ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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ses, ils consultent les anciens laïques. C'est de cet
usage que leur est venu le nom de Presbytériens, formé
du grec PRESBDTEROS2, senior, ancien. Voyez Ancien.
Les Presbytériens sont en Ecosse la secte dominante,
comme ils l'ont été en Angleterre après le regne de
Charles II. sous le gouvernement de Cromwel; mais
après le rétablissement de Charles II. les épiscopaux
rentrerent dans leurs droits; & aujourd'hui les Presbytériens sont compris parmi ceux qu'on appelle nonconformistes. Voyez Non - conformistes.
PRESCIENCE
PRESCIENCE, s. f. (Métaphysique.) On appelle
prescience toute connoissance de l'avenir. De peur
que notre liberté ne fût en péril, si Dieu prévoyoit
nos déterminations futures, Cicéron lui ravissoit sa
prescience; & pour faire les hommes libres, comme
dit S. Augustin, il les faisoit sacriléges. Les Sociniens,
dont le grand principe est de ne rien croire que ce
qui est d'une évidence parfaite, ce qui est fondé sur
les notions purement naturelles, ont adopté ce sentiment.
S'il étoit une fois bien déterminé que toutes
les créatures n'ont aucune force ni aucune activité;
qu'il n'y a que Dieu seul qui puisse agir en elles &
par elles; que si un esprit a la perception d'un objet,
c'est Dieu qui la lui donne; que si ce même esprit a
une volonté ou un amour invincible pour le bien,
c'est Dieu qui le produit; que s'il reçoit des sensations,
c'est Dieu qui les modifie de telle ou de
telle maniere; enfin s'il ne se trouvoit dans le
monde que des causes occasionnelles & point de
physiques: par ce système on prouveroit invinciblement
la prescience de Dieu. En effet, s'il exécute tout
ce qu'il y a de réel dans la nature, il le comprend
d'une façon éminente, il possede lui seul toute réalité: & pourroit - il agir sans connoître les suites de son
action? Mais ce rapport nécessaire qui se rencontre
entre les opérations de Dieu, & la connoissance qu'il
a de leurs suites à l'infini, donne, ce me semble, une
atteinte mortelle à notre liberté; car celui qui ne
pense & ne veut, pour ainsi dire, que de la seconde
main, agit sans choix, & ne peut s'empêcher d'agir.
Ou Dieu forme les volitions de l'homme, & en ce
cas l'homme n'est pas libre: ou Dieu ne peut connoître
dans une volonté étrangere une détermination
qu'il n'a point faite; en ce cas - là l'homme est libre;
mais la prescience de Dieu se détruit des deux côtés.
Difficulté insurmontable! mais dont triomphe cependant
avec éclat la raison aidée de la foi: je dis,
la raison aidee de la foi. Jugez si abandonnée à elle
seule elle pourroit résoudre les difficultés qui attaquent
la prescience de Dieu dans le système de la liberté
humaine. En voici une des principales. La nature
de la prescience de Dieu nous étant inconnue en
elle - même, ce n'est que par la prescience que nous
connoissons dans les hommes que nous pouvons juger
de la premiere. Les Astronomes prevoient par conséquent
les éclipses qui sont dans cet ordre - là. Cette
prescience est différente; 1°. en ce que Dieu connoît
dans les mouvemens célestes l'ordre qu'il y a mis lui - même,
& que les Astronomes ne sont pas les auteurs
de l'ordre qu'ils y connoissent; 2°. en ce que la prescience de Dieu est tout - à - fait exacte, & que celle des
Astronomes ne l'est pas, parce que les lignes des
mouvemens célestes ne sont pas si régulieres qu'ils le
supposent, & que leurs observations ne peuvent être
de la premiere justesse; on n'en peut trouver d'autres
convenances, ni d'autres différences. Pour rendre la
prescience des Astronomes sur les éclipses égale à celle
de Dieu, il ne faudroit que remplir ces différences.
La premiere ne fait rien d'elle - même à la chose; & il
n'importe pas d'avoir établi un ordre pour en prévoir
les suites. Il suffit de connoître cet ordre aussi parfaitement
que si on l'avoit établi; & quoiqu'on ne
puisse pas en être l'auteur sans le connoître, on peut
le connoître sans en être l'auteur. En effet, si la
prescience ne se trouvoit qu'où se trouve la puissance,
il n'y auroit aucune prescience dans les Astronomes
sur les mouvemens célestes, puisqu'ils n'y ont aucune
puissance. Ainsi Dieu n'a pas la prescience en qualité
d'auteur de toutes les choses; mais il l'a en qualité
d'être qui connoît l'ordre qui est en toutes choses.
Il ne reste donc qu'à remplir la deuxieme différence
qui est entre la prescience de Dieu & celle des Astronomes. Il ne faut pour cela que supposer les Astronomes parfaitement instruits de la régularité des mouvemens,
célestes, & d'avoir des observations de la
derniere justesse; il n'y a nulle absurdité à cette supposition: ce seroit donc avec cette condition qu'on
pourroit assûrer sans témérité que la prescience des
Astronomes sur les éclipses seroit précisément égale à
celle de Dieu, en qualité de simple prescience; donc
que la prescience de Dieu sur les éclipses ne s'étendroit
pas à des choses ou celle des Astronomes pouvoit
s'étendre. Or il est certain que quelque habiles
que fussent les Astronomes, ils ne pourroient pas
prévoir les éclipses, si le soleil ou la lune pouvoient
quelquefois se détourner de leur cours indépendamment
de quelque cause que ce soit & de toute regle;
donc Dieu ne pourroit pas non plus prévoir les éclipses; & ce défaut de prescience en Dieu ne viendroit
non plus que d'où viendroit les défauts de prescience
dans les Astronomes. Ce défaut ne viendroit pas de
ce qu'ils ne seroient pas les auteurs des mouvemens
célestes, puisque cela est indifférent à la prescience, ni
de ce qu'ils ne connoîtroient pas assez bien les mouvemens,
puisqu'on suppose qu'ils les connoîtroient
aussi - bien qu'il seroit possible: mais le défaut de prescience en eux viendroit uniquement de ce que l'ordre
établi dans les mouvemens célestes ne seroit pas nécessaire
& invariable. Donc de cette même cause
viendroit en Dieu le défaut de prescience; donc Dieu,
bien qu'infiniment puissant & infiniment intelligent,
ne peut jamais prévoir ce qui ne dépend pas d'un
ordre nécessaire & invariable. Donc Dieu ne prévoit
point du - tout les actions des causes qu'on appelle
libres. Donc il n'y a point de causes libres; ou Dieu
ne prévoit point leurs actions. En effet, il est aisé de
concevoir que Dieu prévoit infailliblement tout ce
qui regarde l'ordre physique de l'univers, parce que
cet ordre est nécessaire & sujet à des regles invariables
qu'il a établies. Voilà le principe de sa prescience.
Mais sur quel principe pourroit - il prévoir les actions
d'une cause que rien ne pourroit déterminer nécessairement?
Le second principe de prescience qui devroit
être différent de l'autre, est absolument inconcevable;
& puisque nous en avons un qui est aisé à
concevoir, il est plus naturel & plus conforme à
l'idée de la simplicité de Dieu de croire que ce principe
est le seul sur lequel toute sa prescience est fondée.
Il n'est point de la grandeur de Dieu de prévoir des
choses qu'il auroit faites lui - même de nature à ne
pouvoir être prévues: en niant sa prescience, on ne
limite pas plus sa science, qu'on limiteroit sa toutepuissance,
en disant qu'elle ne peut s'étendre jusqu'aux
choses impossibles.
Cette difficulté fondée sur l'accord de la prescience
avec la liberté, a de tout tems exercé les Philosophes
& les Théologiens. Mais avant d'essayer une réponse,
il faut supposer ces deux principes incontestables;
1°. que l'homme est libre, voyez l'article de la Liberté; 2°. que Dieu prévoit toutes les actions libres des
hommes. Dieu a autant de témoins de sa prescience
infaillible qu'il a de prophetes. L'établissement des
différentes monarchies, aussi - bien que les tristes ruines
sur lesquelles d'autres monarchies se sont élevées
la fécondité prodigieuse du peuple d'Israël, & sa dispersion
par toute la terre, sans avoir aucun azyle
fixe & permanent; la conversion des gentils & la
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