Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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leurs branches et de leurs feuilles : La frondaison
de la forêt était opulente, magnifique,
touffue;
soit la Production de ces feuilles et
de ces branches : La frondaison a été tardive
cette année.

FRONDE. n. f. Instrument, fait de corde
ou de cuir, avec lequel on lance des pierres,
des balles, etc. David tue Goliath d'un coup
de fronde. Les anciens avaient dans leurs troupes
des gens armés de frondes. Faire tourner une
fronde.

Par extension, il se dit d'un Jouet d'enfant
composé d'un caoutchouc et d'une petite
fourche.

Par extension, Un esprit de fronde, un vent
de fronde,
Un esprit de critique et d'opposition.
Il soufflait alors un vent de fronde.

Cette locution a fait appeler Fronde la
Rébellion des ennemis de Mazarin sous la
minorité de Louis XIV.

FRONDER. v. intr. Lancer des pierres, des
balles avec une fronde. Des enfants qui s'amusent
à fronder.

Il ne s'emploie guère aujourd'hui qu'au sens
figuré et signifie Parler et agir avec un esprit
de fronde. C'est un homme qui passe sa vie à
fronder.

Par extension, il s'emploie transitivement
pour signifier Critiquer, blâmer. Fronder le
gouvernement. Fronder les travers du temps,
les ridicules de la société.

FRONDEUR. n. m. Celui qui lance des
pierres, des balles, avec une fronde. Les
anciens avaient des frondeurs dans leurs armées.
Les habitants des îles Baléares passaient
pour être les plus habiles frondeurs.

Il se dit, au figuré, de Celui qui fronde, qui
critique les autorités établies ou les opinions
reçues, et, par extension, de Celui qui désapprouve,
qui blâme tout. C'est un frondeur
éternel.
Adjectivement, Un esprit frondeur. Une
jeunesse frondeuse.

Il signifie quelquefois simplement Celui qui
contredit, qui critique, qui blâme. Ce ministre
a rencontré presque autant de frondeurs que
d'approbateurs.

FRONT. n. m. Partie du visage qui est
comprise entre la racine des cheveux et les
sourcils. Large front. Front élevé. Front bas.
Avoir des rides au front, sur le front. Se faire
une bosse au front. Être marqué sur le front, au
front. Dérider son front.

Il se dit, par extension, pour Tout le visage.
Un front serein. Un front sévère. On lit sur son
front ce qu'il pense. La rougeur qui couvrait
leur front.

Il se dit aussi du Devant de la tête de quelques
animaux. Le front d'un cheval, d'un
boeuf, d'un éléphant, etc. Un cheval qui a une
étoile au milieu du front.

Il désigne aussi la Tête, surtout en poésie
et dans le style élevé. Courber son front. Humilier
son front. Lever, relever le front.
Il ne s'emploie
guère que dans ces sortes de phrases,
pour exprimer l'humiliation, l'abaissement, la
servitude, ou la fierté, la révolte, etc.

Il marche le front levé, il peut marcher le
front levé,
Il n'a pas à craindre de reproches.

Il signifie au figuré Trop grande hardiesse,
impudence. Aura-t-il le front de soutenir ce
qu'il dit? C'est avoir bien du front. De quel front
ose-t-il se présenter devant vous?

Fig., Un front d'airain. Voyez AIRAIN.

FRONT se dit poétiquement pour Cime,
sommet. Ces rochers qui cachent leur front dans
les nues.

Il signifie encore figurément, en termes
d'Architecture, Face d'une construction. Le
front d'un bâtiment. Le front d'un palais. Le
front d'une fortification.

FRONT désigne encore figurément, en termes
militaires, spécialement en termes de Guerre,
la Ligne des troupes qui sont devant l'ennemi.
Le front d'une armée. Le front ennemi s'étend
de tel point à tel autre. Les troupes du front,

Les troupes de première ligne. Le front a
avancé, a reculé sur tels ou tels points. Le front
s'est immobilisé. Aller au front; Être sur le
front, au front; Percer, rompre, désorganiser
le front,
Aller, être sur le théâtre des opérations
et y prendre part.

Passer sur le front d'une troupe, Passer
devant le front d'une troupe rangée en bataille.

Faire front se dit d'une Troupe qui était
par le flanc et dont les hommes se tournent
de manière à présenter le front. Par ellipse,
en termes de Commandement, Halte, front.

Front de bandière. Voyez BANDIÈRE.

DE FRONT, loc. adv. Par-devant. Attaquer
l'ennemi de front.
Fig., Heurter de front les
préjugés,
Les attaquer sans ménagement.

DE FRONT signifie aussi Côte à côte. Un
défilé où il ne peut passer que deux hommes de
front. Cette rue est assez large pour que deux
voitures y puissent passer de front. Ils marchaient
tous trois de front.
Fig., Faire marcher,
mener deux affaires, deux intrigues de front,

S'occuper de deux affaires, de deux intrigues
en même temps.

FRONTAIL. n. m. Voyez FRONTEAU.

FRONTAL, ALE. adj. T. d'Anatomie. Qui a
rapport ou qui appartient au front. La veine
frontale. Les muscles frontaux. Nerf frontal.
Os frontal. Sinus frontaux.

FRONTEAU. n. m. Sorte de bandeau que
les Juifs se mettent sur le front pour prier
dans une synagogue.

FRONTEAU ou FRONTAIL, en parlant des
Chevaux, se dit de Cette partie de la têtière
qui passe au-dessus des yeux du cheval. Il
se dit également du Morceau de drap noir
dont on couvre le front d'un cheval dans les
cérémonies funèbres.

Il se dit encore, en termes d'Architecture,
du Petit fronton qui surmonte une fenêtre.

FRONTIÈRE. n. f. Les limites d'un État,
d'une contrée en tant qu'elles le séparent d'un
autre État, d'une autre contrée. Tracer une frontière.
La frontière passe par telles et telles villes.
La frontière est marquée par un fleuve, par une
chaîne de montagnes. S'établir sur la frontière.
Franchir les frontières,
Franchir la limite
établie par un traité et qui sépare un État d'un
autre. Passer la frontière. La défense de la
frontière, Les forts qui garnissent la frontière.
Frontière ouverte. Fermer les frontières.
Reculer les frontières d'un État.
Fig., Les frontières
du savoir humain. Reculer les frontières
de la sottise, du mauvais goût.
Adjectivement,
Ville frontière. Département frontière.

FRONTISPICE. n. m. Face principale d'un
grand monument. Le frontispice d'un temple.
Il est vieux.

Il se dit surtout du Titre imprimé d'un livre
placé à la première page et entouré ou accompagné
d'ornements ou de vignettes. Mettre des
attributs, des arabesques au frontispice d'un
livre. Mettre en frontispice.

Il se dit encore de la Gravure faite pour être
placée en regard du titre d'un livre et dont
le sujet est analogue au but et à l'esprit de
l'ouvrage. Le sujet d'un frontispice.

FRONTON. n. m. Ornement d'architecture
qui est fait ordinairement en triangle
et qui se met en haut de l'entrée principale
d'un bâtiment, au-dessus des portes, des croisées,
etc. Le fronton qui surmonte le portique d'un
temple. Fronton brisé. Fronton cintré. Fronton
ouvert. Fronton orné de figures, de bas-reliefs.

En termes de Sports, il se dit, dans le Jeu
de la Pelote basque, du Mur cimenté sur
lequel frappe la balle. Il se dit aussi, par
extension, du Terrain de jeu.

FROTTAGE. n. m. Travail de celui qui
frotte. Le frottage d'un plancher. Le prix du
frottage.

FROTTÉE. n. f. Volée de coups. Il a reçu
une bonne frottée.
Il est populaire.

FROTTEMENT. n. m. Action de frotter,
action de deux choses qui se frottent. Électriser
un corps par le frottement. Le frottement
de l'essieu use le moyeu de la roue. Empêcher,
diminuer le frottement. Frottement
doux.
En termes de Mécanique, Frottement de
glissement, de roulement.

Il se dit figurément et familièrement pour
Commerce, fréquentation. Le frottement du
monde. Avoir du frottement. Manquer de frottement.

FROTTER. v. tr. Passer une chose sur une
autre à plusieurs reprises, en appuyant, en
pressant. Frotter fort, doucement. Se frotter les
yeux. Frotter deux pierres l'une contre l'autre.
Se frotter avec la main. Se frotter en quelque
partie du corps. Se frotter contre quelque chose.
Se frotter l'un contre l'autre.

Se frotter les mains, Faire ce geste familier
exprimant la satisfaction.

Fig. et fam., Se frotter à quelqu'un, Avoir
commerce, communication avec quelqu'un.
Se frotter à la bonne société. Se frotter aux
savants, aux artistes. Ne vous frottez pas à ces
gens-là : vous n'aurez qu'à y perdre.
On dit dans
un sens analogue et adjectivement Il est frotté
de grec et de latin,
Il n'en a qu'une connaissance
superficielle. Se frotter à quelqu'un signifie
aussi S'attaquer à quelqu'un, le provoquer,
le défier. Je ne vous conseille pas de
vous frotter à lui. C'est un homme auquel il est
dangereux de se frotter. Ne vous frottez pas à
un tel : il pourrait vous en cuire.
On dit de même
Ne vous y frottez pas, je ne vous conseille pas de
vous y frotter, etc.,
lorsqu'on veut dissuader
quelqu'un de faire une chose que l'on croit
dangereuse pour lui.

Prov. et fig., Qui s'y frotte, s'y pique, se
dit en parlant de Quelqu'un qui ne se laisse
pas attaquer impunément.

Il signifie aussi Oindre, enduire, en frottant.
On lui frotta le bras avec du baume, avec de
l'huile. Les athlètes se frottaient d'huile avant
de lutter. Se frotter à l'eau de Cologne. Frotter
des chaises. Frotter le parquet d'un appartement

ou Par extension Frotter un appartement. Absolument,
Ce domestique ne sait pas frotter.

En termes de Peinture, il signifie Appliquer
une légère couche de couleur sur celle qui fait
le fond d'un tableau.

Il signifie aussi, figurément et familièrement,
Battre, frapper, maltraiter. On l'a frotté
comme il faut, frotté d'importance.
On dit de
même Frotter les oreilles à quelqu'un. Il me
charge de lui frotter les oreilles.

Il s'emploie quelquefois comme verbe intransitif
et se dit d'une Chose qui passe, qui glisse
sur une autre ou contre une autre, en exerçant
quelque pression. Une des roues frottait
contre la caisse de la voiture.

FROTTEUR. n. m. Celui qui frotte les
planchers, les parquets.

FROTTIS. n. m. T. de Peinture. Application
d'une légère couche de couleur sur celle
qui fait le fond du tableau.

Il se dit aussi, dans une peinture architecturale,
de l'Application d'une couleur transparente
sur les coupes de la pierre pour imiter
la couleur de la matière employée.

Il se dit encore de la Copie d'une inscription;
d'une reliure obtenue en frottant d'un
crayon un papier appliqué sur l'original.

FROTTOIR. n. m. Ce qui sert à frotter. Un
frottoir pour allumettes.

Il se dit aussi de Ce qui sert à essuyer fortement.

FROUER. v. intr. T. de Chasse. Contrefaire
en sifflant le cri de la chouette pour
attirer les oiseaux.

FROU-FROU. n. m. Léger bruit que produit
le frottement des étoffes, particulièrement

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