Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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quelque chose le plus longtemps possible,
parce qu'on y voit un avantage. L'important
en cette affaire est de gagner du temps. Il fit
mille chicanes pour gagner du temps.

Gagner bien ou Bien gagner signifie aussi
figurément Mériter. Il l'a bien gagné. Il gagne
bien l'argent qu'on lui donne. Il gagne bien son
argent.

Gagner le ciel, gagner le paradis, Mériter
d'aller dans le ciel, d'aller en paradis.

Gagner le jubilé, les indulgences, Mériter
les grâces qui y sont attachées.

Il se dit aussi en parlant des Avantages, des
qualités qu'une personne ou qu'une chose
acquiert. Le langage perdit en naïveté ce qu'il
gagnait en élégance et en finesse. L'art ne
gagne rien à ces innovations bizarres.
Absolument,
Ce jeune homme a gagné depuis que je ne
l'ai vu. Cette femme gagne à être vue aux lumières.
Cette statue gagne à être vue de ce côté.
Cette pièce de théâtre gagne beaucoup à la lecture.
Ce vin a gagné à vieillir.

Il gagne à être connu. Plus on le connaît,
plus on l'estime. Dans le sens contraire, Il
ne gagne pas à être connu.

Fig., Gagner du terrain, S'avancer, faire des
progrès, se rapprocher du but.

Gagner quelqu'un de vitesse, Arriver avant
lui, parce qu'on est allé plus vite. Gagner
l'ennemi de vitesse.
On dit, en des sens analogues
Hâtons-nous de rentrer, la nuit nous gagne.
Gagner quelqu'un de vitesse
signifie aussi figurément
Le prévenir, faire avant lui une visite,
une démarche. J'aurais souhaité obtenir cet
emploi, mais il m'a gagné de vitesse.

Fam., Gagner du chemin. Gagner du pays.
On dit aussi Gagner chemin, gagner pays,
Avancer, faire du chemin, ou s'évader, s'éloigner,
quitter un endroit. Il est tard, gagnons
chemin. Gagnons pays. Le maraudeur surpris
gagna pays.
Il est vieux.

En termes de Marine, Gagner le vent, le
dessus du vent,
Prendre le dessus du vent.

Fig. et fam., Gagner le dessus. Prendre
l'avantage, avoir l'avantage, surmonter. On
dit plutôt aujourd'hui Prendre le dessus.

Il signifie encore, figurément, Se concilier,
se rendre favorable. Gagner le coeur de quelqu'un.
Sa bonté lui gagne tous les coeurs. Ce
ton de franchise me gagna. Gagner l'amitié,
l'affection, la bienveillance, la confiance. Gagner
les bonnes grâces de quelqu'un. Gagner les suffrages,
les voix. Il faut gagner cet homme-là, à
quelque prix que ce soit, et l'avoir pour nous.
Gagner le geôlier. Gagner les témoins. Gagner
quelqu'un à force d'argent. Se laisser gagner,

Céder à des promesses, à de l'argent.

Il signifie aussi Se diriger vers quelque
endroit, et y arriver, y parvenir. Gagner le
rivage. Gagner la haute mer, le large. Il faut
gagner la grande route pour arriver à ce village.
Il avait déjà gagné la frontière, lorsqu'on l'arrêta.

On dit, dans un sens analogue, Gagner l'heure,
Occuper le temps qui vous sépare d'une heure
fixée d'avance. Il est allé se promener pour
gagner l'heure du déjeuner.

Fam. et fig., Gagner au pied, gagner les
champs, le taillis; gagner le large,
S'enfuir.

Fam., Gagner la porte, Se diriger vers la
porte pour sortir. Il se dit surtout dans le sens
de S'échapper.

Fig., Ce cheval gagne à la main. Il précipite
l'allure où l'on voudrait le maintenir. Cet
employé vous gagne à la main,
Il prend des
libertés, de l'indépendance.

Il se dit encore tant transitivement qu'intransitivement
des Choses qui font du progrès,
qui s'étendent, se propagent. Le feu gagnait
déjà la maison voisine. Le feu a gagné jusqu'au
toit. L'eau a gagné le second étage, jusqu'au
second étage. La gangrène a gagné rapidement.
La contagion gagna plusieurs quartiers de la
ville. Ces idées gagnèrent la jeunesse, gagnèrent
parmi le peuple.

Il se dit quelquefois des Besoins, des maux
qui se font sentir par degrés. La faim me
gagne. Le sommeil commençait à me gagner.
Le froid m'avait déjà gagné.

En parlant des Maladies, il signifie Se
communiquer, se propager. La rougeole se
gagne facilement La scarlatine se gagne.

Figurément et par extension, en parlant de
Certains sentiments, Sa tristesse me gagne.
L'ennui se gagne.

GAGNEUR. n. m. Celui qui gagne. Il ne
s'emploie guère que dans l'expression Gagneur
de batailles,
Général qui a remporté de nombreuses
victoires.

GAI, GAIE. adj. Qui a de la gaieté. Un
homme gai. Humeur gaie. Esprit gai. Être
gai. Rendre gai. Avoir l'esprit gai, l'oeil gai,
un air gai. Visage gai. Mine gaie. Gai comme
un pinson, comme pinson.

Il se dit aussi de Ce qui inspire la gaieté.
Une chanson gaie. Une pièce gaie. Une couleur
gaie.

Chambre gaie, appartement gai, Chambre,
appartement qui, par sa disposition, et
l'abondance du jour qu'il reçoit, inspire la
gaieté.

Temps gai, Temps serein et frais.

Fig. et fam., Avoir le vin gai, Être ordinairement
de belle humeur quand on a un peu bu.

Fam., Être un peu gai, Être en pointe de vin.

Fam., Propos, conte gai, se dit quelquefois
de Propos, de contes un peu libres.

Cheval gai, Cheval qui a une allure vive.

En termes de Blason, Cheval gai, Cheval
qui n'a ni selle ni bride.

Le gai savoir, la gaie science se disaient, par
opposition à la théologie et à la philosophie,
de la Poésie des troubadours.

Il s'emploie aussi comme interjection et
signifie Que l'on soit gai. Allons gai. Gai! Gai!

GAÏAC. n. m. Arbre d'Amérique, dont le
bois est dur, pesant et résineux. Bois, résine,
ou gomme de gaïac.

GAÏACOL. n. m. T. de Pharmacie. Éther
extrait de la résine du gaïac.

GAIEMENT. adv. D'une manière gaie. Vivre
gaiement. Aller gaiement. Chanter gaiement.
Faire gaiement quelque chose. Ces troupes
allaient gaiement au combat.

Fam., Aller gaiement. Aller son train. Pop.,
Allons-y gaiement.

GAIETÉ. n. f. Disposition à être en bonne
humeur. Avoir de la gaieté. Perdre toute sa
gaieté. Reprendre sa gaieté. Montrer de la gaieté.
Témoigner une grande gaieté. Il est d'une gaieté
folle. Il a de la gaieté dans l'esprit.

Grosse gaieté. Gaieté vulgaire, gaieté
bruyante et prolongée.

Fam., Être en gaieté, Être mis en belle humeur
par le vin.

Fam., De gaieté de coeur, loc. adv. De propos
délibéré et sans y être forcé. Il l'a offensé de
gaieté de coeur. Quereller quelqu'un de gaieté de
coeur. Sacrifier un avantage de gaieté de coeur.

GAIETÉ se dit aussi de Folâtreries, de plaisanteries
ou de jeux d'enfants. Ce sont là de
petites gaietés qu'on peut passer à la jeunesse.

En termes de Manège, Les gaietés d'un cheval,
Les vivacités d'un cheval.

GAILLARD, ARDE. adj. Qui est gai, joyeux
avec démonstration. Il est toujours gaillard.
Une humeur gaillarde. Une mine gaillarde.

Par extension, il se dit des Discours, des propos
un peu libres. Un conte gaillard.

Substantivement, Quel gaillard! Une gaillarde
se dit d'une Forte femme qui a souvent
des allures trop libres.

Il signifie aussi Qui est solide, bien constitué
et aussi vif, alerte, décidé. Il se porte bien
maintenant, il est gaillard. Gaillard et dispos.

GAILLARDE se disait aussi d'une Ancienne
danse au mouvement animé et des Airs qui
accompagnaient cette danse. Danser la
gaillarde. Jouer une gaillarde.

GAILLARD signifiait autrefois Qui est assis
solidement. Château-gaillard.

En termes de Marine, Château-gaillard, ou
par ellipse Gaillard, se disait d'un château
élevé à l'avant et à l'arrière des vaisseaux.
Il se dit aujourd'hui des Parties extrêmes,
du pont supérieur d'un bâtiment. Le gaillard
d'avant,
La partie qui est en avant du mât de
misaine, et de plus une portion en arrière du
même mât. Le gaillard d'arrière, Toute la
partie du pont située à l'arrière du mât d'artimon.
Le gaillard d'arrière est parfois élevé de
quelques centimètres au-dessus du pont.

En termes de Typographie, GAILLARDE se
dit encore d'un Caractère d'imprimerie, d'un
corps de huit points ou à peu près, intermédiaire
entre le petit texte et le petit romain.

GAILLARDEMENT. adv. D'une manière
joyeuse. Vivre gaillardement.

Il signifie aussi D'une manière alerte,
décidée et de bonne humeur. Il a fait cela
gaillardement, un peu gaillardement. Il lui a
répliqué gaillardement.

GAILLARDISE. n. f. Gaieté avec une pointe
de vanterie. Il a fait cela par gaillardise, par
pure gaillardise. Ce n'est qu'une gaillardise.

Il se dit aussi des Discours, des propos un
peu libres. Dire des gaillardises.

GAILLET. n. m. T. de Botanique. Voyez
CAILLE-LAIT.

GAILLETIN. n. m. ou GAILLETTE. n. f.
Charbon de terre cassé en morceaux de
moyenne dimension, surtout en vue des fourneaux
de cuisine.

GAIN. n. m. Profit que l'on tire d'une entreprise,
d'un travail, d'un commerce, d'une
vente, etc. Gain considérable. Gain médiocre.
Gain illicite. Gain honnête. Travailler pour
le gain. Vivre de son gain. Il est âpre au gain.
L'amour du gain. L'appât du gain. Il a dépensé
en un mois le gain de dix années.

Il signifie aussi Heureux succès, victoire,
avantage que l'on a dans une entreprise, dans
la poursuite d'une affaire. Le gain d'une
bataille. Le gain d'un procès.
On dit de même,
en termes de Jeu, Le gain d'une partie, le
gain de la partie.

Se retirer sur son gain, Quitter le jeu lorsqu'on
a gagne.

Gain de cause se dit de l'Avantage que l'on
obtient dans un procès, et, par extension,
dans un débat quelconque. Il a eu, on lui a
donné, il a obtenu gain de cause.

GAINE. n. f. Étui de couteau ou de quelque
autre instrument servant à couper, à percer,
etc. Tirer un couteau de la gaine, hors de la
gaine. La gaine d'une paire de ciseaux. La
gaine d'un poignard. Mettre dans la gaine.
Remettre dans la gaine.

Il se dit, en termes d'Architecture, d'une
Espèce de meuble, plus large du haut que du
bas, fait pour supporter des bustes ou autres
objets décoratifs. Placer une suite de bustes sur
des gaines.

En termes de Botanique, il se dit de la
Sorte de tuyau que la base de certaines feuilles
forme autour de la tige; et du Tube que les
étamines ou anthères de certaines plantes
forment autour du pistil, en se soudant les
unes aux autres.

Il se dit également, en termes d'Anatomie,
de Certaines parties qui servent d'enveloppe
à d'autres.

GAINIER. n. m. Celui qui fabrique ou vend
des gaines, des étuis.

En termes de Botanique, il désigne un Arbre
de la famille des Légumineuses, ainsi nommé
parce que sa gousse ressemble à une gaine. On
lui donne aussi le nom d'Arbre de Judée.

GALA. n. m. Fête fastueuse et souvent d'un
caractère officiel. Un jour de gala. Un habit
de gala. Des voitures de gala. La cour a été en
gala. Une représentation de gala.

Il se dit, familièrement, d'un Repas de cérémonie.
Il y a eu gala chez votre père. Nous avons
dîné en grand gala chez un tel.

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