Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 379

PIPÉE. s.f. Sorte de chasse dans laquelle contrefaisant un certain chant, on attire les oiseaux dans un arbre dont les branches sont remplies de gluaux où ils se prennent. Aller à la pipée. Prendre des oiseaux à la pipée.

PIPER. v.a. Contrefaire la voix des oiseaux, pour les prendre au filet ou aux gluaux. Piper des oiseaux.

Il signifie figurément, Tromper au jeu. Ils l'ont pipé, & lui ont gagné tout son argent.

On dit, Piper des dés, pour dire, Préparer des dés, afin de tromper au jeu.

PIPÉ, ÉE, participe On appelle Dés pipés, Des dés qu'on a préparés, afin de tromper au jeu.

PIPERIE. s.f. Tromperie au jeu. Il faut qu'il y ait de la piperie. Cela ne s'est pu faire sans piperie.

Il se dit aussi De toute sorte de tromperie, de fourberie. Il n'y a que piperie dans le monde.

PIPEUR. s.m. Celui qui pipe au jeu. C'est un grand pipeur. Un pipeur insigne. Un pipeur fieffé.

PIQUANT, ANTE. adj. Qui pique. Des épines piquantes. Des racines piquantes. Les branches des rosiers sont piquantes. Les orties sont pleines de petites pointes piquantes.

On dit, que Du vin est piquant, pour dire, qu'Il pique agréablement la langue quand on le boit. Et, qu'Une fausse est piquante, pour dire, qu'Elle est d'un goût relevé.

Il signifie figurément Offensant; & dans cette acception, il se dit principalement Des discours qui peuvent offenser. Ils se sont dit des paroles piquantes. Il lui fit une réponse très-piquante. Il lui a répondu d'une manière piquante.

Il se dit aussi figurément dans une acception toute différente, en parlant d'Une jeune personne vive, dont la figure & la physionomie plaisent & touchent extrêmement. Elle n'est pas belle, mais elle a l'air piquant, la physionomie piquante.

Il se dit aussi figurément dans cette acception, en parlant Des ouvrages d'esprit qui ont quelque chose de fin & de vif. Il n'y a rien de piquant dans ce qu'il écrit.

En Peinture, on appelle Piquant, Ce qui excite un sentiment d'approbation plus vif qu'à l'ordinaire.

PIQUANT. s.m. Il se dit Des pointes qui viennent à certaines plantes, à certains arbrisseaux. Ces chardons sont pleins de piquans. Les piquans des feuilles de houx.

PIQUE. s.f. Sorte d'arme à long bois, dont le bout et garni d'un fer plat & pointu. Longue pique. Grosse pique. Pique de bois de frêne. Armé d'une pique. Saluer de la pique. Présenter la pique. Ils marchèrent les uns contre les autres les piques baissées. Ils étoient si près les uns des autres, que les piques étoient croisées. Les piques ont été long-temps en usage dans l'Infanterie. Les Romains portoient des piques dont les fers étoient fort larges. Dans cette pompe funèbre, les soldats portoient les piques renversées & traînantes. Les Soldats François ne se servent plus de piques. Il y a de l'eau dans ce fossé la hauteur d'une pique. Et absolument, Il y a une pique d'eau, il y en a une pique.

PIQUE se disoit aussi Des soldats qui portoient la pique dans un Régiment, Faire défiler les piques. Il y a tant de piques dans ce Régiment.

DEMI-PIQUE Pique plus courte de moitié que les piques ordinaires. Il n'avoit qu'une demi-pique.

PIQUE. s.m. Terme du jeu des cartes. Une des quatre couleurs ou peintures des cartes. L'as de pique. Le Roi de pique. Il a écarté tout le pique, tout son pique. Il a tout le pique, tous les piques. Jouer du pique.De quelle couleur tourne-t-il? il tourne du pique, il tourne pique.

On dit proverbialement d'Un homme qui rentre mal-à-propos dans un sujet, dans une conversation, par des choses qui n'ont aucun rapport avec celles dont on parle, Voilà bien rentrer de piques noires. Et en cette phrase, Pique est féminin.

PIQUE. s.f. Brouillerie, aigreur qui est entre deux ou plusieurs personnes. Il a fait cela par pique. Il y a de la pique dans cette affaire-là.

PIQUE-NIQUE Façon de parler adverbiale, qui n'a d'usage que dans ces phrases, Souper à pique-nique, faire un repas à pique-nique, &c. pour dire, Faire un repas où chacun paye son écot. On l'emploie aussi substantivement. Faire un pique-nique.

PIQUER. v.a. Percer, entamer légèrement avec quelque chose de pointu. Il s'est piqué lui-même. Une épingle l'a piqué. Il y a des épines qui piquent fort. Piquer jusqu'au sang. Piquer un papier, pour y faire de petits trous.

PIQUER se dit aussi De l'opération que fait un Chirurgien avec la lancette, sans avoir ouvert la veine, & sans tirer de sang. Le Chirurgien l'a piqué deux fois sans lui pouvoir tirer de sang, l'a mal piqué.

On dit, qu'Un Chirurgien a piqué l'artère, pour dire, qu'Il a offensé l'artère, ouvert l'artère en ouvrant la veine.

On dit, Piquer le tendon, piquer le nerf, pour dire, L'offenser en voulant saigner.

PIQUER UN CHEVAL se dit lorsque le Maréchal qui le ferre, lui fait entrer la pointe du clou jusqu'à la chair vive. Prenez garde à ne pas piquer ce cheval.

PIQUER se dit aussi De la morsure des serpens, des insectes, de la vermine. Être piqué par un serpent. Être piqué de la tarentule. Les mouches piquent les chevaux.

On dit, Piquer du taffetas, du tabis, pour dire, Y faire de petits trous par compartimens.

PIQUER signifie aussi, Faire avec du fil ou de la soie sur deux ou plusieurs étoffes mises l'une sur l'autre, des points qui les traversent & qui les unissent. Piquer une courte-pointe. Piquer des bonnets.

On dit, Piquer des pierres, pour dire, Les rendre raboteuses en y faisant de petits enfoncemens avec la pointe du marteau.

On dit, Piquer de la viande, pour dire, Larder de la viande avec de petits lardons, & près à près. Piquer des perdreaux. Ces lapereaux sont bien piqués, mal piqués. On a piqué ce rôti fort proprement.

On dit aussi, Piquer de gros lard, pour dire, Larder de la viande avec de gros lardons. Piquer une daube avec de gros lard.

On dit, Piquer un cheval, & absolument, Piquer, pour dire, Donner des éperons à un cheval, & le pousser au galop. On dit dans le même sens en termes de Chasse, Piquer dans

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