ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"628"> santal citrin pour la couleur, il en differe cependant beaucoup, par l'odeur, par les fibres qui sont courtes & inégales, & par la substance résineuse dont il est rempli, par le moyen de laquelle il s'enflamme aisément, & s'éteint difficilement.

On trouve aussi fréquemment chez les droguistes, deux bois rouges qu'on donne pour du santal rouge. Ces deux bois viennent des Indes, & de l'Amérique. L'un s'appelle lignum brasiliano simile, seu lignum sapou, lanis tingendis percommodum. C. B. P. L'autre se nomme Brasilium lignum, I. B. Erythroxylum brasilianum, spinosum, foliis acacioe, Parad. Bat. Prod. mais il est facile de distinguer le santal rouge de ces deux bois, soit par l'odeur, soit par le goût: car le santal rouge est de couleur de sang obscur, & un peu austere au goût, & le bois du Bresil est d'une couleur rouge, entremêlée d'un peu de jaune, & d'un goût douçâtre.

Il est vraissemblable que les anciens Grecs & Latins n'ont pas connu les différentes sortes de santaux. Les Arabes sont les premiers qui en fassent expressément mention, sous le nom de sandal. Les nouveaux Grecs, qui ont marché sur les traces des Arabes, en ont aussi parlé; cependant Saumaise, dans les exercitations sur Pline, croit que les bois appellés ligna sagalina, dont fait mention l'auteur du voyage autour du monde, dans le livre qui a pour titre periplus, sont les santaux, & que par conséquent ils n'ont pas été inconnus aux Grecs. Le profond silence que Dioscoride & Galien gardent sur ces bois, dont ils ne disent pas un mot, suffit pour détruire l'opinion de Saumaize.

Les santaux contiennent un sel essentiel, acide, une huile épaisse, plus pesante que l'eau, & une petite portion de sel volatil avec beaucoup de terre. L'huile que contient le santal citrin, est plus subtile & plus abondante; elle est moins subtile dans le santal blanc, & plus épaisse encore dans le santal rouge. On attribue aux santaux la vertu incisive, atténuante & astringente; on en prépare la décoction comme celle du gayac, & on la donne de la même maniere. (D. J.)

SANTALUM (Page 14:628)

SANTALUM, s. m. (Botan.) genre de plante, dont voici les caracteres dans le système de Linnaeus. Le calice particulier de la fleur est posé sur le germe du pistil, & se partage en quatre quartiers; la fleur est monopétale, en cloche, dont la bordure est fendue en cinq segmens aigus; les étamines sont au nombre de huit filets, alternativement plus courts les uns que les autres, & posés sur la partie supérieure du tuyau de la fleur; le germe du pistil est turbiné, le style est de la longueur des étamines, le stigma est simple, le fruit est une baye. Linnaei, gen. plant. p. 164. (D. J.)

SANTAREN (Page 14:628)

SANTAREN, (Géog. mod.) nom corrompu de S. Irenée, dont la fête se célebre le 20 Octobre; ville de Portugal dans l'Estramadure, sur une montagne près du Tage, à 8 lieues au midi de Leiria, à 9 au sud - ouest de Tomar, & à 15 au nord - est de Lisbonne. Cette ville est très - ancienne, on la connoit sous le nom de Scalobis & de proesidium Julium; elle contient aujourd'hui environ trois mille habitans, divisés en douze paroisses; son terroir est d'une fertilité admirable en froment, en vin, & en olives. Dom Alphonse Henriquez prit cette ville sur les Maures, en 1147, & lui accorda de grands privileges, confirmés par Alphonse III. en 1254. Long. 6. 4. lat. 39. 11.

Sauza, (Louis de) chevalier de Malte, étoit natif de Santaren. Il a écrit l'histoire de S. Dominique en portugais; mais il eût bien mieux fait de donner celle de l'ordre de Malte. Il est mort en 1632. (D. J.)

SANTÉ (Page 14:628)

SANTÉ, s. f. (OEcon. anim.) U/GIEIA, hygieia, sanitas, valetudo. C'est l'état le plus parfait de la vie; l'on peut par conséquent le définir; l'accord naturel, la disposition convenable des parties du corps vivant, d'où s'ensuit que l'exercice de toutes ses fonctions se fait, ou peut se faire d'une maniere durable, avec la facilité, la liberté, & dans toute l'étendue dont est susceptible chacun de ses organes, selon sa destination, & relativement à la situation actuelle, aux différens besoins, à l'âge, au sexe, au tempérament de l'individu qui est dans cette disposition, & au climat dans lequel il vit. Voyez Vie, Fonction, Age, Sexe, Tempérament, Climat .

Il résulte de cette idée circonstanciée de la santé, que quiconque est dans cet état, jouit par conséquent de la vie; mais que l'on peut vivre sans être en santé; ainsi l'idée de ce dernier état en particulier, est plus étendue, renferme plus de conditions que celui de la vie en général.

En effet, 1°. il suffit, pour l'existence de la vie, que le corps animé soit susceptible d'un petit nombre de fonctions, mais sur - tout que le mouvement du coeur & de la respiration se fasse sans une interruption considérable; au lieu que l'état de santé suppose absolument l'exercice ou l'intégrité des facultés pour toutes les fonctions. 2°. Il ne faut, pour que la vie se soutienne par l'exercice des fonctions indispensables pour cet état, que la continuation de cet exercice, quelqu'imparfaitement qu'il puisse se faire, & même seulement par rapport au mouvement du coeur, quelque peu que ce puisse être, sans celui de la respiration: au - lieu que pour une santé bien établie, non - seulement il faut que toutes les fonctions vitales s'exercent, & que l'exercice des autres se fasse, ou puisse se faire constamment, respectivement à l'utilité dont elles sont dans l'économie animale; mais encore, que l'exercice s'en fasse de la maniere la plus parfaite dont l'individu soit susceptible de sa nature.

Il s'ensuit donc que quoique la santé exige l'exercice de toutes les fonctions, il suffit que celles d'où dépend la vie, se soutiennent incessamment & dans toute la perfection possible; il n'est pas nécessaire que les autres se fassent continuellement ni toutes à la fois, il suffit qu'elles puissent se faire convenablement à chaque organe, lorsque la disposition, les besoins de la machine animale, ou la volonté l'exigent, & que cette faculté soit commune à tous les organes sans exception, parce que la perfection est le complément de toutes les conditions.

Ainsi, parmi les actions du corps humain, il en est qui ont lieu nécessairement dans tous les tems de la vie, pour qu'elle se conserve; tel est l'exercice des principaux organes de la circulation du sang, même dans le foetus; de ceux de la respiration après la naissance: l'action des premiers doit se répéter chaque seconde d'heure environ; celle des autres doit avoir lieu plusieurs fois dans une minute: il est des organes qui ne sont en action que pendant un certain tems, dans l'espace d'un jour naturel, comme ceux de la digestion, des mouvemens des membres, de l'exercice de l'esprit; ensorte que le sommeil succede à la veille, comme le repos au travail, la nuit au jour; d'autres organes ont des fonctions réglées pour tous les mois, comme ceux qui servent à l'évacuation périodique des femmes: il est des fonctions qui sont particulieres à chacun des sexes, comme aux hommes d'engendrer, aux femmes de concevoir, & ces fonctions ne peuvent avoir lieu qu'à un certain âge, & n'ont qu'un exercice limité; elles regardent les adultes, non pas les enfans, ni communément les vieillards, sur - tout par rapport aux femmes.

Ainsi on ne peut pas regarder comme en santé, quiconque ne peut pas exercer les fonctions convenables à son sexe, à son âge, & à la circonstance; tels sont les eunuques, les mutilés en tout genre; de même que c'est aussi contraire à l'idée de la santé [p. 629] d'exercer des fonctions qui ne conviennent pas, qui sont déplacées, comme si une femme décrépite est encore sujette à l'évacuation menstruale, ou le redevient, ou si quelqu'un est porté au sommeil extraordinairement hors le tems qui lui est destiné; par conséquent, la même fonction, qui étant exercée convenablement, est un effet de la bonne santé, devient un signe, un symptome de maladie, lorsqu'elle se fait à contretems.

La perfection de la santé ne suppose donc pas une même maniere d'être, dans les différens individus qui en jouissent; l'exercice des fonctions dans chaque sujet, a quelque chose de commun, à la vérité, pour chaque action en particulier, mais il est susceptible aussi de bien des différences, non - seulement par rapport à l'âge, au sexe, au tempérament, comme on vient de le dire; mais encore par rapport aux sujets de même âge, de même sexe, de même tempérament, selon les différentes situations, les différentes circonstances où ils se trouvent; ainsi chacun a sa maniere de manger, de digérer, quoique chacun ait les mêmes organes pour ces fonctions.

La santé ne consiste donc pas dans un point précis de perfection commune à tous les sujets, dans l'exercice de toutes leurs fonctions; mais elle admet une sorte de latitude d'extension, qui renferme un nombre très - considérable & indéterminé de combinaisons, qui établissent bien des varietés dans la maniere d'être en bonne santé, comprises entre l'état robuste de l'athlete le plus éloigné de celui de maladie, & l'état qui approche le plus de la disposition où la santé cesse par la lésion de quelque fonction.

Il suit de - là qu'il n'existe point d'état de santé qui puisse convenir à tout le monde; chacun a sa maniere de se bien porter, parce que cet état dépend d'une certaine proportion dans les solides & les fluides, dans leurs actions & leurs mouvemens, qui est propre à chaque individu. Comme l'on ne peut pas trouver deux visages parfaitement semblables, dit à ce sujet Boerhaave, instit. med. semeiot. comment. §. 889. de même il y a toujours des différences entre le coeur, le poumon d'un homme, & le coeur, le poumon d'un autre homme.

Que l'on se représente deux personnes en parfaite santé, si l'on essaire de faire passer les humeurs, c'est - à - dire la masse du sang de l'un de ces sujets, dans le corps de l'autre, & réciproquement, même sans leur faire éprouver aucune altération, comme par le moyen de la transfusion, si fameuse dans le siecle dernier, ils seront sur le champ tous les deux malades, dès que chacun d'eux sera dans le cas d'avoir dans ses vaisseaux, du fluide qui lui est étranger; mais si l'on pouvoit tout de suite rendre à chacun ce qui lui appartient, sans aucun changement, ils récouvreroient chacun la santé dont ils jouissoient avant l'échange.

C'est le concours des qualités dans les organes & les humeurs propres à chaque individu, qui rend cet échange impraticable (Voyez Transfusion); c'est cette proportion particuliere entre les parties dans chaque sujet, qui constitue ce que les anciens entendoient pas idiosyncrasie, & ce que nous appellons tempérament (Voyez Idiosyncrasie, Tempérament), qui fait que l'exercice des fonctions d'un homme differe sensiblement de ce qui se passe au même égard dans un autre homme, quoiqu'ils soient tous les deux dans un état de santé bien décidée.

Les mêmes organes operent cependant dans l'un & dans l'autre le changement des matieres destinées à la nourriture, en humeurs d'une nature propre à cet effet. Cependant des mêmes alimens il ne résulte pas des humeurs absolument semblables, lorsqu'ils sont travaillés & digérés dans deux corps différens.

Tel homme vit de plantes & de fruits avec de l'eau, & se porte bien; tel autre se nourrit de viande & de toutes sortes d'autres alimens, avec des liqueurs spiritueuses, & se porte bien aussi: donnez à celui - ci qui est habitué à son genre de vie des végétaux pour toute nourriture, il deviendra bientôt malade; comme celui qui est accoutumé à vivre frugalement, s'il passe à l'usage de tous les genres d'alimens qui constituent ce qu'on appelle la bonne chere.

Ainsi on ne peut dire en général d'aucune espece de nourriture, qu'elle convient pour la santé préférablement à toute autre, parce que chacun a une façon de vivre, de se nourrir qui lui est propre, & qui differe plus ou moins de celle d'un autre. Voyez Régime.

La différence des constitutions des tempéramens, n'empêche pas cependant qu'il n'y ait des signes généraux auxquels on peut connoître une bonne santé, parce que dans l'économie animale la variété des moyens ne laisse pas de produire des effets qui paroissent semblables, dont la différence réelle n'est pas assez caractérisée pour se rendre sensible: c'est le résultat de plusieurs effets dont les modifications ne sont pas susceptibles d'être apperçues, d'être saisies, qui forment ces signes visibles, par le moyen desquels on ne peut & on ne fait que juger en gros de l'état des choses.

Ainsi c'est par la facilité avec laquelle l'on sent que se fait l'exercice des fonctions du corps & de l'ame; par la satisfaction que l'on a de son existence physique & morale; par la convenance & la constance de cet exercice; par le témoignage que l'on rend de ce sentiment, & le rapport de ces effets, que l'on peut faire connoître que l'on jouit d'une vie aussi saine, aussi parfaite qu'il est possible. Les trois premieres de ces conditions sont aisées à établir, par l'examen de l'état actuel dans lequel on se trouve; mais il n'en est pas de même de la derniere, qui ne peut être que préssentie pour l'avenir, à en juger par le passé; en tant que l'on connoît la bonne disposition du sujet, & la force de son tempérament, qui le rend propre à résister aux fatigues, aux injures de l'air, à la faim, à la soif, par conséquent aux differentes causes qui peuvent altérer, détruire la santé: d'où l'on peut inférer que puisque dans ce sujet les choses nonnaturelles tendent constamment à devenir & deviennent naturelles, c'est - à - dire que l'usage des choses dont l'influence est inévitable ou nécessaire, ne cesse de tourner au profit de la santé, à l'avantage de l'individu, pour sa conservation, & pour celle des dispositions à contribuer à la propagation de l'espece; cet état se soutiendra long - tems.

Il suit de - là que les signes par lesquels on peut présager une vie saine & longue, sont aussi ordinairement les marques d'une santé actuelle bien solide, bien affermie. Les hommes d'une complexion maigre, mais charnue, sont le plus disposés à une bonne santé: les personnes qui avec assez d'embonpoint en apparence, sont d'un complexion délicate, ont des muscles grêles, peu compactes, perdent aisément, par de très - petites indispositions, cette apparence de santé, qui ne dépend que de la graisse qui se ramasse sous les tégumens. Dans cette disposition on est très susceptible de maladie, ce qui forme une constitution très - éloignée d'être parfaite, lors même qu'elle semble accompagnée des signes de la santé.

La force de la faculté qui constitue la vie, c'est - à - dire de la nature, se dissipe chaque jour plus ou moins par l'exercice des fonctions; mais dans la santé la nourriture & le sommeil réparent cette perte par la formation & le nouvel approvisionnement qui se fait du fluide nerveux: la vie se soutient tant que la nature a des forces suffisantes pour surmonter les résistances de la machine animale, par conséquent celles qu'opposent au mouvement les solides & les fluides

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