PREDICATION, s. f. (Théolog.) l'action d'enseigner
& d'annoncer la parole de Dieu en public,
faite par une personne autorisée & placée en un
lieu convenable à ce ministere. Voyez
Sermon, Prêtre, Evangile .
Quelques - uns font venir ce mot de l'hébreu parasch, exposuit, il a exposé, parce que la prédicat on
doit être une exposition de l'Ecriture & des dogmes
de la foi.
Anciennement il n'étoit permis qu'aux évêques de
prêcher. Nous voyons toutefois S. Chrysostome prêcher
à Antioche n'étant que prêtre, & S. Augustin
prêcher à Hyppone n'étant que prêtre non plus. Mais
ces cas étoient rares, sur - tout en occident. Depuis
environ 500 ans plusieurs prêtres, & principalement
des réguliers ont fait leur capital de cette fonction,
prêchant indifféremment dans toutes les églises, selon
qu'ils y sont appellés, au lieu qu'autrefois il n'y
avoit que les pasteurs qui instruisissent chacun son
troupeau. Dans l'église romaine il faut être au - moins
diacre pour prêcher.
Wilkim, évêque de Chester, a fait un traité de l'art
de prêcher, qu'il a intitulé, ecclesiastes ou le prédicateur. Nous avons aussi un poëme didactique de l'abbe
de Villiers, divisé en plusieurs chants, qui a pour
titre l'art de prêcher.
Prédication, Sermon
Prédication, Sermon, (Synonymes.) on s'applique
à la prédication; & l'on fait un sermon: l'une
est la fonction du prédicateur; l'autre est son ouvrage.
Les jeunes ecclésiastiques qui cherchent à briller
s'attachent à la prédication, & négligent la science.
La plûpart des sermons sont de la troisieme main dans
le débit; l'auteur & le copiste en ont fait leur profit
avant l'orateur.
Les discours faits aux infideles pour leur annoncer
l'Evangile, se nomment prédications. Ceux qui sont
faits aux chrétiens pour nourrir leur piété sont des
sermons.
Les Apôtres ont fait autrefois des prédications
remplies de solides vérités. Les prêtres font aujourd'hui des sermons pleins de brillantes figures. Le ministere
de la prédication est réservé à l'explication des
dogmes, ou à la persuasion des préceptes, & non
pas à ces sermons d'éclat où l'imagination a plus de
part que la raison, & où l'orateur songe moins à édifier qu'à plaire.
Prédication se dit au figuré de ce qui en peut tenir
lieu. La vertu de nos ancêtres est une prédication perpétuelle
& une censure muette des vices du siecle:
sermon au figuré se prend ordinairement pour une
remontrance longue & ennuyeuse. (D. J.)
PRÉDICTION
PRÉDICTION, s. f. (Divination.) divination &
déclaration nette des événemens à venir qui sont
hors du cours de la nature ou de la pénétration de
l'esprit humain. C'est une chimere que de supposer
la possibilité de ces sortes de prophéties. L'historien
philosophe de nos jours a embelli de réflexions fort
judicieuses la célebre prédiction du Dante au sujet des
quatre étoiles voisines du pole austral qui n'ont été
découvertes que cent ans après lui.
« Je me tournai à main droite, dit le poëte, dans
le premier chant de son Purgatoire, & je considérai
l'autre pole; j'y vis quatre étoiles qui n'avoient
jamais été connues que dans le premier âge du
monde ».
Cette prédiction, remarque M. de Voltaire, sembloit
bien plus positive que celle de Séneque le tragique,
qui dit, dans sa Médée,
« qu'un jour l'Océan
ne séparera plus les nations; qu'un nouveau Tiphis
découvrira un nouveau monde, & que Thulé ne
sera plus la borne de la terre ».
Cette idée vague de
Séneque n'est qu'une espérance probable fondée sur
les progrès qu'on pourroit faire dans la navigation;
& la prophetie du Dante n'a semblablement aucun
rapport aux découvertes des Portugais & des Espagnols. Plus cette prophétie est claire, & moins elle
est vraie. Ce n'est que par un hasard assez bizarre que
le pole austral & ces quatre étoiles se trouvent annoncées
dans le Dante. Il ne parloit que dans un sens
figuré, son poëme n'est qu'une allégorie perpétuelle.
Ce pole chez lui est le paradis terrestre; ces quatre
étoiles, qui n'étoient connues que des premiers hommes,
sont les quatre vertus cardinales, qui ont disparu
avec les tems d'innocence. Si on approfondissoit ainsi
la plûpart des préaictions dont tous les livres sont
pleins, on trouveroit qu'on n'a jamais rien prédit, &
que la connoissance de l'avenir n'appartient qu'à
Dieu, & à ceux qu'il inspire. (D. J.)
PRÉDILECTION
PRÉDILECTION, s. f. (Gramm.) lorsqu'une
amitié est partagée inégalement, la prédilection est
pour celui qui a la part principale. Jesus - Christ eut
de la prédilection pour S. Jean. Un pere ne peut pas
toujours se défendre de la prédilection; mais il est rare
qu'elle ne jette le trouble dans sa famille, s'il la laisse
apperce voir. C'est un bien trop précieux aux enfans
pour n'en être pas jaloux. Ils seroient ou mal nés, ou
plus équitables qu'il n'est possible de l'être à leur âge,
s'ils en reconnoissoient l'équité, & qu'ils s'y soumissent
sans murmure.
PRÉDOMINANT
PRÉDOMINANT, adj. (Gramm.) ce qui prévaut
davantage, ce qui a une supériorité & un ascendant
sur d'autres choses. Ainsi on dit que l'amertume
est la qualité prédominante pour le goût, &
dont il s'apperçoit le plutôt. C'est une regle que le
sucre ne doit pas dominer dans les confitures, ni le
poivre dans les ragoûts.
PRÉEMINENCE
PRÉEMINENCE, (Gramm.) supériorité de rang,
de dignité, de droits, de privileges, & plus généralement
d'avantages quelconques. L'émétique a la
prééminence entre les purgatifs. Un cardinal a la pré<->
éminence sur un prélat; un prêtre sur un diacre.
PRÉEMPTION
PRÉEMPTION, s. f. (Hist. mod.) mot formé du
latin proe, devant, & emptio, achat; le droit d'acheter
le premier. Dans presque tous les royaumes
le roi a droit de préemption. Il y a quelques viandes,
poissons ou denrées que les marchands sont obligés
de reserver pour la table du souverain, ou du moins
qu'ils ne doivent vendre aux particuliers qu'après
que les pourvoyeurs du roi en ont pris leur provision
pour la cour. Cette coutume s'étend beaucoup
plus loin en Perse. Voyez Courouk.
PREEXISTENCE
PREEXISTENCE, s. f. (Théolog.) état de ce qui
existe actuellement avant une autre chose. Voyez
Existence.
Les Pythagoriciens & les Platoniciens ont cru la
préexistence des ames, c'est - à - dire qu'elles existoient
avant que d'être unies aux corps. Voyez Métempsycose & Transmigration.
Origene tenoit pour la préexistence éternelle des
ames. Voyez Ame. Les orthodoxes croient que Dieu
a créé le monde de rien, & non d'une matiere préexistente. Voyez Monde. Quelques auteurs prétendent
qu'il y a eu des hommes avant Adam. Voyez
Préadamite.
PRÉFACE
PRÉFACE, s. f. (Littérat.) avertissement qu'on
met au - devant d'un livre pour instruire le lecteur de
l'ordre & de la disposition qu'on y a observé, de ce
qu'il a besoin de savoir pour en tirer de l'utilité &
lui en faciliter l'intelligence. Voyez Livre.
Ce mot est formé du latin proe & fari, c'est - à - dire
parler d'avance.
Il n'y a rien qui demande plus d'art, & en quoi
les auteurs réussissent moins pour l'ordinaire, que
dans les préfaces. En effet, une préface est une piece
qui a son goût, son caractere particulier qui la fait
distinguer de tout autre ouvrage. Elle n'est ni un ar<pb->
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.