Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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   CELUI-CI, celle-ci; celui-là, celle-là. 1°. Ils s'emploient, comme celui, à la place des persones, ou des chôses, dont on parle. La principale diférence, qui se trouve entre ces trois pronoms, c'est que celui n'a de lui-même qu'une signification vague, et qu'il exige toujours, après un qui relatif, qui en détermine le sens; celui qui veut être heureux, doit pratiquer la vertu. Celui-ci et celui-là, au contraire, ont une signification fixe, par le moyen de ci et , qui en sont inséparables, dont l'un marque les chôses plus proches de la persone qui parle, et l'autre, les chôses qui en sont plus éloignées. — Ils n'exigent point de qui, et ce serait mal d'en ajouter un immédiatement, et de dire: celui-là qui voudra être heureux, etc. Aûtrefois on l'employait de la sorte sans dificulté.
   Mais qu'il soit une amour si forte
   Que celle-là que je vous porte,
   Cela ne se peut nullement.
       Malherbe.
  Car le feu, qui brûla Gomôre,
  Ne fut jamais si véhément,
  Que celui-là qui me dévore.
      Voiture.
  * 2°. Plus anciènement, on employait celui dans le même goût, mais en le séparant de qui relatif: "Celui est en abomination au Seigneur, qui fiche (fixe) et arrête l'oeil sur des objets indécens. St. Fr. de S. "Celui s'estimoit heureux, qui pouvoit mener un Frère mineur avec soi. Chron.
   Celui n'écrit aucune chôse,
   Duquel l'ouvrage on ne lit point.
       Marot.
— Aujourd'hui on dit, celui-là; car lorsqu'il y a quelque chôse entre ce pronom et qui, on peut employer le relatif: celui-là est heureux, qui ne désire rien. Mais remarquez qu'alors est une particule surabondante et que celui-là ne signifie rien de plus que celui; c' est comme si l'on disait, celui qui ne désire rien est heureux.
   3°. Celui-là, modifié par seul, peut aussi être suivi du pronom relatif. "Toujours immédiatement soumis à celui-là seul, qui portoit la courone.
   4°. Pour celui-ci, il peut être suivi du qui relatif dans une seule circonstance, et c'est, lorsque qui est le sujet, le nominatif d'une phrâse, qui est comme en parenthèse; par exemple: celui-ci, qui est déjà usé, vaut mieux que celui-là, qui est tout neuf: "J'aime mieux celui-là, qui est assez grôs, que celui-ci, qui est trop petit, etc. — Dans le sens indéfini, on doit toujours dire, celui-là, et non pas, celui-ci, comme dit Jean-Jaques: "Celui-ci doit avoir plus de voix, qui peut se passer de crier. Dites: Celui-là doit, etc., qui peut, etc.
   5°. Il est des ocasions, où non-seulement on peut, mais où l'on doit employer ou ci, après celui, quoiqu'il soit suivi d'un qui relatif, comme quand on dit, en montrant du doigt: C'est celui-là, qui m'a volé; c'est celui-ci qu'il faut arrêter.
   6°. Hors de là, il n'y a que le peuple qui dise, celui-là qui m'ataquera, s'en repentira, pour celui qui m'ataquera, etc. "Toi, (c. à. d. d'être tutoyé) c'est ma part, et celle-là du pauvre peuple. Mariv. C'est un paysan qui parle. Cet exemple montre qu'on ne doit pas plus mettre la prép. de, que les pronoms relatifs, après celui-là.
   7°. Celui-là, au lieu de, cela, est du style familier. "Lucinde. Espèrent-ils de mieux plaire aux femmes, en s'éforçant de leur ressembler? Marton. "Pour celui-là, ils auroient tort. J. J. Rouss. Narcisse, ou l'Amant de lui-même. "Des réflexions! toi! Je n' aurois pas deviné celui-là. Ibid. "Moi, acomplie! Oh! celui-là est trop fort. Th. d'Educ.
   * 8°. On disait aûtrefois, cettui-ci, cettui-là, et même, cette-ci. Voy. CETTUI.

CÉMÉTIèRE


CÉMÉTIèRE, Voy. CIMÉTIèRE.

CÉNâCLE


CÉNâCLE, s. m. [1re é fer. 2e lon.] Salle à manger. Il n'a d'usage qu'en parlant de la salle, où le Sauveur fit la Cène, et où les Apôtres reçurent le Saint-Esprit.

CENDRE


CENDRE, s. f. [Sandre; 1re lon. 2e e muet.] La poûdre, qui reste du bois et des aûtres matières combustibles, lorsqu'elles ont été consumées par le feu: Cendre chaude; réduire, ou mettre en cendres. — Cette dernière expression s'emploie au propre, dans son sens naturel; et au figuré, dans le sens de ravager, désoler, mettre tout à feu et à sang. "Tamerlan réduisit toute l'Asie en cendres.
   Rem. 1°. Selon l'Académie, on dit en Poésie, la cendre, ou, les cendres, en parlant des morts. Suivant La Touche, on doit toujours se servir du pluriel. Il dit pourtant, que le singulier est excusable en vers; et il cite ce vers de Corneille:
   Cette urne, que je tiens, contient-elle sa cendre?

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