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Lettre des Libraires associés au comte d'Argenson
(après le 21 août I749).
Monseigneur,
Pénétrés de la plus vive et de la plus respectueuse
reconnaissance, nous recourons encore à la protection de Votre Grandeur, non
pour lui demander de nouvelles grâces, parce que nous craignons de l'importuner,
mais pour vous représenter, Monseigneur, que l'entreprise sur laquelle Votre
Grandeur a bien voulu jeter quelques regards favorables ne peut pas s'achever
tant que M. Diderot sera à Vincennes. Il est obligé de consulter une quantité
considérable d'ouvriers qui ne veulent pas se déplacer; de conférer avec des
gens de lettres qui n'auront pas la commodité de se rendre à Vincennes, de
recourir enfin continuellement à la bibliothèque du Roi, dont les livres ne
peuvent ni ne doivent être transportés si loin.
D'ailleurs, Monseigneur,
pour conduire les dessins et les gravures, il faut avoir sous les yeux les
outils des ouvriers, et c'est un secours essentiel dont M. Diderot ne peut faire
usage que sur les lieux.
Ces considérations, Monseigneur, ne peuvent
valoir auprès de Votre Grandeur qu'autant qu'elle voudra bien se laisser toucher
de l'état violent dans lequel nous sommes, et s'intéresser à l'entreprise la
plus belle et la plus utile qui ait jamais été faite dans la librairie. C'est la
grâce que nous vous demandons, Monseigneur, et que nous espérons de votre amour
pour les lettres.
Nous sommes, avec un très profond
respect, Monseigneur, de Votre Grandeur,
Les très humbles et très
obéissants serviteurs,
Briasson. David l'aîné. Durand. Le
Breton, imprimeur ordinaire du Roi. |