ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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*EXPLICATION DÉTAILLÉE DU SYSTEME DES CONNOISSANCES HUMAINES

LES ETRES PHYSIQUES agissent sur les sens. Les impressions de ces Etres en excitent les perceptions dans l'Entendement. L'Entendement ne s'occupe de ses perceptions que de trois façons, selon ses trois facultés principales, la Mémoire, la Raison, l'lmagination. Ou l'Entendement fait un dénombrement pur & simple de ses perceptions par la Mémoire; ou il les examine, les compare, & les digere par la Raison; où il se plaît à les imiter & à les contrefaire par l'Imagination. D'où résulte une distribution générale de la Connoissance humaine qui paroît assez bien fondée; en Histoire, qui se rapporte à la Mémotre; en Philosophie, qui émane de la Raison; & en Poësie, qui naît de l'Imagination.

MEMOIRE, d'où HISTOIRE
.

L'HISTOIRE est des faits; & les faits sont ou de Dieu, ou de l'homme, ou de la nature. Les faits qui sont de Dieu, appartiennent à l'Histoire Sacrée. Les faits qui sont de l'homme, appartiennent à l'Histoire Civile; & les faits qui sont de la nature, se rapportent à l'Histoire Naturelle.

HISTOIRE I. Sacree. II. Civile. III. Naturelle.

I. L'Histore Sacrée se distribue en Hisioire Sacrée ou Eclésiastique; l'Histoire des Prophees, où le récir a précédé l'évenement, est une branche de l'Histoire Sacrée.

Il. L'Histoire Civile, cette branche de l'Histoire Universelle, cujus fidei exempla majorum, vicissitudines rerum, fundamenta prudentioe civilis, hominum denique nomen & fama commissa sunt, se distribue suivant ses objets en Histoire Civile proprement dite, & en Histoire Littéraire.

Les Sciences sont l'ouvrage de la réflexion & de la lumiere naturelle des hommes. Le Chancelier Bacon a donc raison de dire dans son admirable Ouvrage de dignitate & augmto Scientiarum, que l'Histoire du Monde, sans l'Histoire des Savans, c'est la statue de Polipheme à qui on a arraché l'oeil.

L'Histoire Civile proprement dite, peut se sous-diviser en Mémoires, en Antiquités, & en Histoire complette. S'il est vrai que l'Histoire soit la peinture des tems passés, les Antiquités en sont des desseins presque toûjours endommagés, & l'Histoire complete, un tableau dont les Mémoires sont des études.

III. La distribution de l'Histoire naturelle est donnée par la différence des saits de la Nature, & la différence des faits de la Nature, par la différence des états de la Nature. Ou la Nature est uniforme & suit un cours reglé. tel qu'onle remarque généralement dans les corps célestes, les animaux, les végétaux, &c. ou elle semble forcée & dérangée de son cours ordinaire, comme dans les monstres; ou elle est contrainte & pliée à différens usages, comme dans les Arts. La Nature fait tout, ou dans son cours ordinaire & réglé, ou dans ses écarts, ou dans son emploi. Uniformité de la Nature, premiere Partie d'Histoire Naturelie. Erreurs ou Ecarts de la Nature, seconde Partie d'Histoire Naturelle. Usages de la Nature, troisieme Partie d'Histoire Naturelle.

Il est inutile de s'étendre sur les avantages de l'Histoire de la Nature uniforme. Mais si l'on nous demande à quoi peut servir l'Histoire de la Nature monstrueuse, nous répondrons, à passer des prodiges de ses écarts aux merveilles de l'Art; à l'égarer encore ou à la remettre dans son chemin; & sur - tout à corriger la témérité des Propositions générales, ut axiomatum corrigatur iniquitas.

Quant à l'Histoire de la Nature pliée à différens usages, on en pourroit faire une branche de l'Histoire Civile; car l'Art en général est l'industrie de l'homme appliquée par ses besoins ou par son luxe, aux productions de la Nature. Quoi qu'il en soit, cette application ne se fait qu'en deux manieres, ou en rapprochant, ou en éloignant les corps naturels. L'homme peut quelque chose ou ne peut rien, selon que le rapprochement ou l'éloignement des corps naturels est ou n'est pas possible.

L'Histoire de la Nature uniforme se distribue suivant ses principaux objets, en Histoire Céleste, ou des Astres, de leurs mouvemens, apparences sensibles, &c. sans en expliquer la cause par des systèmes, des hypotheses, &c. il ne s'agit ici que de phénomenes purs. En Histoire des Météores, comme vents, pluies, tempetes, tonnerres, aurores boréales, &c. En Histoire de la Terre & de la Mer, ou des montagnes, des fleuves, des rivieres, des courants, du flux & reflux, des sables, des terres, des sorêts, des îles, des figures, des continens, &c. En Histoire des Minéraux, en Histoire des Végétaux, & en Histoire des Animaux. D'où resulte une Histoire des Elémens, de la Nature apparente, des effets sensibles, des mouvemens, &c. du Feu, de l'Air, de la Terre, & de l'Eau.

L'Histoire de la Nature monstrueuse doit suivre la même division. La Nature peut opérer des prodiges dans les Cieux, dans les régions de l'Air, sur la surface de la Terre, dans ses entrailles, au fond des Mers, &c. en tout & par - tout.

L'Histoire de la Nature employée est aussi étendue que les différens usages que les hommes font de ses productions dans les Arts, les Métiers, & les Manufactures. Il n'y a aucun effet de l'industrie de l'homme, qu'on ne puisse rappeller à quelque production de la Nature. On rappellera au travail & à l'emploi de l'Or & de l'Argent, les Arts du Monnoyeur, du Bateur - d'Or, du Fileur - d'Or, du Tireur - d'Or, du Planeur, &c. au travail & à l'emploi des Pierres [p. xlviij] précieuses, les Arts du Lapidaire, du Diamantaire, du Joaillier, du Graveur en Pierres fines, &c. au travail & à l'emploi du Fer, les Grosses - Forges, la Serrurerie, la Taillanderie, l'Armurerie, l'Arquebuserie, la Coutellerie, &c. au travail & à l'emploi du Verre, la Verrerie, les Glaces, l'Art du Miroitier, du Vitrier, &c. au travail & à l'emploi des Peaux, les Arts de Chamoiseur, Tanneur, Peaucier, &c. au travail & à l'emploi de la Laine & de la Soie, son tirage, son moulinage, les Arts de Drapiers, Passementiers, Galonniers, Boutonniers, Ouvriers en velours, Satins, Damas, Etoffes brochées, Lustrines, &c. au travail & à l'emploi de la Terre, la Poterie de terre, la Fayance, la Porcelaine, &c. au travail & à l'emploi de la Pierre, la partie méchanique de l'Architecte, du Sculpteur, du Stuccateur, &c. au travail & à l'emploi des Bois, la Menuiserie, la Charpenterie, la Marquetterie, la Tabletterie, &c. & ainsi de toutes les autres matieres, & de tous les autres Arts, qui sont au nombre de plus de deux cens cinquante. On a vû dans le Discours préliminaire comment nous nous sommes proposé de traiter de chacun.

Voilà tout l'Historique de la connoissance humaine; ce qu'il en faut rapporter à la Mémoire; & ce qui doit être la matiere premiere du Philosophe.

RAISON, d'où PHILOSOPHIE.

LA PHILOSOPHIE, ou la portion de la connoissance humaine qu'il faut rapporter à la Raison, est très - étendue. ll n'est presqu'aucun objet apperçu par les sens, dont la réflexion n'ait fait une Science. Mais dans la multitude de ces objets, il y en a quelques - uns qui se font remarquer par leur importance, quibus abscinditur infinitum, & auxquels on peut rapporter toutes les Sciences. Ces chefs sont Dieu, à la connoissance duquel l'homme s'est élevé par la réflexion sur l'Histoire Naturelle & sur l'Histoire Sacrée: l'Homme qui est sûr de son existence par conscience ou sens interne; la Nature dont l'homme a appris l'histoire par l'usage de ses sens extérieurs. Dieu, l'Homme, & la Nature, nous fourniront donc une distribution générale de la Philosophie ou de la Science (car ces mots sont synonymes); & la Philosophie ou Science, sera Science de Dieu, Science de l'Homme, & Science de la Nature.

PHILOSOPHIE Ou SCIENCE. I. Science de Dieu. II. Science de l'Homme. III. Science de la Nature.

Le progrés naturel de l'esprit humain est de s'élever des individus aux especes, des especes aux genres, des genres prochains aux genres éloignés, & de former à chaque pas une Science; ou du moins d'ajoûter une branche nouvelle à quelque Science déja formée: ainsi la notion d'une Intelligence incrée, infinie, &c. que nous rencontrons dans la Nature, & que l'Histoire sacrée nous annonce; & celle d'une intelligence crée, finie & unie à un corps que nous appercevons dans l'homme, & que nous supposons dans la brute, nous ont conduits à la notion d'une Intelligence créée, finie, qui n'auroit point de corps; & de - là, à la notion générale de l'Esprit. De plus les propriétés générales des Etres, tantspirituels que corporels, étant l'existence, la possibilité, la durée, la substance, l'attribut, &c. on a examiné ces propriétés, & on en a formé l'Ontologie, ou Science de l'Etre en général. Nous avons donc eu dans un ordre renversé, d'abord l'Ontologie; ensuite la Science de l'Esprit, ou la Pneumatologie, ou ce qu'on appelle communément Métaphysique particuliere: & cette Science s'est distribuée en Science de Dieu, ou Théologie naturelle, qu'il a plû à Dieu de rectifier & de sanctifier par la Révélation, d'où Religion & Théologie proprement dite, d'où par abus, Superstition. En doctrine des Esprits bien & malfaisans, ou des Anges & des Démons; d'où Divination, & la chimere de la Magie noire. En Science de l'Ame qu'on a sous - divisée en Science de l'Ame raisonnable qui conçoit, & en Science de l'Ame sensitive, qui se borne aux sensations.

II. Science de l'Homme. La distribution de la Science de l'Homme nous est donnée par celle de ses facultés. Les facultés principales de l'Homme, sont l'Entendement, & la Volonté; l'Entendement, qu'il faut diriger à la Vérité; la Volonté, qu'il faut plier à la Vertu. L'un est le but de la Logique; l'autre est celui de la Morale.

La Logique peut se distribuer en Art de penser, en Art de retenir ses pensées, & en Art de les communiquer.

L'Art de penser a autant de branches, que l'Entendement a d'opérations principales. Mais on distingue dans l'Entendement quatre opérations principales, l'Appréhension, le sugement, le Raisonnement, & la Méthode. On peut rapporter à l'Appréhension, la Doctrine des idées ou Perceptions; au Jugement, celle des Propositions; au Raisonnement & à la Méthode, celle de l'Induction & de la Démonstration. Mais dans la Démonstration, où l'on remonte de la chose à démontrer aux premiers principes; ou l'on descend des premiers principes à la chose à démontrer: d'où naissent l'Analyse & la Synthèse.

L'Art de Retenir a deux branches, la Science de la Mémoire même, & la Science des supplémens de la Mémoire. La Mémoire que nous avons considérée d'abord comme une faculté purement passive, & que nous considérons ici comme une puissance active que la raison peut perfectionner, est ou Naturclle, ou Artificielle. La Mémoire naturelle est une affection des organes; l'Artificielle consiste dans la Prénotion & dans l'Emblème; la Prénotion sans laquelle rien en particulier n'est présent à l'esprit; l'Emblême par lequel l'Imagination est appellée au secours de la Mémoire.

Les Représentations artificielles sont le Supplément de la Mémoire. L'Ecriture est une de ces représentations: mais on se sert en écrivant, ou des Caracteres courans, ou de Caracteres particuliers. On appelle la collection des premiers, l'Alphabet; les autres se nomment Chiffres: d'où naissent les Arts de lire, d'écrire, de déchiffrer, & la Science de l'Orthographe.

L'Art de Transmettre se distribue en Science de l'Instrument du Discours, & en Science des qualités du Discours. La Science de l'Instrument du Discours s'appelle Grammaire. La Science des qualités du Discours, Rhétorique.

La Grammaire se distribue en Science des Signes, de la Prononciation, de la Construction, & de la Syntaxe. Les Signes sont les sons articulés; la Prononciation ou Prosodie, l'Art de les articuler; la Syntaxe, l'Art de les appliquer aux différentes vûes de l'es<pb->

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