Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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   Rousseau a dit aussi, en parlant du Prince de Conti.
   Élevons à sa cendre un monument célèbre.
   2°. On lit dans le discours de Catilina aux Conjurés, dans Cicéron, Tragédie de Voltaire.
   Entrez dans leurs Palais, frappez, mettez en cendre
   Tout ce qui prétendra l'honeur de se défendre.
   Il y a plusieurs chôses à remarquer dans ces deux vers. 1°. On dit mettre en cendres, au pluriel, et non pas en cendre au singulier. 2°. On met en cendres des bâtimens, et au figuré, un pays qu'on ravage; mais on ne met pas en cendres des hommes. Or, tout ce qui, signifie là, tous les hommes qui feront mine de se défendre. 3°. Je ne parle pas de prétendre l'honeur, qui est un faux régime. Cette Remarque n'est pas de cet article. Voy. Prétendre.
   3°. M. Racine le Fils, sur ce vers d'Alexandre,
   Sans lui déja nos murs seroient réduits en cendre.
demande si l'on brûle des murs. Il n'ôse pourtant pas acuser cette expression de négligence. On peut en éfet la regarder comme une métonymie. Le contenant est mis là pour le contenu, les murs pour les maisons de la Ville. — L'Observateur ne dit rien de réduits en cendre au singulier.
   On dit, figurément, feu caché sous la cendre, passion qui n'est pas bien éteinte. — Il ne faut pas remuer les cendres des morts, rechercher leurs actions pour flétrir leur mémoire. — En parlant d'un bon mari, d'une bone femme, on dit, proverbialement, qu'il faudrait les brûler pour en avoir de la cendre, pour faire entendre que l'un et l'aûtre sont fort râres. — Dans l'Ann. Litt. on critique ce vers du Méchant.
   C'est un homme à brûler pour en avoir la cendre.
Le Critique avait oublié ce Proverbe. — On dit aussi de ce qui est mauvais, rôti, bouilli trainé par les cendres.
   On dit encôre, que les cendres ne peuvent pas couvrir le feu, quand les dettes sont plus fortes que les revenus.
   Renaître de ses cendres, se dit au figuré par allusion au Phénix, oiseau fabuleux. "Sa prospérité ralume sans cesse le feu, qui le dévôre, et le fait renaître de ses cendres. Massillon. La Métaphôre n'est pas juste. Ce n'est pas le feu qui renaît de ses cendres, mais ce que le feu a consumé.
   Prendre la cendre et le cilice (Fig.) faire pénitence.

CENDRÉ


CENDRÉ, ÉE, CENDREUX, EûSE, adj. CENDRIER, s. m. [Sandré, dré-e, dreû, eû-ze, drié: 1re lon. 2e é ferm. long. au 2d; longue aussi au 3e et 4e; é fer et dout. au 5e.] Cendré se dit de ce qui est couleur de cendre: cendreux, de ce qui est plein de cendre. Gris cendré; blond cendré. Celui-ci se dit en parlant des cheveux. "Habit tout cendreux, table toute cendreûse.
   CENDRIER est la partie du fourneau qui est au dessous de la grille, et dans laquelle tombent les cendres.

CèNE


CèNE, s. f. [1re è moy. 2e e muet.] 1°. Le souper, que le Seigneur fit avec ses Disciples la veille de sa passion. = 2°. Les Calvinistes donent le nom de Cène à l'espèce de Communion qu' ils font. = 3°. Faire la Cène, chez les Catholiques, c'est servir à manger à treize paûvres le Jeudi-Saint, après leur avoir lavé les pieds.

CÉNOBITE


CÉNOBITE, s. m. CÉNOBITIQUE, adj. [1re é ferm. dern. e muet.] Cénobite est un Religieux qui vit en communauté. On ne le dit guère qu'en parlant des anciens Moines, par oposition à ceux qui vivaient séparés les uns des aûtres, qu'on apèle Anachorètes. Cénobitique, qui apartient au Cénobite. Il se dit proprement des anciens Cénobites, et par extension, de tous les Moines qui vivent en Comunauté. Vie cénobitique.

CÉNOTAPHE


CÉNOTAPHE, s. m. [Cénotafe, 1re é ferm. tout bref.] Tombeau vide, dressé à la mémoire d'un mort enterré âilleurs, ou dont on ne peut trouver le corps.

CENS


CENS, s. m. [Sans, et devant une voy. sanz.] Redevance en argent, que certains biens doivent au Seigneur annuellement. "Terre qui doit tant de cens de rente. Payer les cens = Quiter, ou abandoner la terre pour le cens, se dit au propre dans son sens naturel; et au figuré, c'est se défaire des biens qu'on possède à des conditions trop onéreûses.

CENSAL


*CENSAL, s. m. En Provence et dans les Échelles du Levant, on le dit pour Courtier, Trév. Mais ce mot n'est pas Français.

CENSE


CENSE, s. f. C'est un mot de certaines Provinces, comme la Picardie, le Hainaut, la Flandre, la Bourgogne. Métairie, ferme.

CENSÉ


CENSÉ, ÉE, adj. [Sansé, sé-e; 1re lon. 2e é ferm. long au 2d.] Réputé. "Il est censé présent. "Celui, qui est trouvé avec

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