ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"630"> qui la composent. Plus les forces sont supérieures aux résistances, avec une plus grande masse à mouvoir, plus les forces vitales sont considérables & propres au maintien de la santé; & au contraire à proportion qu'elles surpassent moins les résistances, avec une moindre masse à mouvoir, la santé est plus foible, plus délicate, plus sujette à se déranger.

Plus la nature a de forces, & moins elle en dépense, plus la santé est ferme & durable; parce que la provision des forces est plus considérable. C'est delà que dépend 1°. la facilité, l'agilité, la promptitude dans l'exercice des fonctions; 2°. le contentement intime, la joie de l'ame, qui sont l'effet du sentiment qu'elle éprouve de la conscience qu'elle a de cette disposition, de cette faculté; 3°. & l'ordre bien réglé, tranquille & durable des différentes actions de l'individu. Trois conditions qui sont essentiellement nécessaires pour le maintien de la bonne santé.

C'est un très - bon signe en sa faveur lorsque chaque jour à la même heure à - peu - près on se sent porté à satis faire aux principaux besoins de la vie; que l'on se sent de l'appétit pour manger & pour boire; que l'on le satisfait convenablement; que la digestion, ainsi que l'excrétion des matieres fécales & de l'urine ont aussi chacune leur tems réglé; & que le sommeil revient à sa même heure environ, & dure de suite environ le même tems.

C'est aussi une marque de bon tempérament & d'une disposition certaine à une santé durable, lorsque l'on peut se livrer à un exercice assez fort, à un travail du corps assez considérable, sans qu'il se fasse de battement, de pulsation, de palpitation extraordinaire dans aucune partie du corps, sans que l'on ressente aucune douleur, qu'il se forme aucune tumeur, qu'il paroisse aucune rougeur sur la surface du corps. C'est une preuve que la distribution des humeurs se fait avec une égalité bien constante, même lorsqu'il se fait des mouvemens forcès qui pourroient la troubler.

Ceux qui ont beaucoup de vigueur dans les organes, qui sont d'une santé robuste, sont rarement des gens d'esprit; & au contraire avec de l'esprit on n'a pas ordinairement une bonne santé, parce que l'exercice de l'esprit exige une grande mobilité dans le physique de l'entendement, dans le genre nerveux, laquelle contribue beaucoup à l'affoiblissement du corps, à établir une débilité dominante: au lieu que la roideur des fibres en général qui constitue la disposition à la force du corps, à la vigueur de la santé, s'étend à l'organisation du cerveau & des nerfs; ce qui les rend moins propres à la vibratilité, qui est nécessaire pour l'exercice des sensations, des fonctions de l'esprit. On ne peut pas réunir dans ce monde toutes les conditions qui peuvent rendre heureux à tous égards: ainsi celui qui a la sagesse (c'est - à - dire le savoir) de Salomon, ne peut pas se promettre la longue vie de Mathusalem. On ne sait autre chose, dit Boerhaave, instit. med. §. 885, de l'anglois fameux pour avoir poussé la vie beaucoup au - delà d'un siecle, sinon qu'il aimoit beaucoup le fromage, & qu'il commit un adultere ayant près de 100 ans. On n'a jamais parlé d'aucune production ni autre preuve de son esprit. M. de Fontenelle qui n'a fini sa carriere qu'au bout d'un fiecle, quoiqu'il ait joué un grand rôle dans la république des Lettres, peut être regardé comme un phénomene d'autant plus rare en ce genre.

Les moyens propres à conserver la santé, consistent dans le bon usage des choses non - naturelles, que l'on doit observer pour cet effet le plus qu'il est possible, de la maniere prescrite dans les articles Hygiene, Non - naturelles, choses, Régime.

Pour ce qui regarde le rétablissement de la santé, c'est aussi au régime & au secours de l'art qu'il faut avoir recours, selon les indications qui se présen<cb-> tent. Voyez Médecine, Thérapeutique, Diete, Ré. gime, Curation, Traitement, Remede , Chi. rurgie, Médicament, Pharmacie, Chimie.

Santé (Page 14:630)

Santé, (Mythol. & Littérat.) La santé a été personnifiée ou déïfiée chez les anciens. Pausanias rapporte que son culte étoit commun dans la Grece: Posita sunt deorum signa Hygioe, quam filiam AEsculapii fuisse dicunt; & Minervoe, cui itidim Hygioe, id est sospitoe cognomentum. La premiere étoit apparemment la santé du corps, & la seconde celle de l'esprit. Il dit ailleurs que dans le temple d'Amphyarus il y avoit un autel pour Jaso, pour Vénus, pour Panacée, pour la Santé, pour Minerve: Jaso vient de DASIS2, guérison. On la fait aussi fille d'Esculape. Pline remarque fort bien que le nom de Panacée promet la guérison de toutes les maladies. Les payens ne prétendirent révérer que la divinité qui donne ce qui conserve la santé.

Les Romains adoroient cette déïté sur le mont Quirinal. Elle nous est représentée comme une dame romaine couronnée d'herbes médicinales, & tenant dans sa main droite un serpent. Elle étoit toute couverte des cheveux que les femmes se coupoient en son honneur.

Son temple, selon Publius - Victor, étoit dans le sixieme quartier de la ville de Rome; mais Domitien après s'être tiré du péril qu'il avoit couru à l'avénement de Vitellius à Rome, fit élever un second temple à la déesse de la santé, avec cette inscription: Saluti Augusti.

Il y a un médaillon de Marc - Aurele où l'on voit un sacrifice fait au dieu de la santé par Minerve, & devant elle paroît la Victoire, qui tient un panier plein de fruit. (D. J.)

Santé (Page 14:630)

Santé, pierre de, (Hist. nat. Minéralog.) C'est ainsi qu'on nomme à Genève & en Savoie une espece de pyrite martiale très - dure, & susceptible d'un beau poli. On taille ces pyrites en facettes, comme le crystal, ou comme les pieres précieuses, & l'on en fait des bagues, des boucles, & d'autres ornemens.

La couleur de cette pierre ou pyrite, lorsqu'elle a été polie, est à - peu - près la même que celle de l'acier bien poli. On lui donne le nom de pierre de santé, d'après le préjugé où l'on est qu'elle change de conleur & devient pâle lorsque la santé de la personne qui la porte est sur le point de s'altérer. Cette pyrite est précisément de la même espece que celle que l'on appelle pierre des incas. Voyez cet article, & Voyez Pyrite.

SANTEN (Page 14:630)

SANTEN, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans le duché de Cleves, au cercle de Westphalie, à demi - lieue du Rhin, à 2 mille au - dessous de Wesel, & à pareille distance de Gueldres, entre des montagnes. Cette ville, selon Cluvier, occupe la place de l'ancienne Vetera. Long. 24. 10. lat. 51. 36.

S. Norbert, fondateur des Prémontrés, naquit à Santen en 1082, d'une illustre maison. Il aima mieux prêcher de ville en ville que d'avoir des bénéfices. S. Bernard lui donna un vallon solitaire appellé Prémontré, où il fonda l'ordre des chanoines réguliers de ce nom. Il fut nommé en 1127 à l'archevéché de Magdebourg, & mourut dans cette ville en 1134. Le pape Gregoire XIII. le canonisa en 1582. (D. J.)

SANTEO (Page 14:630)

SANTEO, s. m. (Botan.) nom donné par le peuple de Guinée à une plante dont ils font grand cas pour les maladies des yeux; ils se servent de ses feuilles qui sont noirâtres, de la grandeur & de la figure de celles du laurier. Voyez les Transactions philosophiques, n°. 202.

SANT - ERINI (Page 14:630)

SANT - ERINI, (Géog. mod.) île de l'Archipel, que les anciens ont connue sous le nom de Thera. Voyez Thera.

Ceux qui nommerent autrefois cette île Calliste, [p. 631] c'est - à - dire très - belle, ne la reconnoîtroient pas aujourd'hui. Elle n'est couverte que de pierre - ponce, ou pour mieux dire, cette île n'est qu'une carriere de pierre - ponce, où l'on peut la tailler par gros quartiers, comme on coupe les autres pierres dans leurs carrieres. Les côtes de l'île sont si affreuses qu'on ne sait de quel côté les aborder. Peut - être que ce sont les tremblemens de terre qui les ont rendues inaccessibles, elles ne l'étoient point autrefois.

Nous marquerons, au mot Thera, l'ancien état de cette île, & les changemens qu'elle a subis; il s'agit ici du moderne. Après la prise de Constantinople par les François & les Vénitiens, l'île de Sant - Erini, ou Santorien, comme disent les François, fut jointe au duché de Naxie, & dans la suite se rendit à Barberousse, sous Sol man II. Il n'est guere possible de savoir en quel tems elle prit le nom de Sant - Erini; mais il y a beaucoup d'apparence que ce nom lui est venu de sainte Irene, patrone de l'île. Cette sainte étoit de Thessalonique, & y subit le martyre en 304, sous le neuvieme consulat de Dioclétien.

Quoique le terrein de cette île soit sec & aride, les habitans cependant le rendent fructueux par leur travail & leur industrie; ils y recueillent beaucoup d'orge, de coton & du vin. Ce vin a la couleur de celui du Rhin, mais il est violent & plein d'esprit; c'est le principal commerce des habitans, ainsi que le coton dont ils font de belles toiles. Ils sont au nombre d'environ dix mille, presque tous Grecs, répandus dans cinq villages, & dans deux ou trois bourgs, dont le principal se nomme Scaro ou Castro. Pyrgos a le titre de ville, & est la plus jolie du pays, bâtie sur un tertre d'où l'on découvre les deux mers. Le pere Richard a donné la description de toute l'île & de ses écueils qui sont sortis du fond de la mer à diverses fois par des volcans: cette relation est curieuse.

L'île Sant - Erini peut avoir 50 milles de tour. Elle est à deux lieues au nord de celle de Candie, & au sud - ouest de Namfio. Longitude 44. 5. latit. 37. 50. (D. J.)

SANTERNO, le (Page 14:631)

SANTERNO, le, (Géog. mod.) riviere d'Italie; elle a sa source dans l'Apennin, en Toscane, au pays de Magello, se partage en deux branches au terroir d'Imola, & toutes deux portent leurs eaux dans le Pô. On prend cette riviere pour le Vaternus des anciens.

SANTERRE, le (Page 14:631)

SANTERRE, le, (Géog. mod.) Sancteriensis pagus, en latin de moyen âge; petit pays de France en Picardie, borné au nord par l'Artois, au midi par l'île de France, au levant par le Vermandois, & au couchant par l'Amiénois. Il a 20 lieues du midi au nord, & 10 du levant au couchant. Charles V. céda toutes les prétentions qu'il estimoit avoir sur ce pays à François I. par les traités de Cambrai & de Crépy. Il comprend les trois bailliages de Péronne, de Mondidier & de Roye. Péronne en est la capitale; son terroir est gras & assez fertile. (D. J.)

SANTIA, ou SANTA - AGATHA (Page 14:631)

SANTIA, ou SANTA - AGATHA, (Géog. mod.) petite ville d'Italie, au Piémont, à 14 milles de Verceil & à 20 d'Yvrées. François II. duc de Modene y est mort en 1658.

SANTICUM (Page 14:631)

SANTICUM, (Géog. anc.) ancien lieu du Norique. Antonin le met sur la route d'Aquillée à Lorch, entre Larix & Virunum, à 27 mille pas de la premiere, & 30 mille pas de la seconde. Cluvier dit que c'est Saameck. Lazius R. R. liv. XII. cap. iij. prétend que les ruines de Santicum sont au lieu que les habitans nomment aujourd'hui Altenbourg & Gradneck. (D. J.)

SANTILLANE (Page 14:631)

SANTILLANE, (Géog. mod.) en latin du moyen âge, Sanctoe Julianoe fanum ou oppidum; petite ville d'Espagne, dans l'Asturie, dont une partie en prend le surnom d'Asturie de Santillane, à 5 lieues de S. Ander, proche la mer, avec titre de marquisat. On croit que c'est la Concana de Ptolomée, liv. II. ch. vj. Long. 13. 4. latit. 43. 28.

SANTOLINE (Page 14:631)

SANTOLINE, (Botan.) voyez Garde - robe. Tournefort compte quatorze especes de ce genre de plante, dont on peut voir les caracteres au mot Garde - robe; c'est le nom vulgaire de la santoline; les Anglois l'appellent female southernwood.

La plus commune espece est la santolina foliis terestibus I. R. H. 460. C'est une plante qui pousse comme un petit arbrisseau à la hauteur d'environ deux piés, des verges grêles, couvertes d'un léger duvet blanc. Ses feuilles sont crenélées, blanchâtres; ses rameaux ont chacun au sommet une fleur, qui est un bouquet de plusieurs fleurons jaunes, ramassés en boules, évasés en étoile, portés sur un embryon, séparés les uns des autres par des feuilles pliées en gouttiere, & soutenus par un calice écailleux: lorsque la fleur est passée, chaque embryon devient une graine un peu longue, rayée & de couleur obscure; toute la plante a une odeur forte, assez agréable, & un goût âcre tirant sur l'amer. On la cultive dans les jardins. (D. J.)

Santoline (Page 14:631)

Santoline, (Mat. méd.) petit cyprès, garderobe, aurone femelle; on fait rarement usage de cette plante en médecine; c'est pourtant un très - puissant fébrifuge capable de chasser les vers & les autres insectes par la seule odeur. C'est à cause de cette derniere propriété qu'on met ses feuilles parmi les étoffes de laine pour les préserver des teignes; & c'est cet usage qui lui a fait donner le nom de garde - robe.

On convient d'ailleurs assez généralement que la santoline possede les mêmes vertus que l'aurone mâle. Voyez Aurone. (b)

Santoline (Page 14:631)

Santoline, (Hist. des drog. exot.) poudre qu'on nomme encore poudre aux vers, barbotine & sémentine: on l'appelle dans les boutiques santolina, sementina, semen contra vermes. C'est une poudre grossiere, composée de petites têtes oblongues, écailleuses, d'un verd jaunâtre; d'un goût désagréable, amer, mêlé d'acrimonie, d'une odeur aromatique, dégoûtante, & qui cause des nausées. Cette poudre nous parvient avec de petites feuilles, de petits rejettons, ou de petites branches cannelées.

Quoiqu'elle soit d'usage, son origine nous est inconnue. On doute si c'est une graine, ou une capsule séminale; ou des germes de feuilles & de fleurs. On ignore quelle est la plante qui la porte, si c'est la zére ou l'absynthe, ou une espece d'aurone, ou le petit cyprès; on est incertain si elle vient dans la Palestine, dans l'Egypte, dans la Perse, ou seulement dans le royaume de Boutan, à l'extrémité des Indes orientales. Rauwolf, qui a parcouru les pays orientaux, dit que c'est une espece d'absynthe, que les Arabes appellent schelia, qui croît auprès de Bethléem, & qui est semblable à notre absynthe; mais les feuilles que l'on trouve parmi cette graine, sont toutes différentes de celle de notre absynthe. De plus, il n'est pas vraissemblable que Prosper Alpin & Weslingius, qui ont recherché avec tant de soin les plantes d'Egypte, & qui ont demeuré l'un & l'autre quelques années dans ce pays, n'en eussent fait aucune mention; eux qui savoient mieux que personne qu'on étoit fort curieux en Europe de connoître l'origine de cette graine, auroient - ils oubliés de nous l'apprendre?

P. Herman croit que c'est une espece d'aurone qui se trouve dans la Perse, & dans quelques pays de l'Orient; il prétend que ce ne sont pas tant de vraies graines, que des enveloppes écailleuses de graines qui ne sont pas encore parfaites; Tavernier confirme le sentiment de ce savant botaniste, car il raconte que la santoline croît dans le royaume de Boutan, situé sur le bord septentrional du Mogol, d'où l'on

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