ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Siecle de fer (Page 15:172)

Siecle de fer, (Mythol.) les tems rapides & innocens, d'où les poëtes fabuleux ont tiré leur âge d'or, ont fait place au siecle de fer. Les premiers hommes goûtoient le nectar de la vie, nous en épuisons aujourd'hui la lie. Les esprits languissans n'ont plus cet accord & cette harmonie qui fait l'ame du bonheur; les passions ont franchi leurs barrieres; la raison à demi - éteinte, impuissante ou corrompue, ne s'oppose point à cet affreux desordre; la colere convulsive se répand en fureur, ou pâle & sombre, elle engendre la vengeance. La basse envie seche de la joie d'autrui; joie qu'elle hait, parce qu'il n'en fut jamais pour elle. La crainte découragée, se fait mille fantômes effrayans qui lui ravissent toutes les ressources. L'amour même est l'amertume de l'ame; il n'est plus qu'une angoisse triste & languissante au fond du coeur; ou bien guidé par un sordide intérêt, il ne sent plus ce noble desir qui jamais ne se rassasie, & qui s'oubliant lui - même, met tout son bonheur à rendre heureux le cher objet de sa flamme. L'espérance flotte sans raison. La douleur, impatiente de la vie, se change en délire, passe les heures à pleurer, ou dans un silence d'accablement. Tous ces maux divers, & mille autres combinés de plusieurs d'entr'eux, provenant d'une vue toujours incertaine & changeante du bien & du mal, tourmentent l'esprit & l'agitent sans cesse. Tel est le principe de la vile partialité; nous voyons d'abord avec froideur & indifférence l'avantage de notre semblable; le dégoût & la sombre haine succedent & s'enveloppent de ruses, de lâches tromperies & de basses violences: tout sentiment sociable & réciproque s'éteint & se change en inhumanité qui pétrifie le coeur; & la nature déconcertée, semble se venger d'avoir perdu son cours

Jadis le ciel s'en vengea par un déluge: un ébranlement universel sépara la voûte qui retenoit les eaux du firmament. Elles fondirent avec impétuosité; tout retentit du bruit de leur chûte, l'Océan n'eut plus de rivage, tout fut Océan; & les vagues agitées se rouloient avec fureur au - dessus des plus hautes montagnes, qui s'étoient formées du débris du globe.

Les saisons irritées depuis ont tyrannisé l'univers confondu.L'hiver piquant l'a couvert de neiges abondantes; les chaleurs impures de l'été ont corrompu l'air. Avant ce tems un printems continuel regnoit sur l'année entiere; les fleurs & les fruits ornoient à l'envi la même branche de leurs couleurs variées; l'air étoit pur & dans un calme perpétuel. Maintenant notre vie est le jouet des élémens qui passent du tems serein à l'obscurité, du chaud au froid, du sec à l'humide, concentrant une chaleur maligne, qui sans cesse affoiblit nos jours, & tranche leur cours par une fin prématurée. (D. J.)

Siecles d'ignorance (Page 15:172)

Siecles d'ignorance, (Hist. mod.) les neuf, dix & onzieme siecles sont les vrais siecles d'ignorance. Elle étoit si profonde dans ces tems - là, qu'à peine les rois, les princes, les seigneurs, encore moins le peuple, savoient lire; ils connoissoient leurs possessions par l'usage, & n'avoient garde de les soutenir par des titres, parce qu'ils ignoroient la pratique de l'écriture; c'est ce qui faisoit que les mariages d'alors étoient si souvent déclarés nuls. Comme ces traités de mariage se concluoient aux portes des églises, & ne subsistoient que dans la mémoire de ceux qui y avoient été présens, on ne pouvoit se souvenir ni des alliances, ni des degrés de parenté, & les parens se marioient sans avoir de dispense. De - là tant de prétextes ouverts au dégoût & à la politique pour se séparer d'une femme légitime: de - là vient aussi le crédit que prirent alors les clercs ou ecclésiastiques dans les affaires, parce qu'ils étoient les seuls qui eussent reçu quelque instruction. Dans tous les siecles, ce sont les habiles qui dominent sur les ignorans. (D. J.)

Siecles, les quatre (Page 15:172)

Siecles, les quatre, (Arts & sciences.) c'est ainsi qu'on nomme par excellence les quatre siecles célebres, dont les productions ont été admirées par la postérité. On sait que le mot de siecle se prend ici d'une maniere vague, pour signifier une durée de 60 ou 80 ans, plus ou moins.

Ces quatre siecles heureux, où les arts ont atteint une perfection à laquelle ils ne sont point parvenus dans les autres, sont celui qui commenca dix années avant le regne de Philippe, pere d'Alexandre le grand; celui de Jules - Cesar & d'Auguste; celui de Jules II. & de Léon X.; enfin celui de Louis XIV. Ce dernier a fini comme les autres, malgré les efforts qu'ont fait les causes morales & physiques pour soutenir les lettres & les arts au point d'élévation où ils avoient atteint rapidement. Ce tems ne se trouvera plus, dit M. de Voltaire, où un duc de la Rochefoucault, l'auteur des maximes, au sortir de la conversation d'un Pascal & d'un Arnauld, alloit au théâtre de Corneille. Ainsi disparoît le génie des arts & des sciences, jusqu'à ce que la révolution des siecles le vienne encore tirer une autre fois du tombeau, où il semble qu'il s'ensevelisse pour plusieurs générations, apres s'être montré seulement durant quelques années. (D. J.)

Siecle (Page 15:172)

Siecle, (Critiq. sacrée.) ce mot, qui se prend ordinairement pour une espace de cent ans, ne se trouve point en ce sens dans l'Ecriture, mais il signifie long - tems. Les géans sont des hommes fameux depuis long - tems, à soeculo, Gen. vj. 4. L'Ecriture donne aussi le nom de siecle, au tems qui s'écouloit d'un jubilé à l'autre. Il le servira jusqu'au siecle, Exod. xxj. 6. c'est - à - dire jusqu'au jubilé prochain. L'esclave hébreu qui ne vouloit pas profiter du privilege de l'année sabbatique, demeuroit esclave jusqu'à l'autre année sabbatique. Siecle se prend encore pour toujours dans ce monde; ainsi foedus soeculi est une alliance indissoluble, ou, comme nous disons, éternelle. Les enfans du siecle, OI( UOI\ TD= A)IW=NOS2, désignent les hommes. Luc. xvj. 8. (D. J.)

SIEGBOURG, ou SIGEBERG (Page 15:172)

SIEGBOURG, ou SIGEBERG, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, au duché de Berg, sur la Sieg. (D. J.)

SIEGE (Page 15:172)

SIEGE, (Scierte. étymolog.) on sait qu'on entend par siege, une dignité, une jurisdiction, une place, un canton dépendant de quelque prélat; en voici l'étymologie & la filiation. Du mot grec E(LLA, on a fait le mot latin sella, par l'affinité du sifflement entre H & S, & du mot sella on a fait le mot françois siege. Les hélies de Pindare, qu'Homere nomme selles, étoient le siege, le lieu de l'oracle. Le fertile canton, qu'Hésiode appelle Hellopie, étoit toutes les terres de la dépendance de ce même siege; & le fleuve Selléis, qui en prit le nom, y couloit; cette explication semble répandre la lumiere sur une infinité de passages obscurs. Enfin le christianisme, qui a consacré jusqu'aux termes de religion employés par les payens, & qui quelquefois même a été plus loin, appelle à son tour sieges les endroits où doivent résider les principaux de ses ministres, les lieux de leur jurisdiction; & en conséquence la premiere de toutes ces jurisdictions, est nommée le saint siege. Le pape a pris un titre magnifique, pour désigner son district; cependant il a donné lui - même ce titre à l'archevêché de Mayence. (D. J.)

Siege (Page 15:172)

Siege, s. m. (Astron.) est une étoile fixe de la seconde grandeur, qui se trouve dans la jointure de la jambe & de l'épaule gauche de la constellation, appellée pégase. Voyez Pégase. (O)

Siege, le saint (Page 15:172)

Siege, le saint, (Hist. eccles.) le saint siege est proprement l'évêché de Rome, que l'église romaine est convenue de regarder comme le centre de son [p. 173] unité; mais si Rome étoit détruite ou devenoit hérétique, l'église conviendroit d'un autre centre d'unité, qu'on regarderoit toujours comme le saint siege, tant qu'on y conserveroit la foi de l'église. Ainsi ce n'est pas l'église qui doit se régler sur l'évêché où est le saint siege: car il étoit autrefois à Antioche; mais c'est cet évêché qui doit garder les dogmes & se conformer aux regles de l'église; & ce n'est que tant qu'il conserve ces dogmes & qu'il garde ces regles, que l'église le regarde comme le centre de l'unité.

La cour de Rome est fort différente du saint siege; quelquefois on entend simplement par ce mot, les officiers du pape; c'est en ce sens que l'on dit se pourvoir en cour de Rome; mais la cour de Rome dans un autre sens, c'est cet assemblage de courtitans attentifs à relever la grandeur & la puissance des papes, afin d'y trouver eux - mêmes de quoi se relever & s'enrichir; c'est une foule de flatteurs, qui attribuent aux pontifes romains des perfections que Dieu seul possede, & qu'il n'a communiquées à aucun homme mortel; ce sont enfin des gens qui n'oublient rien, pour changer l'humilité sainte & le désintéressement apostolique, en un intérêt condamnable & en une domination arbitraire. C'est de cette extravagante prétention, que sont venus tant d'abus & de desordres qui désolent l'église chrétienne & fortinent le schisme. (D. J.)

Siege (Page 15:173)

Siege, dans l'Art militaire, est le campement d'une armée autour d'une place à dessein de s'en emparer, soit par famine en faisant des retranchemens tout - au - tour, & empêchant tout convoi de s'y introduire, soit à force ouverte en combattant les fossés & faisant des attaques formelles. Voyez Lignes, Tranchée, Approche .

Ce mot signifie à la lettre demeure, faisant allusion à ce que l'armée y fait sa demeure jusqu'à la réduction de la place.

Les sieges les plus célebres de l'antiquité sont ceux de Troye, de Tyr, d'Alexandie, de Numance, &c. & parmi les modernes, ceux d'Ostende, de Candie, de Grave, dé Prague, &c.

Les sieges peuvent se diviser en plusieurs especes, suivant la nature des villes qu'on doit attaque, & la méthode qu'on y employe.

Le premier est le siege royal ou le véritable siege; c'est celui dans lequel on fait tous les travaux necessaires pour s'emparer de la place, en chassant successivement l'ennemi de toutes les fortifications qui la défendent; cette sorte de siege ne se fait qu'aux villes considérables & importantes, & c'est de ce siege qu'on entend parler ordinairement, lorsqu'on dit qu'une armée fait le siege d'une place.

Le siege qui ne demande point tous les travaux du siege royal se nomme simplement attaque; c'est pourquoi, lorsqu'un corps de troupes est envoyé pour s'emparer d'un poste important, comme d'un chateau ou de quelqu'autre petit lieu occupé par l'ennemi; on ne dit point qu'on en va faire le siege, mais l'attaque.

M. de Folard, dans son Traité de l'attaque & de la défense des places des anciens, blâme avec raison ceux qui confondent le siege avec le blocus ou le bombardement. Il attaque à ce sujet un officier d'artillerie, qui dans un mémoire donné à l'académie des Sciences, sur la méthode de tirer les bombes avec succès, ne met aucune différence entre un siege dans les formes & un bombardement. Cet officier réduit à vingt - cinq les défauts où l'on tombe dans le jet des bombes pour y remédier, & les corrige autant que faire se peut: voici, dit - il, ce que j'ai pratiqué aux sieges de Nice, Alger, Gènes, Tripoli, Rose, Palamos, Barcelonne, Alicant, & nombre d'autres places que j'ai bombardées. « Qui ne croiroit, en lisant cela, dit M. de Fosard, qu'Alger, Gènes & Tripoli, ont soutenu un siege? & ces sieges sont imaginaires, du moins de son tems. Ces trois villes furent bombardées par mer, & personne ne mit pié à terre; c'est donc improprement qu'ou se sertdu terme de siege, lorsqu'il s'agit d'un bombardement, confondant ainsi l'un avec l'autre ».

La résolution des sieges est une affaire de cabinet, elle est une suite naturelle de la supériorité que l'on croit avoir sur ses ennemis: mais leur exécution étant une des plus sérieuses, des plus importantes & des plus difficiles parties de la guerre, elle demande aussi le plus de mesure & de circonspection; leur succès dépend de plusieurs choses.

1°. Du secret sans lequel il est difficile de réussir.

2°. Des forces qu'on a sur pié pour attaquer les places des ennemis, & défendre les siennes.

3°. De la disposition des ennemis; car s'ils sont réunis & aussi forts que celui qui veut les attaquer, ils peuvent empêcher le succès du siege.

4°. De l'état des magasins les plus à - portée des lieux sur lesquels on peut entreprendre.

5°. De la conjoncture des tems; car tous ne sont pas propres aux sieges, & rien n'étant plus ruineux pour les armées que ceux d'hiver, on les doit éviter tant qu'on peut.

6°. Des fonds nécessaires à leur dépense; car l'argent étant le nerf de la guerre, sans lui on ne sauroit réussir en rien.

Ce sont toutes mesures à prendre de longue - main, qui doivent être dirigées à loisir; & après tout cela, quand on croit les avoir bien prises, souvent tout échappe; car l'ennemi qui n'est jamais d'accord avec vous pourra vous interrompre.

1°. Parce qu'il sera aussi sort que vous, & qu'il vous observera de près.

2°. Parce qu'il aura aussi dessein d'entreprendre de son côté sut des places, dont la conservation vous importe plus, que la conquête de celles sur lesquelles vous pourriez entreprendre.

3°. Parce qu'il sera en état de courir sur votre pays & d'y porter la désolation, pendant que vous serez occupe au siege d'une place, dont la prise, qui peut être incertaine, ne vous dédommageroit pas des pertes que vous pourriez souffrir.

4°. Enfin, parce qu'il peut se mettre à - portée de vous combattre, avant que vous puissiez être établi. devant la place que vous voulez attaquer.

Il faut bien peser toutes ces considérations avant que de se determiner, & prendre toujours si bien son tems, que l'ennemi ne puisse vous tomber sur les bras avant votre établissement.

Dans l'un & l'autre cas le mieux est d'être le plus fort, & d'avoir deux armées quand on le peut; savoir, une qui assiége, & l'autre qui observe. Celle qui assiege se renferme dans ses lignes, & celle qui observe ne fait que rôder & occuper les avenues par où l'ennemi peut se présenter ou prendre des postes, & s'y retrancher, ou le suivre s'il s'éloigne, en le côtoyant & se postant toujours entre lui & l'armée assiégeante, le plus avantageusement qu'il est possible.

L'armée d'observation est encore d'un grand secours à l'assiégeant dans le commencement du siege, parce qu'elle veille à sa conservation, peut le favoriser, escorter ses convois, lui fournir des fascines, & faire plusieurs autres corvées. Réciproquement l'armée assiégeante la peut renforcer dans le besoin, après les six ou sept premiers jours de tranchée, quand elle a bien pris ses avantages contre la place.

C'est encore une circonstance bien favorable de pouvoir attaquer avant que l'ennemi se puisse mettre en campagne avec toutes ses forces, ou dans l'arriere saison, après qu'une partie de ses troupes s'étant retirée, il n'est plus assez fort pour s'opposer aux entreprises. M. de Vauban, Attaq. des places.

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