Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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GRUE. n. f. Sorte de gros oiseau voyageur,
de l'ordre des Échassiers, qui vole fort haut et
par bandes. La grue a le bec et le cou fort longs.
Le passage des grues, des bandes de grues. Une
bande de grues qui volent présente la figure d'un
triangle.

Fig., Faire le pied de grue, Attendre longtemps
sur ses pieds.

Il se dit, figurément et familièrement, pour
désigner une femme de moeurs légères.

GRUE. n. f. Grand dispositif de bois ou de
fer qui sert à élever de lourds fardeaux. Grue
à vapeur. Grue électrique.

GRUGER. v. tr. Briser quelque chose de
dur ou de sec avec les dents. Gruger des croûtes,
des macarons, du sucre.
Il est vieux.

Il signifie, en termes d'Arts, Briser, avec un
marteau à pointes de diamant, certaines matières
dures qui ne pourraient être entamées
par un outil tranchant. On gruge les saillies du
granit.

Il s'emploie surtout dans la locution familière
Gruger quelqu'un, Lui manger son bien,
lui extorquer ce qu'il possède, lui faire perdre
son argent. Il a autour de lui des gens qui le
grugent. Les hommes d'affaires l'ont grugé.

GRUME. n. f. T. d'Eaux et Forêts. Écorce
laissée sur le bois coupé. Bois de grume ou en
grume,
Bois coupé qui a encore son écorce.
Vendre les bois en grume.

GRUMEAU. n. m. Petite portion durcie ou
caillée de sang, de lait ou de quelque autre
matière liquide. Ce lait est tourné, il s'est mis
tout en grumeaux. Cette colle, cette bouillie est
pleine de grumeaux.

Il se dit aussi d'une Petite agglomération de
quelque chose de pulvérulent, de sablonneux,
etc. Des grumeaux de sel.

GRUMELER (SE). (Il se conjugue comme
APPELER.) v. pron. Se mettre en grumeaux. Le
lait tourné se grumelle.

GRUMELEUX, EUSE. adj. Qui est composé
de grumeaux. Sang grumeleux.

Il signifie, par extension, Qui a de petites
inégalités dures, au-dehors ou au-dedans.
Caillou grumeleux. Bois grumeleux. Poires grumeleuses.

GRUYER, ÈRE. adj. Qui a rapport à la
grue. Il ne s'emploie que dans ces dénominations :
Faucon gruyer, Qui est dressé à voler la
grue; Faisan gruyer, Qui ressemble à une grue.

GRUYÈRE. n. m. Sorte de fromage qui tire
son nom d'une région de la Suisse où il se fait.
Un morceau de gruyère. On dit aussi Fromage
de Gruyère.

GUANO. n. m. Substance produite par des
amas de fiente d'oiseaux de mer, qui se trouve
principalement dans les îles de l'Océan Pacifique
appartenant au Pérou, et qui est très
employée comme engrais.

GUÉ. n. m. Endroit d'une rivière où l'eau
est si basse et le fond si ferme qu'on y peut
passer sans nager et sans s'embourber. Chercher
un gué pour faire traverser une rivière à
une troupe. Passer la rivière à gué. Abreuver un
cheval au gué. Sonder le gué.

GUÉABLE. adj. des deux genres. Que l'on
peut passer à gué. La rivière est guéable dans
cet endroit.

GUÉER. v. tr. Passer à gué. Guéer une rivière.

Par extension, il signifie Faire baigner.
Guéer un cheval.

Par analogie, il signifie aussi Laver du linge
et le remuer quelque temps dans l'eau avant
de le tordre.

GUENILLES. n. f. pl. Vêtement misérable en
lambeaux. Un malheureux, un mendiant en
guenilles. Ce vêtement tombe en guenilles.

Sac à guenilles, Sac où l'on ramassait les
morceaux de linge usé, les chiffons, etc.

Il s'emploie au singulier pour désigner une
Chose sans valeur, sans importance, méprisable.
Ce vêtement n'est qu'une guenille. Selon
lui, le corps est une guenille dont il est honteux
de s'occuper.
Il est familier.

GUENILLON. n. m. Petite guenille. Je n'ai
que faire de ce guenillon.
Il est familier.

GUENIPE. n. f. Coureuse, femme de mauvaise
vie. Il est familier et il est vieux.

GUENON. n. f. T. de Zoologie. Genre de
singes de l'ancien continent, qui ont une
longue queue.

Il désigne, dans le langage ordinaire, la
femelle d'un singe. Une petite guenon.

Il se dit, figurément et familièrement, d'une
Femme très laide.

GUENUCHE. n. f. Petite guenou. Une jolie,
une gentille guenuche.

Fig. et fam., C'est une guenuche coiffée, se
dit d'un Femme laide et parée de façon ridicule.

GUÊPE. n. f. Genre d'Insectes de l'ordre des
Hyménoptères, dont les femelles sont pourvues
d'un aiguillon analogue à celui des
abeilles. On distingue dans ce genre la Guêpe
vulgaire et le Frelon. Plusieurs espèces de
guêpes vivent en société comme les abeilles.
Grosse guêpe. Mouche-guêpe. Il a été piqué par
une guêpe. Une piqûre de guêpe.

Fig., Une taille de guêpe, Une taille extrêmement
fine. Cette femme a une taille de guêpe.

Prov., Où la guêpe a passé le moucheron
demeure,
Les gens faibles et pauvres se trouvent
mal d'imiter ceux qui ont de la force ou
des richesses.

GUÊPIER. n. m. Lieu où les guêpes construisent
des gâteaux et des alvéoles qui forment
un groupe revêtu d'une enveloppe en tout ou
en partie.

Prov. et fig., Tomber, donner dans le guêpier,
Se trouver par imprudence, maladresse, aveuglement,
au milieu de gens dont on n'a que du
mal à attendre. Se mettre la tête dans le guêpier,
S'engager dans une affaire où l'on a toutes
chances d'être dupé. On dit dans un sens analogue :
Ne vous engagez pas dans cette affaire
c'est un guêpier. Il eut beaucoup de peine à
sortir de ce guêpier.

Il se dit aussi de Certains passereaux qui se
nourrissent d'abeilles et de guêpes.

GUÈRE. (On écrit Guères en Poésie, pour
les besoins de la rime ou de la mesure.) adv.
Il ne s'emploie qu'avec la particule NE pour
signifier Pas beaucoup. Il n'a guère d'argent. Il
n'a guère de voix. Il n'a guère dormi. Elle n'a
guère moins de trente ans. Il n'est guère sage. Ce
vin n'est guère bon. Vous ne venez guère nous
voir. Il ne s'en soucie guère. La paix ne dura
guère. Il n'a plus guère à vivre. Il ne s'en est
guère fallu.

Il s'emploie aussi entre NE et QUE signifiant
Seulement, et alors il a le sens de Presque. Je
ne vois guère que lui qui soit capable de faire
cela. Cela n'arrive guère qu'en hiver. Ce mot ne
s'emploie guère, n'est guère usité que dans telle
phrase.

GUÉRET. n. m. Terre labourée et non ensemencée,
ou même Terre laissée en jachère.

Il se disait, en Poésie, de Toutes les terres
propres à porter des grains, qu'elles soient
ensemencées ou qu'elles ne le soient pas. Des
guérets couverts d'abondantes moissons.

GUÉRIDON. n. m. Sorte de meuble qui n'a
qu'un pied et qui sert à supporter des objets
légers. Mettre un plateau, servir le thé sur un
guéridon.

GUÉRILLA. n. f. Mot emprunté de l'espagnol.
Corps franc, bande de partisans. Une
guerre de guérillas.

GUÉRIR. v. tr. Délivrer d'un mal physique.
Ce médecin l'a guéri d'une pneumonie qu'on
croyait incurable. Guérir quelqu'un de la fièvre.

Par extension, Guérir la fièvre. Guérir une plaie.
Cette pommade guérit les engelures.
Absolument,
L'art de guérir.

Il signifie figurément Délivrer d'un mal
moral, de mauvaises habitudes, travers, passions,
vices, etc. Cela le guérira peut-être de
son indiscrétion. Cet enfant est parvenu à se
guérir de la peur. Il est guéri de son ambition.
Guérissez-vous de ce vilain défaut.

GUÉRIR, intransitif, ou SE GUÉRIR signifie
Se délivrer d'un mal physique. Il est dans les
meilleures conditions pour guérir. Il se guérira
peu à peu.
Par extension, Sa blessure ne guérit,
ne se guérit guère.
Fig., On guérit difficilement
de la peur. Son coeur a trop souffert pour guérir,
pour se guérir jamais.

GUÉRISON. n. f. Action de guérir. Guérison
entière, parfaite, imparfaite. Prompte guérison.
La guérison d'un malade. Il doit sa guérison à
tel médecin, à tel remède. Il ne pourra partir
qu'après sa guérison, qu'après guérison. La
guérison de ces sortes de maux, de maladies est
tente, est difficile.

GUÉRISSABLE. adj. des deux genres.
Qu'on peut guérir. Ce mal est guérissable.

GUÉRISSEUR, EUSE. n. Celui, celle qui
prétend guérir, qui fait profession de guérir
par des moyens empiriques. La foi aux guérisseurs
était très répandue dans les campagnes.

GUÉRITE. n. f. Abri aménagé pour un
soldat en faction.

GUERRE. n. f. Conflit entre deux nations,
qui se vide par la voie des armes; action d'un
peuple qui en attaque un autre, ou qui résiste
à une agression, à une invasion, etc. Guerre
offensive. Guerre défensive. Les guerres Médiques.
La guerre de Cent Ans. Les guerres
d'Italie. Les lois de la guerre. Gens de guerre.
Ruse de guerre. Préparatifs de guerre. Déclaration
de guerre. Vaisseau de guerre. Bâtiment
armé en guerre. Les malheurs, les ravages, les
horreurs de la guerre. Des aventures de guerre.
En temps de guerre. Une guerre à feu et à sang.
Avoir la guerre. Être en guerre. En guerre et
en paix. Déclarer la guerre. État de guerre.
Cette province devint le théâtre de la guerre.

Conseil de guerre. Voyez CONSEIL.

Il désigne aussi l'Art militaire, la connaissance
des moyens que l'on doit employer pour
faire la guerre avec avantage. L'art de la
guerre, le métier de la guerre. La guerre de campagne,
la guerre de siège. Guerre de mouvements,
de tranchées, d'usure. Guerre aérienne.
Guerre des gaz. Un homme de guerre. Avoir le
génie de la guerre.

Guerre civile, guerre intestine, Guerre entre
les citoyens d'un même État. Guerre étrangère,
Guerre contre les étrangers. Le double
fléau de la guerre civile et de la guerre étrangère.

Guerres de religion, Celles que les dissensions
religieuses allument dans un pays. Guerre
sainte
se dit de la Guerre qui s'est faite autrefois
contre les infidèles pour reconquérir la
Terre sainte. Guerre sainte désigne aussi le
Soulèvement religieux ordonné contre les
chrétiens par les chefs de l'Islam. Proclamer
la guerre sainte.

Guerre à mort, Guerre dans laquelle on ne
fait aucun quartier. On dit à peu près de
même Guerre d'extermination, guerre à outrance.

Petite guerre, Celle qui se fait par détachements
ou par partis, dans le dessein d'observer
les démarches de l'ennemi, de l'incommoder,
de le harceler. Faire la petite guerre. Il se dit
aussi d'un Simulacre de guerre, dans lequel
des corps d'une même armée manoeuvrent et
feignent de combattre les uns contre les autres.

Obtenir les honneurs de la guerre se dit d'une
Garnison assiégée qui obtient, avant de quitter
la place, de garder ses armes en totalité ou en
partie.

Fig. et fam., Sortir d'un procès, d'une querelle,
d'une discussion avec les honneurs de la
guerre,
En sortir honorablement, à son avantage.

Fig. et poétiq., Foudre de guerre. Voyez
FOUDRE.

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