'on appelle la fourchette, fait la base d'une machine à élever des fardeaux qu'on nomme un engin. C'est sur le milieu de la sole que pose le poinçon, & ses bras. Les sonnettes, autre machine pour battre des pieux, ont pareillement leur sole, de dessus laquelle s'élevent les montans à coulisse & leurs bras. Les soles font encore les deux pieces de bois posées en croix sur un massif de pierre ou de maçonnerie, sur le milieu desquelles est appuyé & arbouté l'arbre ou poinçon qui porte la cage d'un moulin à vent, & sur lequel il tourne. En général, toutes les pieces de bois qui posent à terre pour soutenir quelque construction, machine ou bâtiment, & sur lesquelles on les éleve, s'appellent des soles. (D. J.)

Soles (Page 15:312)

Soles, s. f. pl. (Maçonn.) ce sont les jettées du plâtre au panier, que les maçons font avec la truelle pour former les enduits. (D. J.)

Sole (Page 15:312)

Sole, s. f. (Agric.) c'est une certaine étendue de champ sur laquelle on seme successivement par années, des blés, puis des menus grains, & qu'on laisse en jachere la troisieme année. On divise ordinairement une terre en trois soles. (D. J.)

Soles (Page 15:312)

Soles, s. f. pl. (Charpent.) On appelle ainsi toutes les pieces de bois posées de plat, qui servent à faire les empattemens des machines, comme des grues, engins, &c. On les nomme racinaux, quand au - lieu d'être plates, elles sont presque quarrées. Daviler. (D. J.)

Sole (Page 15:312)

Sole, s. f. (Comm.) place publique ou étape où l'on étale les marchandises, & où on les met comme en dépôt pour être vendues. Les marchands de vin en gros sont tenus de mettre dans les soles de l'hôtel de ville leurs vins, pour en payer le gros. Dictionn. de commerce. (D. J.)

Sole (Page 15:312)

Sole, (Maréchal.) On appelle ainsi le dessous du pié du cheval. C'est une espece de corne beaucoup plus tendre que l'autre qui l'environne, & qui à cause de sa dureté, est appellée proprement la corne. Un fer qui porte sur la sole, peut fouler un cheval, le faire boîter, & lui meurtrir la chair qui la sépare du petit pié.

Cheval dessolé est celui à qui on a ôté la sole sans toucher à la corne du sabot. On ôte la sole pour plusieurs accidens, & en moins d'un mois, elle peut être entierement rétablie.

Sole (Page 15:312)

Sole, (Vénerie.) Ce mot en terme de chasse, signifie le milieu du dessous du pié des grandes bêtes. (D. J.)

Sole (Page 15:312)

Sole ou Soulle, jeu de la, (Hist. mod.) Le jeu de la sole ou de la soulle étoit en usage autrefois dans le Berry, le Bourbonnois, la Picardie, & peut - être ailleurs. Ce mot vient, selon M. du Cange, de solea, une semelle de soulier, parce que c'étoit avec la plante du pié que l'on poussoit l'instrument. On jouoit à la sole dès le xiv. siecle en plusieurs endroits du royaume. En certains pays, ce jeu s'appelloit la soule, en d'autres, la chéole. On voit ce jeu désigné dans les ordonnances de nos rois & dans les statuts synodaux. L'instrument du jeu, s'il étoit gros, s'appelloit soule, & soulette, s'il étoit petit, en basse Bretagne s'appelloit mellat en langue vulgaire du xv. siecle, qui est le tems auquel Raoul évêque de Tréguier le défendit. Son statut est de l'an 1440, & on le trouve au tom. IV. du thesaurus anecdotorum des PP. Martenne & Durant. L'ordonnance de Charles VI. qui parle de ce jeu auquelles paysans du Véxin s'exerçoient devant la porte de l'abbaye de Notre - Dame de Mortevert, le jour de carême - prenant, est de l'an 1387. Une autre autre ordonnance du roi Charles V. qui est de l'an 1369, met ce jeu dans le rang de ceux qui sont défendus, comme ne servant nullement à dresser la jeunesse pour la guerre. La sole, selon M. Ducange, étoit un ballon enflé de vent, ou une boule de bois, & peut - être l'un & l'autre. Dans un decret ou statut du châtelet de Paris de l'an 1493, il en est encore parlé sous le nom du jeu de la soule. On assure que les peuples de quelques villages de l'archiprêtré d'Hériscon en Bourbonnois, croyoient autrefois honorer Saint Jeant l'évangeliste ou Saint - Ursin, en courant la sole; c'est - à - dire, que cet exercice se faisoit dans l'une de ces paroisses le 27 de Décembre, & dans une autre, le 29 du même mois. Voyez M. Ducange & ses continuateurs dans le glossarium medioe & infimoe latinitatis, aux mots ludi, cheolare, mellat, &c. Le même M. Ducange, dans sa viij. dissertation sur Joinville, & le mercure de Mars 1735, où l'on trouve plusieurs réflexions de M. Lebeuf, chanoine & souschantre d'Auxerre, sur le même sujet. Supplément de Moréry.

SOLEA (Page 15:312)

SOLEA, (Antiq. rom.) riche chaussure d'or & de soie, avec une seule semelle de cuir. (D. J.)

SOLÉGISME (Page 15:312)

SOLÉGISME, s. m. (Gram.) quelques grammai<pb-> [p. 313] riens ont prétendu que ce mot, qui se dit en grec SOLOIKISMOS2, est formé de ces mots, SO/D LO(GOU AI)KISMO\S2, sani sermonis indigna corruptio, corruption d'un langage sain. Mais cette origine, quoiqu'ingénieuse & probable en soi, est démentie par l'histoire.

« Ce mot est formé de *SO/LOIKOI, qui signifie les habitans de la ville appellée *SO/LOI, comme *AGROIKOI, les habitans de la campagne». [La terminaison OIKOI vient de O/IKOS2, domus; d'où OI)KEIW/, habito]. « De *SO/LOIKOI on a fait SOLOIKI/STEIN, imiter les habitans de la ville appellé *SO/LOI, comme de *AGRAKOI, A)GROIKI/ZEIN, imiter les gens de la campagne». Voyez Imitatif.

« Il y avoit deux villes de ce nom, l'une en Cilicie, sur les bords du Cydnus, l'autre dans l'île de Chypre. Ces deux villes, suivant un grand nombre d'auteurs, avoient été fondées par Solon. La ville qu'il avoit bâtie dans cette province, quitta dans la suite le nom de son fondateur, pour prendre celui de Pompée, qui l'avoit rétablie. A l'égard de celle de l'île de Chypre, Plutarque nous a conservé l'histoire de sa fondation. Solon étant passé auprès d'un roi de Chypre, acquit bientôt tant d'autorité sur son esprit, qu'il lui persuada d'abandonner la ville où il faisoit son séjour: l'assiette en étoit à la vérité fort avantageuse; mais le terrein qui l'environnoit étoit ingrat & difficile. Le roi suivit les avis de Solon, & bâtit dans une belle plaine une nouvelle ville, aussi forte que la premiere, dont elle n'étoit pas éloignée, mais beaucoup plus grande & plus commode pour la subsistance des habitans On accourut en foule de toutes parts pour la peupler; & il y vint sur - tout un grand nombre d'Athéniens, qui s'étant mêlés avec les anciens habitans, perdirent dans leur commerce la politesse de leur langage, & parlerent bientôt comme des barbares: de - là le nom SO/LOIKOI, qui est leur nom, fut substitué au mot BA/RBAROI, & SOLOIKI/ZEIN, à BARBARI/ZEIN, qu'on employoit auparavant pour désigner ceux qui parloient un mauvais langage ». Mém. de l'acad. royale des Inscr. & Belles - lettr. tom. V. Hist. pag. 210.

Le nom de solécisme, dans son origine, fut donc employé dans un sens général, pour désigner toute espece de faute contre l'usage de la langue; & il étoit d'abord synony me de barbarisme.

Mais le langage des sciences & des arts, guidé par le même esprit que celui de la société générale, ne souffre pas plus les mots purement synonymes: ou il n'en conserve qu'un, ou il les différencie par des idées distinctives ajoutées à l'idée commune qui les rapproche. De - là la différence que les Grammairiens ont mise entre les deux mots, solécisme & barbarisme, & que M. du Marsais a exposée avec netteté au mot Barbarisme.

Théophraste & Chrysippe avoient fait chacun un ouvrage intitulé *PERI\ SOLOIKISMIWN; ce qui prouve l'erreur d'Aulu - Gelle, l. V. c. xx. qui prétend que les écrivains grecs qui ont parlé purement le langage attique, n'ont jamais employé ce mot, & qu'il ne l'a vu dans aucun auteur de réputation. (B. E. R. M.)

SOLEIL (Page 15:313)

SOLEIL s. m. en Astronomie, est le grand astre qui éclaire le monde, & qui par sa présence constitue le jour. Voyez Jour.

On met ordinairement le soleil au nombre des planetes; mais on devroit plutôt le mettre au nombre des étoiles fixes. Voyez Étoile, Planete.

Suivant l'hypothèse de Copernic, qui est à - présent généralement reçue, & qui même est appuyée par des démonstrations, le soleil est le centre du système des planetes & des cometes; autour duquel toutes les planetes & les cometes, & entr'autres notre terre, font leurs révolutions en des tems diffé<cb-> rens, suivant leurs différentes distances du soleil. Voyez l'article Planete.

La grande distance de la terre au soleil est l'unique cause qui nous empêche d'en appercevoir la sphéricité, ce qui n'est pas fort étonnant, puisque nous ne voyons pas même celle de la lune, qui est beaucoup moins éloignée de nous: au lieu d'appercevoir leur surface sphérique, nous jugeons au contraire l'un & l'autre planes ou comme des disques, au milieu desquels nous nous imaginons un point qui, quoique réellement dans leur superficie, n'en est pas moins regardé comme le centre de l'astre, n'étant que celui de la surface ou du disque apparent.

Quoique le soleil soit déchargé de ce mouvement prodigieux que les anciens s'imaginoient qu'il faisoit tous les jours autour de la terre, il n'est point cependant parfaitement en repos.

Il paroît évidemment, par les apparences de ses taches, qu'il a un mouvement de rotation autour de son axe, semblable à celui de la terre qui mesure le jour naturel, mais seulement plus lent. On apperçoit quelques - unes de ces taches au bord du disque du soleil, & quelques jours après on les voit sur le bord opposé; d'où après un délai de quatorze jours, elles reparoissent à la place où on les avoit vues d'abord, & recommencent leurs cours; elles finissent ainsi tout leur circuit en 27 jours de tems: d'où on conclut que ce tems est celui de la rotation du soleil sur son axe. Ces taches se meuvent d'occident en orient; on en infere que le mouvement du soleil se fait d'occident en orient. Pour ce qui regarde les différentes apparences des taches du soleil, leur cause, &c. voyez Taches.

Outre ce mouvement du soleil autour de son axe, cet axe en a encore d'autres, mais moins sensibles, suivant M. Newton. Car, selon ce philosophe, les planetes pesent vers le soleil & le soleil vers les planetes; de sorte que si le soleil, qui est considérablement plus gros que toutes les planetes prises ensemble, attire les planetes à lui, les planetes doivent aussi attirer le soleil & le déranger du lieu qu'il occupe; il est vrai que ce dérangement n'est pas fort considérable, mais il l'est assez pour produire quelques inégalités dans le mouvement des planetes. Car comme dans toutes observations astronomiques on suppose le soleil immobile & fixe au foyer des orbites des planetes, il est évident que les dérangemens que l'action des planetes causent au soleil, étant rapportés à ces mêmes planetes, doivent empêcher qu'elles n'observent constamment & exactement la même loi dans leurs mouvemens apparens autour de cet axe.

A l'égard du mouvement annuel que le soleil paroît avoir autour de la terre, les Astronomes font voir facilement que c'est le mouvement annuel de la terre qui occasionne cette apparence.

Un observateur qui seroit dans le soleil, verroit la terre se mouvoir d'occident en orient, par la même raison que nous voyons le soleil se mouvoir d'orient en occident; & tous les phénomenes qui résultent de ce mouvement annuel dans quelque corps que ce puisse être, paroîtront les mêmes de l'un comme de l'autre.

Soit par exemple S, (Plan. d'astron. fig. 39.) représentant le soleil, ABCD l'orbite de la terre, qui en fait le tour en allant d'occident en orient dans l'espace d'un an. Un observateur placé en S voyant la terre en A, la rapportera au point qui est dans la sphere des étoiles: quand elle arrivera en B, l'observateur la verra comme si elle étoit au point 69: quand elle sera en C, il la verra au point , &c. jusqu'à ce qu'après avoir fait tout son circuit, elle reparoîtra en . Ainsi il lui semblera que la terre aura décrit l'écliptique, & passé successivemennt de signe en signe.

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